DES AUTEURS, « OPPIE », UN WESTERN DE LEGENDE ET BARBIE

Coffret HanekeMICHAEL HANEKE – L’INTEGRALE
Révélé au grand public en 2001 avec La pianiste, portrait d’une pianiste, victime de sa mère castratrice, couronné du Grand prix du jury à Cannes, Michael Haneke s’est imposé comme l’une des plus éminentes figures du cinéma d’auteur mondial. Le cinéaste autrichien, passé maître dans l’art de susciter l’inconfort du spectateur, fait partie de la poignée de réalisateurs à avoir obtenu deux Palmes d’or sur la Croisette, en 2009 pour Le ruban blanc puis en 2012 avec Amour. Son oeuvre d’une puissance inouïe traque le réel, la vérité, la complexité des êtres et ne cesse d’interroger la violence de la société. Ses mises en scène explorent une généalogie du mal ordinaire dans nos sociétés, que ce soit par la culture télévisuelle, le racisme et l’histoire refoulée, l’incommunicabilité, la pression socio-familiale et la névrose sexuelle, les diktats de la société de consommation, les dogmes religieux, ou encore la vieillesse et la dégradation tant psychologique que physique… Voici donc, pour ceux qui affectionnent la « cinéphilosophie », un indispensable coffret qui réunit l’intégrale à ce jour des longs métrages cinéma, ainsi que cinq films majeurs réalisés pour la télévision, dont quatre, outre Le château (1997), sont proposés, ici, pour la première fois, en l’occurrence Trois chemins vers le lac (1976), Lemmings1 – L’Arcadie et Lemmings 2 – Blessures (1979) et La rébellion (1993). Côté grand écran, l’intégrale, ce sont donc les douze longs-métrages à ce jour avec Le septième continent (1989) ou les diktats de la société de consommation, Benny’s Video (1993), réflexion sur le mal généré par la culture télévisuelle, 71 Fragments d’une chronologie du hasard (1994) ou le hasard et le déterminisme, Funny Games (1997) ou l’extrême violence « réaliste », Code inconnu (2000) ou l’incommunicabilité, La pianiste (2001) ou la névrose sexuelle, Le temps du loup (2003), Caché (2005) ou le racisme et l’histoire refoulée, Funny Games U.S. (2007), remake de la version européenne, Le ruban blanc (2009) ou les dogmes religieux, Amour (2012) ou la dégradation physique et psychologique et Happy End (2017) ou le manque d’amour et de partage dans la bourgeoisie. (Arte Editions)
Trilogie RouteLA TRILOGIE DE LA ROUTE
Dix ans avant sa Palme d’or cannoise pour son célèbre road movie américain Paris, Texas, Wim Wenders, fasciné par la puissance contemplative des paysages, s’était déjà essayé au genre avec sa Trilogie de la route. Tournés à travers l’Allemagne et aux États-Unis, avec Rüdiger Vogler dans le rôle de l’alter ego du réalisateur, Alice dans les villes, Faux mouvement et Au fil du temps déploient la métaphore de la route pour illustrer la découverte de soi et la transformation. Considérés comme des contributions significatives au mouvement du Nouveau cinéma allemand, traitant de l’errance existentielle dans un pays hanté par la guerre, les trois films sont réunis pour la première dans un coffret trois Blu-ray dans leur nouvelle restauration 2K et 4K… Dans Alice dans les villes (1974), Wenders suit Phillip Winter, journaliste allemand parti aux États-Unis pour les besoins d’un reportage. En panne d’inspiration, il décide de rentrer au pays. À l’aéroport de New York, alors que tous les vols à destination de l’Allemagne sont annulés, il fait la rencontre de Lisa et de sa fille de neuf ans, Alice. Le lendemain, Phillip découvre que la mère a disparu et qu’il va devoir ramener l’enfant en Europe… Pour Faux mouvement (1975), le cinéaste s’intéresse à Wilhelm Meister, aspirant écrivain, qui quitte sa ville natale pour Bonn, désireux d’élargir son horizon. Dans le train, il fait la rencontre d’un ancien athlète olympique accompagné d’une jeune acrobate. Ils seront bientôt rejoints par une actrice et un apprenti poète. Durant son voyage à travers l’Allemagne, qu’il parcourt du nord au sud, Wilhelm va être confronté à une série d’aléas… Enfin Au fil du temps (1976) s’inscrit dans les pas de Bruno, réparateur ambulant de matériel cinématographique. Il croise la route de Robert, qui a précipité sa voiture dans l’Elbe sur un coup de tête. Rapprochés par leur solitude commune, les deux hommes entament alors un périple les menant d’un cinéma rural à un autre, le long de la frontière entre l’Allemagne de l’Ouest et la RDA… Les trois films sont accompagnés de nombreux suppléments dont des entretiens avec Wenders, des scènes coupées et des courts-métrages du cinéaste. (Carlotta)
