L’AMERIQUE EN FEU ET MELISSA DANS LA MAUVAISE SPIRALE
CIVIL WAR
Devant la bannière étoilée, au coeur de la Maison blanche, un président américain grave s’adresse à la nation : « Nous sommes plus proches que jamais de la victoire… » Las, dans les villes, les campagnes, dans les zones commerciales, l’émeute est totale, les combats entre les forces fidèles au gouvernement et les troupes sécessionnistes de l’Armée de l’Ouest soutenue notamment par l’Alliance de Floride et les maoïstes de Portland, font des milliers de morts… C’est une plongée au coeur d’une guerre qui touche directement l’Amérique sur son terrain qu’orchestre le Britannique Alex Garland. Tout y est : les frappes aériennes, les cibles civiles, les dommages collatéraux. La réalité de la guerre, on la vit en suivant une poignée de journalistes qui couvrent au plus près l’événement. Tout commence dans les rues de Brooklyn à feu et à sang. Au milieu du chaos urbain, Jessie Cullen, photographe débutante (Cailee Spaeny), reconnaît Lee Smith, photo-reporter chevronnée. Lee et son collègue Joel ont le projet de se rendre à Washington pour interviewer un président qui n’a plus parlé à la presse depuis des mois. Malgré l’opposition de Lee (Kirsten Dunst), Joel invite Jessie à se joindre à eux. Garland choisit de s’installer dans un futur proche pour imaginer ce que pourrait être une Amérique en proie à une guerre civile qui embrase tout le pays et où chacun lutte pour sa survie alors que le gouvernement est devenu une dictature dystopique et que les milices extrémistes partisanes se livrent à la pire violence. Si le point de départ de Civil War relève de la science-fiction, Alex Garland réussit à rendre terriblement angoissante et réaliste des situations où le drame et la mort sont omniprésents. Prendre de l’essence à une station-service devient une épopée. Et que dire de toutes les péripéties absurdes ou monstrueuses (ah, le charnier digne de la Shoah) d’une expédition constamment périlleuse. Dans une approche évidemment romanesque d’initiation et de passage de relais, Lee transmet à Jessie les trucs du métier : « Dors dès que tu en as l’occasion », « N’oublie pas de manger » ou « Si tu veux aller sur le front, tu penseras à prendre un casque et une tenue en kevlar ». Civil War se vit comme un cauchemar éveillé où la mort rôde, omniprésente. On a froid dans l’échine pendant un bon moment après avoir vu Civil War ! (Metropolitan)
BORGO
Surveillante pénitentiaire expérimentée, Melissa Dahleb a tourné le dos à l’épuisante vie parisienne et plus encore à la difficile pression de la prison de Fleury-Mérogis. Elle vit désormais en Corse avec ses deux jeunes enfants et Djibrill, son mari. Melissa intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. Rapidement, la matonne est surnommée Ibiza en référence à la chanson de Julien Clerc. A l’Unité 2 (où sont regroupés uniquement les Corses), l’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu. Sa peine purgée, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Oh, trop fois rien, faire parvenir une montre à l’un de ses amis détenus… Pendant ce temps, la police détaille les images de caméras de surveillance et se casse la tête sur un double assassinat à l’aéroport d’Ajaccio. Avec La fille au bracelet (2019), Stéphane Demoustier proposait une approche singulière du film de genre. Il récidive avec Borgo qui n’est pas tout à fait un film sur la prison, pas vraiment un film policier mais plutôt une réflexion, au coeur d’une action de plus en plus palpitante et angoissante, sur la hiérarchie sociale, la notion d’éthique et aussi le fait d’être étranger à une communauté. En allant au-delà des grilles de son nouveau lieu de travail, Melissa découvre vite une autre « appréciation des problématiques ». Outre le fait que la prison fonctionne selon un régime ouvert où les détenus vivent « librement » leur vie, la matonne constate que, dans ces lieux, les rivalités des bandes sont mise de côté le temps de l’incarcération. Mais, hors les murs, ce n’est pas vraiment la même chose. D’abord parce qu’on sait tout d’elle. Ainsi l’aimable Saveriu va régler aussi bien le conflit de voisinage dans la cité que l’accès à la formation de Djibrill. Ensuite, la redoutable spirale des services rendus se met en place. Saveriu invite Melissa à venir tirer au fusil automatique et lui demande la date de sortie en permission pour un détenu. Bientôt, c’est un beaucoup plus gros service qu’on va demander à la surveillante… L’excellente Hafsia Herzi incarne brillamment cette Melissa tout le temps prise dans un rapport de forces entre les injonctions de sa hiérarchie et les sollicitations (doucement) pressantes de Saveriu et d’autres. Un film constamment sous tension. (Le Pacte)
