WIM WENDERS, DOUGLAS SIRK ET L’EXOTISME SELON FEDOR OZEP

Ailes DesirLES AILES DU DESIR
Quand des anges bienveillants viennent faire un tour chez les humains ! Dans le Berlin-Ouest d’avant la chute du Mur, le célèbre comédien hollywoodien Peter Falk, fameux interprète de l’inspecteur Columbo, arrive dans la ville pour jouer dans un film reconstituant la chute de la capitale nazie, en 1945. L’acteur, qui interprète son propre rôle, erre dans Berlin sur la trace des souvenirs de sa feue grand-mère, juive. Les passants ne sont pas sûrs de le reconnaître… De leur côté, Damiel et Cassiel, deux anges invisibles, errent à l’écoute des voix intérieures des habitants, « âmes mortes » enfermées dans leur quotidien et ses soucis, que ce soit la vieillesse, l’enfance, l’infirmité, le deuil, l’accouchement, le déménagement, le divorce. Depuis « les cieux au dessus de Berlin » (traduction du titre original allemand) ces esprits « messagers » documentent, tel le cinéaste filmant les vestiges de la ville, les désirs et angoisses secrètes des humains afin de témoigner de tout ce qui chez eux relève d’une démarche artistique et traduit une recherche de sens et de beauté. Présents depuis toujours, ils ont assisté au début de la lumière, à la fin d’une ère glaciaire, à la formation des rivières, à l’apparition des animaux. Puis, avec le premier homme, ils ont connu le rire, la parole, la guerre, l’histoire… Parfois, les poètes et les aveugles croient sentir leur présence… Pourtant soucieux d’agir dans le monde, avide aussi d’un présent qui ne soit plus l’éternité, Damiel voudrait entrer dans la condition humaine. Lorsqu’il croise Marion, trapéziste de cirque, au bord du désespoir, l’ange décide de renoncer à l’immortalité et son existence purement spirituelle pour l’aimer. Pour ce faire, il obtient le secours de Peter Falk mais son destin ne sera fixé que par la seule décision de Marion. Reposant sur la géniale lumière d’Henri Alekan, Les Ailes du désir (prix de la mise en scène au 40e Festival de Cannes) est une splendide fresque visuelle et sonore sur le Berlin de la fin des années 1980. Wenders retourne dans son pays natal et livre un bel hommage à la capitale et à ses habitants. Mais surtout, avec une poésie expressionniste défendue par des comédiens de talent (Bruno Ganz, Otto Sander, Solveig Dommartin), il entraîne dans un conte « camusien » qui pose l’impérissable question : « Comment vivre ? » Présenté dans une édition disponible pour la première fois en France en Blu-ray et en 4K UHD et dans une nouvelle restauration validée par le cinéaste, le film est accompagné de multiples suppléments dont un entretien avec Wim Wenders, des scènes coupées, un vol en hélicoptère au-dessus de Berlin (11 mn) ou Invitation au voyage : Berlin, capitale du désir de Wim Wenders, une émission du magazine d’Arte (2018) où le cinéaste retrouve les lieux de tournage et observe les métamorphoses de la capitale allemande depuis 1987 et la chute du Mur. (Carlotta)
Ami AmericainL’AMI AMERICAIN
Encadreur et restaurateur de tableaux, Jonathan Zimmerman vit à Hambourg avec sa femme Marianne et leur jeune fils Daniel. Depuis un certain temps, Zimmermann sait qu’il est atteint de leucémie, mais son état semble être stable. Lors d’une vente aux enchères de tableaux, Zimmermann fait la connaissance de Tom Ripley, un Américain trafiquant de contrefaçons qui fait la navette entre New York et Hambourg. Ripley apprend la maladie de Zimmermann. Il l’apprend à son tour à l’un de ses contacts dans le milieu criminel, le Français Raoul Minot. Celui-ci va proposer à Zimmermann de commettre un meurtre à Paris, en contrepartie d’une importante somme d’argent qui lui permettrait d’assurer une certaine sécurité financière à sa femme dans le cas de sa mort prématurée des suites de sa maladie. Se sachant condamné, Zimmermann finit par accepter, et à partir de ce moment-là les choses se compliquent. Inspiré de Ripley s’amuse et de quelques éléments de Ripley et les ombres, deux romans de Patricia Highsmith, le film réalisé en 1977 par Wim Wenders transplante à