OppenheimerOPPENHEIMER
« Ton regard dépasse le monde dans lequel on vit » C’est l’un de ses proches amis qui lance ce propos à Robert Oppenheimer. Au mitan des années vingt, ce fils d’une famille juive fortunée de New York étudie à Cambridge. Après un passage par l’université allemande de Göttingen, « Oppie » revient aux USA où, dans la prestigieuse université de Berkeley, il s’applique à développer ses recherches sur la physique quantique… C’est en 1942, peu après l’entrée en guerre des USA que l’existence d’Oppenheimer bascule. Il est recruté pour diriger le projet Manhattan : développer la première bombe atomique de l’Histoire. Et « Oppie », qui sait pertinemment ce que les Juifs subissent dans l’Allemagne hitlérienne, est particulièrement motivé pour devancer les nazis sur leur programme d’armes nucléaires en cours… Douzième long-métrage de Christopher Nolan, Oppenheimer s’inscrit pleinement dans la veine du biopic d’un personnage d’exception ! Celui qui est régulièrement désigné comme « le père de la bombe atomique » est présenté, ici, comme un être hanté et dévoré par les questions, les doutes, les peurs. Avec Oppenheimer, Nolan donne son film narrativement le plus limpide et en même temps celui qui dégage le plus d’émotions. Le personnage d’Oppenheimer est passionnant et… troublant. Dans les semaines qui ont précédé l’essai Trinity, « Oppie » et son équipe prennent conscience qu’en appuyant sur le bouton et en déclenchant cette première bombe, il subsiste l’infime possibilité qu’elle embrase l’atmosphère et anéantisse toute la planète… En s’appuyant sur un Cillian Murphy volontiers halluciné, Nolan mène à bien une œuvre qui, de manière non-linéaire, évoque les années de formation, le rendez-vous dans le laboratoire secret de Los Alamos au Nouveau Mexique puis l’audition de sécurité en 1954, dans un contexte de maccarthysme débridé, déterminée à montrer qu’Oppenheimer était communiste. Oppenheimer est une œuvre remarquable sur un monde sans retour en arrière. Hiroshima et Nagasaki sont passés par là… (Universal)
Rio BravoRIO BRAVO
Dans la ville de Rio Bravo (comté de Presidio, Texas), le shérif John T. Chance arrête Joe Burdette, le frère de l’homme le plus puissant de la région. Il n’a pour alliés que Dude, un adjoint ivrogne, Stumpy, un vieillard boiteux, Colorado, un gamin virtuose du revolver, la mystérieuse Feathers, une joueuse de poker et un hôtelier mexicain, et contre lui une armée de tueurs. En 1959, Howard Hawks signe un western légendaire des années cinquante présenté dans une édition Steelbox en 4K-UHD. Tourné quelque sept années après Le train sifflera trois fois, le film est souvent considéré comme étant la réponse d’Hawks et John Wayne à Fred Zinnemann. Chez ce dernier, Gary Cooper essaie (en vain) d’obtenir l’aide de la population pour lutter contre le retour de tueurs. Dans la scène finale, il jette par terre son étoile de shérif, ce que John Wayne considérait comme une attitude anti-américaine. Le Duke incarne donc un shérif très professionnel, sûr de lui et droit dans ses bottes, prêt à assumer seul le poids de ses responsabilités, expliquant que les « pères de familles » n’ont pas à prendre les armes pour protéger la population. Sous ses abords rugueux, Chance s’efforce de permettre à ceux qui l’entourent de s’améliorer, de se repentir ou de retrouver une image satisfaisante d’eux-mêmes. John Wayne est entouré, ici, d’une brochette de comédiens qui apporte à Rio Bravo une bonne part de sa magie : Dean Martin, Ricky Nelson, Walter Brennan, Angie Dickinson… (Warner)
BarbieBARBIE