LEVANTE
Prometteuse et talentueuse joueuse de volleyball dans le club Capao Leste, un quartier de Sao Paulo, la jeune Brésilienne Sofia, 17 ans, apprend qu’elle est enceinte à la veille d’un championnat qui peut sceller son destin puisqu’elle est sur le point de devenir professionnelle et également candidate à une bourse sportive au Chili. Ne voulant pas de cette grossesse, elle cherche à se faire avorter illégalement et se retrouve la cible d’un groupe fondamentaliste bien décidé à l’en empêcher à tout prix. Mais ni Sofia ni ses proches n’ont l’intention de se soumettre à l’aveugle ferveur de la masse… On l’ignore sans doute mais l’IVG est interdit au Brésil et sévèrement sanctionné. L’opinion publique est du côté de la représsion et le retour en force de l’évangélisme dans le pays n’arrange rien. Ainsi, Sofia, métisse bisexuelle aux cheveux crépus bicolores (Domenica Dias), va avoir à se débattre avec ce drame provoqué par quelqu’un qu’elle décrit , en haussant les épaules et sans émotion, comme « un type à moto ». Joueuse dans une équipe inclusive, elle est donc doublement piégée : elle a du mal à trouver le moyen d’avorter et de plus elle devient la cible de catholiques fondamentalistes. En portugais, Levante signifie insurrection. Celle que la cinéaste Lillah Halla appelle de ses vœux dans ce film-brûlot en réaction à l’intégrisme religieux qui pollue de plus en plus la société brésilienne. Tout en suivant la préparation d’un tournoi de volley avec tout ce que cela représente de pression et de tension nerveuse, la cinéaste s’attache à détailler le rude parcours de Sofia, montrant la visite dans un centre de santé dont l’objectif est en fait de dissuader les femmes d’avorter, le tout dans un inquiétant sentiment de menace. Pour la jeune femme et son apiculteur de père, il y a peut-être l’espoir d’un voyage jusqu’à une clinique uruguayenne… Quant à l’équipe de volley très queer (elle compte dans ses rangs des sportives trans et non-binaires), elle constitue une sorte de cocon protecteur pour Sofia, notamment lorsqu’un groupe d’extrême-droite, partisan de Bolsonaro, a vent de ce qui se passe. Avec une énergie rageuse, Lillah Halla signe un film militant d’urgence et de combat du côté d’une communauté inclusive contre une pensée ultra-conservatrice. (Blaq Out)
LES CARNETS DE SIEGFRIED
En 1914, le jeune Siegfried Sassoon, poète en devenir, est enrôlé dans l’armée britannique. Il participe, comme sous-lieutenant d’infanterie, à la bataille de la Somme et y fait preuve d’une grande bravoure. Blessé, médaillé, il publie dans la presse en 1917 une lettre qui dénonce les horreurs de la guerre et l’inutilité de sa poursuite, frisant ainsi la cour martiale et la peine capitale. Jugé « neurasthénique » (car, étant de très bonne famille, il bénéficie, sans en avoir pleinement conscience, d’appuis hauts placés), il est envoyé dans un hôpital militaire à Edimbourg pour y soigner son stress post-traumatique. Là, il sympathise avec un autre authentique poète : Wilfred Owen (dont la renommée, finalement, dépassera la sienne) qui, bientôt réexpédié en France, y est tué lors d’une offensive franco-britannique, juste une semaine avant l’Armistice, à l’âge de 25 ans. Au grand dam de Siegfried. De retour du front, révolté par ce qu’il a vu, il devient objecteur de conscience. Ses pamphlets pacifistes lui valent une mise au ban par sa hiérarchie, mais aussi une forme de reconnaissance artistique, lui ouvrant les portes d’une nouvelle vie mondaine. Mais dans cette société du paraître, Siegfried se perd, tiraillé entre les diktats de la conformité et ses désirs de liberté… Disparu en octobre 2023 à l’âge de 77 ans, le