MARIA VARGAS, LE COMTE ORLOK, DEUX AMIS ET UNE REPORTER PUGNACE
LA COMTESSE AUX PIEDS NUS
Sous une pluie battante dans un cimetière italien, le réalisateur et scénariste Harry Dawes, sanglé dans son imper ruisselant, assiste à l’enterrement de l’actrice Maria D’Amata. Il se souvient de sa première rencontre à Madrid avec la jeune danseuse de cabaret alors qu’il était chargé par le producteur Kirk Edwards de la convaincre de devenir la nouvelle star de Hollywood. D’abord réticente, Maria Vargas deviendra une vedette mais lasse du succès, elle épouse le comte italien Torlato-Favrini… Voici, dans un beau coffret collector en édition limitée et numérotée, un joyau glamour (inédit en Blu-ray en France) de l’âge d’or hollywoodien. En 1954, Joseph J. Mankiewicz, au sommet de son art, joue avec le temps, multiplie les flash-back jusqu’à la mise en abîme et fragmente les points de vue. Et il magnifie la sublime Ava Gardner et un grand Humphrey Bogart dans un portrait cynique et grinçant d’Hollywood. En suppléments, Conte défait, un entretien inédit avec Samuel Blumenfeld et un portrait (53 minutes) de Mankiewicz réalisé en 1981 par Jean Douchet. Enfin le coffret contient Mankiewicz contre Cendrillon, un ouvrage collectif inédit (160 p.) qui explore le film de sa genèse à sa place dans l’oeuvre du cinéaste. (Carlotta)
NOSFERATU
« Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre… » En adaptant, sans le nommer, le Dracula de Bram Stocker (dont il ne détenait pas les droits), Friedrich Wilhelm Murnau réussit, en 1922, un génial film d’horreur et l’un des très grands moments du cinéma expressionniste allemand. Clerc de notaire fraîchement marié avec Ellen, Thomas Hutter se rend en 1838 en Transylvanie pour vendre une propriété au comte Orlok. Le comte accueille Hutter dans un sinsitre château. Au cours de la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine immédiatement. Hutter découvre la vraie nature du comte. En cheminant vers sa nouvelle propriété, Nosferatu répand la peste dans son sillage. Bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu, Ellen le laissera faire d’elle sa victime et sacrifie son sang au vampire (le bien nommé Max Schreck) pour sauver la ville… Un belle réédition d’un chef d’oeuvre du 7e art! (Potemkine)
BIRDY
Malgré leurs différences, Al et Birdy sont inséparables. Dans leur pauvre banlieue de Philadelphie, Al, sportif, exubérant et populaire, ne pense qu’à séduire les filles, quand Birdy, réservé et étrange aux yeux des autres, voue une admiration sans bornes aux oiseaux… En 1984, Alan Parker (qui a déjà son actif Midnight Express en 1978, Fame en 1980 et Pink Floyd : The Wall en 1982) signe un émouvant hymne à l’amitié et à la liberté présenté dans un coffret avec de multiples compléments et un livret inédit. Les deux amis (Matthew Modine et Nicolas Cage sont admirables) ont vécu le traumatisme du Vietnam. Revenu défiguré, Al est appelé à l’hôpital pour aider Birdy. Totalement mutique, celui-ci est persuadé d’être une créature pouvant voler. Birdy est le premier long métrage à utiliser une caméra tyrolienne, fixée à des câbles reliés à quatre grues et dirigée par ordinateur. Elle est ainsi utilisée pour la scène lors de laquelle Birdy rêve qu’il vole. (Wild Side)
LES NUITS DE MASHHAD
Avec une ouverture digne des meilleurs films noirs américains, voici une plongée angoissante dans Mashhad, grande ville du nord de l’Iran, où sévit un serial-killer qui étrangle des prostituées. C’est dans cette ville sous tension que débarque Arezoo Rahimi. Cette journaliste d’un quotidien de Téhéran, est venue sur place mener l’enquête, convaincue que le pouvoir n’est pas spécialement pressé de mettre l’assassin au pas. Cinéaste danois d’origine iranienne, Ali Abbasi va bien au-delà du thriller même si son film est constamment palpitant. A travers la pugnace reporter qui n’hésite pas à aller sur le terrain même du tueur, il met en lumière la difficulté d’être une femme en Iran. L’actualité récente est venue appuyer funestement son propos. Zarha Amir-Ebrahimi, d’abord présente dans l’équipe technique, est passée de l’autre côté de la caméra pour incarner l’enquêtrice. Son personnage lui a permis d’être couronnée meilleure actrice à Cannes 2022. (Metropolitan)