Parallèlement au monde réel, il existe Barbieland, un monde rose et parfait où les poupées Barbie vivent joyeusement, persuadées d’avoir rendu les filles humaines parfaitement heureuses. Mais un jour, Barbie stéréotypée commence à se poser des questions… Qu’en est-il de la mort ? De ces pensées morbides à l’idée de se frotter au monde humain, il n’y a qu’un pas. Dans le monde matriarcal de Barbie, toutes les poupées sont sûres d’elles, autosuffisantes et heureuses comme en attestent leurs éternels sourires. Alors que leurs homologues Ken passent leurs journées à se livrer à des activités balnéaires, les Barbie occupent tous les postes importants. Elles sont médecins, avocates, écrivaines, sirènes et même présidente. S’il n’est heureux qu’avec elle, Ken cherche une relation plus étroite mais Barbie n’en a cure, privilégiant son indépendance et des amitiés féminines. Greta Gerwig réussit, ici, un joli coup en s’emparant de l’univers Mattel pour distiller une brillante comédie -délibérément mais savoureusement- féministe qui casse joyeusement un univers aseptisé pour proposer une réflexion subtile -malgré le kitsch ambiant- sur la condition féminine, le tout dans un univers régressif dégoulinant de rose mais dans lequel Barbie fait exploser tous les codes. Applaudie dans Once Upon a Time… in Hollywood et Babylon, Margot Robbie se glisse avec aisance dans la peau de cette femme (im)parfaite. Ryan Gosling est simplement désopilant en Ken blond et con au coeur d’une démolition radicale du patriarcat orchestrée par une cinéaste en verve. (Warner)
Mission ImpossibleMISSION IMPOSSIBLE – DEAD RECKONING PARTIE 1
Au fond de l’océan, dans la mer de Béring, le sous-marin russe Sébastopol joue ou semble jouer au chat et à la souris avec un sous-marin hostile… L’avenir de la planète est clairement en péril. Mais (évidemment) Ethan Hunt et sa petite (mais très imaginative) équipe sont sur le pont. Ils vont se lancer dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière. Le contrôle du futur et le destin du monde représentent un terrifiant enjeu. Hunt se rend à l’évidence : confronté à l’énigmatique et quasiment invincible Gabriel, il constate que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime. Septième opus d’une franchise à gros succès, Mission impossible – Dead Reckoning Partie 1 tient pleinement ses promesses, notamment pour ses scènes d’action franchement brillantes. Christopher McQuarrie, déjà à la manœuvre dans les épisodes cinq et six, connaît les recettes de la franchise. Tandis que les forces obscures de son passé remontent à la surface, il embarque le valeureux Ethan Hunt dans une course mortelle autour du globe avec des étapes à Amsterdam, Abu Dhabi, Rome, Venise et l’Orient Express lancé à vive allure vers Innsbrück… Tom Cruise alias Hunt for ever est au sommet de son art. Il faut voir comment il se sort de l’Orient Express ! Autour de notre héros, on remarque ses acolytes Benji (Simon Pegg) et Luther (Ving Rhames) et quelques belles (Rebecca Ferguson, Vanessa Kirby, Haley Atwell ou Pom Klementieff) qui lui donnent bien du souci ! Une édition avec des bonus à veux-tu, en voilà ! (Paramount)
Coffret BelaTarrCOFFRET BELA TARR – LE MAITRE DU TEMPS
Décrit comme un cinéaste radical, réalisant des films métaphysiques dans un noir et blanc charbonneux à l’instar de son chef-d’œuvre Sátántangó, le Hongrois Béla Tarr, 68 ans, débute sa carrière en 1977 en s’inscrivant dans la veine documentaire du réalisme social de « l’école de Budapest ». Disponibles pour la première fois en coffret (trois Blu-ray) dans leur restauration 2K et 4K, quatre films témoignent de l’incroyable trajet parcouru par ce cinéaste visionnaire, de la colère des premières œuvres (Le nid familial, L’outsider) aux fables magistrales et mélancoliques que sont Damnation et Les harmonies Werckmeister. Ces dernières marquent le tournant de la révolution stylistique que Béla Tarr poursuivra tout au long de sa filmographie. Premier long-métrage en 1977, Le nid familial (1977) montre une famille nombreuse de Hongrie vivant dans un petit appartement et rêvant d’un espace impossible à acquérir… L’outsider (1980) raconte la descente aux enfers d’un être asocial et alcoolique. Damnation (1988) décrit le parcours de Karrer, un homme solitaire et usé attiré par une chanteuse pleine de vitalité… Enfin Les harmonies Werckmeister (2000) décrit le désœuvrement et la perte d’identité d’une petite ville de la plaine hongroise. Dans les suppléments, on trouve des entretiens avec le cinéaste qui évoque le processus de fabrication et de la réception critique de Damnation, ainsi que de son attachement au format 35 mm et avec l’auteur-compositeur-interprète Mihály Víg qui parle de sa rencontre avec Tarr et son travail sur la musique de Damnation. Enfin un livret inédit (80 pages) écrit par Mathieu Lericq et Damien Marguet, spécialistes du cinéma de l’Europe de l’Est, revient sur le parcours du cinéaste et les métamorphoses de son œuvre, en partant des huis clos urbains d’inspiration documentaire des années 1970-1980, jusqu’aux fables métaphysiques conçues plus récemment avec l’écrivain László Krasznahorkai. (Carlotta)