cinéaste britannique Terence Davies était un cinéaste à l’oeuvre discrète marquée par la récurrence des thèmes de souffrance émotionnelle ou physique ou encore de l’influence de la mémoire dans la vie de tous les jours comme Distant Voices, Still Lives (1988) ou The Long Day closes (1991). Benediction (en v.o.) est le dernier long-métrage de Davies qui y consacra six années de sa vie et dont la critique internationale pensait que c’était son meilleur film. Sans aucun respect de l’ordre chronologique (on passe d’un séduisant trentenaire à un vieil homme triste et austère), le film est un biopic consacré au poète et écrivain britannique Siegfried Sassoon (1886-1967). Mêlant la couleur au noir et blanc, opposant musiques symphoniques et vieilles chansons western, passant des champs de bataille aux soirées mondaines, Terence Davies offre une œuvre sophistiquée sur un grand poète pacifiste et sur la vie artistique anglaise. (Condor)
LES GUERRES DE L’OMBRE
À Varsovie, l’ambassadeur américain et sa famille sont sauvagement assassinés par un groupuscule terroriste nommé Armée de libération internationale. Parent des victimes, l’agent de la CIA Gary Redner est déterminé à faire tomber le commanditaire, un certain Hannibal. Alors que la prochaine cible des terroristes semble être une délégation commerciale américaine en route pour Hong Kong, Redner se rend sur place et fait équipe avec l’inspecteur Lee Ting-bong des renseignements généraux afin d’empêcher un nouveau massacre… Venus d’horizons différents, les deux policiers vont néanmoins travailler ensemble. Mieux, ils développent progressivement une profonde amitié tout en s’attelant à briser la tentative des terroristes de tout faire sauter. Ils parviennent même à blesser Hannibal, le chef de l’organisation. Mais les deux enquêteurs ne sont pas au bout de leurs peines car Hannibal fait irruption sur un plateau de télévision, prend tout le personnel en otage (y compris la petite amie de Lee) et se prépare à un bain de sang qui sera diffusé dans le monde entier. Lorsque Lee et Redner déboulent, ils se retrouvent en présence de l’assistant de Lee, soudoyé par les terroristes… En 1990, le cinéaste hong-kongais Ringo Lam fait sa première incursion à l’international avec ce thriller géopolitique situé en pleine Guerre froide. Spécialiste des films d’action et des polars, Lam montre la dérive d’un monde de plus en plus chaotique où tous les coups sont permis. Il peut s’appuyer pour ce faire sur un casting casting éclectique avec le Hongkongais Danny Lee (l’inspecteur Bong), l’Australien Vernon Wells (Hannibal) ou l’Américain Peter Lapis (l’agent Redner). Pour la première fois en Blu-ray, en version restaurée 2K et avec, en bonus, une présentation du film par Jean-Pierre Donnet. Explosif, rapide et efficace ! (Carlotta)
BACK TO BLACK
Amy Winehouse fait ses premiers pas dans la musique au début des années 2000 en tant que musicienne de jazz du nord de Londres. Elle va connaître une impressionnante ascension sur la scène internationale en tant que chanteuse primée aux Grammy Awards avec des chansons à succès comme Rehab et Back to Black. Réalisatrice en 2015 de Cinquante nuances de Grey (plus de quatre millions d’entrées dans les salles en France), la Britannique Sam Taylor-Johnson s’intéresse, ici, à l’histoire d’amour tumultueuse, passionnée, tourmentée et toxique entre la chanteuse et son mari Blake Fielder-Civil. Plus qu’un strict biopic, le film suit la vie et l’oeuvre de la Londonienne à travers la création de l’un des albums les plus iconiques de notre temps (Back to Black a été six fois disque de platine au Royaume-Uni) qui illustre bien -c’est la thèse du film- la cause de la perte de l’icône rock morte à 27 ans et entrée donc dans le fameux « cercle des 27 » qui compte Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin, Brian Jones ou Kurt Cobain… Entourée de bons comédiens anglais comme Eddie Marsan, Lesley Manville ou Jack O’Connell (dans le rôle de Blake Fielder-Civil), c’est l’Anglaise Marisa Abela qui se glisse dans la peau d’Amy Winehouse. Vue dans des séries comme Industry ou Cobra et attendue dans le prochain Soderbergh, la comédienne s’empare brillamment d’un riche personnage. Son Amy est une rock-star entière mais également une femme « ordinaire » qui a des envies de maternité et souffre de boulimie ou encore d’addictions à l’alcool et aux drogues. Une approche intimiste plus que fulgurante… (Studiocanal)