EL BUEN PATRON
A la tête d’une entreprise de balances, Julio Blanco, patron manipulateur, s’implique sans vergogne dans la vie privée de ses employés pour améliorer la productivité de sa société. En voulant régler tous les problèmes (l’usine attend la visite d’un jury qui doit lui attribuer un prix tandis qu’un ex-employé manifeste devant les portes), Blanco va franchir toutes les lignes. Chef de file de la veine sociale du cinéma espagnol, Fernando Leon de Aranoa signe un réjouissant pamphlet sur la rude descente aux enfers d’un patron excessif et amoral. Avec un plaisir manifeste, Javier Bardem s’empare de ce personnage aussi paternaliste que toxique. (Blaq Out)
LE CRIME DE GIOVANNI EPISCOPO
Humble employé administratif à Rome, Giovanni Episcopo mène, à la fin du 19e siècle, une vie paisible dans une modeste pension de famille. Lors d’une soirée entre amis, il fait la connaissance de Giulio Wanzer, un aventurier malhonnête. Sa vie prend désormais un tournant imprévu : il change de domicile, se lie avec des personnages équivoques et tombe bientôt sous le charme de Ginevra Canale, amante et complice de Giulio Wanzer. Recherché par la police, celui-ci s’enfuit en Argentine. Quant à Episcopo (Aldo Fabrizi), il perd son emploi et ses économies sont dilapidées. Pourtant, Ginevra, désormais seule, devient l’épouse d’Episcopo qui lui donnera même un fils, Ciro. Lorsque Wanzer réapparaît et tente de lui reprendre Ginevra, Episcopo l’assassine et se dénonce ensuite à la police. En s’inspirant du roman Giovanni Episcopo de Gabriele D’Annunzio, publié en 1891, Alberto Lattuada réalise en 1947, un puissant et poignant portrait d’un individu humilié et offensé. (Studiocanal)
JERRY LEWIS
Humoriste, acteur, producteur et réalisateur, Jerry Lewis, disparu en 2017 à l’âge de 91 ans, fut l’un des grands comiques d’Hollywood. Il se fit connaître en duo avec Dean Martin avant de mener une carrière solo qui fut souvent plus appréciée chez nous qu’aux USA. Un beau coffret réunit quinze de ses films des années 50 et 60 et notamment Le zinzin d’Hollywood, satire des studios, Le dingue du palace, folle déambulation d’un groom, Le tombeur de ces dames et sa cascade de gags ou encore Docteur Jerry et Mister Love, délirante variation sur le savant fou… Une belle occasion de découvrir, avec aussi Les tontons farceurs, Jerry chez les cinoques, Jerry souffre-douleur, Cendrillon aux grands pieds, Artistes et modèles, Amour, délices et golf, l’humour selon Jerry Lewis, l’immense clown d’Hollywood… (Paramount)
LA NUIT DU 12
Récemment nommé à la tête de la police judiciaire de Grenoble, Yohan Vivès (Bastien Bouillon) est confronté au crime que tous redoutent, celui où l’assassin n’a laissé aucune trace. Clara, 21 ans, a été aspergée d’essence par un inconnu qui a mis le feu. Qui était-elle ? Une fille « facile » ? Si les investigations se poursuivent, si les suspects existent parmi ses ex, rien n’avance malgré le zèle des enquêteurs. Et Vivès, qui doit aussi gérer les états d’âme d’un de ses collègues (Bouli Lanners), est de plus en plus obsédé par une nuit qui le hante. Récent auteur de Seules les bêtes, Dominik Moll réussit un polar qui refuse le suspense (l’affaire ne sera pas résolue) mais s’interroge notamment sur ce « quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes ». (Blaq Out)
