C’est un barbecue en pleine campagne russe. Tous les convives ont déjà bu beaucoup de vodka et sortent les fusils pour tirer sur des cibles qui portent la tête de Lénine ou Staline… « Et les autres? » Et un tireur de répondre: « On n’a pas le recul historique! » Une séquence à la fois drôle et grinçante car « Léviathan », prix du scénario à Cannes 2014, est surtout un cri poussé par Andrei Zviaguintsev. Au-delà du portrait d’une Russie en plein chaos où sévit une corruption généralisée, le cinéaste du « Bannissement » et d' »Elena » montre du doigt la collusion du pouvoir séculier et du pouvoir religieux détruisant l’être humain… Du côté de la mer de Barents, tout au nord de la Russie, Kolia tient un garage qui jouxte sa maison. Le maire de la ville, lui, veut s’approprier le terrain de Kolia… Or celui-ci ne peut supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède. Remarquablement mise en scène, un film poignant avec la métaphore finale d’une machine qui démolit brutalement la maison de Kolia !
(Pyramide)