LA SOLUTION FINALE, LES TRESORS D’AGNES VARDA ET LA SF SELON KUBRICK
LA CONFERENCE
Ce pourrait être la réunion d’un conseil d’administration… Une réunion comme une autre ? Pas vraiment. Nous sommes le 20 janvier 1942, au bord du lac de Wannsee, à Berlin. Dans l’imposante villa Marlier qui, depuis 1940, accueille une fondation SS créée par Reinhard Heydrich… C’est précisément Heydrich que tout le monde attend. Les invités ont reçu une convocation pour une conférence plutôt mystérieuse. Ils vont rapidement découvrir l’importance historique de la réunion puisqu’il s’agit de planifier la fameuse et tragique Endlösung der Judenfrage c’est-à-dire la solution finale de la question juive. Avec Die Wannseekonferenz, le cinéaste allemand Matti Geschonneck se penche sur le symptôme le plus éclatant de l’inhumanité de l’entreprise nazie. Si un procès-verbal de cette conférence existe bien, il n’en demeure pas moins que Geschonneck a choisi la fiction pour mettre en scène cet évènement historique et tellement représentatif de la banalité du Mal. Mais il adopte la voie de l’épure. Aucune musique, aucun flash-back sur des lieux d’extermination comme Chelmno, Sobibor, Auschwitz, Belzec ou Treblinka, aucun plan même sur le lac, aucune image documentaire d’époque, aucun comédien « reconnaissable »… La conférence, c’est un rendez-vous de dignitaires nazis auxquels le général SS Heydrich, activement secondé par Adolf Eichmann, entend faire « avaler » l’idée de l’extermination systématique des Juifs d’Europe. Quitte à les bousculer (un peu) dans leurs convictions, scrupules ou états d’âme mais aussi en les associant, au travers d’une réunion d’une apparente normalité administrative, à la décision afin qu’aucun ne puisse dire qu’il ne savait pas…Alors, en quelque deux heures de débats et de jeux de pouvoir, on voit comment les nazis règlent une partition administrative et technique considérée comme une épopée historique. Ce qui, à leurs yeux, était une grande tâche millénaire ne pouvait être accomplie de façon efficace et totale que dans le cadre de procédures normées, réglées, qui étaient celles de la Geschäftsführung, la conduite des affaires et des dossiers. Ce qui fascine en effet, ici, c’est le calme organisationnel et l’absolu détachement qui règnent. Avec des « fonctionnaires » qui s’inquiètent de « méthodes trop crues », se réjouissent de ne « plus tenir compte de ce que pense l’étranger », saluent le Volk und Vaterland cher au Führer, remarquent que « les Juifs nous ont imposé cette guerre », constatent que « tout le monde souhaite se débarrasser des Juifs mais personne n’en veut », notent que l’extermination par balles risque d’être sans fin et se renseignent sur l’efficacité du Zyklon B contre « l’éternel parasite » qu’est le Juif, tout cela dans le cadre d’une bonne hygiène raciale, nationale et socialiste… A Wannsee, les nazis ont estimé à onze millions le nombre de Juifs à éliminer. Ils en ont assassiné six millions. Comme le disait Winston Churchill « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre »… (Condor)
LE CINEMA D’AGNES VARDA
2023 est une année Varda ! Les rencontres photo d’Arles ont montré les photos sur La pointe courte et la Mostra a présenté, en avant-première, une nouvelle restauration des Créatures. Du 11 octobre au 28 janvier 2024, avec l’exposition Viva Varda, la Cinémathèque française rend hommage à la cinéaste. Toujours en octobre, Arte lui consacre un cycle avec plusieurs films en prime time ainsi que la diffusion d’un documentaire inédit. Photographe, cinéaste et artiste, Agnès Varda (1928-2019) a déployé, sur 70 ans, une œuvre personnelle et fondamentalement ancrée dans son temps. Sa filmographie compte plus de quarante courts et longs métrages naviguant