COFFRETS EN FETE !
Si l’envie devait vous prendre d’offrir à ceux que vous aimez et que vous savez cinéphiles des DVD ou des Blu-ray, voici une sélection de coffrets tout à fait tentants qui font la part belle à de grands cinéastes ou à des films fameux…
MELVILLE.- Melville, c’est une signature ! Posée sur une œuvre très reconnaissable dominée par la solitude, l’échec et la mort et où se croisent les hommes c’est-à-dire les gangsters, les policiers ou les héros de la Résistance. Né Jean-Pierre Grumbach en 1917 à Paris dans une famille juive d’origine alsacienne, Melville, disparu en 1973, fait l’objet d’une très belle anthologie qui regroupe douze de ses longs-métrages: Le silence de la mer (1947), Les enfants terribles (1950), Quand tu liras cette lettre (1953), Bob le flambeur (1955), Deux hommes dans Manhattan (1959), Léon Morin, prêtre (1961), Le doulos (1962), Le samouraï (1967), L’armée des ombres (1969), Le cercle rouge (1970), Un flic (1972), son court-métrage de 1946 (24 heures de la vie d’un clown) ainsi qu’un livret (76 p.) du critique Antoine de Baecque. Enfin, le coffret (12 DVD) propose plus de 7 heures de bonus dont L’armée des ombres… le dessous des cartes, le documentaire de Dominique Maillet. Idéal pour aller à la (re)découverte d’un cinéaste qui associait, écrit Philippe Labro, « la méticulosité maniaque d’un artisan et la vision orgueilleuse d’un auteur ». Un personnage parfois dépressif et volontiers insupportable sur les tournages mais qui a laissé une marque profonde dans le 7e art, jusque dans les oeuvres des cinéastes asiatiques contemporains. (Studiocanal)
CLOUZOT.- Considéré au sortir de la Seconde Guerre mondiale comme un homme de peu parce qu’il avait travaillé, notamment pour Le Corbeau, avec la Continental, la société de production allemande, Henri-Georges Clouzot (1907-1977) a depuis largement été reconsidéré. A l’occasion du 110e anniversaire de sa naissance, l’hommage à ce maître du cinéma français se traduit par un coffret Clouzot – L’essentiel, belle anthologie qui réunit douze films restaurés, en l’occurrence L’assassin habite au 21 (1942), Le corbeau (1943), Quai des orfèvres (1947), Manon (1949), Retour à la vie (Segment Le retour de jean – 1949), Miquette et sa mère (1950), Le salaire de la peur (1953), Les diaboliques (1955), Le mystère Picasso (1956), Les espions (1957), L’enfer (1964) et La prisonnière (1968). Dans les bonus, on trouve notamment le documentaire Le scandale Clouzot réalisé par Pierre-Henri Gibert Basil et aussi une sélection de courts-métrages réalisés en hommage à HGC par des étudiants de cinéma… Outre la possibilité de se plonger dans ce film inachevé qu’est L’enfer, quel bonheur d’entendre Louis Jouvet, en vieux flic fatigué dans Quai… lancer à Simone Renant, amoureuse désespérée de Suzy Delair, « Vous êtes un type dans mon genre. Avec les femmes, vous n’aurez jamais de chance » (TF1)
BRIAN DE PALMA.- Wonderboy du Nouvel Hollywood au même titre que Spielberg, Lucas, Scorsese, Coppola ou Cimino, souvent considéré comme le digne héritier d’Hitchcock, Brian de Palma s’est imposé, au fil d’une trentaine de films, dans des genres aussi différents que le thriller, le film d’action (Les incorruptibles ou évidemment Mission impossible en sont de bons exemples) ou encore le fantastique, le film de guerre, la science-fiction ou la comédie… Un beau coffret regroupe six de ses grands succès : Phantom of the Paradise (1974) l’une de ses premières réussites commerciales, Furie (1978), Pulsions (1980) avec Michael Caine et une Angie Dickinson torride, Blow Out (1981) inspiré par Blow-up d’Antonioni et Conversation secrète de Coppola, Scarface (1983) avec un grand Al Pacino qui fera de son Tony Montana totalement speedé un personnage-culte jusque dans les banlieues françaises et Body Double (1984), remarquable réflexion sur le voyeurisme. Enfin le coffret comprend le remarquable livre d’entretiens (édité en 2001, très vite épuisé et maintenant mis à jour) que le cinéaste, réputé discret et avare d’interviews comme de confidences sur son oeuvre et sa vie, a accordé à Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud. (Carlotta)
ABEL & GORDON.- Si l’on dit que le Belge Dominique Abel et Fiona Gordon, Canadienne née en Australie, détonnent dans le paysage de la comédie, notamment cinématographique, on ne se trompe pas! Dans l’esprit des clowns, du cinéma muet ou de Buster Keaton, Abel & Gordon ont en effet développé un univers magique où la poésie et l’humour font très bon ménage. Dans un coffret, on trouve quatre de leurs plus grands succès : L’iceberg (2005) ou la folle envie de Fiona de tout plaquer pour partir dans le Grand Nord, Rumba (2007) qui raconte l’histoire de deux instituteurs passionnés par la danse et qu’un accident de la circulation va complètement chambouler, La fée (2011) ou la rencontre, autour de trois voeux, de Dom, gardien de nuit dans un hôtel et de la fée Fiona et enfin le récent Paris pieds nus (2017), déambulation drolatique dans un Paris rêvé sur les pas d’une bibliothécaire canadienne appelée à l’aide par une tante Martha, 88 ans (l’ultime rôle d’Emmanuelle Riva), qui refuse d’être placée dans une maison de retraite… Sur des scénarios loufoques ou tendres, Abel & Gordon jouent d’un comique visuel et burlesque très physique servi par deux personnages toujours en rupture avec le monde ordinaire. Le coffret comprend aussi trois courts-métrages de cet indissociable et attachant duo. (MK2/Potemkine)