NOTRE MONDE
Dans le Kosovo de 2007, Zoé et Volta quittent leur village reculé pour intégrer l’université de Pristina. À la veille de l’indépendance, entre tensions politiques et sociales, les deux jeunes femmes se confrontent au tumulte d’un pays en quête d’identité dont la jeunesse est laissée pour compte…Pour son second long-métrage après La Colline où rugissent les lionnes (2021), qui avait été présenté à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, Luana Bajrami se penche sur le destin de deux cousines. Zoé et Volta ont grandi ensemble et vivent dans un village reculé du Kosovo, quelques mois avant l’indépendance du pays. Zoé rêve de rejoindre la capitale pour faire des études et devenir traductrice d’anglais. Volta, qui n’a plus ses parents et vit chez son oncle et sa tante, se fait moins d’illusions mais possède une vieille voiture, qu’elle tient de son père. Ensemble, les deux inséparables cousines, toujours complices, filent en douce et s’inscrivent à la faculté de Pristina, partageant la même chambre à la cité universitaire. Elles déchantent vite, ayant le sentiment, entre l’absentéisme des professeurs et le manque de perspectives, d’être des oubliées de l’histoire. D’origine kosovare, née en 2001 dans le Val-de-Marne, la réalisatrice et scénariste découverte comme actrice, notamment dans L’événement (2021) d’Audrey Diwan ou Une année difficile (2023) de Nakache et Toledano (qui sont, ici, producteurs) réussit d’entrée une vraie chronique adolescente dans laquelle Zoé et Volta, toutes à leur fureur de vivre, caressent de belles illusions. Les deux actrices, Elsa Mala (Zoé) et Albina Krasniqi (Volta) forment un beau duo même si la seconde partie du film donne une impression plus convenue avec un regard sur une jeunesse désenchantée… (Gaumont)
THE MOON WARRIORS
Suite à une tentative d’assassinat ratée orchestrée par son propre frère, le treizième prince du royaume de Yan-ling trouve refuge chez Fei, modeste pêcheur mais qui fut, autrefois, un redoutable épéiste. Séduit par la candeur et la dextérité de cet homme à qui il doit la vie, le prince déchu lui demande d’aller chercher sa fiancée, Croissant-de-lune. De nombreux obstacles vont se mettre en travers de la route de la jeune femme de bonne famille et de l’ingénu villageois. Mais le duo s’avère plus soudé qu’il n’y paraît… Réalisateur de films comme Le moine d’acier (1977), Warriors Two (1978) ou Prodigal Son (1981), Sammo Hung, 72 ans, est l’une des figures les plus marquantes du cinéma de Hong Kong et un artisan, dans les années quatre-vingt, de la nouvelle vague hongkongaise en réinventant notamment les films de genre d’arts martiaux. Hung est largement crédité pour avoir aidé nombre de ses compatriotes, les faisant démarrer dans l’industrie du film hongkongaise en leur donnant des rôles dans les films qu’il a produits, ou en les embauchant dans les équipes de production. En France, Sammo Hung est bien connu pour avoir interprété le rôle de Sammo Law, dans la série américaine Le flic de Shanghaï, diffusée entre 1998 et 2000. Réalisé en 1992, dans la dernière partie de sa carrière, The Moon Warriors renoue avec la grande tradition du wu xia pian, un genre souvent traduit par « film de chevalier errant » ou « film de sabre chinois ». Le genre qui reprend des thèmes traditionnels comme l’opposition du bien et du mal ou du devoir et du désir, est aussi remarquable par ses somptueux décors et, évidemment, ses combats aériens spectaculaires. La chorégraphie de ceux-ci a été confiée par le cinéaste à ses confrères Ching Siu-tung (la série des Swordsman ou Shaolin Soccer) et Corey Yuen (Le transporteur). Enfin, le film, disponible pour la première fois en Blu-ray et en version restaurée 2K, se distingue par un fameux casting avec Andy Lau (remarqué dans As Tears Go By de Wong Kar-wai), Anita Mui, Kenny Bee et Maggie Cheung (In the Mood for Love). Un chassé-croisé amoureux aussi trépidant que mélancolique. (Carlotta)