Hambourg et Paris l’imaginaire du film noir américain. Le cinéaste Wim Wenders (qui venait d’achever la trilogie de la route avec Alice dans les villes, Faux mouvement et Au fil du temps) mêle ici le cinéma d’action et le film d’auteur européen. Il réunit aussi une superbe distribution avec Bruno Ganz, son interprète des Ailes du désir mais aussi les cinéastes et acteurs Dennis Hopper et Gérard Blain. Pour faire bonne mesure, d’autres réalisateurs (Nicholas Ray, Samuel Fuller, Peter Lilienthal, Daniel Schmid et Jean Eustache) viennent faire des apparitions dans ce film disponible pour la première fois en Blu-ray en France dans sa nouvelle restauration 4K supervisée et approuvée par Wim Wenders. Enfin de nombreux suppléments accompagnent cette édition dont un long entretien (46 mn) avec Wenders qui revient sur la genèse de L’ami américain, sa rencontre avec Patricia Highsmith, le choix du duo d’acteur, et explique comment le film a propulsé sa carrière à l’international. On y trouve aussi un livret exclusif (40 pages) Mes Amis Polaroid, composé de 28 polaroids et d’un plan du film commentés par Wenders qui montre la richesse des photos instantanées, ancêtres des selfies contemporains, prises par le réalisateur sur le tournage du film. (Carlotta)
Sirk Melodrames AllemandsDOUGLAS SIRK – LES MELODRAMES ALLEMANDS
Maître incontesté du mélodrame hollywoodien (il a fui l’Allemagne nazie en 1939) avec des films comme Tout ce que le ciel permet (1955), Ecrit sur du vent (1956) ou Le miracle de la vie (1959), oeuvres qui se distinguaient notamment par une palette de couleurs baroques, chaudes, voire excessives, Douglas Sirk, a connu, avant la flamboyance de l’usine à rêves, une première période allemande. Né à Hambourg en avril 1897, Hans Detlef Sierck découvre le théâtre, notamment de Shakespeare. Pour financer ses études, il devient assistant metteur en scène au Deutsches Schauspielhaus puis s’impose comme metteur en scène… Il se tourne vers le cinéma en 1934, réalise des courts-métrages puis son premier long, April, April ! (1935) que suivront La fille des marais (1935), Les piliers de la société (1935), La neuvième symphonie (1936), Du même titre (1936), enfin La Habanera et Paramatta, bagne de femmes, les deux en 1937, qui feront beaucoup pour la gloire cinématographique de Zarah Leander. Dans de nouvelles restaurations 2K et 4K réalisées par la fondation Murnau, ces sept films -rares ou inédits- de la période allemande sont remis au centre de l’oeuvre de Sirk et témoignent de ce qui fera la beauté des chefs-d’œuvre du cinéaste : des femmes tourmentées, des couples impossibles, des lumières éclatantes, la recherche d’un paradis lointain, la quête d’amour et de dignité. Rainer-Werner Fassbinder dont le cinéma fut largement influencé par Sirk, disait :« Sirk a dit, le cinéma c’est du sang, des larmes, de la violence, c’est la haine, la mort et l’amour. Sirk a dit, on ne peut pas faire des films sur quelque chose, on ne peut faire des films qu’avec quelque chose, avec des hommes, de la lumière, des fleurs, des miroirs, du sang. […] Il a fait les films les plus tendres que je connaisse. » (Capricci)
AmokAMOK
Exilé au cœur de la jungle de Malaisie (recrée en studio par le grand décorateur Lazare Meerson), le docteur Holk (Jean Yonnel) noie sa solitude et son désespoir dans l’alcool. Un jour, ce médecin fiévreux reçoit la visite d’Hélène Havilland, une belle jeune femme de la haute société enceinte de son amant et qui vient le trouver pour avorter. Holk refuse de pratiquer l’opération mais est pris d’une vive et soudaine obsession pour cette femme (Marcelle Chantal) et se dit prêt à tout pour sauver son honneur. Réalisateur russe, exilé en France, Fédor Ozep a tourné, dans son pays d’adoption, cinq films dont cet Amok, œuvre rare dont la réalisation reflète parfaitement le parcours sombre et multiculturel d’Ozep. En 1934, Ozep adapte de belle manière Amok ou le fou de Malaisie, la nouvelle de Stefan Zweig, l’une des œuvres littéraires majeures de l’écrivain viennois et donne une œuvre âpre, fascinante et… féministe (Hélène Havilland est une femme forte qui assume son histoire) qui frôle les pièges du mélodrame mais sans jamais y tomber. Véritable vestige injustement oublié de la grande histoire du septième art, Amok, qui sort dans une version restaurée en combo DVD/Blu-ray, est une surprenante pépite du 7e art. Dans les suppléments, on trouve un portrait de Fédor Ozep, cinéaste nomade et deux analyses du film. (Pathé)
