DANS D’IMPRESSIONNANTS MAIS TRAGIQUES COMBATS…

Emilia PerezEMILIA PEREZ
Jeune avocate à la fois surqualifiée et surexploitée, Rita Moro-Castro est au bout du rouleau. Tel un prologue shakespearien, s’adressant à un auditoire imaginaire (et donc au spectateur), Rita, écoeurée devant la bouffonnerie de ses patrons, interroge: De quoi parlons-nous? S’élever? Se soumettre? Combien de temps encore, faudra-t-il baisser la tête? De galère, la vie de l’avocate mexicaine va, par un simple coup de fil, devenir odyssée. Une voix grave et douce, un rendez-vous devant un kiosque à journaux, un enlèvement sac sur la tête. Celui qui l’attend dans sa cachette défendue par une armée de nervis, se nomme Manitas del Monte. Il est le patron redoutable et redouté d’un des cartels de la drogue au Mexique. Rita tombe des nues quand cette brute douce à la voix d’ange lui dit qu’il veut devenir une femme, être celle qu’il a toujours secrètement rêvé et voulu être. Une proposition simplement impossible à refuser. Car le chef de cartel veut se retirer des affaires et disparaître à jamais. Il donne carte blanche et moyens illimités à Rita pour mettre en oeuvre cette transition. En présentant Emilia Perez en compétition à Cannes, Jacques Audiard a donné un chef- d’œuvre, à la fois film de cartel et comédie musicale extraordinaire sur le féminin et la transidentité. Avec, à la clé, le prix du jury et le prix d’interprétation pour l’ensemble des femmes du film. Depuis Emilia Perez est favori, avec dix nominations, pour les Golden Globe de janvier prochain et en lice aux Oscars parmi les meilleurs films internationaux. Avec Emilia Perez, Jacques Audiard se sert des cartels comme d’une toile de fond (omniprésente!) qui lui permet d’aborder des thèmes qui traversent toute sa filmographie: d’une part, la paternité, de l’autre la transmission de la violence. Là où le dixième long-métrage d’Audiard fascine, c’est qu’il réussit, avec aisance et une impressionnante force de conviction, à mêler le thriller, le noir, la comédie de moeurs, le musical, la télénovela et même le pur mélodrame au travers d’un opéra guerrier et bouleversant, le tout dans une langue -l’espagnol- très forte, très physique, à la musicalité très accentuée. Ce film « sur des gens qui, emprisonnés dans des situations impossibles, conçoivent pour en sortir des solutions impossibles » séduit par son incessant mouvement, ses temps suspendus (« Tante » Emilia avec son jeune fils qui se souvient de l’odeur de son père), par une dynamique reposant sur des dialogues chantés dans des séquences brillamment chorégraphiées et, évidemment, par quatre comédiennes qui apportent une formidable énergie à ce qui apparaît vite comme une magnifique réflexion sur le pouvoir des femmes à changer le monde! Rita est incarnée avec grâce, âprêté et courage par Zoé Saldana. Selena Gomez est Jessi qui fut la femme de Manitas et la mère de ses deux enfants. Epifania (Adriana Paz) représente une parenthèse enchantée puisqu’elle apporte son amour à Emilia… Enfin, il y a l’époustouflante Karla Sofia Gascon qui incarne Manitas et Emilia. Fine, rapide, inventive et talentueuse, la comédienne s’empare avec brio d’une femme qui décide de faire de sa nouvelle vie une oeuvre vertueuse. Avant que la violence, une nouvelle fois, la rattrape… (Pathé)
Sept SamouraisLES SEPT SAMOURAIS
En 1586, à l’époque Sengoku, dans un Japon médiéval ravagé par des guerres civiles, les paysans sont fréquemment opprimés par des brigands qui les rançonnent. Une troupe de bandits à cheval s’apprête ainsi à attaquer un village mais décide de reporter l’attaque en attendant la prochaine récolte. Yohei, un des paysans, a surpris la discussion et court aussitôt avertir les autres villageois. Ces derniers sont effondrés, à l’exception de Rikichi, qui essaie de trouver une solution. Ils finissent par consulter Gisaku, l’ancien du village, qui, à la surprise de tous, rejoint l’avis de Rikichi et conseille d’engager des samouraïs pour défendre le village… Des émissaires partent donc vers le bourg voisin pour recruter des samouraïs. Réalisé par le Japonais Akira Kurosawa et sorti en 1954, Les sept samouraïs a largement contribué à la renommée internationale de son auteur, bien plus encore que Rashōmon sorti quatre ans plus tôt. A l’occasion du 70eanniversaire du film, Les sept samouraïs, inédit en Blu-ray 4K en France, est présenté en version intégrale d’origine, restauré par la célèbre société de production Toho. Cette version intégrale (3h20) transforme le simple film d’action en épopée subtile en montrant les rapports complexes entre de pauvres paysans empêtrés dans leurs préjugés et des guerriers de métier. Sans doute, le plus célèbre au monde des films japonais, Les sept samouraïs est une référence en matière de film de samouraïs et parfois considéré comme l’un des meilleurs films d’action de l’histoire du cinéma. Il n’a cessé d’exercer une grande influence sur le cinéma mondial et a connu plusieurs adaptations plus ou moins libres, dont le western américain Les sept mercenaires (1960) de John Sturges. Kurosawa ose construire son récit à l’encontre du suspens. On sait dès la troisième phrase tout ce qu’il va se passer, place au spectacle pur. Plus d’histoire à proprement