LES FANTOMES DE LUCIA ET LE COMBAT D’UN COUPLE YEMENITE

Portier NuitPORTIER DE NUIT
Dans la Vienne de 1957, venu pour diriger une représentation de La flûte enchantée, le chef d’orchestre anglo-saxon Atherton pose ses valises à l’hôtel Zum Oper… A ses côtés, sa jeune épouse, la rayonnante Lucia. La jeune femme croise, par hasard, le regard de Max, le portier de nuit. Lucia est soudain bouleversée. Cet homme a hanté les nuits de Lucia, déportée naguère dans une camp de concentration. Impeccable dans son uniforme sombre, Max ne laisse rien paraître mais l’échange de regards entre la victime et le bourreau annonce d’emblée un fascinant vertige et une terrible relation qui va reproduire celle, totalement sadomasochiste, imposée par Max, alors officier de la SS, à la jeune femme dans les camps. Alors que les anciens camarades nazis de Max Aldorfer mettent tout en œuvre pour éliminer les témoins de leurs exactions, Lucia, restée seule à l’hôtel, cède à son attirance pour le portier. En 1973, la cinéaste italienne Liliana Cavani signe son cinquième long-métrage avec Portier de nuit dont l’idée lui est venue après avoir réalisé, pour la RAI, un documentaire sur le troisième Reich et après avoir visionné les nombreuses images tournées par les Alliés à la libération des camps de concentration. Dans une capitale autrichienne froide et vide magnifiquement photographiée par Alfio Contini, la réalisatrice orchestre, en alternant des séquences contemporaines avec des flash-back fantasmatiques dans les camps, une « love-story dans des conditions extrêmes sur fond de honte nazie », selon les mots de Charlotte Rampling. Pour cela, elle peut s’appuyer sur l’extraordinaire Dirk Bogarde dont le magnétisme n’a jamais été aussi impressionnant. Pour incarner Lucia, Cavani songeait à Mia Farrow mais le personnage revint à Charlotte Rampling, 27 ans, qui imposa avec brio cette femme irrémédiablement torturée par son désir et enfermée, au propre comme au figuré, dans un drame sans issue. Dès sa sortie, entre fascination et répulsion, Portier de nuit (qui sort dans une nouvelle restauration 4K inédite en Blu-ray) a provoqué des polémiques avant de devenir un film-culte. On reprocha à Cavani de brouiller la vision traditionnelle de la victime et du bourreau en illustrant à sa manière le syndrome de Stockholm. Il en va notamment de la scène où, entre érotisme, sadisme et nazisme, Lucia, coiffée d’une casquette de SS, pantalon à bretelles et seins nus, chante devant un parterre d’officiers nazis. Dans les suppléments, on trouve une interview de Liliana Cavani qui explique la genèse du film et les difficultés de production (le tournage a été interrompu par manque d’argent avant de reprendre) et une rencontre avec Charlotte Rampling qui évoque notamment son énorme admiration pour Dirk Bogarde. (Carlotta)
Lueurs AdenLES LUEURS D’ADEN
Isra’a vit avec son mari Ahmed et leurs trois enfants dans la ville d’Aden, au sud du Yémen, en 2019. Bien que leur vie quotidienne soit rythmée par les effets de la guerre civile, Isra’a et Ahmed mettent tout en œuvre pour tenter d’offrir une vie normale et une éducation à leurs trois jeunes enfants. La guerre civile qui fait rage a bouleversé économiquement le pays, et conduit au chômage de nombreux fonctionnaires, faute d’être payés, et a contraint Ahmed à devenir provisoirement chauffeur de taxi. Mais l’inflation pèse trop lourd sur les dépenses. Isra’a et Ahmed réalisent qu’ils ne pourront pas envoyer leurs enfants dans une école privée. Ils se résignent à chercher un autre appartement plus petit pour pouvoir payer le loyer. Quand Isra’a apprend qu’elle est enceinte, c’est le début d’une course contre la montre pour trouver une solution à ce nouveau problème, car le couple sait que la famille ne pourra pas survivre avec une bouche en plus à nourrir. Mais l’avortement est encore tabou dans ce pays très religieux… Première oeuvre du Yémen à être diffusée en France, issue d’un pays sans industrie cinématographique, Les lueurs d’Aden est un film riche, rare et précieux, une véritable curiosité. D’autant plus qu’il s’agit d’un film poignant, avec un scénario de qualité et un jeu d’acteurs authentique. Du Yémen, on