HammerCOFFRET HAMMER – L’AGE D’OR
Mythique studio anglais fondé en 1934, célèbre pour ses films d’horreur, la Hammer s’est construit une place à part dans l’histoire du cinéma. Dans les années 60 et 70, l’écurie apporte de la modernité au genre : images chocs et gores, des méchants violents, des touches d’érotisme sans pour autant se départir d’une dose d’humour « so british ». Décrié par la critique de l’époque pour ses débauches de sang de nudité, voire de mauvais goût, la Hammer connut néanmoins un énorme succès populaire. Des réalisateurs de renom (Terence Fisher, Roy Ward Baker), des comédiens cultes (Christopher Lee, Peter Cushing, Ralph Bates), un soin particulier apporté aux décors et aux costumes, créent une ambiance gothique qui fut également la marque de fabrique du studio. Le coffret Hammer (tome 1) couvre l’âge d’or (1966-1969) et regroupe sept films en combo Blu-ray et DVD dans une édition limitée à 2000 exemplaires numérotés. Le coffret contient des cartes (14×19 cm) reproduisant les affiches originales des sept films ainsi qu’un livret de 52 pages et plus de six heures de bonus. Et donc, on se régalera avec Dracula, prince des ténèbres (1966) de Terence Fisher, Raspoutine, le moine fou (1966) de Don Sharp, Frankenstein créa la femme (1967) de Terence Fisher, La femme reptile (1966) de John Gilling, L’invasion des morts-vivants (1966) de John Gilling, Dans les griffes de la momie (1966) de John Gilling et Les vierges de Satan (1968) de Terence Fisher. De jolis trésors fantastiques et d’horreur ! (Tamasa)
Kenji MisumiKENJI MISUMI – LA LAME A L’OEIL
Prolifique cinéaste japonais (près de 70 films entre 1954 et 1974), Kenji Misumi (1921-1975) a été l’auteur de plusieurs films « Chambara » (des films de bataille de sabre, souvent comparés, dans le cinéma occidental, au genre cape et épée)… Un coffret, avec des visuels inédits de Tony Stella, réunit quatre films en Dolby Vision dont Zatoïchi, le masseur aveugle (1962) qui met en scène Ichi, un aveugle qui arrive dans la petite province de Shimosa et se fait vite connaître pour ses talents de masseur et pour son habileté surnaturelle aux dés. Mais les habitants se rendent compte d’un autre de ses talents, le maniement de l’épée… Après ce film de 1962, premier d’une série de 26 films avec le personnage de Zatoichi, Misumi va signer la trilogie de la lame avec Tuer (1962) : rescapé d’un massacre, Shingo a été élevé dans la résidence du samouraï Takakura. Adulte, il est devenu invincible au sabre et participe à de nombreux combats. Puis, deux ans plus tard, il réalise Le sabre (1964) avec, pour héros, Kokubu, capitaine et maître du club de Kendô à l’université de Tôwa. Pratiquant cette discipline avec ferveur. Mibu, nouveau membre du club, est en complète admiration devant son maître et va jusqu’à l’imiter dans sa manière de vivre. La trilogie se conclut avec La lame diabolique (1965) où Hampei, jeune jardinier très sportif, apprend le maniement du sabre. Se révélant alors un redoutable assassin, il devient l’homme de main d’un grand vassal du château. Le coffret est accompagné de bons suppléments. Ainsi un livret inédit de Robin Gatto (52 pages) ; le documentaire Kenji Misumi, Au fil du sabre (30min) ; la présentation de Zatoïchi par Takachi Miike et quatre entretiens avec Fabien Mauro : « Zatoichi: La Naissance du mythe », « Tuez: Un chambara poétiquement affuté », « Le Sabre : Conte cruel du Bushido », « La lame diabolique : Les grands malheurs du pouvoir… » (The Jokers)
Strange Way Of LifeTHE STRANGE WAY OF LIFE
