Ethan Hunt (Tom Cruise) et William Brandt (Jeremy Renner) en action. DR

Ah non, ça ne va pas fort du côté de l’équipe de Mission impossible. Perdu dans un champ de blé à proximité d’un aéroport stratégique du côté de Minsk en Biélorussie, Benji, le malin de l’équipe (Simon Pegg), ressemble au bonhomme vert de la pub Cetelem et n’arrive pas à se dépétrer des informations en cyrillique de son ordinateur. Luther (Ving Rhames), planté sur un pylône quelque part du côté de Kuala Lumpur, tente bien de lui venir en aide. Quant à Brandt, le boss du quatuor (Jeremy Renner), il doit batailler, du côté de Langley, avec le directeur de la CIA qui a décidé de mettre un terme aux activités souterraines du groupe. Et Ethan Hunt, il est où? Ouf, le voilà qui arrive au pas de course et bondit sur l’aile d’un énorme A-400 M en train de décoller. Tandis que le zinc grimpe, Ethan est accroché à la carlingue… Commentaire de Brandt: « C’est mal engagé. » On est d’accord. Heureusement que le générique, avec les notes si reconnaissables du thème de Mission impossible écrit par Lalo Schifrin, vient nous réconforter.

Eh non, ça ne va pas si mal puisqu’Ethan réussit quand même à envoyer dans le vide la dangereuse et explosive cargaison du gros porteur. Mais oui, les membres d’IMF (Impossible Mission Force, en v.o.) peuvent quand même s’inquiéter car, du côté de Londres, dans un magasin de disques où il fait mine de choisir un disque de Coltrane, Ethan Hunt s’entend dire, après le fameux « Votre mission, si vous l’acceptez… », qu’il lui faudra affronter son destin. Etrange mission…

Alors qu’IMF est officiellement dissoute par les autorités américaines, c’est un Ethan Hunt désormais isolé, qui doit affronter, avec ses camarades dispersés, le Syndicat, un réseau d’agents spéciaux
particulièrement bien entraînés et sans scrupules. Le Syndicat est tout bonnement déterminé à mettre en place un nouvel ordre mondial à travers des attaques terroristes très violentes. Ethan Hunt a vite compris qu’il va avoir à affronter l’ennemi le plus coriace et le plus pourri qu’il ait eu à connaître…

Brandt (Jeremy Renner)
et le directeur de la CIA (Alec Baldwin). DR

Les gamins du milieu des années 60 se souviennent de Mission impossible à la télévision en noir et blanc et du culte « Bonjour, Monsieur Phelps. Votre mission, si toutefois vous l’acceptez… «  Depuis deux décennies, c’est sur le grand écran que l’une des franchises les plus connues de l’univers de l’entertainment, poursuit son bonhomme de chemin et se taille, de film en film, de solides succès populaires. On peut d’ores et déjà parier que Mission impossible: Rogue Nation, cinquième volet de la saga, n’échappera pas à la règle. Scénariste oscarisé pour Usual Suspects, Christopher McQuarrie est, ici, à la réalisation et réussit un excellent divertissement d’espionnage. Tandis que les membres d’IMF sont accusés de jusqu’au-boutisme gratuit (on constate, clin d’oeil, qu’ils ont complètement ravagé le Kremlin), le film enchaîne, avec une réelle maestria, les temps forts et les respirations où l’on peut, si on le souhaite mais ce n’est pas obligatoire, s’interroger sur les derniers échos de la Guerre froide ou sur quelques propos plein de sous-entendus comme « Il n’y a pas d’alliés dans les affaires d’Etat. Seulement des intérêts communs » ou encore « On choisit d’être du bon côté parce qu’on veut bien y croire »…

Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) va faire mouche…

Mission impossible: Rogue Nation rassemble donc parfaitement les ingrédients nécessaires et indispensables à la réussite de l’entreprise. Avec le Syndicat, on dispose d’une organisation secrète et internationale aussi redoutable que le Spectre bondien (qu’on découvrira le 11 novembre prochain), avec Solomon Lane, d’un méchant blond et sinistrement « nazi » et avec Ilsa Faust, agent britannique révoquée, d’une belle plante très convaincante (la Suédoise Rebecca Ferguson) et qui n’aurait aucun mal à faire la nique à la meilleure des James Bond girls. Pour la baston, on ajoutera des malfaisants travaillant au couteau ou à la scie. Ethan Hunt en prend plein la tête mais il s’en sort avec quelques ecchymoses à peine. Et puis, on a gardé pour la bonne bouche, deux moments de bravoure avec une poursuite dans les cintres et les coulisses de l’opéra de Vienne (Autriche) pendant une représentation du Turandot de Puccini et une course à moto à travers, d’abord, les rues de Casablanca (quand même étrangement vides) et ensuite sur une route sinueuse de la montagne marocaine… A couper le souffle.

Et, dans toutes ces péripéties, Ethan Hunt (Tom Cruise sans beaucoup de dialogues mais bien à l’aise), lui, est inarrêtable. On lui prédit ses dernières heures d’homme libre et six mois plus tard, il est à La Havane, barbu et efficace. On lui envoie les flingueurs des services spéciaux à Cuba mais il est déjà à Paris… Bientôt, il va plonger, en apnée, dans une énorme centrifugeuse et manquera de se noyer mais…

Ethan Hunt (Tom Cruise) et Ilsa Faust (Rebecca Ferguson).

Tandis qu’à la Staatsoper viennoise, Hunt bataille avec un tueur quasi-increvable, sur la scène, le ténor entame « Nessun dorma », le grand air du troisième acte de Turandot. « Nessun dorma », autrement dit « Que personne ne dorme ». Ca ne risque absolument pas d’arriver avec les aventures des aventuriers de Mission impossible.

MISSION IMPOSSIBLE: ROGUE NATION Action (USA – 2h11) de Christopher McQuarrie avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg,Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Sean Harris, Simon McBurney, Zhang Jingchu, Tom Hollander, Jens Hulten, Alex Baldwin. Dans les salles le 12 août.