entre fiction et documentaire. Elle est l’une des rares femmes de sa génération à avoir fait carrière en tant que réalisatrice et continue d’inspirer des générations de cinéastes… Si le coffret Varda consacré au cinéma documentaire (Les plages d’Agnès, Visages Villages, Les glaneurs et la glaneuse etc.) est toujours disponible, c’est un nouveau coffret consacré aux films longs et courts qui sort. Les onze longs sont La pointe courte, Sans toit ni loi, Cléo de 5 à 7, Jane B. par Agnès V., Le Bonheur, Kung-fu Master, Les créatures, Jacquot de Nantes, Lions love (…and Lies), Les cent et une nuits, L’une chante l’autre pas. Dans les seize courts, voici Ô saisons ô châteaux, Réponse de femmes, Du côté de la côte, Plaisir d’amour en Iran, L’Opéra Mouffe, Ulysse, Les fiancés du pont Mac Donald, Les dites Cariatides, Salut les cubains, 7 p., cuis., s. de b., Elsa la rose, T’as de beaux escaliers, tu sais, Oncle Yanco, Ydessa, les ours et etc., Black Panthers, Les 3 boutons. L’ensemble est accompagné de huit heures de compléments : présentation des films par Agnès Varda – Entretiens, souvenirs, évocations, archives, rencontres etc. Enfin, le coffret contient Varda par Agnès (2019 – 2h09). Une éblouissante leçon de cinéma en deux volets, écrite, réalisée et commentée par Agnès Varda : 1ère causerie 1954/1994 et 2e causerie 1994/2019. (Arte Editions)
2001 – ODYSSEE DE L’ESPACE
Tout a été dit (ou presque) sur le chef d’oeuvre de Stanley Kubrick. Dernière en date, Greta Gerwig a rendu hommage avec humour au fameux et mystérieux monolithe dans son Barbie. Réalisée en 1968, cette fresque épique de science-fiction retrace, à travers différentes époques de l’histoire humaine, le rôle joué par une intelligence inconnue dans l’évolution de l’humanité. À sa sortie en salles, 2001 est reçu de manière partagée, tant par la critique que le public. Au fil du temps, le film va acquérir un statut de film culte et connaître un énorme succès au box-office. Le film est resté célèbre pour sa précision scientifique, ses effets spéciaux révolutionnaires pour l’époque, ses scènes ambiguës, son usage d’œuvres musicales au lieu d’une narration traditionnelle, et pour le rôle secondaire qu’occupent les dialogues dans l’intrigue. Sa bande-son mémorable est conçue par Kubrick lui-même, afin d’épouser au mieux les scènes du film. Ainsi, le réalisateur use de la suite de valses du Beau Danube bleu de Johann Strauss pour rappeler le mouvement des valseurs lors du mouvement de rotation des satellites, ou encore du poème symphonique de Richard Strauss, Ainsi parlait Zarathoustra, afin d’aborder le concept philosophique nietzschéen du Surhomme, mentionné dans le poème philosophique du même nom. Dans la collection The Film Vault, 2001 sort dans une édition 4K-UHD limitée à 6000 exemplaires dans le monde. Avec un packaging innovant, le coffret (boîte rigide avec fermeture magnétique) comprend notamment une plaque en plexiglas exclusive, numérotée individuellement, sept cartes postales avec répliques du film, des reproductions recto-verso des affiches originales… (Warner)
DANCING PINA
Comment transmettre un geste, une œuvre artistique éphémère ? Comment peut-on faire vivre l’immatériel ? En explorant pour la première fois les archives de Pina Bausch, le cinéaste Florian Heinzen-Ziob a été convaincu que « la danse est une forme d’art éphémère ». Née en 1940 à Solingen, en Allemagne et disparue en 2009, Pina Bausch est devenue, au fil des années, une danseuse accomplie puis une chorégraphe révolutionnaire et l’une des plus importantes figures artistiques du XXe siècle. Dancing Pina offre une immersion dans l’âme de cette grande artiste qui valorisait le collectif, la sincérité émotionnelle et le cheminement intérieur avant