Silva traverse le désert à cheval pour retrouver Jake qu’il a connu vingt-cinq ans plus tôt lorsqu’ils étaient tous deux tueurs à gages. Silva souhaite renouer avec son ami d’enfance désormais shérif mais ces retrouvailles ne sont pas sa seule motivation… Evènement du Festival de Cannes 2023, le nouveau moyen-métrage (31 minutes) de Pedro Almodóvar se présente comme un western fiévreux sur fond d’histoire d’amour inachevée. Le réalisateur met en scène deux excellents comédiens (Pedro Pascal et Ethan Hawke) et décrit un univers désertique inédit tout en portant les thèmes qui lui sont chers, faisant cohabiter l’amour, le désir et la mélancolie. A propos de son second film en langue anglaise (après La voix humaine en 2020), le cinéaste espagnol disait : « C’est un western queer, dans le sens où il y a deux hommes et qu’ils s’aiment. Il s’agit d’une question de masculinité au sens profond du terme, car le western est un genre masculin. Ce que je peux vous dire à propos du film, c’est qu’il reprend de nombreux éléments du western. Il y a le flingueur, le ranch, le shérif, mais ce que la plupart des westerns n’ont pas, c’est le type de dialogue que je ne pense pas qu’un film de western ait jamais saisi entre deux hommes ». Le film est accompagné d’1h30 de suppléments et notamment la Masterclass cannoise de Pedro Almodóvar et Ethan Hawke. (Pathé)
Ombres PersanesLES OMBRES PERSANES
À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension va naître une histoire d’amour… et de manipulation. Avec ses ellipses, ses images manquantes, ses hors-champs, Mani Haghighi a construit un film sur le mystère porté par une photographie à la fois réaliste et expressionniste. Le directeur de la photographie Morteza Nafaji l’opacifie brillamment en jouant sur des clairs-obscurs, des obscurités profondes interrompues par des sources de lumière très brusques comme un téléviseur allumé, des néons clignotants ou des éclairs hors champ… Alors, dans une capitale iranienne battue par une pluie sans fin, où tout semble prendre l’eau, Farzaneh et Jalal découvrent petit à petit l’existence d’un couple qui est son exacte réplique (les deux binômes sont d’ailleurs joués par le même duo de comédiens, Taraneh Alidoosti et Navid Mohammadzadeh) et, au contact les uns des autres, ils vont se métamorphoser. Les premiers, modestes artisans, attendent un enfant, tandis que les seconds, plus élevés socialement, se débattent avec un contentieux privé : le mari doit s’abaisser à présenter des excuses à la famille d’un collègue qu’il a passé à tabac et envoyé à l’hôpital. Dans un pays dont le système dit que le peuple n’a d’autre alternative que celle définie par le pouvoir et la croyance, l’idée du double va justement ouvrir la question de l’alternative. « Aborder cette question, dit le cinéaste, c’est déjà une critique du fondamentalisme ». Avec son huitième long-métrage, Mani Haghighi distille une étrange et angoissante fable sociale. (Diaphana)
Audrey RoseAUDREY ROSE
Janice et Bill Templeton forment, avec leur fille Ivy, une famille heureuse et sans histoire… jusqu’au jour où un mystérieux étranger se met à les suivre partout où ils vont. L’inconnu finit par leur proposer un rendez-vous et leur révéler que la jeune Ivy (Susan Swift) serait la réincarnation de sa propre fille, morte onze ans plus tôt dans un accident de la route… Au départ du projet, on trouve L’hallucinante histoire d’Audrey Rose, le best-seller de Franck de Felitta (également auteur du scénario) qui se penche sur le thème de la réincarnation. Lorsqu’en 1977, Robert Wise (West Side Story ou La maison du diable) se voit proposer le film, il fait à son tour un important travail de documentation qui donnera une remarquable authenticité à ce film fantastique qui, sans artifices outranciers, installe un climat très angoissant. Prenant et dérangeant, un thriller (dans lequel Anthony Hopkins tient l’un de ses premiers rôles) qui pousse à la réflexion sur le surnaturel. En bonus, Le cinéma d’horreur selon Robert Wise (17’30), par Stéphane du Mesnildot, historien du cinéma et Audrey Rose, une âme pour « deux », un livret (24 p.) écrit par Marc Toullec. (Rimini Editions)
Chili 1976CHILI 1976