ne sait que peu de choses, si ce n’est que c’est un pays ravagé par la guerre civile depuis des années. Avec Les lueurs…, le réalisateur yéménite Amr Gamal offre une occasion rare, celle de nous plonger dans le quotidien de sa ville. Alors qu’il nous fait parcourir les rues d’Aden, vieille capitale portuaire, chaque petit détail étonne et passionne, nous montrant l’héritage, la culture, mais aussi la déliquescence du pays. Mais au-delà de ce portrait saisissant du Yémen, le film s’empare d’un sujet tabou en terre d’Islam : l’avortement. Inspiré d’une histoire vécue par un couple d’amis, le cinéaste raconte ainsi le parcours du combattant pour avorter dans un pays où la chose est strictement interdite, confrontant les convictions politiques et religieuses de chacun, ainsi que les multiples interprétations du Coran. Si le sujet de l’avortement n’est pas neuf au cinéma, l’originalité ici est de voir ce combat pour la liberté de choix mené en couple. En supplément, un entretien avec le réalisateur Amr Gamal. (Blaq Out)
American SniperAMERICAN SNIPER
Durant son enfance, le jeune Chris Kyle a appris, par la voix de son père et à coups de ceinturon si nécessaire, que trois catégories composent le monde : les agneaux, les loups et les chiens de berger. Devenu adulte et ex-cavalier de rodéo, Kyle a choisi le camp des chiens de berger en participant à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s’imposant ainsi comme l’incarnation vivante de la philosophie des Navy SEAL : « Ne jamais abandonner un camarade ». La mission de Chris Kyle était de protéger ses frères d’armes en endossant le rôle de cible privilégiée des insurgés. Mais en rentrant au pays, auprès de sa femme Taya Renae et de ses enfants, Chris prend conscience qu’il ne parvient pas à laisser la guerre derrière lui. En s’inspirant de l’histoire vraie de ce soldat américain qui décide de s’engager dans les forces américaines après les attentats de Nairobi en 1998, Clint Eastwood (qui reprend le projet abandonné par Steven Spielberg) orchestre un puissant film d’action et de guerre dans la pure tradition du cinéma hollywoodien. En s’appuyant sur un excellent Bradley Cooper, le cinéaste brosse le portrait d’un tireur d’élite envoyé en Irak dès le début de la deuxième guerre du Golfe, en mai 2003. Au fil de ses quatre missions en Irak, Kyle va éliminer nombre d’adversaires. Sa précision et son adresse au tir (le Pentagone confirme 160 cibles abattues) sauvent de nombreux soldats américains, qui le surnomment très vite « La Légende ». De ce fait, Kyle, cible privilégiée des snipers irakiens, verra sa tête mise à prix. De retour au pays, rongé par le stress post-traumatique, Chris Kyle tentera de se remettre sur pied en s’occupant de vétérans. C’est l’un d’eux, un ancien Marine, qui l’abattra en février 2013… American Sniper, l’un des plus gros succès commerciaux de la carrière d’Eastwood (le film a réuni plus de trois millions de spectateurs en France), a aussi été l’objet de vastes polémiques autour d’un propos fascisto-patriotique du réalisateur mais aussi sur une apologie de la guerre et sur les moyens choquants pour la gagner… American Sniper sort dans une édition collector UHD-Blu-ray présentée dans un Steelbook qui comprend les disques 4K et Blu-ray du film, un poster double face, cinq cartes postales et un livret (32 pages) avec des notes de production. (Warner)
Brigade SecreteBRIGADE SECRETE
Un interne en médecine est assassiné au sein de l’hôpital Bellevue de New York. L’affaire semble compliquée et le chef de la police décide de placer l’inspecteur Fred Rowan, qui a officié comme infirmier dans l’armée, sous couverture dans l’établissement. Sa plongée en immersion lui fait courir de nombreux dangers… En 1950, George Sherman (1908-1991) tourne le dos à son genre favori, le western, pour proposer un bon film noir qui se distingue par son analyse d’un univers hospitalier pourri par la corruption. Le prolifique cinéaste dont la carrière hollywoodienne s’étend sur quatre décennies confie à Richard Conte, un comédien très à l’aise dans le genre du film noir (Appelez Nord 777 de Hathaway ou La femme au gardénia de Lang) le personnage de Rowan, un flic possédant quelques notions de médecine. Ce détective sensible et plein de (bonnes) intuitions va ainsi s’infiltrer dans l’établissement new-yorkais. Son oeil exercé lui permet alors de découvrir le meurtrier d’un jeune médecin et, en même temps, de démasquer un important réseau de trafiquants de drogue. L’atmosphère de l’hôpital est bien rendue et le suspense fonctionne bien. The Sleeping City (en v.o.) propose enfin une étude réaliste des moyens qu’emploient les toxicomanes pour satisfaire leur addiction. (Universal)