parler, c’est désormais le regard qui règnera en maître. Comme les assiégés dans l’attente de l’attaque, le spectateur doit décoder les gestes et les regards pour s’approcher de tous les secrets que les personnages tentent de surmonter en les taisant. Le cinéaste fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle en distillant une suite de petites histoires et en organisant autant des batailles réglées comme des ballets de fins portraits psychologiques. Et ce sont les humbles et les faibles qui sortent vainqueurs de l’aventure, plus que les guerriers et les « méchants » voués à la mort. Ce coffret anniversaire prestige contient deux heures de bonus dont le documentaire It is wonderful to create produit par la Toho et la BBC, inédit en France. Par ailleurs, on trouve un livre (336 pages) contenant des textes et analyses de Fabrice Arduini (programmateur de La Maison du Japon), des archives inédites, notamment des extraits des notes de Kurosawa pendant le tournage du film et de rares photos de tournage ainsi qu’une retranscription intégrale du film, issu du montage européen d’époque. La retranscription consiste en une forme hybride entre le script de tournage, le découpage technique et l’analyse de montage. Elle met en lumière la mise en scène et le travail rythmique de Kurosawa, à mettre en perspective avec le film. (The Jokers)
19841984
Le monde de 1984 est divisé en trois grandes puissances qui se livrent une guerre perpétuelle. L’une d’elles, Océania, est dirigée par un parti unique et soumise à un régime totalitaire, personnifié par Big Brother, dont le portrait est omniprésent. Employé au Ministère de la Vérité, Winston Smith a de plus en plus de mal à croire aux mensonges du régime… À l’heure où la montée des extrêmes en Europe inquiète, la dystopie imaginée dès 1949 par George Orwell dans 1984, son fameux roman d’anticipation, semble plus que jamais d’actualité. On y découvre en effet une société totalitaire, de contrôle et d’oppression permanents. Alors que la télévision n’existait pas encore, l’auteur visionnaire inventait le célèbre concept de Big Brother, une entité qui surveille tout le monde via des écrans disposés chez chaque individu. C’est aussi dans ce roman qu’apparait la Novlangue, qui désigne aujourd’hui un langage destiné à déformer une réalité. Fidèle au livre, le Britannique Michael Radford donne une adaptation des plus marquantes. Tournée à Londres, sa sortie en 1984 est hautement symbolique, à une période où la guerre froide touchait à sa fin. Le réalisateur crée dans son film un univers glaçant, gris et déshumanisé, à l’atmosphère angoissante et désespérée très réussie. En refusant le spectaculaire pour se concentrer sur le message d’Orwell, le cinéaste réussit un film magistral où l’horreur est avant tout psychologique. Si l’adaptation est réussie (le film sera récompensé dans de nombreux festivals ) ce n’est pas uniquement grâce au travail minutieux de son réalisateur, mais aussi grâce à la performance impeccable de son casting, en particulier le trio principal. La composition de John Hurt, alors au sommet de sa carrière, est d’une incroyable sincérité tandis que Suzanna Hamilton est remarquable. De son côté, Richard Burton est terrifiant, offrant une prestation glaçante de cynisme et d’inhumanité pour son dernier rôle au cinéma. L’acteur meurt en effet peu après le tournage… en 1984. Plongée terrifiante dans les méandres du totalitarisme, et impressionnante adaptation d’un monument de la littérature d’anticipation, 1984 sort pour la première fois dans une version entièrement restaurée en 4K. Proposé dans un combo Blu-ray + UHD, ainsi qu’en édition DVD, le film est accompagné de nombreux bonus, dont un entretien (35 mn) exceptionnel et inédit avec Michael Radford et Retour en 1984 (24’), un documentaire d’Alexandre Jousse.. Le combo sera également enrichi d’un livret de 40 pages sur George Orwell et 1984. (Rimini éditions)
Johnny Sen Va GuerreJOHNNY S’EN VA-T-EN GUERRE
Jeune Américain plein d’enthousiasme, Joe Bonham décide de s’engager pour aller combattre sur le front pendant la Première Guerre mondiale. Au cours d’une mission de reconnaissance, il est grièvement blessé par un obus et perd la parole, la vue, l’ouïe et l’odorat. On lui ampute ensuite les quatre membres alors qu’on croit qu’il n’est plus conscient. Allongé sur son lit d’hôpital, il se remémore son passé et essaie de deviner le monde qui l’entoure à l’aide de la seule possibilité qui lui reste : la sensibilité de sa peau. Une infirmière particulièrement dévouée l’aide à retrouver un lien avec le monde extérieur. Lorsque le personnel médical comprend que son âme et son être sont intacts sous ce corps en apparence inerte, ils doivent prendre une décision médicale selon les valeurs et les croyances de l’époque. Dalton Trumbo adapte ici lui-même son roman antimilitariste Johnny Got His Gun publié en 1939. L’auteur pensait initialement confier la réalisation du film à son ami cinéaste Luis Buñuel et avait également demandé à Salvador Dalí d’adapter son œuvre. Mais les deux hommes refusent car ils estiment que l’œuvre appartient à Dalton Trumbo et que seul lui peut la transposer à l’écran. Luis Buñuel participe cependant de manière non officielle au script, notamment pour les scènes avec le Christ. En 1971, le film marque ainsi les débuts de Dalton Trumbo comme réalisateur, lui qui avait été l’une des plus célèbres victimes de la chasse aux sorcières du maccarthysme. Le résultat est saisissant. Ce brûlot contre l’abjection guerrière est porté par le formidable Timothy Bottoms qui apporte à ce « légume » parqué sous un drap-linceul dans une obscure chambre d’hôpital, un bouleversante humanité. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 1971, Johnny s’en va-t-en guerre (qui sort dans une belle version Blu-ray) obtint le grand prix spécial du Jury. (Gaumont)
