Arrête ton cinéma… Ben oui!
Si votre fille a envie de devenir réalisatrice de cinéma, si votre fils rêve d’être directeur de la photo, si vous préférez que votre fille devienne médecin et que votre fils embrasse la carrière d’avocat, alors montrez-leur Arrête ton cinéma!. Ca leur fera assurément passer le goût du 7e art!
On se souvient que Diane Kurys avait déboulé dans le cinéma français avec Diabolo menthe, prix Louis Delluc 1977 et beau regard sur l’adolescence. Ensuite vinrent des films comme Cocktail Molotov (1980), Coup de foudre (1983), Un homme amoureux (1987), La Baule les Pins (1990), Après l’amour (1992) et plus près de nous un Sagan (2008) où Sylvie Testud se glissa dans la peau de l’auteur de Bonjour tristesse. Cela pour dire que Diane Kurys appartient au métier depuis belle lurette.
On convient aussi que l’idée de porter à l’écran C’est le métier qui rentre, le cinquième roman de Sylvie Testud, écrit en 2014 et qui s’inspire de l’expérience de la comédienne dans le cinéma, pouvait être tentante. Car le cinéma n’aime rien tant que de se nourrir de l’extraordinaire fascination qu’il suscite depuis que les frères Lumière lui donnèrent le jour. Et rien de tel sur grand écran que la mise en abyme…
Arrête ton cinéma! raconte l’aventure de Sybille, une actrice reconnue qui va passer, pour la première fois, de l’autre côté de la caméra. Avec un bel enthousiasme, la comédienne se met à l’écriture d’un scénario qui lui tient spécialement à coeur puisqu’il s’inspire de son histoire, de celle de ses soeurs et d’un père qu’elle ont mal connu. Tout semble sourire à Sybille puisqu’elle va trouver deux productrices, Ingrid et Brigitte, avec lesquelles elle va se jeter dans l’aventure qui consiste à faire naître un film. Las, quand Sybille demande à ses amis du métier ce qu’ils pensent d’Ingrid et Brigitte, leur conseil est simple et rapide: « Prends la fuite! » Mais l’optimiste Sybille, mettant sa vie de famille entre parenthèses, va vouloir aller au bout de son projet. Mais de réécritures successives du scénario au choix improbables des comédiennes en passant par le refus des financiers, un beau rêve va se muer en cauchemar… Sybille, la passionnée, va aller de compromis en compromissions en subissant l’hystérie ravageuse de ses productrices.
Mais, patatras, cette charge corrosive que voudrait être Arrête ton cinéma! ne parvient pas une seule minute à nous amuser ou à nous émouvoir. Rien ne fonctionne, tout est superficiel, tristement grotesque, même pas caricatural. On a de la peine pour Sylvie Testud qui tente de faire passer le désarroi de Sybille et on s’agace de voir Zabou Breitman et Josiane Balasko en faire des tonnes. Leur duo de harpies frénétiques, Cruella sous acide, devient très vite insupportable. Le gag à répétition d’Ingrid allant se « repoudrer » le nez est lourdingue tandis que Brigitte, en folle barrée, hurlant que « ce qui nous fait avancer, c’est l’amour », permet à Josiane Balasko une lourde variation dans le registre de la vulgarité.
Si le cinéma dans le cinéma vous intéresse, voyez Les ensorcelés (1953) de Minnelli, Sunset Boulevard (1950) de Wilder, 8 et demi (1963) de Fellini, La nuit américaine (1973) de Truffaut, Le mépris (1963) de Godard ou La rose pourpre du Caire (1985) de Woody Allen. Tous sont en dvd, tous sont magnifiques.
ARRETE TON CINEMA! Comédie (France – 1h30) de Diane Kurys avec Sylvie Testud, Josiane Balasko, Zabou Breitman, Fred Testot, François-Xavier Demaison, Claire Keim, Hélène de Fougerolles, Virginie Hocq, Florence Thomassin. Dans les salles le 13 janvier.