Trois ans après le coup d’état de Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée. Thriller paranoïaque saisissant et d’une grande finesse psychologique, le premier long-métrage de Manuella Martelli plonge le spectateur dans une étrange atmosphère d’oppression, de suspicion et de terreur. A travers l’histoire d’une femme au foyer bourgeoise, qui se retrouve brusquement confrontée à la réalité politique de son pays, le film explore les conséquences dévastatrices de la dictature chilienne. Grâce à des cadres serrés et d’habiles jeux de miroir, la cinéaste insuffle la peur que ressent son personnage, pris au piège. En choisissant de garder la violence hors-champ, sous-entendue, elle retranscrit parfaitement une menace invisible, tapie dans l’ombre mais omniprésente. En supplément, la captation d’un débat avec la réalisatrice. (Blaq Out)
La MainLA MAIN
Un groupe d’adolescents découvre le moyen d’entrer en contact avec le monde des esprits grâce à une main embaumée. Règle absolue : ne pas tenir la main plus de 90 secondes. Comme l’expérience est devenue virale sur les réseaux sociaux, Mia, adolescente bouleversée par une tragédie familiale (elle a perdu sa mère), décide de tester l’expérience mais les conséquences vont être bien plus violentes et terrifiantes que prévu. Danny Philippou et Michael Philippou (connus pour leur chaîne RackaRacka sur YouTube) signent, avec un budget modeste, un bon petit film d’horreur soigneusement calibré pour distiller ce qu’il faut d’angoisse et de frissons autour du thème « Brrr, nous sommes allés trop loin… » Ce qui était une distraction pour les soirées entre ados, va devenir du pur cauchemar… Ce teen-movie d’horreur, traversé par quelques bons moments horribles, bénéficie d’un atout de qualité, en la personne de l’actrice australienne Sophie Wilde qui incarne une Mia en crise. (M6)
Horror HotelHORROR HOTEL
Chargée pour la fin de ses études d’une thèse sur la sorcellerie, Nan Barlow suit les conseils du professeur Alan Driscoll qui la dirige vers Whitewood, une localité où de nombreux bûchers ont été dressés au 17e siècle. Bien que son frère et son petit ami le lui déconseillent, l’étudiante s’y rend seule et découvre que les croyances païennes persistent dans la région, portées par la certitude de certains, que la sorcière Elizabeth Selwyn pourrait surgir du royaume des morts… Malheur à qui s’y intéresse de trop près ! Connu pour son travail à lé télévision sur des séries comme Chapeau melon et bottes de cuir, Mission impossible ou Deux flics à Miami, John Llewellyn Moxey, réalisateur anglais naturalisé argentin, aborde, en 1960 et dans un beau noir et blanc, l’horreur gothique dans la meilleure tradition british, avec une production Amicus, firme concurrente de la Hammer. Pour l’occasion, on retrouve, dans le rôle du professeur Driscoll, le grand Christopher Lee, star du fantastique et de l’horreur des années 1960 à 1980, légende vivante notamment au générique de nombreux Dracula, mais aussi de Frankenstein s’est échappé, de La malédiction des pharaons ou du Chien des Baskerville sans oublier Le seigneur des anneaux et les deux Star Wars. Ambiance lugubre et brume épaisse dans le cimetière… (Sidonis Calysta)
LifeforceLIFEFORCE
Churchill, la navette spatiale américano-britannique explore un immense vaisseau extra-terrestre, apparemment naufragé, dissimulé dans la queue de la comète de Halley. Trois êtres humanoïdes, une femme et deux hommes, apparemment en état d’hibernation, sont ramenés sur le sol britannique. Lorsque ceux-ci se réveillent, on découvre qu’ils « vampirisent » les êtres humains en leur soutirant non pas leur sang, mais leur « force vitale ». Les victimes de cette ponction, pour survivre, se voient obligés de vampiriser à leur tour, donnant ainsi naissance à une pandémie impossible à contenir. Réalisateur-culte de Massacre à la tronçonneuse (1974), l’Américain Tobe Hooper (1943-2017) adapte, ici, The Space Vampires, le best-seller du Britannique Colin Wilson pour donner, en 1985, une aventure mêlant science-fiction et horreur. Mécontents du film, les producteurs de la Cannon Group demandèrent des coupes… On découvre, ici, dans une édition collector 4K restaurée, la version américaine (101 mn) et, en Blu-ray, la version Director’s Cut (116 mn). Dans la distribution, on remarque, en femme extra-terrestre, la Française Mathilda May alors à ses débuts dans le cinéma. (Sidonis Calysta)

Laisser une réponse