C’était en mai 1988 à Cannes et les festivaliers découvraient, en compétition officielle, Tu ne tueras point… Une histoire, en noir et blanc, mettant aux prises Jacek, un jeune type paumé, Waldemar, un chauffeur de taxi mal embouché et Piotr, un jeune avocat idéaliste. La rencontre de Jacek et de Waldemar débouchera sur un sauvage assassinat. Malgré la brillante plaidoirie de Piotr (qui finira par comprendre pourquoi son client est incapable d’éprouver du remords), Jacek sera condamné à mort par pendaison et exécuté dans une violence qui ramène forcément le spectateur à celle du meurtre.
Au terme des 84 minutes de projection, la salle cannoise est restée pétrifiée de très longues minutes. Et d’aucuns eurent bien du mal à revenir sur la Croisette après ce terrible questionnement de la peine de mort. Tu ne tueras point est l’un des dix commandements bibliques et l’un des dix films qui composent cette oeuvre remarquable (présentée en deux DVD) qu’est Le décalogue. De Un seul Dieu tu adoreras à Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui en passant par Tu honoreras ton père et ta mère ou Tu ne convoiteras pas la femme d’autrui, cet ensemble de films réalisé en 1988 apporta la célébrité mondiale à Krzysztof Kieslowski (1941-1996).
Sans être des illustrations au sens strict du terme des commandements, ces films (conçus au départ pour la télévision) sont des pensées d’un cinéaste agnostique qui, en évoquant des aventures quotidiennes et intimes, cultive constamment le doute. Le ton est direct, tranchant même. L’image questionne les regards et les visages pour nous amener à une réflexion morale. Une magnifique entreprise cinématographique et une subtile variation sur la comédie humaine.

(agnès b/Potemkine/mk2)