l’esthétique. Petit à petit, en montrant l’interaction et le dialogue entre les danseurs, le documentaire permet de saisir la contribution majeure de la chorégraphe à l’art du ballet. À travers les répétitions d’Iphigénie en Tauride à Dresde et du Sacre du printemps à l’Ecole des Sables de Dakar, deux ballets mythiques de la chorégraphe allemande, Florian Heinzen-Ziob filme les danseurs, issus de la danse contemporaine, du hip-hop ou du ballet classique, au plus près. Grâce à des cadrages sur les corps de toute beauté, on apprécie de superbes portraits d’artistes et on partage une expérience unique : la caméra parvient ainsi à saisir une émotion différente de celle que l’on ressent en assistant à un ballet. Danser Pina, c’est questionner ses limites, ses désirs, et métamorphoser une œuvre tout en se laissant soi-même métamorphoser par elle. (Blaq Out)
LE DERNIER EMPEREUR
En 1950, un train en provenance d’URSS arrive dans une gare chinoise. Les passagers qui en descendent, sont rapidement escortés par des militaires jusque dans le hall. L’un de ces passagers, triste et abattu, retient aussitôt l’attention des autres voyageurs qui le reconnaissent en la personne de leur ancien empereur déchu, Puyi. Celui-ci se dirige bientôt vers les toilettes, et tente de se suicider en se taillant les veines. Il se remémore alors sa jeunesse… A Pékin, en 1908, alors âgé de 3 ans, le jeune Puyi est conduit à la Cité Interdite. A la mort de l’impératrice, l’enfant est proclamé Empereur de Chine. Ainsi débute un prodigieux destin qui, de l’apprentissage du pouvoir à la Révolution, raconte les grands bouleversements du monde… Restauré en 4K (avec, dans les bonus, des images inédites d’un tournage épique avec 9000 figurants, 9000 costumes, 300 techniciens italiens, britanniques et chinois pour plus de six mois de tournage), l’un des films les plus célèbres de Bernardo Bertolucci ressort dans un beau coffret deux disques. John Lone, Joan Chen et Peter O’Toole sont au coeur d’un tourbillon d’images sublimé par la majestueuse musique de David Byrne et Ryuichi Sakamoto. Première œuvre occidentale à avoir reçu la pleine et entière collaboration des autorités chinoises, le film réalisé en 1987, fut couronné de neuf Oscars dont ceux de meilleur film et meilleur réalisateur. (Metropolitan)
MAD DOG
Un assassin surgit des abysses dans une cloche à plongée et s’enfonce au cœur d’un univers infernal peuplé de créatures mutantes et de scientifiques fous. Bientôt capturé, il devient la victime du monde qu’il est chargé de détruire… Deuxième long-métrage en 2021 de Phil Tippett, grand maître des effets spéciaux et de la stop-motion ayant œuvré sur la saga Star Wars ou Starship Troopers, Mad God est une expérience de cinéma époustouflante qui repousse les limites de l’imagination et s’affranchit de toute notion de récit. Commencé à la fin des années 1980 pour être achevé trois décennies plus tard, ce voyage post-apocalyptique dresse le portrait en creux de son créateur, sa personnalité, son univers et son style inimitable. Un formidable hommage à l’animation image par image. Pour la première fois en Blu-ray et dvd, ce voyage dans l’imaginaire d’un créateur de génie est complété par d’abondants compléments, notamment le making-of du film par Maya Tippett, Pire que le démon où Phil Tippett au travail se confie sur sa passion pour les monstres depuis l’enfance ou Un rêve éveillé, documentaire de Gilles Penso et Alexandre Poncet qui revient sur l’aventure unique du film. (Carlotta)
L’AMOUR ET LES FORETS