MarinetteMARINETTE
Au bord d’un terrain de foot quelque part dans le Grand Est, une petite fille regarde les garçons de son âge taper dans le ballon… Un coach lui lance : « Tu veux jouer ? » La réponse tombe : « Je ne peux pas. Je suis une fille. » Nous sommes en 1980. Marinette Pichon a cinq ans et elle ne sait pas encore qu’elle sera la première joueuse professionnelle de football féminin et surtout la première star française de cette discipline. C’est un sacré parcours que celui de cette fillette qui a le foot dans la peau. Sa maman (Emilie Dequenne) la soutient constamment mais son univers familial est glauque avec un père violent et alcoolique. C’est ainsi que Marinette Pichon se forge un caractère de battante qui lui permettra, souvent dans la douleur, de surmonter les difficultés… Claire Verdier signe un bon biopic sportif en adaptant la biographie de Marinette Pichon, Ne jamais rien lâcher. Le parcours de la joueuse (incarnée par Garance Marillier) est jalonnée de dates majeures comme 1994 qui la voit intégrer l’équipe de France ou 2002 qui marque son arrivée dans le club américain de Philadelphie et la cinéaste alterne habilement les hauts avec son désir de vaincre et ses ambitions pour donner au foot féminin une vraie place mais aussi des bas, dans une jeunesse volontiers sinistre ou encore dans ses relations avec ses compagnes. Cela jusqu’à la rencontre avec Ingrid Moatti, championne de basket handisport, qu’elle épouse en septembre 2013. Une rebelle et une pionnière ! (Les Jokers)
ExorcisteTHE EXORCIST
Fille d’une célèbre actrice, la petite Regan McNeil, 12 ans, souffre de troubles psychologiques et comportementaux. Médecins et spécialistes l’examinent en vain jusqu’à ce que la vérité éclate : la fillette est possédée par une force surnaturelle. On appelle à la rescousse, un prêtre jésuite. C’est le père exorciste Karras… Succès controversé dès sa première sortie au cinéma (on dit que des femmes enceintes terrifiées accouchèrent avant terme!), L’exorciste s’est imposé comme le film le plus terrifiant de tous les temps. A l’occasion du cinquantième anniversaire de sa sortie, on peut (re)découvrir, en restauration 4K UHD et dans une version longue Director’s Cut, cette aventure cauchemardesque et fantasmagorique signée William Friedkin (1935-2023), classée troisième meilleur thriller par l’American Film Institute et titulaire de l’Oscar du meilleur scénario dans laquelle deux prêtres, l’un assez sceptique et l’autre résolument pieux, se rejoignent dans la lutte contre le Mal ultime, laissant les spectateurs à bout de souffle. Le coffret est accompagné de multiples suppléments, dont Au-delà du rationnel : L’Exorciste de William Peter Blatty, auteur du roman sur lequel repose le film. (Warner)
Amerique Face HolocausteL’AMERIQUE FACE A L’HOLOCAUSTE
Que savaient les États-Unis du génocide perpétré par le régime hitlérien contre les populations juives et certaines minorités d’Europe ? En ont-ils fait assez pour leur ouvrir leurs portes ? Dans une fresque documentaire en six épisodes, Ken Burns et Lynn Novick se penchent en profondeur sur le dossier. Pendant des siècles, l’Amérique a été un refuge pour des millions de déshérités ou de persécutés fuyant leur terre natale qui ont assuré la conquête du continent et la construction de la nation. Au début des années 1920, l’antisémitisme gagne du terrain, attisé par des personnalités comme le suprémaciste blanc Madison Grant, le constructeur automobile Henry Ford ou l’aviateur Charles Lindbergh. En 1924, l’Amérique ferme ses portes, instaurant des quotas nationaux, les immigrants devant désormais obtenir dans leur propre pays un visa américain. En 1921, près de 120 000 juifs originaires d’Europe de l’Est avaient commencé une nouvelle vie aux États-Unis. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 10 000 à y être autorisés. Les auteurs dissipent le mythe selon lequel les Américains ignoraient le génocide hitlérien. Nourrie d’archives, d’éclairages d’historiens, de témoignages d’anonymes et de personnalités comme la jeune Anne Frank ou l’écrivain américain Daniel Mendelsohn (Les disparus), voici une relecture de l’histoire qui se fait aussi leçon à méditer pour nos sociétés contemporaines confrontées à la montée de la xénophobie et aux crises migratoires. (Arte)
Hotel FranceHOTEL DE FRANCE
Quand ils avaient vingt ans, Michel et Sonia se sont aimés. Ils faisaient partie d’une bande de copains provinciaux. Michel en était le leader, celui qui « irait loin ». Mais il s’est arrêté en chemin, et voilà qu’ils se retrouvent tous à une réception quelques années plus tard. Sonia ne peut s’empêcher d’être déçue et Michel d’en être blessé. En 1986, Patrice Chéreau tourne Hôtel de France, un film adapté de la pièce de théâtre Ce fou de Platanov écrite par Tchekhov en 1878. Le cinéaste, également directeur du théâtre Les Amandiers et de sa célèbre école, imagine son film pour ses dix-neuf élèves à qui il confiera les rôles principaux. Parmi eux : Valeria Bruni-Tedeschi, Marianne Denicourt, Agnès Jaoui, Laura Benson, Vincent Perez, Laurent Grévill, Bruno Todeschini, Pierre-Loup Rajot, Thibault de Montalembert, Marc Citti, Eva Ionesco… Homme de théâtre, d’opéra et de cinéma, Chéreau a toujours œuvré sur tous les fronts et surtout là où on ne l’attendait pas. Militant pour que le théâtre sorte de la salle, aille dans les écoles, les usines et les foyers de tous les français, Chéreau (qui a, alors, déjà son actif, La chair de l’orchidée, Judith Therpauve ou L’homme blessé) signe avec Hôtel de France, une œuvre singulière et audacieuse. Dans cette édition restaurée en 4K, on trouve, en supplément, des entretiens inédits autour du film avec Marc Citti et l’historienne de cinéma Françoise Zamour, le tout illustré d’images d’archives. (Pathé)
Processus PaixLE PROCESSUS DE PAIX
Quand on s’aime mais qu’on ne se supporte plus, qu’est-ce qu’on fait ? Marie et Simon sont profondément amoureux, malgré les disputes constantes dans leur vie de couple. Lui est professeur d’histoire du conflit israélo-palestinien à la fac, projetant quelquefois les démêlés de son couple dans son cours, elle est animatrice d’une radio féministe. Pour ne pas se séparer, ils se lancent dans une aventure un peu folle : établir une liste de règles qu’ils devront suivre coûte que coûte. Ils l’appellent la charte universelle des droits du couple. Cinéaste venu du documentaire, Ilan Klipper se lance, pour sa seconde fiction (après Le ciel étoilé au-dessus de ma tête en 2018) dans une bonne comédie autour de la problématique du couple. Voici un film qui a des allures de conte fantaisiste reposant sur de belles images et une distribution de qualité avec Camille Chamoux (Marie) et Damien Bonnard (Simon) bien entourés par de solides seconds rôles (Ariane Ascaride, Jeanne Balibar ou Laurent Poitrenaux). Tout ce qu’il faut savoir pour mettre un terme aux difficultés amoureuses et faire en sorte que l’amour perdure ! (Le Pacte)
Sisu Art SangSISU – DE L’OR ET DU SANG
« Il est immortel ? Non, il refuse juste de mourir ! » Dans la nature sauvage et hostile de la Laponie, Aatami Korpi, un ancien soldat devenu chercheur d’or découvre un gros gisement… Las, nous sommes en 1944 et la Finlande est sous le joug nazi. En essayant de ramener son pactole en ville et prêt à tout pour sauver son précieux butin, l’homme va devoir affronter une armée allemande aux abois et parfaitement cupide. Mais notre homme est un escadron de la mort à lui tout seul. Avec Jorma Tommila, grand acteur de théâtre finlandais, en tête d’affiche, le cinéaste finlandais Jalmari Helander (auteur de Big Game en 2014 dans lequel un jeune adolescent réfugié dans les bois aide à sauver le président des Etats-Unis lorsque Air Force One est abattu près de son campement) signe une épopée complètement délirante autour d’un baroudeur à côté duquel Rambo est tout bonnement un enfant de choeur. On se laisse emporter dans cette histoire, évidemment totalement improbable mais bien menée, où Aatami va dézinguer les SS jusqu’au dernier. Et lorsqu’il tue, il ne fait pas dans la dentelle. De l’action à gogo dans une épopée inattendue qui laisse pantois et… hilare ! (M6)
