Une famille unie face aux méchants bleus
C’est probablement trivial mais on a tendance à résumer Avatar à ses chiffres. Le n°1 avait frappé très fort dans le business cinématographique puisque 14,77 millions de spectateurs avaient vu, en 2009, le premier film d’une saga qui doit en compter cinq, l’ultime Avatar étant prévu pour 2028. Et si le premier Avatar ne figura pas tout en haut du box-office français, cela ne dérangea pas forcément James Cameron puisqu’il tient la tête du classement français avec son Titanic (1997) et ses 21,77 millions de tickets vendus.
En attendant, si l’on en croit les chiffres fournis par la News de Box Office, Avatar 2 a déjà réuni, en une semaine d’exploitation, 2 739 848 amateurs de science-fiction et d’action. Plutôt prometteur, d’autant qu’on évolue là sur un marché simplement planétaire !
Si les forêts de Pandora sont pleines de dangers, Jake Sully estime cependant que le bonheur est une chose simple. Mais le chef des Omaticaya, soutenu par sa compagne Neytiri, sait aussi qu’il peut s’évanouir en un instant. Surtout lorsque ceux qui viennent du ciel décident de revenir en force sur Pandora. Et l’envahisseur n’y va pas avec le dos de la cuillère, lançant ses énormes machines et ses menaçants bulldozers sur une jungle encore paisible l’instant d’avant. D’ailleurs Jake avait surtout pour préoccupation de veiller à la bonne marche de sa famille et à l’éducation de ses enfants Neteyam, l’aîné, Lo’ak, son jeune frère, Kiri, leur fille adoptive, Tuk, la cadette et Spider, un garçon humain abandonné sur Pandora…
Si les humains venus du ciel reviennent en force sur Pandora, c’est pour « pacifier » cette planète luxuriante et la préparer à devenir une nouvelle Terre et accueillir leur exode. Pour cette conquête, ils s’appuient sur une redoutable escouade de « recombinants », des avatars N’avi auxquels on a implanté les souvenirs de Marines décédés. Cette unité bleue est menée par le colonel Quaritch qui avait pris soin de faire une sauvegarde de sa mémoire et de sa personnalité avant la bataille où il perdit la vie. Pour Quaritch et ses féroces nervis bleus, la mission est simple : éliminer Jake Sully, le leader de l’insurrection Na’vi.
Ayant connu Quaritch dans sa vie d’avant, Jake ne peut ignorer que la lutte sera sans merci. Mais ce combattant émérite est aussi un père : « Nous ne sommes pas une escouade, nous sommes une famille », lance-t-il aux siens…
Pour son second Avatar, James Cameron a mis les petits plats dans les grands et Auguste, mon jeune voisin, ses lunettes 3D bien posées sur le nez, poussait des Ohhhh et des Ahhhh avant de considérer in fine que « c’est trop stylé » ! Il est vrai que le cinéaste canadien ne lésine sur rien, ni la durée (3h12, c’est quand même un poil long) ni les combats, ni surtout les beaux sentiments familiaux (« Un père protège, c’est sa raison d’être » ou encore « Cette famille sera notre forteresse ») et encore moins sur un discours écologiste, évidemment bienvenu, qui devrait trouver son écho dans le public des salles obscures.
Tandis que Quaritch tente de kidnapper les enfants de Jake et Neytiri pour en faire une précieuse monnaie d’échange, Sully doit se rendre à l’évidence : pour mettre les siens à l’abri, il lui faut partir et rejoindre le territoire des Metkayina, un clan de la mer qui vit sur la côte est de Pandora. Mais ce peuple du récif dirigé par Tonowari voit d’un mauvais œil, la famille Sully arriver dans ses terres lacustres. Mais Jake et les siens sont prêts à s’adapter aux mœurs et aux pratiques des Metkayina. Très vite, tous vont se mettre à l’eau, chevauchant de longilignes et rapides créatures ou fraternisant avec de gigantesques cétacés, notamment Payakan, le banni, avec lequel Neteyam entretient une relation privilégiée…
Les (multiples) séquences aquatiques, notamment sous-marines, permettent à Avatar 2, de multiplier les belles images tout en distillant un discours sur ceux qui exploitent les océans. Il en va ainsi d’affreux constamment ricanants qui chassent la baleine avec des harpons à tête explosive afin de prélever dans son cerveau une substance qui sera vendue très chère parce qu’elle peut arrêter le vieillissement humain…
Mais toutes les forces de la mer et notamment des plantes connectées et « spirtuelles » vont faire la différence dans le sauvage (mais assez interminable) combat qui achève ce n°2. Sur un bateau en perdition (le Titanic n’est pas loin), Quaritch fait donner toute sa troupe face à un Sully jamais aussi déterminé que lorsqu’il défend les siens. Et Jake trouve un fameux appui familial grâce aux qualités d’archère de Neytiri…
Avec ce second Avatar (qui comprend au moins quatre fins dont les obsèques de Neteyam tué au combat), James Cameron joue la carte du grand spectacle et, avec un jolie maîtrise des moyens modernes du cinéma, réussit assurément son coup. Mais force est aussi de constater que son scénario manque d’épaisseur, se résumant à des considérations sur l’eau (« La mer est ta maison avant ta naissance et après ta mort ») et sur la famille (« Une famille se serre les coudes. C’est sa plus grande force et sa plus grande faiblesse… »)
Mais comme les chiffres semblent bons, l’aventure Avatar ne devrait pas s’arrêter de sitôt. S’en plaindra-t-on ?
AVATAR : LA VOIE DE L’EAU Fantastique (USA – 3h12) de James Cameron avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Stephen Lang, Sigourney Weaver, Kate Winslet, Cliff Curtis, Joel David Moore, CCH Pounder, Edie Falco, Britain Dalton, Jamie Flatters, Trinity Jo-Li Bliss, Jack Champion. Dans les salles le 14 décembre. Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.