Blanche retrace son histoire à son avocate : elle est professeure de français, passionnée par son métier, et sa rencontre avec Grégoire, qui travaille dans une banque, prend dans un premier temps la forme d’une parfaite idylle. Très vite, Blanche tombe enceinte. Ils se marient. Ensuite, Grégoire lui annonce qu’il est muté à Metz. Ils quittent la Normandie pour la Lorraine. Blanche s’éloigne de ses proches et de sa sœur jumelle Rose. Arrivée à Metz, Blanche comprend que Grégoire lui a menti. Ce n’est pas la banque où il travaille qui l’a envoyé à Metz, c’est lui qui a demandé cette mutation. Réalisatrice de La reine des pommes (2009) ou de La guerre est déclarée (2010), Valérie Donzelli adapte librement le roman éponyme d’Eric Reinhardt (paru en 2014 chez Gallimard) et brosse le portrait d’une femme sous l’emprise d’un mari possessif et pervers. La cinéaste décrit avec précision les mécanismes mis en œuvre par un type pervers jusqu’à la moelle pour assujettir et isoler l’autre… Virginie Efira et Melvil Poupaud , tous deux excellents, composent un couple (trop) parfait, émerveillés par leur complicité sans nuage. On dirait le début d’un élégant conte. Mais c’est en fait une fausse histoire d’amour qui se déploie en véritable cauchemar intime. Une œuvre maîtrisée, forte et parfois bouleversante sur une relation toxique. (Diaphana)
MISANTHROPE
Jeune patrouilleuse de la police de Baltimore, Eleanor Falco se retrouve un soir sur les lieux d’une tuerie de masse. Dans un immeuble, un sniper a fait près d’une trentaine de victimes. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent mais l’enquête piétine. Le profil atypique du tueur intrigue Geoffrey Lammark, agent fédéral en charge de cette enquête très médiatisée. Eleanor est donc recrutée comme agent de liaison entre la police et le FBI. Malgré son inexpérience, Lammark pense qu’elle pourrait aider à la traque d’un tueur en série très particulier et dans une enquête sans pistes réelles. De plus, le meurtrier semble avoir un modus operandi imprévisible et très changeant. La collaboration étroite entre Eleanor et Lammark est cependant perturbé par les interférences de la hiérarchie, des politiques et des médias. De plus, Lammark constate l’instabilité psychologique d’Eleanor, accro aux médicaments et antisociale. Il découvre que, huit ans plus tôt, elle avait été recalée de l’Académie du FBI. Alors que l’enquête piétine toujours, Eleanor va utiliser ses propres troubles pour tenter de comprendre l’esprit torturé du criminel. Connu pour Les nouveaux sauvages (2014), un film à sketches très caustique, le cinéaste argentin Damian Szifron signe son premier film en langue anglaise. Dans le rôle d’Eleanor, on trouve l’Américaine Shailene Woodley qui incarna Tris Prior dans la trilogie (2014-2016) de SF Divergente. (Metropolitan)
LA PETITE SIRENE
Sous l’océan, Ariel, une jeune sirène et fille du roi Triton, est fascinée par le monde des humains. Un soir après une dispute avec son père, elle s’enfuit loin du palais. C’est alors qu’une violente tempête éclate en mer… Ariel (Halle Bailey) va sauver de la noyade, le jeune et beau prince Éric, dont elle tombe éperdument amoureuse. Afin de pouvoir retrouver la personne qu’elle aime, Ursula, la sorcière des mers, lui propose de lui donner des jambes humaines en échange de sa voix. Film musical fantastique réalisé par Rob Marshall en 2023, La petite sirène est le remake en prise de vues réelles du classique d’animation des studios Disney sorti en 1989. Un classique qui est, lui-même, inspiré du conte du même nom de Hans Christian Andersen, publié en 1836. Le film s’inscrit dans la volonté de Walt Disney Pictures d’adapter en films en prise de vues réelles ses grands films d’animation à l’instar du Livre de la jungle (2016), La belle et la bête (2017), Aladdin (2019), Le roi lion (2019), La belle et le clochard (2019) ou encore Mulan (2020). On redécouvre avec mélancolie une lecture moderne de cette histoire tournée en partie en studio et en partie sur les côtes de Sardaigne. Les effets spéciaux sont réussis et, à la beauté des images, s’ajoutent des questionnements contemporains comme la parentalité, l’écologie ou l’inclusion. (Disney)
