CONTES ITALIENS
A 87 ans pour Vittorio et 85 ans pour Paolo, on peut dire sans crainte de se tromper que les frères Taviani sont des vétérans du cinéma transalpin. Des vétérans mais surtout des poètes et des philosophes qui se sont tournés, dans leur jeunesse, vers le 7e art après avoir découvert Païsa, fleuron du néoréalisme signé de Roberto Rossellini… La carrière des frères toscans a été jalonnée de beaux et grands films comme Padre Padrone (1977) qui leur valut la Palme d’or à Cannes, La nuit de San Lorenzo (1982), grand prix du jury sur la Croisette, Kaos, contes siciliens (1984) ou encore Good Morning, Babilona (1987), incursion « américaine » où deux maçons toscans croisent la route de David W. Griffith en train de tourner Intolérance…
Avec Contes italiens, les frères Taviani donnent un film lumineux qui chante tout simplement les vertus de l’amour. Tout commence pourtant, en 1348, dans une capitale toscane, où la peste frappe en force… Les corps finissent dans les fosses communes où, parfois, un père se fait ensevelir vivant avec sa famille… Fuyant la mort, dix jeunes gens quittent Florence pour se réfugier à la campagne et en respirer l’air pur. En s’appuyant, librement, sur cinq nouvelles du Décaméron de Boccace, les Taviani célèbrent l’amour intemporel dans Maraviglioso Boccaccio (en v.o.). Réunis loin du monde, les jeunes gens se racontent, chaque jour, une belle histoire. Avec un seule règle: pas d’histoire d’amour… « pour ne pas faire souffrir ceux qui n’en ont pas ». Mais bien évidemment, comment éviter de parler d’amour quand on est jeunes. Voilà comment la belle Catalina, que l’on croyait défunte, va revivre sous les baisers de son soupirant, un rien nécrophile?. Calandrino, légèrement attardé mental, va expérimenter ce qu’il pense être l’invisibilité… Et puis, voilà, dans un couvent de soeurs, le désir et l’appel de la chair qui frappent une abbesse qui se retrouvera avec la culotte de son amant pour lui tenir lieu de coiffe! Contes italiens est un beau film, stylisé et envoûtant, où deux anciens parlent, avec une grâce… juvénile, des aspirations profondes de la jeunesse… Un bijou de cinéma à savourer!
(Blaq Out)