LE DERNIER DES SIX
Entre 1941 et 1944, la Continental, société française financée par les Allemands, dirigée par Alfred Greven directement nommé par Goebbels, produisit une trentaine de films. Dans Laissez-passer (2002), Bertrand Tavernier évoque d’ailleurs, à travers les figures de Jean-Devaivre et Jean Aurenche, le temps de la Continental… Parmi les films produits par cette société, certains comme La main du diable (1942) de Maurice Tourneur ou Le corbeau (1943) d’Henri-Georges Clouzot sont devenus des classiques du cinéma français. C’est dès 1941 que Georges Lacombe s’attelle à la réalisation du Dernier des six (qui ressort en version restaurée).
Chargé du scénario, Clouzot va adapter Six hommes morts, le roman policier de Stanislas-André Steeman. Six amis ont gagné au jeu. Ils décident de partager la somme et de se séparer dans le monde entier pour la faire fructifier. Ils se fixent rendez-vous dans cinq ans. Mais, au moment de se revoir et de mettre les fortunes en commun, un inconnu tue l’un d’eux. Un second ami est abattu mais son cadavre disparaît. L’enquête est confiée au commissaire Wens, accompagné de l’encombrante Mila-Malou, qui va aller de surprise en surprise. Georges Lacombe (qui signera en 1946, Martin Roumagnac, le seul film interprété par Marlène Dietrich et Jean Gabin) dirige, ici, Pierre Fresnay en commissaire Wens pratiquant l’humour froid. Autour de Fresnay, grande star de l’époque, on trouve André Luguet, Jean Tissier, Jean Chevrier, des seconds rôles appréciés dans les années 30-50. Quant à la pétillante Suzy Delair (alors, épouse de Clouzot), elle décroche, avec Mila-Malou, l’un de ses premiers rôles marquants sur le grand écran.
(Gaumont)