La SireneLA SIRENE
1980. Abadan, Iran. Les habitants résistent à un siège irakien. Parmi eux, Omid, quatorze ans, choisit de rester dans la ville avec son grand-père en attendant le retour de son frère aîné. Omid trouve un bateau abandonné dans le port d’Abadan. Et si c’était une solution afin de sauver sa famille ? Installée en France depuis près de trente ans, Sepideh Farsi n’a pourtant jamais cessé d’observer l’Iran et de filmer son pays à travers des fictions ou des documentaires. Elle le fait, ici, à travers un film d’animation empreint de poésie, qui a pour cadre la ville d’Abadan au sud du pays, en 1980, en pleine guerre Iran/Irak. Le lieu était un important enjeu pétrolier avec une grande raffinerie (qui tient un rôle dans le film) ce qui explique ce siège sans relâche de la ville par les troupes irakiennes. La cinéaste multiplie les personnages (le grand frère qui part au front, le grand-père bougon, la mère qui prend la fuite avec les plus jeunes de ses enfants) et on s’attache sans peine à tous ces personnages, même secondaires comme l’ancienne star adulée. Portée par des images superbes, une œuvre riche, sensible, prenante, lyrique même, d’une puissance évocatrice enfin quand le film évoque l’anéantissement d’une ville… (M6)
One RangerONE RANGER
Alex Tyree est un taiseux qu’il ne vaut mieux pas déranger… Au fond d’un Texas inhospitalier, ce Ranger pourchasse un voleur et finit par lui tomber dessus. Mais voilà que des affreux viennent croiser la route du flic. Ils seront abattus sans pitié. C’est alors que Jennifer Smith, une charmante agent des services secrets britanniques, demande son aide à Tyree (Thomas Jane) pour transférer un terroriste extrêmement dangereux du Mexique aux Etats-Unis. Une mission quasiment de routine pour le Ranger. Hélas, un instant d’inattention et le transfert tourne au carnage. Pire, Declan McBride, le terroriste, a filé à Londres où il prépare un attentat majeur. Tyree n’a d’autre choix que d’accompagner l’agent Smith (Dominique Tipper) dans la capitale britannique pour mettre McBride, toujours couvert par un tueur russe quasiment increvable, hors d’état de nuire. Ce ne sera pas une mince affaire. Un bon thriller qui passe du désert texan à l’univers urbain londonien et enfile les scènes d’action… (Metropolitan)
The DiveTHE DIVE
Drew et May, deux sœurs dont les rapports ont été difficiles dans leur jeunesse, sont des plongeuses expérimentées. Las, alors qu’elles s’entraînent dans un coin désertique à proximité des falaises de l’île de Malte, un glissement de terrain se produit et un rocher tombe sur le bas du corps de May, l’empêchant complètement de bouger. Sa sœur piégée sous l’eau à 28 mètres de profondeur, Drew doit trouver d’urgence un moyen de la sauver avec l’oxygène qui se raréfie rapidement pour les deux plongeuses… Autour d’un terrible compte-à-rebours létal, le cinéaste allemand Maximilian Erlenwein (qui adapte ici un film suédois intitulé Breaking Surface) réussit à créer plusieurs bons moments de suspense et on se demande comment May (Louisa Krause) va s’en sortir et comment Drew (Sophie Lowe) va pouvoir, en 22 minutes, la libérer de son piège marin. Si le film commence presque posément, la tension gagne rapidement dans cet huis-clos sous-marin et le spectateur s’installe quasiment dans un état d’angoisse entre asphyxie et noyade ! A vous dégoûter pour toujours de la plongée sous-marine ? (Wild Side)
SexygénairesSEXYGENAIRES
