LA PEAU DE BAX
Les cinéphiles avaient découvert, dès 1992, l’univers d’Alex van Warmerdam avec Les habitants, chronique tragi-comique d’une ville nouvelle des années 60… C’est plus près de nous, en 2013, que le Festival de Cannes mettait le cinéaste néérlandais en pleine lumière avec le glaçant Borgman… Tueur à gages très méticuleux, Schneider reçoit l’ordre d’aller abattre Ramon Bax, un écrivain solitaire vivant au milieu des marais. Il veut refuser mais son commanditaire qui assure que Bax est un tueur d’enfants, lui assure aussi que la mission est « facile ». Ainsi, Schneider devrait être de retour chez lui dans la soirée pour fêter son anniversaire avec ses deux fillettes blondes et sa charmante épouse. Las, tout va complètement déraper. Bax vire sa jeune maîtresse parce que sa fille, bien dépressive, annonce son arrivée. Schneider tourne dans le coin mais des obstacles inattendus se mettent en travers de son chemin… La peau de Bax est une étonnante et manipulatrice variation sur le thriller. Jouant d’une lumière éclatante, Van Warmerdam (qui incarne Bax) distille un surréalisme bienvenu sans être envahissant. On se laisse happer sans peine par cette aventure désopilante, inquiétante et délirante. Dans un supplément intitulé Warmerdam fait son cinéma, le metteur en scène raconte le choc que fut pour lui Psycho de Hitchcock et salue le surréalisme de Bunuel comme la liberté de Fellini…
(agnès B/Potemkine)