FernandelCOFFRET FERNANDEL
Champion du box-office (on dit qu’il a attiré plus de 200 millions de spectateurs dans les salles obscures), Fernand Contandin dit Fernandel (1903-1971) fut le comique emblématique du cinéma français d’avant et d’après la Seconde Guerre mondiale, jouant dans nombre de films devenus des classiques, notamment signés Marcel Pagnol. On retrouve ce monument du cinéma national dans un coffret regroupant trois de ses films réalisés au tournant des années cinquante et nouvellement restaurés. Signé Carlo Rim, L’armoire volante (1948) raconte les aventures d’une octogénaire têtue qui part pour Clermont-Ferrand avec deux déménageurs afin de rapporter à Paris ses quelques meubles. Son neveu, Alfred Puc, percepteur de son état, est très inquiet. Il est vrai qu’il fait très froid et qu’au retour, la brave dame meurt de froid. Affolés, les déménageurs laissent le corps dans une armoire à glace, regagnent Paris en avertissant le neveu… Avec cette farce loufoque qui surprit le public par son côté grinçant et sombre, pas assez « fernandelesque » en somme, Rim signe son premier film et réussit à convaincre Fernandel de s’éloigner de ses indéfectibles rôles « provençaux » en observant : « L’armoire volante ne sera drôle que s’il est joué comme un drame ». Dans L’héroïque Monsieur Boniface (1949), Fernandel est Boniface, un timide étalagiste qui trouve un soir en rentrant chez lui un cadavre dans son lit. Enlevé à sa sortie du commissariat par le véritable assassin, Charlie, un chef de bande, Boniface se retrouve libre et héros du jour au lendemain. Adulé, fêté et reconnu, Boniface commence sérieusement à gêner Charlie, qui décide de séduire sa petite amie, Irène. L’affront donnera à l’honnête Boniface la force d’accomplir cette fois, un audacieux coup de maître qui mettra fin à la bande de gangsters. Le cinéaste Maurice Labro mêle ici le comique burlesque avec l’humour noir et insuffle au film un rythme presque constamment heureux. A sa sortie, le film connut un beau succès avec plus de 3,2 millions de spectateurs. Ce qui permit au personnage de Boniface de connaître de nouvelles aventures lors d’un second film avec la même équipe, l’année suivante. Dans Boniface somnambule, notre homme est devenu un irréprochable détective privé aux magasins Berthès et spécialement au rayon bijouterie, Mais Victor Boniface est somnambule. Ce qui l’amène à dérober la nuit ce qu’il surveille si brillamment le jour. Ce travers va le conduire à faire arrêter héroïquement trois gangsters : Charlie, René et leur complice, qui avaient pour projet de profiter de sa condition nocturne. Mlle Thomas, la sous-directrice de la bijouterie lui confiera son cœur et deviendra la mère de ses nombreux enfants qui seront, eux aussi, somnambules. Dans un scénario bien huilé, Maurice Labro présente les personnages dans de nouvelles situations rocambolesques où Boniface retrouve les malfaiteurs du film précédent qui souhaitent désormais prendre leur revanche après leur déconfiture lors du premier épisode. Sans plus de réussite, évidemment ! (Pathé)
LeonLEON
Tueur à gages solitaire, Léon vit à New York depuis au moins une dizaine d’années. Ce type froid et méticuleux est particulièrement méthodique dans son travail. Ses contrats viennent uniquement de Tony, un mafieux propriétaire du restaurant « Supreme Macaroni ». Léon habite le même quartier que son donneur d’ordres dans un immeuble vétuste de Little Italy, au bout d’un long couloir. Léon occupe son temps libre en faisant des exercices physiques, en prenant soin de sa plante d’intérieur et en allant voir des comédies musicales de Gene Kelly dans un cinéma de quartier. Lorsque Léon croise, en rentrant chez lui, Mathilda, une adolescente en train de fumer, il lui fait savoir qu’il réprouve son tabagisme. Il comprend qu’elle est livrée à elle-même, qu’elle est mal-aimée dans une famille distendue et recomposée. Un jour, Léon remarque que la gamine saigne du nez. Mathilda lui demande si la vie est aussi dure uniquement pour les enfants ou si c’est comme ça pour toute la vie. Il lui répond avec aigreur : « C’est comme ça tout le temps ». En 1994, Luc Besson signe son sixième long métrage et se penche sur la rencontre entre Léon et une voisine de palier âgée de 12 ans dont la famille va être assassinée à cause des trafics du père. Pour venger son petit frère, le seul membre de sa famille qu’elle aimait sincèrement, Mathilda implore Léon de lui apprendre son « métier ». Besson s’est inspiré de Jeff Costello, le tueur à gages (Alain Delon) du Samouraï de Melville pour créer Léon avec lequel Jean Reno trouve un rôle similaire à celui qu’il tenait dans Nikita (1990). Ce bon film d’action marque la première apparition à l’écran de Natalie Portman, 12 ans, dans le rôle de Mathilda. Autour de Reno et d’elle, on remarque Gary Oldman et Danny Aiello. Le film qui avait réuni près de 3,5 millions de spectateurs dans les salles, sort dans une édition limitée 4K Ultra-HD. (Gaumont)