CocoricoCOCORICO
Chez les Bouvier-Sauvage, aristocrates viticoles fortunés, on est français de père en fils comme en atteste la galerie des ancêtres que Frédéric Bouvier-Sauvage aime à présenter aux visiteurs de son domaine. Les prochains visiteurs, ce sont Gérard et Nicole Martin. Eux ne sont ni aristocrates, ni spécialement fortunés. Mais il se trouve que leur fils François est amoureux d’Alice Bouvier-Sauvage. La première rencontre entre les deux familles, repoussée plusieurs fois par les Bouvier-Sauvage, va être plus que tendue. Frédéric, le père d’Alice, manque de s’étrangler en entendant sa fille annoncer son prochain mariage avec le fils d’un concessionnaire automobile. Pire, pour célébrer leur union et le mélange des deux familles, Alice, qui travaille dans un laboratoire produisant des tests ADN, en offre à ses parents et à ses futurs beaux-parents. Les révélations des tests ADN et des origines de chacun vont complètement bouleverser le destin des deux familles, et mettre en péril le mariage prévu… Scénariste des Tuche 2, 3 et 4, Julien Hervé signe une comédie qui ne fait pas dans la dentelle. D’ailleurs Christian Clavier (Bouvier-Sauvage) et Didier Bourbon (Martin) sont lâchés en liberté et ne se privent pas de mettre le paquet dans les colères pour l’un, les grosses vannes sur les Allemands pour le second. A leurs côtés, les épouses (Marianne Denicourt et Sylvie Testud) semblent presque dans la nuance. Enfin presque… Mais Cocorico appartient à ce cinéma dont les salles obscures ont besoin pour pouvoir vivre et satisfaire un public avide de pure détente. Et d’ailleurs le film frôle les deux millions de spectateurs dans les salles. Un petit côté Au théâtre ce soir sur un thème d’actualité puisqu’on parle de la possibilité de permettre la vente en France (où elle est interdite) de tests génétiques récréatifs. (M6)
Homme Voulait SavoirL’HOMME QUI VOULAIT SAVOIR
Sur la route des vacances en France, Rex et Saskia, un couple de Néerlandais, s’arrêtent sur une aire d’autoroute. Alors que Saskia se rend dans la boutique pour acheter une boisson, Rex l’attend à côté de la voiture. Ne voyant pas Saskia revenir, il part la chercher mais ne la retrouve pas. Trois ans plus tard, Rex est toujours obsédé par la disparition de sa compagne, mais il ne dispose d’aucune piste. Plusieurs fois, il reçoit une lettre lui donnant un rendez-vous en France dans un café, dont l’auteur prétend connaître la vérité sur la disparition. Bien qu’il se rende au rendez-vous, l’auteur ne se manifeste pas. Jusqu’à un jour où Raymond, le ravisseur (Bernard-Pierre Donnadieu), vient l’aborder. Il lui propose de lui expliquer ce qu’est devenue Saskia (Johanna Ter Steege). Rex décide d’accepter… En 1988, le réalisateur néerlandais George Sluizer donne, avec Spoorloos (titre original), un sympathique petit thriller hollandais qui fonctionne essentiellement sur le principe de la fausse piste. Dans une France où un couple d’étrangers a du mal à trouver ses marques, se joue un drame qui va connaître un rebondissement lorsque le psychopathe, qui s’ingénie à tirer toutes les ficelles, instaure un vrai face-à-face avec Rex (Gene Bervoets) dans une machination perverse et bien menée. En supplément, la présentation du film par Samuel Blumenfeld, journaliste au Monde et un livre écrit par Olivier Père, responsable du cinéma à Arte. (Sidonis Calysta)
Race GloryRACE FOR GLORY : AUDI VS. LANCIA