LOUIS FEUILLADE.-Figure majeure du cinéma français des années dix et vingt, Louis Feuillade (1873-1925) s’est distingué avec les fameux serials noirs réunis, ici, dans un coffret prestige. En 1913, il adapte le roman d’Allain et Souvestre et réalise cinq épisodes de Fantômas où l’empereur du crime, le journaliste Fandor et l’inspecteur Juve connaîtront un succès phénoménal. La guerre interrompt le cinéaste en plein tournage. Réformé en 1915, Feuillade se remet aussitôt au travail et va signer Les Vampires qui se décline en douze films (1915-1916). C’est Musidora qui sera Irma Vep, séduisante et troublante incarnation des forces du mal et égérie de la mystérieuse bande de brigands combattue par le journaliste Guérande. Dans les bonus, on trouve trois films interprétés par Musidora (de son vrai nom Jeanne Roques) au temps des Vampires: Le grand souffle (1915) de Gaston Ravel, Le pied qui étreint (1916) de Jacques Feyder et enfin Lagourdette gentleman cambrioleur (1916) de Louis Feuillade. On déguste aussi le grand portrait consacré en 1973 à Musidora, beauté fatale et muse des surréalistes, par Jean-Christophe Averty. Jacques Champeux signe, lui, Louis Feuillade, poète de la réalité. Enfin, un riche livret de 84 pages largement illustré dit tout ce qu’il faut savoir sur la saga des sérials noirs. (Gaumont)
MICHEL OCELOT.- Père du malicieux petit Kirikou et auteur du remarquable Azur et Asmar (2006), Michel Ocelot est l’un des maîtres français du cinéma d’animation. On le retrouve, dans ce coffret, avec deux longs-métrages tirés d’une suite de dix contes pour la télé. En 2011, Les contes de la nuit, autour d’une fille, d’un garçon et d’un vieux projectionniste ensemble dans une petite salle pour s’inventer des histoires, réunit cinq aventures où il est question de loup garou dans l’Occident médiéval, de Tijean, gamin des Antilles qui descend si loin sous la terre qu’il se retrouve au pays des morts ou encore du garçon tam-tam, de la fille-biche et d’un jeune Tibétain qui ne mentait jamais. Dans Ivan Tsarevitch et la princesse changeante (2016), on retrouve à nouveau les trois amis qui laissent parler leur malicieuse imagination à travers cinq autres contes, s’imaginant, des profondeurs de la terre aux confins de l’Orient avec ses magnifiques arabesques, en héros du merveilleux aux côtés de la Maîtresse des monstres, d’un enfant qui devient apprenti magicien ou d’un jeune marin qui veut retourner vivre sur la terre ferme… Un pur émerveillement fourni par deux bijoux de poésie visuelle ! (Studiocanal)
HOU HSIAO HSIEN.- Figure emblématique de la Nouvelle Vague taïwanaise dès les années 1980, Hou Hsiao Hsien est devenu un modèle pour les jeunes cinéastes chinois marqués par ses œuvres majeures que sont notamment Les fleurs de Shanghai (1998), Le maître de marionnettes (1993) ou Millenium Mambo (2001), ces deux derniers films étant couronnés du prix du jury à Cannes. Un beau travail cinéphile permet de découvrir six œuvres de jeunesse de HHH dans de nouvelles restaurations inédites. Cute Girl (1980) comme Green Green Gras of Home (82) furent de grands succès populaires mais sont encore de sympathiques essais manquant un peu de caractère. Avec Les garçons de Fengkuei (83), HHH ouvre un cycle autobiographique à travers le récit d’initiation de trois amis venus s’installer dans la grande ville. Le cycle se poursuit avec Un temps pour vivre, un temps pour mourir (85) et Poussières dans le vent (86) sur l’amour de deux jeunes gens séparés par le service militaire. Enfin La fille du Nil (87) est le film de la transition entre sa série autobiographique et le cycle historique qui suivra. Après avoir beaucoup filmé la campagne, HHH s’installe, ici, dans la capitale où la jeunesse rêve d’avoir sa part du gâteau de la soudaine prospérité économique… (Carlotta)
COLUCHE.- Homme de scène (il fut de l’aventure du Café de la gare) et redoutable humoriste qui pratiquait volontiers, selon ses dires, la grossièreté mais sans vulgarité, Coluche (1944-1986) a fait, sur le grand écran, une belle carrière mais moins décapante que ses spectacles. Dans un coffret avec cinq films bien restaurés, tous datés du début des années 80, c’est un rire tendre ou déjanté qui préside à Banzaï (1983), Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (82) où Jean Yanne lui confie le rôle de Ben-Hur Marcel, La femme de mon pote (83) où il partage l’affiche avec Isabelle Huppert et Thierry Lhermitte, Inspecteur la bavure (1980) où il est un flic gaffeur et incompétent aux prises avec un ennemi n°1 incarné par Depardieu. En 1983, Claude Berri lui offre le rôle de Lambert, pompiste de nuit dans le 18e arrondissement de Paris dans Tchao pantin. Ce personnage d’ancien flic hanté jusqu’à l’alcoolisme par la mort de son fils, révéla un comédien grave et profond. Et Coluche décrocha le César du meilleur acteur. Avec une bonne série de suppléments, une belle occasion de retrouver un artiste aussi à l’aise dans les comédies que dans le sombre thriller. (Pathé)