Guerriers ApocalypseLES GUERRIERS DE L’APOCALYPSE
Une unité des Forces japonaises d’auto-défense, en manœuvre à proximité d’une plage, se retrouve mystérieusement transportée quatre cents ans dans le passé à la suite de la déformation de l’espace temps. Équipés d’un char de combat, d’une jeep, d’un hélicoptère et d’un patrouilleur en plus de leur armement individuel, le lieutenant Iba et ses hommes sont entraînés dans les guerres de clans qui déchirent le Japon féodal du XVIe siècle. Les voilà bientôt tiraillés entre l’envie de regagner le pays qu’ils connaissent et celle de changer le cours de l’Histoire… Disponible pour la première fois en 4K UHD et Blu-ray dans une version restaurée et dans son montage intégral (139 mn), voici un étonnant film devenu culte qui réunit le meilleur du film de samouraï, de la science-fiction et du cinéma d’action nippon dans une confrontation spectaculaire entre passé et présent. Réalisé en 1979 par Kosei Saito, le film met en vedette, devant et derrière la caméra (il est en charge de la réalisation des scènes de combats), la star japonaise Sonny Chiba (The Street Fighter, Kill Bill : Volume 1) dans le rôle d’Iba, un officier progressivement gagné par une folie destructrice alors qu’il s’interroge sur sa vocation de guerrier plus à l’aise dans l’époque féodale. Ses hommes, moins enclins à la guerre, seraient prêts à retourner dans leur époque mais, par obéissance à Iba, ils resteront à ses côtés. Saito montre comment apparaissent les frictions au sein du détachement et aussi comment elles sont rapidement réglées dans le sang. Puis comment les hommes d’Iba vont s’allier avec un seigneur de la guerre. Mais surtout il signe un grand moment de cinéma avec, pendant une bonne demi-heure, la bataille entre le commando et toute une armée féodale. Pour cela, le cinéaste, connu pour Ninja Wars en 1982, dispose de moyens considérables avec des effets spéciaux remarquables, une abondante figuration, des costumes de qualité qui lui permettent de signer un grand spectacle. Dans les suppléments, on trouve Les grandes manœuvres (28 mn), un entretien avec Fabien Mauro, spécialiste des fictions japonaises à effets spéciaux (tokusatsu) et auteur de Kaiju, envahisseurs & apocalypse : L’Âge d’or de la science-fiction japonaise (Aardvark Éditions, 2020). « Ce qui est au cœur du récit, c’est la fonction des Forces japonaises d’auto-défense et de l’éthique des soldats. […] Ils vont aller à l’encontre de leurs fondamentaux pour se lâcher et se libérer dans ce Japon de l’ère Sengoku qui est propice au combat. » et aussi la version française (109 mn) des Guerriers de l’apocalypse, le film tel qu’il fut diffusé en salles lors de son exploitation en France en 1982. (Carlotta)
LoachCOFFRET KEN LOACH
Dans le cinéma britannique, Ken Loach, du haut de ses 88 ans, fait figure de vénérable patriarche. Mais cette impression est contredite par un cinéma dynamique constamment ancré dans le réalisme social et qui traite souvent des situations difficiles au sein de la classe ouvrière. Loach, découvert avec Kes en 1969, est un maître qui sait associer la réalité quotidienne avec un récit plein de souffle, créant un lien d’empathie immédiat avec ses personnages. Un beau coffret réunit cinq films marquants de Loach dont le plus récent, The Old Oak (2023) dans lequel il décrit une petite localité du nord-est du Royaume-Uni divisée par l’arrivée de réfugiés syriens. TJ Ballantyne, propriétaire du pub The Old Oak (le vieux chêne) se montre plutôt bienveillant à leur égard, aidant la jeune Yara, passionnée de photographie. Avec Sorry We Missed You (2019), le cinéaste dénonce les dérives de l’«uberisation», et les ravages qu’elles peuvent exercer sur la vie d’une famille. Ricky devient chauffeur-livreur indépendant, aux ordres sans concessions d’une plateforme de vente en ligne. L’achat du véhicule et tous les frais imprévus sont à sa charge, les rendements exigés sont oppressants, les pénalités financières implacables. Son épouse Abby, auxiliaire de vie, se débat elle aussi dans des horaires à rallonge. Ils n’ont plus le temps de s’occuper de leurs enfants, ce qui va conduire au désastre… Couronné de la Palme d’or à Cannes 2016 (la seconde pour Loach après Le vent se lève en 2006), Moi Daniel Blake évoque, dans le Royaume-Uni des années 2010, le délabrement des services sociaux. Daniel Blake, un homme de 59 ans souffrant de graves problèmes cardiaques, et Katie Morgan, une mère célibataire de deux enfants, malmenés par l’administration, tentent de s’entraider. Pour Jimmy’s Hall (2014), Loach, en s’inspirant de faits réels, parle de l’Irlande des années 20 et 30 à travers le parcours de l’activiste républicain James Gralton, qui après dix années passées aux USA, revient dans sa terre natale et ouvre, en pleine campagne, une salle de danse qui est aussi un lieu d’enseignement, d’échange et de culture. Cette initiative lui attire les foudres de l’Église catholique et des conservateurs. En 2012, Loach fait un détour par la comédie avec La part des anges qui obtiendra le prix du Jury à Cannes.Il montre les efforts d’un jeune Écossais violent, récemment devenu père, cherchant à s’insérer dans le jeu social après un long séjour en centre de rééducation pour avoir sauvagement agressé, sous cocaïne, un jeune homme qui en est resté infirme. Le chemin de la rédemption passe curieusement par la découverte… des grands whiskies. (Le Pacte)