LE CONQUERANT
Au début du 12e siècle, les vastes plaines d’Asie centrale brûlent des guerres que se livrent, depuis des siècles, des tribus rivales. C’est là que vient au monde, Temujin, fils aîné de l’une des familles de guerriers de l’un des quarante clans que compte le peuple mongol. Brave parmi les braves, il se doit de venger la mort de son père, tué par Kumlek, un chef tatare dont il va s’éprendre de la fille. Avec son frère Jamuga, Temujin va enlever la farouche Bortai… Au terme d’intrigues et de batailles, Temujin va entrer dans l’Histoire sous le nom de Gengis Khan. En 1956, le comédien et réalisateur Dick Powell met en scène une (super)production RKO voulue par Howard Hughes. C’est John Wayne, immense westerner devant l’éternel, qui incarne le chef mongol. La présence de l’acteur de La prisonnière du désert ou de Rio Bravo est fréquemment citée comme l’une des erreurs de casting les plus notoires de l’histoire du 7e art. Le tournage du film pendant trois mois dans un désert de l’Utah où l’armée américaine procédait à des essais nucléaires atmosphériques, entraîna de nombreux cancers dans l’équipe du film. Enfin, abattu par l’échec critique de ce qui fut sa dernière production, Howard Hughes tenta de faire disparaître toutes les copies du film… Autant dire que Le conquérant est une pépite dans son genre ! (Sidonis Calysta)
LES AMES PERDUES
En 2014, un mystérieux déserteur, portant le nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l’oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d’activistes tentent de déposer des plaintes devant des tribunaux européens. Evoquant les rebondissements d’enquêtes et de procédures qui conduiront à l’émission de mandats d’arrêt contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre l’humanité, Les âmes perdues, constitué sous forme d’enquête digne des meilleurs films d’espionnage, est aussi une parfaite illustration du courage et de la détermination humaine pour dénoncer ce régime de terreur. A travers une série de procès, le film met en avant ces héros de l’ombre qui luttent activement pour obtenir justice. Un combat sans relâche, lourd de douleur et d’espoir pour les proches des victimes, dont la ténacité porta ses fruits au printemps 2023, lorsque trois dignitaires syriens furent jugés et inculpés en France.. (Blaq Out)
FORT ALGER
Espionne en réalité mais officiellement chanteuse de cabaret, Yvette Delmar arrive en Afrique du Nord, avec pour mission d’approcher le chef de la rébellion arabe, le cheikh Amir qui conspire contre la France. À elle de démontrer qu’il prépare non seulement un plan d’attaque contre des champs pétroliers, mais également un soulèvement généralisé. Démasquée, la jeune femme ne doit son salut qu’au beau Jeff, son fiancé enrôlé dans la Légion étrangère… Les képis blancs et le sable chaud ont quelque chose d’évidemment exotique qui a souvent fasciné les studios d’Hollywood. C’est aussi dans cet esprit de cinéma d’aventures coloniales que s’inscrit le film réalisé en 1953 par Lesley Selander, l’un des plus prolifiques cinéastes de westerns de série B. Ici, ce solide artisan distille, en noir et blanc, un mélange d’aventure et de glamour. Le tout porté par la beauté et la vitalité d’Yvonne de Carlo (1922-2007). On a vu cette brune ravageuse aussi bien dans des peplums (Les dix commandements de DeMille), des films noirs (Pour toi, j’ai tué de Siodmak), des drames sudistes (L’esclave libre de Walsh) ou des westerns (Le grand McLintock de MacLaglen). Ici, cette « bombe sexuelle » des années 40 et 50 apporte un tempérament de feu à une espionne en mission ! (Sidonis Calysta)