N’AVOUE JAMAIS
Dans la famille Marsault, on fête l’anniversaire d’Annie, épouse de François et mère heureuse de trois grands enfants déjà entourés de leurs propres enfants. Pour avoir été général dans l’armée française, François prône toujours des valeurs d’honneur, de droiture, de respect et de courage. En entreprenant des travaux dans les combles de la maison, François tombe sur des lettres serrées dans un ruban rouge. Elles sont adressés à Annie, datent de quarante ans mais François s’étrangle à l’évocation de la poitrine incandescente de sa femme. Annie affecte d’avoir oublié : « C’est loin tout ça ! » En s’appuyant sur une histoire vraie, Ivan Calbérac a imaginé une comédie où André Dussollier tout en élégance et Sabine Azéma toute en grâce sont au centre d’une aventure douce-amère où un couple qui semblait aller bien jusque là, se retrouve dans une impasse. Si Annie affirme ne plus se souvenir de rien, François veut aller casser la gueule d’un rival (Thierry Lhermitte) qui fut aussi un ami… de jeunesse. Une histoire où tout le monde a un secret, quelque chose à cacher. Et lorsque la chanson de Guy Mardel qui donne son titre au film, résonne sur l’écran, on se dit qu’en effet… (Wild Side)
EPOUVANTE SUR NEW YORK
À Manhattan, les forces de police sont confrontées à plusieurs crimes aussi atroces et étranges les uns que les autres. Au même moment, un énorme monstre violent est aperçu dans le ciel de New York. Panique à Manhattan ! Un laveur de vitre décapité, des corps mutilés, des disparitions sanglantes en haut des gratte-ciels, Larry Cohen (Le monstre est vivant, Meurtres sous contrôle) signe, ici, l’un de ses films les plus marquants. Plus qu’un simple film de monstre, le cinéaste mêle, à toute vitesse, les péripéties d’un arnaqueur raté, l’enquête de police sur une série de meurtres ressemblant à des sacrifices, et une énorme bestiole ailée en liberté sur Big Apple. Cohen a eu l’idée de son film au Mexique en découvrant les vestiges du temple de Quetzalcoati, un dieu des Aztèques en forme d’énorme serpent volant. Pour donner vie à son monstre (point d’images de synthèse en 1982 !) le cinéaste a fait appel à des experts de l’animation image par image, du stop motion « à la Ray Harryhausen ». Appuyé sur un bon casting (Michael Moriarty, David Carradine, Richard Roundtree) et doté d’un savant mélange entre humour et scènes d’horreur, Q: The Winged Serpent (en v.o.) a été tourné à New York même et le film offre de superbes prises de vues aériennes de l’architecture exceptionnelle de la ville. (Rimini Editions)
IMMACULEE
Jeune novice, sœur Cécilia s’est tournée très tôt vers le christianisme, convaincue que Dieu l’a sauvée en la faisant survivre à une chute dans un lac gelé. Elle débarque dans un couvent au fond de la campagne italienne pour s’occuper de nonnes mourants. Cecilia fait ses vœux, adhère aux conseils évangéliques et devient nonne. Elle se lie d’amitié avec une autre nonne, sœur Gwen mais est surtout frappée par diverses bizarreries comme des cicatrices en forme de croix sur les voûtes plantaires d’une ancienne religieuse. Un jour, Cecilia apprend avec surprise qu’elle est enceinte malgré sa virginité. Les pensionnaires du couvent commencent à la traiter comme une nouvelle Vierge Marie. Les nonnes terrifiantes ou en détresse sont des figures régulières du thriller horrifique. Mis en scène par Michael Mohan, cette production italo-américaine s’inscrit dans cette veine et l’on comprend très vite que, derrière les apparences, la nouvelle maison de la dévote religieuse recèle de sombres et terribles secrets. D’ailleurs différents critiques présentent Immaculate (en v.o.) comme le début d’une renaissance moderne de la nonnesploitation (un sous-genre du cinéma d’exploitation en vogue dans les années 70 autour de la sœur chrétienne et ses tourments religieux ou sexuels), tandis que d’autres comparent son esthétique et sa thématique au cinéma européen des années 1970 et à des réalisateurs comme Argento, Bava ou Fulci… Si, du point de vue du scénario, le film n’innove guère et a même tendance à jongler avec les poncifs, il reste la prestation de la charmante Sidney Sweeney qui fait une Cécilia… appétissante. (Metropolitan)