Kore EdaCOFFRET KORE-EDA
Réputé pour son approche novatrice, non spectaculaire et quasiment documentaire du cinéma de fiction, le Japonais Hirokazu Kore-eda a signé une suite de chroniques familiales qui évoque avec une grande douceur le deuil, le mensonge, l’abandon, la culpabilité, la difficulté d’être parents, la solidarité des enfants. Par sa délicatesse, ses sentiments pudiques et ses qualités de mise en scène, Kore-eda est comparé à son compatriote Ozu, lui-même citant plutôt Mikio Naruse ou Ken Loach. Un passionnant coffret regroupe six œuvres parmi les plus récentes du cinéaste nippon. Dans L’innocence (2023), un enfant se comporte de manière étrange. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, de l’enseignant et de l’enfant, la vérité émerge progressivement. Chaque personnage du film pourrait à un degré variable être marqué du sceau de la figure du monstre, qui apparaît dans le film comme un reflet des angoisses sociales contemporaines. Avec La vérité (2019), Kore-eda filme Fabienne, une grande vedette de cinéma (Catherine Deneuve) qui change la perception que le public a d’elle en publiant ses mémoires. À sa demande, sa fille installée aux États-Unis revient en France avec sa famille. La relation entre les deux femmes a toujours été difficile, et les retrouvailles vont être douloureuses. Une affaire de famille (2018), Palme d’or à Cannes 2018, analyse avec délicatesse la problématique du modèle familial japonais, opposant stéréotypes sociaux et réalité des relations dans la recherche du bien-être des enfants, réalités des sentiments et intérêts cupides face à la richesse et à la pauvreté. Dans The third Murder (2017), Kore-eda, à partir d’un fait-divers sordide, propose une réflexion sur la justice et sur la notion de culpabilité. Un récit noir mais émouvant. Auteur d’un roman à succès, Ryota, le héros de Après la tempête (2016), est détective privé pour subvenir à ses besoins et pour payer la pension alimentaire de son fils de onze ans. Il s’efforce de trouver de l’argent en jouant à la loterie et en pariant sur les courses cyclistes. Lors d’un typhon annoncé sur la ville, il est coincé dans l’appartement de sa mère, avec son ex-femme et son fils. L’occasion, peut-être, de se reconnecter. Dans Notre petite sœur (2015), Sachi, Yoshino et Chika, trois sœurs d’une vingtaine d’années, vivent dans la maison de leurs grands-parents à Kamakura. Leurs parents sont divorcés. Un jour, elles apprennent la mort de leur père, qu’elles n’ont pas vu depuis quinze ans. À l’enterrement, elles rencontrent leur demi-sœur, Suzu, 14 ans, qui vit avec sa belle-mère et son beau-frère. Observant le comportement de la belle-mère à l’enterrement, Sachi devine que Suzu a pris soin de leur père à sa mort, pas la belle-mère. À la gare, Sachi invite spontanément Suzu à venir vivre avec elles dans la maison familiale. (Le Pacte)
HippocrateINTEGRALE HIPPOCRATE
Dire que Thomas Lilti sait de quoi il parle quand il évoque la médecine et l’univers de l’hôpital est un truisme. Car le réalisateur a bien été médecin avant de passer du côté du grand écran. Très vite, il eut l’idée de créer une série sur l’univers hospitalier après l’échec de son premier long métrage, Les yeux bandés (2007). Cependant Lilti réalisa d’abord un long métrage sur le sujet, Hippocrate (2014) qui reçut un bel accueil critique et public couronné d’un César du meilleur second rôle pour Reda Kateb. Restant dans le milieu médical, il signe ensuite Médecin de campagne (2016) et Première année (2018). Enfin, avec Canal+, le cinéaste revint à son projet de série qui s’étendra sur trois saisons. Dans la première saison, on suit Alyson, Hugo et Chloé, trois internes en médecine, qui doivent gérer, seuls, un service hospitalier après le confinement, pour 48h, des médecins titulaires en raison d’un risque de contagion lié à la mort d’un patient atteint d’un méningocoque. Pour les internes, les défis, de la gestion des malades à la pression de la situation sanitaire, se succèdent d’autant que la quarantaine des titulaires se prolonge… Dans la saison 2, une vague de froid s’abat sur la France, alors les hôpitaux se retrouvent submergés de patients. Alyson et Hugo poursuivent leur stage dans le service de médecine interne. Chloé, l’interne sénior qui a été gravement malade à la fin de la première saison, tente de revenir pratiquer malgré son état de santé inquiétant. Quant à l’interne albanais Arben Bascha, la directrice de l’hôpital a découvert qu’il pratiquait la médecine sans avoir terminé ses études en Albanie à la fin de la première saison. Arben disparaît sans laisser d’adresse. Les internes vont devoir gérer l’hôpital Raymond-Poincaré sous la tutelle