HPI – SAISON 3
En ce début de nouvelle saison, Morgane Alvaro doit composer avec une famille décomposée pour la troisième fois, une nouvelle maison qui tombe en ruine et Serge Alvaro, un père bien décidé à revenir dans sa vie. Magouilleur de génie, HPI comme elle, Serge (Patrick Chesnais) est le reflet d’une Morgane qui aurait mal tourné. Est-ce que son retour va permettre à Morgane d’en apprendre plus sur elle-même ? La femme de ménage la plus haut potentiel de la télé fait son retour dans une saison 3. Où l’on retrouve donc une Audrey Fleurot toujours parée de vêtements plutôt/très voyants et machouillant toujours son chewing-gum. Après être devenue une partie intégrante des services de police lillois, Morgane a désormais quitté son poste dans la police pour retourner à ses ménages. Mais l’envie est trop forte et elle ne peut résister au besoin de s’occuper des affaires des autres. Elle se rêve un temps détective privée mais tout tombe à l’eau quand sa première cliente reste injoignable et semble avoir disparu. Morgane mobilise sa famille, ses enfants et Ludo son ex pour enquêter, mais elle manque de moyen pour résoudre cette affaire. La jeune femme tente alors (à sa façon) de joindre son ancienne équipe anonymement et découvre même qu’elle a été remplacée… Les fans de Morgane seront aux anges ! (UGC)
YUKU ET LA FLEUR DE L’HIMALAYA
La grand-mère de Yuku, petite souris espiègle adepte d’ukulélé, est mourante. Elle annonce aux petits, auxquels elle avait l’habitude de raconter des histoires, que la petite taupe aveugle va bientôt venir la chercher et l’emmener dans les méandres de la terre. Avec son marrant museau en pointe, Yuku se met alors en tête de partir chercher la Fleur de l’Himalaya, une fleur qui produit une lumière éternelle, afin de la ramener à sa grand-mère. Mais les obstacles seront nombreux… Auteur de nombreux courts métrages animés, Arnaud Demuynck retrouve son complice Rémi Durin (avec lequel il avait déjà co-réalisé Le parfum de la carotte) pour un conte plein de douceur où dominent les couleurs chaudes d’un automne lumineux. De multiples obstacles vont venir se mettre en travers de la route de Yuku. Elle rencontre d’autres animaux (un lapin, un hibou, un écureuil, un loup…), dont certains pourront l’aider, quitte à les amadouer avec des chansons accompagnées à l’ukulélé. Une belle histoire de quête, de confiance en soi et de transmission qui séduira les plus jeunes, évidemment attendris par Yuku et ses amis. (Arte Editions)
VOYAGES EN ITALIE
Jean-Philippe et Sophie ont une quarantaine d’années. Ils vivent à Paris avec leur petit garçon. Sophie est obsédée par l’idée de partir quelques jours en vacances avec lui pour relancer la machine amoureuse. Elle a envie d’aller en Espagne, lui freine des quatre fers, et ce sera finalement la Sicile. Jean-Phi et Sophie veulent surtout s’échapper de leur train-train quotidien. Ils partent après avoir visualisé une vidéo publicitaire, un voyage de « tourisme romantique de masse » et d’itinéraires fléchés. A un s près, on pourrait évoquer le fameux film éponyme que Roberto Rossellini tourne en 1954 avec Ingrid Bergman et George Sanders en couple anglais en pleine déroute… D’ailleurs, c’est aussi un couple qui bat de l’aile que présente la cinéaste Sophie Letourneur (lauréate du prix Jean Vigo 20200 pour Enorme avec Marina Foïs et Jonathan Cohen). Avec une économie de moyens assez remarquable, le film enchaîne des scènes « glissant de brouilles en rabibochages, comme deux solistes emmêlés dans une partition commune ». De retour au domicile parisien, le couple fait le récit de ce voyage, enregistré sur un dictaphone et on se rend compte que le film est le récit d’une expérience passée. Un chronique douce-amère sur les désaccords d’un couple incarné par Philippe Katerine et la réalisatrice dans le rôle de Sophie. (jour2fête)
