Combat des chefs et thriller vosgien
EGO(S).- Denis Dumas vient de triompher une nouvelle fois aux Victoires de la Musique… Une récompense qui touche sans doute ce chef d’orchestre de grande réputation même s’il fait mine de ne pas trop en avoir cure… Devant sa télévision, François Dumas, le père de Denis, lui-même grand chef à la longue et brillante carrière internationale, grimace. Il n’a que mépris pour ces festivités télévisuelles et sans doute regrette-t-il aussi que son fils se prête à ces indignes singeries. Mais, de toutes manières, entre Dumas père et fils, les ponts sont coupés depuis longtemps. Et lorsque Hélène, la femme de François et la mère de Denis, réussit à les réunir pour un dîner-anniversaire de famille, le patriarche et son rejeton ne cessent de se lancer des piques… Mais une formidable annonce va bouleverser l’existence des deux maestros. François Dumas a reçu un appel l’informant qu’il a été choisi pour devenir le directeur musical de la Scala de Milan. Las, la secrétaire d’Alexandre Mayer, le patron du prestigieux établissement, s’est trompée de Dumas. Heureux pour son père, et en même temps envieux, Denis est bouleversé lorsqu’il apprend la méprise : c’est lui, en réalité, qui est attendu à Milan…
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évélé en 2001 avec Barnie et ses petites contrariétés, Bruno Chiche a ensuite réalisé diverses comédies dramatiques ou romantiques. Pour Maestro(s) (France – 1h27. Dans les salles le 7 décembre), le cinéaste s’est (librement) appuyé sur un film israélien (Footnote, sorti en 2011) de Joseph Cedar qui mettait en scène, dans un récit tragi-comique, la relation compliquée entre un père et un fils, tous deux érudits, qui se partagent le même champ d’étude : le Talmud.
Dans ce qu’il décrit comme son film le plus personnel, le cinéaste a choisi l’univers de la musique classique. Un monde feutré où les coups n’en sont pas moins rudes. Un père et un fils, qui se sont toujours considérés -mais sans jamais réussir à s’en parler- comme concurrents dans le même domaine, se retrouvent dans une situation exceptionnelle où il faudra mettre carte sur table ou… partition sur pupitre. Car, comment dire à un père qu’il ne vivra pas le rêve de sa vie… Et les répliques deviennent alors terribles, ainsi lorsque Denis lâche « Je ne suis pas le fils que t’aurais aimé avoir… » et que François renvoie : « La pire chose pour un père, c’est de susciter la pitié de son fils ! »
Aux accents de Mozart, Schubert, Brahms, Dvorak, Rachmaninov ou Beethoven (sans oublier la musique originale de Florencia Di Concilio), Maestro(s) va dérouler avec aisance une trame bien huilée et parfaitement portée par un duo d’acteurs au diapason : Yvan Attal (Denis) et Pierre Arditi (François) entourés de Miou-Miou (Hélène), Caroline Anglade (Virginie, la compagne de Denis), Pascale Arbillot (l’agent de Denis) ou Nils Othenin-Girard (Mathieu, le fils de Denis).
MENSONGE.- Alexandre est un chef d’entreprise heureux. Il vient de signer un gros contrat pour des maisons antisismiques en Extreme-Orient. Il rentre chez lui pour fêter l’événement avec Juliette, son épouse. Comme ils doivent se rendre au théâtre, Alexandre propose à sa fille Lison, née d’un premier lit, de passer la nuit chez eux pour garder leur jeune fils… En essayant en cachette les robes de Juliette, Lison découvre une clé USB cachée dans une chaussure. Elle contient des images explicites montrant Juliette dans une situation compromettante avec un amant. Lorsqu’Alexandre découvre, à son tour, ces images, une violente violente dispute éclate. Juliette s’enfuit dans la nuit et fait une chute mortelle. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté son corps. La gendarmerie entame une enquête et Patrick, le père de Juliette, débarque, prêt à tout pour découvrir ce qui est arrivé pendant cette nuit d’inondations. Petit à petit, Alexandre (José Garcia) se retrouve dans la peau du suspect n°1.
Avec Le torrent (France – 1h42. Dans les salles le 30 novembre), Anne Le Ny (qui tient aussi le rôle du capitaine de gendarmerie chargé de l’enquête) signe son sixième long-métrage et propose un thriller vosgien (de nombreuses séquences ont été tournées à Gérardmer et dans ses environs) dont le personnage central s’avère être Lison (Capucine Valmary, très crédible), une presque gamine coincée entre un père qu’elle aime et qui lui demande, ni plus ni moins, de la couvrir, des enquêteurs de plus en plus curieux et Patrick (André Dussollier) prêt à la piéger… Se met alors en place une redoutable spirale des mensonges. Point du suspense, ici (on sait d’emblée ce qui s’est passé) mais plutôt une attentive approche psychologique de personnages emportés par le drame… Dans un décor de froidure, Le torrent se regarde aisément même si son esthétique l’apparente à un téléfilm façon Meurtre dans les Vosges ?