du docteur Brun, le nouveau patron des urgences aussi exigeant que charismatique. La troisième et ultime saison se déroule pendant l’été. Sur décision des autorités sanitaires, de nombreux services hospitaliers ont été fermés et ceux qui restent ouverts sont surchargés. Une grève de SOS Médecins aggrave la situation, laissant toute une population sans accès aux soins. Les patients affluent, les tensions sont palpables. À l’hôpital Poincaré, les soignants se rendent vite compte que les consignes ne sont pas tenables et certains décident de désobéir. Avec un regard réaliste et documenté sur le monde hospitalier, Hippocrate oscille entre fiction et reportage pour évoquer des trajectoires individuels mais aussi mettre en lumière les défis du système hospitalier français et offre un regard réaliste sur la vie des jeunes médecins en formation. Enfin, les attachants personnages sont, ici, remarquablement incarnées par ces excellents comédiens que sont Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Karim Leklou, Bouli Lanners, Zacharie Chasseriaud, Anne Consigny, Eric Caravaca, William Lebghil ou Geraldine Nakache. Une série intense, engagée et profondément humaine ! Avoir et à revoir ! (Studiocanal)
TrapTRAP
Grand costaud au sourire charmeur, Cooper Adams est un père de famille que son adolescente de fille Riley adore… surtout depuis qu’il a pris des places pour le concert de la pop-star Lady Raven. S’il s’occupe parfaitement de Riley, Cooper semble constamment aux aguets. Son regard balaye la grande salle de concert. Partout, de nombreux policiers barrent les entrées et les sorties tandis que, sur le parvis, les véhicules du FBI s’alignent en rangs serrés. Il apprend que la police, dirigée par une profileuse, a décidé de se servir du spectacle pour prendre au piège un tueur en série connu sous le nom du Boucher. Pris dans la nasse, Cooper va tenter de quitter les lieux… Avec Trap, M. Night Shyamalan (qui a connu, en 1999, son premier grand succès, tant commercial que critique, avec Sixième sens) s’éloigne quelque peu de sa veine fantastique habituelle pour s’inscrire dans le genre serial-killer. Mais, ici, point de suspense. On comprend, de suite, que le « gentil » Cooper n’est autre que le tueur. L‘intérêt de Trap réside alors dans le portrait d’un type sacrément malade de la tête, à la fois bon père de famille et tueur froid, prêt à tout pour protéger les siens et disposé sans sourciller à asphyxier au monoxyde de carbone un malheureux enfermé dans une cave. Le réalisateur a confié à sa fille Saleka, 28 ans, le soin d’incarner Lady Raven la chanteuse pop mais aussi de coécrire, coproduire, mettre en scène le show et interpréter toutes les chansons originales intégrées dans un vrai concert live. Seuls les spectateurs sont moins nombreux qu’il n’y paraît. Grâce aux effets visuels, les 300 personnes présentes au concert ont été multipliées de manière à remplir les 15 000 places du concert. Reste enfin à imaginer comment Cooper Adams va sortir d’une nasse bien close… Pour porter le personnage du serial-killer, le cinéaste a trouvé un interprète de choix. Josh Hartnett s’est fait connaître, dans le genre horrifique, en jouant le fils de Jamie Lee Curtis dans Halloween, 20 ans après (1998) et a souvent incarné ensuite, des personnages complexes comme le flic Bucky Bleichert dans Le dahlia noir (2006) de Brian de Palma. Avec le regard qui dérape, le sourire qui vire au rictus, son Boucher a de quoi faire peur. Et c’est bien ce que recherche Trap. (Warner)
MaxxxineMAXXXINE
Sur les images en noir et blanc d’un film amateur, une charmante petite fillette blonde sourit et répond gentiment à son père : « Je n’accepterai jamais une vie que je ne mérite pas ». Nous sommes en 1959. Nous retrouvons, en 1985, Maxine Minx. La fillette est devenue une belle jeune femme qui a fait son chemin dans les films pour adultes. Mais Maxine en a assez du X et aspire à devenir une actrice de cinéma classique. Lors d’un casting pour La puritaine II, elle réussit à convaincre les producteurs et la rude réalisatrice Elizabeth Bender (Elizabeth Debicki) de lui confier le personnage principal de cette suite d’un film d’horreur à succès. La carrière hollywoodienne de Maxine Minz est désormais sur la bonne voie. Mais c’est sans compter sur un tueur en série qui fait régner la terreur à Los Angeles en assassinant de jeunes starlettes et en marquant leurs cadavres du sceau de la Bête… MaXXXine est le troisième et dernier volet d’une trilogie entièrement réalisée par l’Américain Ti West. En 2022, X racontait, dans une ambiance grindhouse, les aventures de la jeune Maxine partant, en 1979, tourner un film pornographique dans une ferme du Texas, propriété d’un vieux couple, Pearl et Howard. Ceux-ci, découvrant le genre du film, vont provoquer un massacre. Dans la foulée, West met en scène Pearl, préquelle de X, qui s’attache au personnage de Pearl et explore ses origines. Si Maxine a survécu au massacre orchestré par Pearl et Howard, elle continue à être hantée par les événements de 1979. Et cela déteint évidemment sur son parcours hollywoodien. Heureusement, elle peut compter sur son agent dont les méthodes ressemblent singulièrement à celles de Cosa Nostra. Avec pas mal de sang, de crâne fracassé mais aussi d’humour, Ti West s’amuse avec les codes du film d’horreur. Ici, West rend hommage au cinéma américain, serait-il de série B, en se glissant dans les coulisses d’un tournage en multipliant les clins d’oeil à Theda Bara, l’un des premiers sex-symbols de la cité des rêves, à Norman Bates et au motel de Psychose, au Dahlia noir, à Buster Keaton, à Marilyn Chambers et Behind the Green Door et même à l’immense Bette Davis qui, en matière de monstre et de dureté à Hollywood, en connaissait un rayon. L’Anglaise Mia Goth, vedette de ce thriller psychosexuel, semble marcher dans ses traces. (Universal)
