Immense photographe, Raymond Depardon est aussi un cinéaste au long cours qui a posé un regard attentif sur la réalité de notre temps avec des documentaires comme Reporters (1981), Faits-divers (1983), Urgences (1987) jusqu’à La vie moderne (2008) de la série Profils paysans. Avec Les habitants, Depardon est tout simplement parti, de Charleville à Nice et de Sète à Cherbourg, à la rencontre des Français pour les entendre parler, capter leurs accents, leurs manières de s’exprimer.
Alors que, dans son imposant travail photographique intitulé La France de Raymond Depardon (2010), on voit essentiellement des lieux et très peu de personnages, Les habitants (rien à voir avec le l’utopie cauchemardesque d’Alex van Warmerdam en 1992) invite des gens rencontrés dans la rue quelques minutes auparavant, à poursuivre, en toute liberté et sans contrainte, leur conversation devant la caméra.
La mise en place est complètement minimaliste (une caravane équipée d’une petite table devant une fenêtre donnant sur une place) et voici, filmés de profil, des hommes et des femmes, vieux et jeunes qui se livrent, parlant de solitude et d’amour, de violence et de sexe, de marques et de prostitution, de travail, de mariage et de divorce, de religion et d’adolescence. Les mots sont vrais, forts, souvent d’une simplicité désarmante et douloureuse.

(Arte)