En 1983, Audi et Lancia participent au championnat du monde des rallyes, discipline attirant les constructeurs automobiles en raison de son impact commercial. L’écurie allemande, dirigée par l’ingénieur Roland Gumpert, est la grande favorite avec l’Audi Quattro, jugée révolutionnaire grâce à ses quatre roues motrices. Cesare Fiorio, superviseur chez Lancia, a la pression de la victoire car ses patrons commencent à s’impatienter. Lancia et le groupe Fiat veulent absolument remporter le titre constructeurs, malgré des moyens bien plus faibles qu’Audi. Pour rivaliser avec la marque allemande, Fiorio veut confier le volant d’une des voitures au pilote allemand Walter Röhrl, sacré champion du monde la saison précédente… Le cinéaste italien Stefano Mordini revient, avec ce biopic automobile, sur la rivalité entre les constructeurs automobiles Audi et Lancia lors du championnat du monde des rallyes 1983. Dans une forme très classique, le film oppose la maîtrise à la fougue, la rigueur germanique au tempérament latin et aussi la petite écurie à la grosse machine à priori intouchable. Tout cela en mettant en lumière le travail des directeurs d’écuries autant que celui des pilotes. Cette évocation des temps bénis des rallyes, du Monte-Carlo au San Remo en passant par la Suède. Comme avec Rush (2013) sur la rivalité entre Nicki Lauda et James Hunt ou Le Mans 66 (2019) sur la bataille entre Ford et Ferrari, les amateurs de voitures trouveront, ici, leur compte. Les autres pourront néanmoins se satisfaire d’un spectacle… rapide porté par l’Allemand Daniel Brühl (vu dans Inglourious Basterds de Tarantino) dans le rôle de l’ingénieur Gumpert et l’Italien Riccardo Scamarcio (vu dans Romanzo Criminale) dans celui de Cesare Fiorio. (Metropolitan)
FerrariFERRARI
A la fin des années cinquante, l’ancien pilote automobile Enzo Ferrari va mal. La faillite menace l’entreprise qu’il a construite, avec sa femme Laura, à partir de rien, dix ans plus tôt. Son mariage tangue aussi en raison de sa double vie aux côtés de Lina Lardi avec laquelle Enzo a eu un fils, Piero. Enzo est aussi marqué par la disparition de deux amis morts 20 ans plus tôt et surtout celui de son fils Dino, 24 ans, mort voilà un an. Dans la course aux records contre Maserati, Enzo Ferrari va mettre en danger ses pilotes d’essai, comme Eugenio Castellotti, qui se tue sous ses yeux. Après la mort de Castellotti, il engage un jeune pilote prometteur, Alfonso de Portago. Alors que la pression est colossale sur l’entreprise, Enzo Ferrari (1898-1988) décide de tout miser sur une seule course : l’emblématique Mille Miglia et ses 1000 miles à travers la péninsule. Réalisateur de films comme Heat (1995), Révélations (1999) ou Collateral (2004), l’Américain Michael Mann envisageait de monter depuis des années un biopic sur le fameux Commendatore, fondateur de Ferrari, la célèbre marque de voitures sportives italiennes. Ici, l’action se concentre sur les trois mois de l’été 1957. « Enzo Ferrari, dit le cinéaste, est un personnage romantique qui a voulu s’extraire de sa classe sociale (…) En 1957, la course automobile en est à ses débuts, ça reste un sport très meurtrier. En trois mois, la moitié des pilotes de l’écurie Ferrari a été décimée. Enzo voit son entreprise menacée de banqueroute. En parallèle, se joue l’avenir de sa famille car il mène une double vie. Il a une femme et des enfants cachés, il a perdu son fils, Dino. Amour, sexe, lutte de pouvoir, argent… La vie des Ferrari à ce moment-là, c’est un peu La traviata de Verdi ! » Mann a confié à Adam Driver le rôle d’Enzo Ferrari et à Penelope Cruz celui de Laura. (Cinebox)
The BeastTHE BEAST
Deux détectives en conflit doivent faire équipe pour résoudre un meurtre horrible. Après la découverte du corps mutilé d’une jeune fille sur l’estran d’Incheon, Han-soo et Min-tae, rivaux depuis des années, sont désormais chargés de trouver le coupable. L’affaire semble trouver une solution rapide avec un suspect en garde à vue, mais les choses prennent une tournure sombre lorsque Han-soo rencontre un informateur qui insiste sur le fait qu’il sait qui est le meurtrier. Alors que des dissimulations et des accords secrets s’ensuivent, la tension monte entre les deux détectives tandis que la pression pour résoudre le crime secoue la péninsule coréenne. Pour son premier long-métrage, le cinéaste sud-coréen Lee Jung-ho réalise, ici, un remake de 36, quai des Orfèvres (2004), le film français d’Olivier Marchal avec Daniel Auteuil et Gérard Depardieu en tête d’affiche. Dans The Beast, les attaques de transports de fonds à l’arme de guerre ont cédé la place à la traque d’un tueur en série spécialement sadique. Même si on a parfois du mal à suivre l’intrigue, il demeure que ce thriller installe une atmosphère oppressante alors qu’on observe deux flics, très peu exemplaires, se retrouver dans des situations dont ils ne sortiront pas indemnes. (Gaumont)