Calamy Trois FilmsLAURE CALAMY EN TROIS FILMS
Comédienne qui sait conjuguer la drôlerie et la mélancolie, Laure Calamy s’est essayé avec succès sur les planches avant de passer du théâtre au grand écran où on la remarque dans des courts-métrages de Vincent Macaigne ou de Guillaume Brac. Avec Un monde sans femmes (2012) du second, elle reçoit le prix Jeanine-Bazin au festival Entrevues de Belfort. C’est son personnage de Noémie l’assistante dans la série télé Dix pour cent (2015) qui va la faire connaître du grand public. Voici un joli coffret qui regroupe trois films dans lesquels Laure Calamy a pu donner toute sa mesure. En 2020, elle tient le rôle principal d’Antoinette Lapouge, une institutrice qui attend avec impatience l’été pour passer des vacances avec Vladimir, son amant, père d’un de ses élèves. En apprenant que Vladimir ne peut pas venir car Éléonore, sa femme, a organisé une randonnée surprise dans les Cévennes avec leur fille et un âne, Antoinette décide de suivre leur trace sur le chemin de Stevenson, seule avec un âne nommé Patrick. Antoinette dans les Cévennes de Carole Vignal est une comédie franchement pétillante qui vaudra à la comédienne d’obtenir le César 2021 de la meilleure actrice. Sorti en 2022, Annie Colère est un film plus grave dans lequel la cinéaste Blandine Lenoir évoque la France de 1974, environ un an avant la loi Veil (qui dépénalisera l’avortement) en suivant Annie, une ouvrière d’usine (Laure Calamy) qui a deux enfants et ne souhaite pas en avoir plus. Lorsqu’elle se retrouve involontairement enceinte, elle fait appel au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui milite pour la légalisation de l’avortement en aidant des femmes à avorter ostensiblement. Annie, dont l’avortement s’est bien passé, va s’investir avec vigueur dans le mouvement… Enfin, en 2023, l’actrice retrouve la réalisatrice Carole Vignal pour Iris et les hommes, une comédie dans laquelle elle incarne Iris, une dentiste (au cabinet florissant) pourvue d’un mari formidable et de deux filles parfaites. Tout va donc bien pour Iris. Mais depuis quand n’a-t-elle pas fait l’amour ? Peut-être est-il temps de prendre un amant. S’inscrivant sur une banale appli de rencontre, Iris ouvre la boite de Pandore. Les hommes vont tomber… Comme s’il en pleuvait ! Les trois films sont accompagnés de suppléments dont des entretiens avec les cinéastes et la comédienne. (Diaphana)
The CrowTHE CROW
A Détroit, Eric Draven et Shelly Webster sont retrouvés dans leur appartement, la veille de leur mariage. Eric est passé par la fenêtre, mort sur le coup. Shelly meurt après avoir été torturée et violée. Eric et Shelly sont enterrés côte à côte. Leur amie, la petite Sarah, leur dépose des fleurs, mais un corbeau veille… À la nuit tombée, Eric revient d’entre les morts. Perturbé, déboussolé, il est guidé par le corbeau jusqu’à son appartement, abandonné dans l’état. Assailli par les souvenirs, les moments de bonheur lui reviennent, ainsi que sa mort, et celle de sa bien-aimée. Fou de colère, il se maquille à la façon d’un masque appartenant à Shelly, et sort ses vêtements gothiques. Enragé et invincible, il est bien décidé à prendre sa vengeance. Aidé par le corbeau, il traque et tue tous les responsables de la mort de Shelly les uns après les autres. La police, et notamment l’inspecteur qui a enquêté sur leurs morts, est sur ses traces. Eric retrouve également Sarah, qu’il protège. Aidé par l’inspecteur, il est bien décidé à réduire à néant le gang qui dirige la ville. Cependant ces derniers ont compris le lien entre le corbeau et Éric. Alors que ce dernier a fait un véritable massacre, il est blessé et le lien avec le corbeau est ainsi rompu. Sarah étant en danger, Eric n’abandonne pas. Eric se sert des moments de souffrance de Shelly, captés à travers l’inspecteur qui est resté à son chevet, pour désorienter son adversaire. Une fois sa vengeance accomplie, la petite Sarah comprend qu’Eric ne reviendra plus. Portant la bague de Shelly, elle n’oubliera jamais la légende du corbeau, car l’amour véritable est éternel. Avec The Crow qu’il réalise en 1994 en adaptant les éléments de comics parus en 1989, Alex Proyas donne un film fantastique où les décors gris, terribles et beaux, créent un monde violet et oppressant. Dans le rôle d’Eric Draven, jeune guitariste de rock, on trouve Brandon Lee, le fils de Bruce Lee. Sa mort sur le tournage (par un revolver faussement chargé à blanc) acheva de faire de The Crow (qui sort en version 4K Ultra HD) un film culte. (Metropolitan)
Pile FacePILE OU FACE
