Le père, la mère, le fils et la poule de luxe
Le soleil, la mer, un restaurant de plage et une superbe jeune femme blonde qui arrive en se déhanchant… Elle prend place à une table à deux pas d’un couple. L’homme reçoit un coup de fil et s’avise, effaré, que c’est la belle blonde qui l’appelle…Il se lève, s’éloigne et s’explique violemment avec la blonde Juliette dont on a évidemment compris qu’il s’agit de sa maîtresse… Voilà pour l’entrée en matière, plutôt croquignolette, du nouveau film d’Yves Angelo…
Ayant débuté dans la réalisation avec Le colonel Chabert en 1994, Angelo a ensuite mis en scène une poignée de films et notamment, en 2004, son film le plus remarqué: Les âmes grises co-écrit avec le Nancéen Philippe Claudel… Depuis une dizaine d’années, Yves Angelo était revenu à son métier originel, celui de directeur de la photo. Un travail de lumière dans lequel il a souvent fait merveille aux côtés du trop tôt disparu Alain Corneau (Tous les matins du monde, 1991, couronné aux César notamment pour sa photographie), Claude Sautet (Un coeur en hiver) ou encore François Dupeyron, auquel le film est dédié, pour tout récemment, Mon âme par toi guérie…
Comme il avait rencontré Sylvie Testud en 2003 dans Stupeur et tremblements de Corneau, Yves Angelo a croisé Gregory Gabebois dans Mon âme par toi guérie. Ces deux excellents comédiens sont au coeur de l’intrigue de Au plus près du ciel et c’est bien un peu cela qui nous désole… Car l’un et l’autre se perdent dans cette improbable aventure… Sylvie Testud est juge d’instruction et elle instruit un dossier pour abus de faiblesse contre Juliette, la belle blonde de la plage. Voir plus haut. Au fil de l’interrogatoire, Sophie se rend compte que la blonde Juliette, qui est quand même une « poule de luxe » (sic), n’est autre que la mère biologique de Léo, 18 ans, le fils que Sophie et son mari Olivier ont adopté… Alors, au lieu de renoncer à instruire ce dossier, Sophie va s’acharner sur Juliette… Au grand dam d’Olivier. Avocat, Olivier sait que Sophie fait fausse route et suggère, pour faire cesser les problèmes, de parler à Léo…
Mais Sophie s’entête et cette fois, c’est Olivier qui va faire fausse route. Il décide d’entrer en contact avec Juliette sans révéler son identité. Pire, il se fait passer pour un ami de l’homme dont Juliette est accusée d’avoir abusé de la faiblesse. Il lui offre de l’argent, lui propose de l’aider… Mais l’aguichante Juliette connaît les hommes et leurs pulsions. Elle n’aura guère de mal à faire tomber Olivier dans ses rêts…
Pour couper court aux soupçons de Sophie et s’arracher à une ambiance complètement délétère, Olivier invite Sophie et Léo à une croisière de luxe en direction des Canaries. On vous le donne en mille: Juliette est à bord. Toujours blonde, toujours désirable! Cette fois, comme pour achever de faire « exploser » une famille, elle va séduire… Léo. Et c’est dans les bras de sa… mère que le grand gamin va connaître le grand frisson…
Au début, on observe avec une certaine bienveillance une femme et son époux se débattant, comme des insectes dans la lumière, avec une difficile question: faut-il dire à Léo qui est sa mère? Puis on s’agace un peu de l’entêtement de la juge d’instruction et on se désole de voir son avocat de mari plonger, tête la première, dans un piège grand comme une maison… Ensuite, on est étourdi par les mouvements de caméra qui vont trop vite et assez inutilement d’un personnage à l’autre. Enfin, on se désintéresse de l’affaire lorsqu’ils montent tous à bord du paquebot haut comme un immeuble de dix étages. De ces paquebots qui détruisent la lagune vénitienne mais ceci est une autre histoire… Et quand Juliette couche avec son fils (d’accord, sans savoir qu’il l’est) on se dit qu’on touche le fond. D’autant que le film s’arrête alors tout à trac.
Si Sylvie Testud et Grégory Gabedois (avec un air ténébreux qui indique sans doute le manque de direction d’acteurs) ont l’air de se demander ce qu’ils font là, on découvre quand même la solaire Mathilde Bisson. Avec ses yeux clairs, avec la blondeur de Bardot et la gouaille de Martine Carol, elle a tout pour devenir une nouvelle séductrice de l’écran.
AU PLUS PRES DU CIEL Thriller (France – 1h43) d’Yves Angelo avec Sylvie Testud, Gregory Gadebois, Mathilde Bisson, Zacharie Chasseriaud, John Arnold, Pascal Ternisien, Thomas Doret. Dans les salles le 9 septembre.