LE CIEL ATTENDRA
Après avoir donné le beau Les héritiers (2014) où elle racontait l’aventure, dans la région parisienne, d’une prof et de lycéens en plein décrochage scolaire qui se grandissaient à travers un concours national sur les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi, Marie-Castille Mention Schaar s’est attachée, avec Le ciel attendra, à un brûlant sujet d’actualité : le phénomène d’embrigadement islamiste qui touche un nombre croissant de jeunes.
Sans que jamais les deux personnages ne se rencontrent, le film va suivre les parcours de Sonia, 17 ans et de Mélanie, 16 ans. La première est arrêtée, au petit jour, au domicile de ses parents par des policiers qui la suspectent de préparer un attentat imminent. La seconde qui mène, auprès de sa mère, une existence sans vagues, va tomber, par l’entremise des réseaux sociaux, sous la coupe d’un « prince » qui la coincera dans un engrenage sans retour… Après un imposant travail d’enquête, la cinéaste donne, ici, une étude psychologique précise et détaillée sur deux adolescentes en perdition mais aussi sur des parents démunis face à leurs enfants (Sandrine Bonnaire et Zinedine Soualem d’une part, Clotilde Courau de l’autre). Tout en ayant l’authenticité d’un documentaire, ce drame terrible a la puissance d’un piège mortel.
Avec deux excellentes jeunes interprètes, Noémie Merlant et Naomi Amarger, Le ciel attendra est une oeuvre impressionnante et nécessaire qui affirme qu’il n’est pas besoin d’être fragile ou de vivre dans des quartiers paumés pour tomber dans les griffes des rabatteurs de Daech.
(UGC)