Fruits AmersLES FRUITS AMERS
Jeune révolutionnaire, Soledad est membre d’un groupe dissident d’un petit état dictatorial d’Amérique du Sud. Quand elle est arrêtée, soumise à un rude interrogatoire et emprisonnée, sa sœur Dita obtient sa libération en s’offrant à Alfonso, le directeur de la police, qui est amoureux d’elle et accepte donc le marché. Lorsque Soledad apprend que ses compagnons la soupçonnent d’avoir été libérée au prix d’une trahison, elle assassine le chef de la police pour être innocentée. Jacqueline Audry (1908-1977) est l’une des rares cinéastes françaises de la première partie du 20e siècle, à l’instar d’Alice Guy ou de Germaine Dulac. Elle fut ainsi la première réalisatrice à faire partie du jury du festival de Cannes, en 1963. En 1966, avec sa sœur aînée, la romancière Colette Audry, elle met en scène, avec une rigueur toute classique, ce drame de la passion et de l’honneur. La mise en scène est soignée et ménage la tension et les moments dramatiques. Si l’ensemble reste quelque peu théâtral, l’interprétation (avec Emmanuelle Riva dans le rôle de Soledad et Laurent Terzieff dans celui d’Alfonso), elle, est homogène et de belle qualité. Enfin les deux cinéastes ont su habilement utiliser des extérieurs tournés en Yougoslavie pour suggérer un contexte sud-américain. (Gaumont)
Aux Portes AuDelaAUX PORTES DE L’AU-DELA
A partir des travaux du docteur Edward Pretorius, une sommité en matière de paranormal, son assistant, Crawford Tillinghast, met au point un appareil censé stimuler la glande pinéale, un organe peu connu situé dans le cerveau, dans le but de permettre à l’être humain de percevoir l’existence d’autres réalités dimensionnelles imbriquées dans la nôtre. Lors de la première expérimentation du résonateur, d’étranges formes apparaissent, flottant dans les airs. Celles-ci attaquent les deux scientifiques et seul Crawford s’en sort indemne. Celui-ci est interné après avoir voulu raconter son histoire. Une jeune psychiatre décide de s’occuper de lui et lui demande de retourner dans la maison du docteur Pretorius afin de reconduire l’expérience. Mais Pretorius (Ted Sorel) a survécu à l’insu de Crawford (Jeffrey Combs), et est désormais transformé en une monstrueuse créature polymorphe, déterminée à soumettre l’humanité… Connu pour le cultissime Re-Animator (1985), l’Américain Stuart Gordon enchaîne, dès l’année suivante avec From Beyond (titre original) où il adapte, à nouveau pour le grand écran, une nouvelle de H.P. Lovecraft, l’un des grands maîtres du récit d’horreur volontiers abstrait et obscur. Ici, Gordon, bien que respectueux de Lovecraft et de ses inquiétants mondes parallèles, injecte, malgré des moyens modestes en effets spéciaux, pas mal de fantaisie de l’humour et une pointe d’érotisme. (Sidonis Calysta)
Iron ClawIRON CLAW
Dès les années 1960, Fritz Von Erich tente de faire vivre les siens en pratiquant le catch lors de petits évènements au Texas. Sa femme Doris le suit partout mais n’aime pas trop voir les combats. Quelques années plus tard, la famille Von Erich s’est agrandie et installée à Denton, toujours au Texas. Kevin, l’un des fils, devient champion poids lourds en 1979 tandis que son père, propriétaire de la Ligue mondiale de lutte, veut aussi mettre en avant l’un de ses autres fils, David. Le plus jeune, Mike, préfère quant à lui faire de la musique. De son côté, Kevin rencontre la jolie Pam et commence à sortir avec elle. Il lui fait comprendre que sa famille est très soudée et que c’est très important pour lui. La jeune femme, qui plait beaucoup à Fritz, commence à s’intégrer… Primé au festival de Sundance pour son premier film Martha Marcy, May Marlène (2011), le cinéaste américain Sean Durkin met, ici, en scène un film biographique sur la famille Van Erich qui va devenir une dynastie de célèbres catcheurs en popularisant notamment la prise nommé Iron Claw. Le cinéaste s’appuie sur un casting dans lequel on remarque, en tête d’affiche, Zac Efron dans le rôle de Kevin. Même si on ne s’intéresse que de (très) loin aux choses du catch, les multiples aventures, voire les drames de cette parentèle de sportifs, sont attachantes et reposent sur la fraternité et des valeurs familiales. Depuis 2009, la famille Von Erich figure dans le Hall Of Fame de la World Wrestling Entertainment. (Metropolitan)
