CLASH
Dans l’été cairote de 2013, deux ans après la révolution et au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, lors de violentes émeutes, des manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Avec Clash, Mohamed Diab signe un passionnant huis clos qui concentre symboliquement des éléments représentatifs de la société égyptienne: Frères musulmans, laissés-pour-compte dépolitisés, classe moyenne, reporters suspectés d’être à la solde des Américains, fondamentalistes virulents ou encore religieux paisibles pris pour des intégristes.
On avait remarqué le cinéaste en 2010 avec le passionnant Les femmes du bus 678 qui, en racontant le parcours (chaotique vis à vis des autorités) de trois femmes harcelées dans les transports publics, pointait du doigt l’un des maux récurrents de la société égyptienne. Cette fois, c’est dans un panier à salade surchauffé, que Diab, avec un vrai sens de la mise en scène, réussit un film à suspense qui apparaît aussi comme une réflexion politique sur l’Egypte d’aujourd’hui. Il interroge ainsi les intercations entre montée de la violence et poussée de l’extrémisme tout comme l’absurdité des guerres civiles. Si on a parfois un peu de mal à cerner avec précision les motivations des différents personnages, Clash reste cependant un film palpitant.
(Pyramide)