À Bordeaux, l’inspecteur Louis Baroni est chargé de l’enquête sur la mort d’une Madame Morlaix, tombée par la fenêtre de son appartement après une dispute avec son mari. Persuadé de la culpabilité d’Edouard Morlaix, le flic s’acharne à vouloir le faire avouer bien que l’affaire soit rapidement classée. En effet une affaire de trafic de drogue secoue la ville avec la mort par overdose du fils d’un notable. Mais Baroni s’en fiche et traque Morlaix malgré la sympathie latente qu’il ressent pour le veuf. En 1980, Robert Enrico, qui avait marqué les esprits avec Le vieux fusil (1975) et la romance tragique entre Romy Schneider et Philippe Noiret, retrouve ce dernier pour un polar qui délaisse un peu l’intrigue policière pour un face-à-face psychologique. Noiret incarne un flic proche de la retraite, intègre mais désabusé tandis que Michel Serrault est Morlaix, un employé comptable pas plus éploré que cela en veuf qui rêve d’aller vivre sur l’île de Talua. Le film, qui sort en Blu-ray dans la collection « Nos années 80 », doit beaucoup aux dialogues de l’excellent Michel Audiard qui signe aussi le scénario (d’après le roman Suivez le veuf d’Alfred Harris) en compagnie de Robert McCallum, pseudo du réalisateur américain Gary Graver, connu comme chef-opérateur d’Orson Welles. On aime entendre Baroni soupirer: « La justice, docteur, c’est comme la Sainte Vierge : si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe. » (Studiocanal)
Tir GroupeTIR GROUPÉ
Fripier aux puces de Clignancourt, Antoine Béranger (Gérard Lanvin) en couple avec Carine Ferrand, employée dans un magasin de luxe mais ils ne vivent pas encore ensemble. Un soir, après avoir dîné au restaurant avec Carine et tenté vainement de la faire venir chez lui, Antoine la raccompagne à la gare où elle doit prendre le train qui la ramène chez ses parents à Enghien-les-Bains. Dans le train, Carine est sauvagement agressée par un voyou et ses deux acolytes sous les yeux des autres passagers trop apeurés pour intervenir. Alors qu’il s’apprête à quitter le train avec ses complices, Balestra assène un violent coup de karaté à Carine, qui meurt sur le coup. Prévenu du drame par l’inspecteur Gagnon (Michel Constantin), chargé de l’affaire, Antoine, fou de douleur et de chagrin, se remémore les moments passés avec Carine, dont leur première rencontre quelques mois auparavant. Un autre voyageur s’est fait agresser et tuer dans les couloirs du métro par les mêmes voyous qui lui ont coupé les doigts pour lui voler son alliance. Voyant que la police peine à retrouver les coupables, Antoine décide de les retrouver lui-même et s’achète une arme à feu. Avant de devenir réalisateur, Jean-Claude Missiaen fut critique de cinéma, notamment au Nouveau Cinémonde, aux Cahiers et à L’avant-scène cinéma. A partir de la fin des années soixante, il sera pendant une dizaine d’années l’attaché de presse de Woody Allen et de Claude Sautet. En 1981, Missaien (1939-2024) écrit le scénario de Tir groupé qu’il mettra en scène l’année suivante. Après cette première réalisation, il tournera encore pour le cinéma deux autres films policiers. Ici, il donne au trentenaire Gérard Lanvin un personnage qui n’est pas sans faire penser à celui de Charles Bronson dans Un justicier dans la ville (1974). Fou de chagrin et de douleur, Antoine Béranger décide en effet de mener sa propre enquête… Un polar efficace qui sort en Blu-ray dans la collection « Nos années 80 ». (Studiocanal)
Blink TwiceBLINK TWICE
Jeune serveuse plutôt futée, Frida travaille dans un bar à cocktails de Los Angeles. Elle est fascinée par Slater King, un riche et jeune homme d’affaires ayant fait fortune grâce à la technologie. Elle réussit à s’introduire, avec sa copine Jess, dans le cercle fermé du magnat de la technologie et à participer à une réunion intime sur son île privée. Malgré le cadre idyllique, la beauté des gens, le champagne qui coule à flots et les soirées dansantes, Frida sent que cette île a quelque chose de plus terrifiant qu’elle n’y paraît… Fille du chanteur Lenny Kravitz et de la comédienne Lisa Bonet, Zoë Kravitz a été remarquée comme comédienne dans des films comme X-Men : Le commencement (2011), la saga Divergente (2014-2016), After Earth (2013), Mad Max: Fury Road (2015), Les Animaux fantastiques : Les crimes de Grindelwald (2018) ou The Batman (2022) dans lequel elle incarne Catwoman. Avec Blink Twice (Pussy Island en v.o.), elle passe donc derrière la caméra et ne se tire pas mal, techniquement parlant, de ce thriller qui lorgne vers le genre rape and revenge. De fait, après avoir été sous le charme d’une île paradisiaque, Frida va déchanter lorsque son amie Jess disparaît. Il ne faut pas longtemps pour que le doute gagne à propos de ceux et de celles qui séjournent également dans les lieux. Frida s’en tirera mais de nombreux protagonistes resteront sur le carreau. Après avoir incarné Whitney Houston dans le biopic de 2022, la Londonienne Naomi Ackie s’empare joliment du personnage de Frida. A ses côtés, Channing Tatum, toujours dans la cool attitude, est Slater King, un magnat sortant de thérapie. Autour d’eux, on note la présence de Christian Slater, Geena Davis, Haley Joel Osment et Kyle MacLachlan en thérapeute tordu. (Warner)

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