Melchior ApothicaireMELCHIOR L’APOTHICAIRE
Une série de morts étranges secoue l’ancienne Tallinn. Un veilleur de nuit prétend avoir vu le spectre de Dorothea, la fille d’un riche marchand qui s’est noyée dans un puits plusieurs années auparavant. Le lendemain, il est retrouvé mort, tombé d’une haute tour. Peu de temps après, le cadavre d’une fille de joie est découvert près du puits, non loin de la boutique de Melchior. Alors que ces événements affolent toutes les superstitions, l’apothicaire est mandaté pour résoudre cette nouvelle énigme. Son enquête va le mener dans les bas-fonds de la ville pour démêler les fils du passé et mettre fin à cette série de meurtres mystérieux. En adaptant Le spectre de la rue du Puits, un livre de la série Melchior l’apothicaire de son compatriote, l’écrivain Indrek Hargla, le cinéaste estonien Elmo Nüganen donne, ici, un polar médiéval qui n’est pas sans faire songer au fameux Nom de la rose (1986) de Jean-Jacques Annaud. Ici, le projet est moins ambitieux et les comédiens beaucoup moins connus aussi. Mais les péripéties sont abondantes, les meurtres et les énigmes se multiplient, sans oublier une histoire d’amour. Une bonne aventure historique. (Condor)
Chien ChatCHIEN ET CHAT
Maîtresse de la chatte star d’internet Diva, Monica croise à l’aéroport Jack, un voleur, accompagné du chien qui vient d’avaler le butin de son dernier casse : un rubis. Les humains sont forcés par la compagnie aérienne de mettre leurs précieux animaux en soute. Alors qu’ils sont dans l’avion, ils voient par le hublot leurs animaux s’échapper de leur cage et du chariot à bagages vers une destination inconnue. Les deux duos que tout oppose s’embarquent dans un road trip contre la montre entre Montréal et New York. D’un côté, les humains qui ont perdu la trace de leurs animaux et, de l’autre, les animaux livrés à eux même pour retrouver leurs maîtres… sans savoir qu’à leur trousse, le policier Brandt est prêt à tout pour récupérer le rubis. Remarquée en 2013 avec Paris à tout prix, son premier long-métrage comme réalisatrice, Reem Kherici est l’heureuse propriétaire de Diva, une chatte de race Maine coon (déjà apparue dans Paris à tout prix). La jolie bête apparaît, ici, sous forme virtuelle doublée par l’humoriste Inès Reg, au côté de Franck Dubosc, Philippe Lacheau et Reem Kherici. Une agréable comédie familiale. (Gaumont)
Un Coup De DésUN COUP DE DES
Mathieu doit tout à son ami Vincent : sa maison, son travail et même de lui avoir sauvé la vie, il y a dix ans. Ils forment avec leurs compagnes Juliette et Delphine un quatuor inséparable et vivent une vie sans nuages sur la Côte d’Azur où les deux compères ont développé leurs activités dans l’immobilier. Mais la loyauté de Mathieu, mari fidèle, est mise à l’épreuve lorsqu’il découvre que Vincent trompe sa femme. Quand la maîtresse de Vincent est retrouvée morte, la suspicion s’installe au coeur des deux couples, accompagnée de son cortège de lâchetés, de mensonges et de culpabilité. Yvan Attal qui avait signé en 2023 Les choses humaines d’après le roman de Karine Tuil, adapte cette fois, pour sa huitième réalisation, Ball-trap d’Eric Assous. Mais ce thriller, qui fait songer d’entrée, à l’univers de Simenon, tourne peu à peu au vinaigre. Devant l’invraisemblance des situations, on décroche vite. Pourtant le cinéaste dispose, ici, d’un beau casting avec Guillaume Canet, Marie-Josée Croze, Maïwenn et lui-même dans le rôle de Mathieu. Mais les comédiens n’arrivent pas à inverser la tendance. Ce thriller sans mystère nous laisse clairement sur notre faim. (M6)

Laisser une réponse