LE ROI DE COEUR
Dans le cinéma, Philippe de Broca (1933 – 2004) est connu pour ses comédies enlevées comme L’homme de Rio (1964), Les tribulations d’un Chinois en Chine (1965) et plus tard Le Magnifique (1973) ou L’incorrigible (1975), tous d’ailleurs tournés avec Jean-Paul Belmondo… En 1966, De Broca, toujours avec son fidèle Daniel Boulanger au scénario et aux dialogues, met en scène Le roi de coeur. Il a envie de faire autre chose qu’une comédie bondissante et choisit la gravité grinçante et une tonalité douce-amère qui lui vaudront un cuisant échec dans les salles françaises. A la surprise du réalisateur, le film deviendra, dans les années 80, un véritable phénomène cinéphilique aux Etats-Unis…
Fin 1918, les troupes allemandes évacuent la petite ville de Marville dans le nord de la France qu’ils truffent d’explosifs. Les seuls qu’on oublie, ce sont les fous internés dans l’asile. Venu pour désamorcer les bombes, le soldat écossais Charles Plumpick est accueilli à bras ouverts par les pensionnaires de l’asile et triomphalement élu « roi de cœur ». Plumpick (Alan Bates) va alors faire la connaissance de nouveaux compagnons comme Xénophon, duc de Trèfle ou le général Géranium… Avec beaucoup de bons acteurs (Pierre Brasseur, Jean-Claude Brialy, Julien Guiomar, Micheline Presle, Geneviève Bujold, Michel Serrault), un film anticonformiste, parfois un peu lent mais distillant un véritable charme. Les suppléments permettent de voir De Broca et ses comédiens à l’oeuvre. Pierre Lhomme, le directeur de la photo, raconte, lui, comment Alan Bates se cassa la cheville sur le plateau et continua pourtant le tournage… Un film à redécouvrir.
(L’Atelier d’images)