QUELQUES MINUTES APRES MINUIT

Monster CallsUne église de campagne qui s’effondre avec fracas… Le sol qui se lézarde de partout… La terre qui s’ouvre comme pour happer les vivants… Tremblant, le jeune Conor se réveille au bout d’un cauchemar. Le garçon est trop vieux pour être un enfant et trop jeune pour être un homme. Son existence est loin d’être celle d’un môme insouciant et joyeux. Tandis qu’il met une lessive en route et prépare le petit déjeuner, Conor O’Malley entend, à l’étage, la toux douloureuse d’une mère (Felicity Jones) dont il sait qu’elle est très malade. A l’école, Conor, 12 ans, doit subir les horions de ses camardes de classe et il ne trouve pas de vrai réconfort auprès d’une grand-mère (Sigourney Weaver) qui se distingue par sa fermeté. Pour fuir ce rude quotidien, le jeune adolescent s’échappe, chaque nuit, dans un univers peuplé de créatures extraordinaires… Avec Quelques minutes après minuit (A Monster calls, en v.o.) le cinéaste espagnol Juan Antonio Bayona signe un magnifique conte fantastique. Révélé au plan international en 2007 avec le film d’horreur L’orphelinat, Bayona a été remarqué ensuite pour The Impossible (2012), film catastrophe autour d’une famille rescapée du tsunami de décembre 2004. Et A Monster calls lui a valu le Goya -l’équivalent espagnol des César- de meilleur réalisateur. Pour faire bonne mesure, Universal l’annonce comme réalisateur de Jurassic World 2 en 2018.
En s’appuyant sur le roman éponyme de Patrick Ness, spécialiste de la littérature jeunesse, J.A. Bayona met en scène la manière dont Conor (qui regarde volontiers King Kong sur le vieux projecteur de son grand-père) va rencontrer un monstre très imposant bâti comme un immense arbre. « Je suis venu te chercher… » dit ce monstre qui annonce: « Je te raconterai trois histoires. Toi, tu me raconteras la quatrième et ce sera la vérité qui hante tes cauchemars. » Dans une réalisation pleine de sombre charme et superbement graphique (deux des histoires racontées par le monstre sont traitées dans de remarquables séquences d’animation), le cinéaste, au fil des dialogues entre Conor et le monstre (Liam Neeson), va égrener ces questions qui forment lentement l’humain. « Quand on est vu par personne, existe-t-on vraiment? » s’interroge le gamin tandis que le monstre évoque les « animaux complexes » que sont ces humains qui pensent que « les mensonges sont rassurants ». A travers le voyage dans ses cauchemars, Conor (Lewis MacDougall) pourra se confronter à la perte de sa mère, panser ses plaies et affronter le plus humain de tous les souhaits: mettre fin à sa propre souffrance…  Splendide!

(Metropolitan)

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