FAST X
Dante Reyes, qui a eu, depuis, le temps de ruminer sa colère et de préparer sa vengeance, était présent aux côtés de son père Hernan Reyes lors du braquage à Rio de Janeiro en 2011 (voir Fast 5) par Dominic Toretto et son équipe. Après la mort de son père, Dante (Jason Momoa) va accomplir sa terrible vengeance envers Dominic Toretto (Vin Diesel) et son équipe. Ces derniers seront cependant aidés par Tess (Brie Larson), la fille de M. Personne, et d’une alliée inattendue : Cipher (Charlize Théron). Mais cette fois, Dom va faire face à un adversaire lié à son passé à Rio, contre lequel il éprouvera les plus grandes difficultés et qui s’en prendra à ce qu’il a de plus cher : sa famille. Mis en scène par le Français Louis Leterrier, voici le 11e film de la saga Fast and Furious et le premier long-métrage de la trilogie finale de la franchise. Evidemment, on sait, ici, à quoi on s’expose. En l’occurrence de la bagnole à gogo. Pourquoi reste-t-on encore devant cette saga ? Parce qu’il y a de l’action, encore de l’action, toujours de l’action. Et, de préférence, complètement cintrée… (Universal)
THE SLUMBER PARTY MASSACRE
En l’absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket… pour une soirée pyjama entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n’étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l’autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu’un évadé de l’hôpital psychiatrique a lui aussi l’intention de participer à sa manière à la petite party emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en hurlements de peur et de mort ! En 1982, Amy Holden Jones, scénariste de Proposition indécente ou Mystic Pizza, tourne son premier long-métrage et met en scène une sorte d’ovni du genre slaher. Car s’il suit les codes habituels dans l’esprit de Halloween ou Vendredi 13, le film était au départ prévu pour être une parodie de film d’horreur qui exploite efficacement toutes les facettes du genre: on y retrouve de l’action, de la violence, du gore, des scènes dénudées, des références sexuelles, et une arme qui évoque celle de Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse. Cette fête sanglante a la particularité d’avoir été écrite et réalisée par des femmes. Alors monteuse pour Martin Scorsese, la cinéaste retravaille un scénario écrit par Rita Mae Brown, romancière et activiste féministe connue pour défendre la cause lesbienne. Incontournable pour les fans de slasher. (Rimini Editions)
RENFIELD
Personnage du célèbre roman de Bram Stocker, Dracula, R. M. Renfield est soigné dans un hôpital psychiatrique où un médecin le décrit ainsi : « un maniaque homicide d’une espèce particulière. Je vais devoir inventer une nouvelle classification pour son cas – je l’appellerai un maniaque zoophage. Il ne désire rien que d’absorber le plus de vie possible…» Présent dans de multiples films autour de Dracula, Renfield est le personnage principal du film (2023) de Chris McKay qui met en scène l’assistant torturé du maître le plus narcissique qui ait jamais existé : Dracula. Il est contraint par son maître de lui procurer des proies et de pourvoir à toutes ses requêtes, mêmes les plus dégradantes. Mais après des siècles de servitude, Renfield est enfin prêt à s’affranchir de l’ombre du Prince des ténèbres… À la seule condition qu’il arrive à mettre un terme à la dépendance mutuelle qui les unit… Avec le Britannique Nicholas Hoult dans le rôle principal (au côté de Nicolas Cage qui incarne Dracula), voici une comédie horrifique sanglante et drolatique. (Universal)