Propriétaire d’un hôtel à Sanary-sur-Mer, Michel, 65 ans, constate que les affaires sont au plus mal. Pour rester à flot, il reprend contact avec Denis, un ami et associé avec qui il possède un bar à Paris. Michel propose à Denis de lui céder ses parts. Mais en se rendant sur place, Michel découvre que non seulement Denis a revendu le bar mais aussi qu’il est devenu mannequin senior et tourne des publicités. Alors qu’il assiste à un shooting, Michel est repéré par Marion (Zineb Triki, vue dans la série Le bureau des légendes) qui lui propose de devenir modèle. La (très) bonne rémunération pourrait lui permettre de régler les dettes de son hôtel… Mais ce monde d’artifices et d’apparences pourra-t-il le rendre heureux ? Avec un duo de comédiens comme Thierry Lhermitte (Michel) et Patrick Timsit (Denis), le réalisateur Robin Sykes joue sur du velours avec un tel duo. La comédie tire parfois un peu la jambe mais il est sans doute plaisant d’entendre qu’à la soixantaine, on n’est pas encore bon pour la casse ! (Orange Studio)
WahouWAHOU
Conseillers immobiliers dans la région parisienne, Catherine et Oracio enchaînent les visites de deux biens : une grande maison bourgeoise « piscinable, vue RER » (autrement dit, avec des passages réguliers de trains qui font un bruit considérable) et un petit appartement moderne situé en plein coeur du triangle d’or de Bougival. Objectif : provoquer le coup de cœur chez les potentiels acheteurs, celui qui leur fera dire « Wahou ! » On attend toujours avec une réjouissante impatience, de retrouver l’univers si agréablement loufoque de Bruno Podalydès. Comme ce fut le cas du temps de Liberté-Oléron (2001), Adieu Berthe (2012) ou Comme un avion (2015). En nous invitant à feuilleter un précis de tractations immobilières, le cinéaste, en compagnie de Sabine Azéma, Karin Viard, Isabelle Candelier, Agnès Jaoui, Patrick Ligardes, Claude Perron, Florence Muller, Leslie Menu, Denis Podalydès, tente de distiller un parfum de fantaisie. Mais ça ne marche pas vraiment. On attend déjà le prochain Podalydès pour retrouver le sourire. (Pathé)
38,5 Quai Orfevres38°5 QUAI DES ORFEVRES
C’est la panique au quai des Orfèvres ! Un tueur en série, surnommé le Ver(s) Solitaire, sème des alexandrins sur les scènes de crime, causant terreur et confusion. Jeune enquêtrice enthousiaste et fraîchement nommée au 36, Clarisse Sterling se voit confier cette affaire sous la supervision du légendaire et très suffisant commissaire Frank Keller. La charmante Clarisse va jongler entre les solides bras cassés de la brigade criminelle et des énigmes bien tordues pour démasquer l’assassin… Mission impossible ? Grand Prix du Jury au festival de L’Alpe d’Huez 2023, le premier long-métrage de Benjamin Lehrer s’attaque à un genre plutôt casse-gueule, la comédie parodique. Scary Movie se moquait de Scream alors que Dracula mort et heureux de l’être jouait avec les codes du film de vampire. Ici, c’est le cultissime Silence des Agneaux qui est passé à la moulinette. Si Caroline Anglade est une Clarisse Sterling marrante et pas dupe, le reste de la distribution, à commencer par Didier Bourdon, Pascal Demolon et Artus, ne font pas dans le léger. In fine, le délire parodique tombe à plat tant les gags sont lourds. (M6)
Poker FacePOKER FACE
Heureux milliardaire, Jake Foley réunit ses amis d’enfance dans son beau domaine pour une partie de poker à gros risque. Ces amis ont en effet une relation amour-haine envers lui et Jake leur a concocté un plan conçu pour leur apporter une certaine justice à tous. Cependant, le richissime joueur va devoir revoir sa stratégie lorsque son manoir -pourtant hautement sécurisé- est envahi par un groupe de malfrats dont les emplois précédents se sont tous soldés par un meurtre et un incendie criminel… Après La promesse d’une vie, un drame historique en 2014, Russell Crowe retourne, ici, derrière la caméra pour mettre en scène un modeste thriller qui manque singulièrement de rythme. On a surtout l’impression que le comédien néo-zélandais tente de retrouver le lustre passé de ses prestations dans L.A. Confidential, Révélations, Un homme d’exception ou Gladiator. Donc Russel le cinéaste sert la soupe à Crowe, l’acteur. C’est un peu court. (Metropolitan)

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