AS BESTAS
Couple de Français, Antoine et Olga sont installés depuis longtemps dans un petit village de Galice en Espagne où ils pratiquent une agriculture éco-responsable et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Hélas, pour ces « quinquas » néo-paysans (bien incarnés par Denis Ménochet et Marina Foïs) qui concrétisent un vieux projet de vie, leur opposition à une implantation d’éoliennes va provoquer, jusqu’à l’irréparable, de graves tensions avec leurs voisins. Remarqué avec des films comme Que Dios nos perdone (2016), El Reino (2018) ou Madre (2019), Rodrigo Sorogoyen organise un thriller psychologique à la fois inquiétant et rusé puisqu’il déplace habilement le regard (et l’empathie…) sur les différents personnages… (Le Pacte)
SPECIAL MAGNUM
Capitaine de la police d’Ottawa, Tony Saitta enquête sur la mort de sa sœur, une étudiante qui a été empoisonnée pour des raisons inconnues. Ce flic dur et cogneur (Stuart Whitman) découvre que la jeune fille (Carole Laure) avait une liaison avec l’un de ses enseignants : le professeur Tracer (Martin Landau). Du peplum au western en passant par l’horreur, Alberto de Martino fut l’un des piliers du cinéma populaire italien. Dans la collection « Make my Day » de Jean-Baptiste Thoret, on trouve ce film hybride (1976) qui mêle le « poliziottesco » avec le polar américain et même une touche de « giallo ». Avec, en prime, une impressionnante course-poursuite de près de dix minutes dans les rues de Montréal… (Studiocanal)
BRUISER Employé de bureau timide et anonyme, Henry Creedlow se réveille un beau matin et constate que son visage a disparu, remplacé par un masque blanc. Il réalise qu’il vient de perdre la chose la plus importante au monde : son identité. Il se lance alors dans une expédition punitive contre tous ceux qui l’ont humilié jusqu’alors. On ne présente plus George Romero, inventeur du cinéma d’horreur moderne avec des œuvres comme La nuit des morts vivants (1968) et auteur d’une saga de films de zombies jamais égalée dont Zombie (1978), l’un des chefs d’oeuvre du cinéma américain des années 70. Dans sa belle collection « Make my Day », Jean-Baptiste Thoret a tourné le projecteur sur Bruiser que Romero tourne en 2000 au terme d’une décennie d’inactivité. Comme tous les films du maître de l’horreur, voici une fable politique radicale sur le monde qui nous entoure, en même temps qu’un drame teinté de mélancolie. Le cinéaste s’est inspiré des Yeux sans visage (1960) de Georges Franju. (Studiocanal)
DENIS VILLENEUVE
Après une première carrière dans son Canada natal avec notamment Polytechnique (2009) puis Incendies (2010), le Québécois Denis Villeneuve est parti en 2013 à Hollywood où il va s’imposer avec de gros succès. Un coffret permet de retrouver trois de ces réussites avec Prisoners (2013) interprété par Jake Gyllenhaal et Hugh Jackman puis Sicario (2015), deux puissants thrillers, le premier poignant sur une course contre la mort pour retrouver des fillettes disparues, le second violent sur la guerre des agents américains contre les cartels mexicains de la drogue. Enfin Dune (2021) est une immense fresque de science-fiction adaptée du roman éponyme de Frank Herbert. Un space-opera visuellement passionnant et justement couronné de l’Oscar de la meilleure photographie… (Warner)
L’INCROYABLE PERIPLE DE MAGELLAN
Si le nom de Magellan est connu, ses exploits sont tombés dans l’oubli car Magellan est un héros maudit, un Portugais au service de l’Espagne… Un traître jamais revenu de son expédition insensée… Pourtant, c’est lui qui a réalisé le rêve de Christophe Colomb. Dans une série documentaire (4 x 52 mn), François de Riberolles (avec une mise en animation des dessins réalisée par Malil’Art) raconte le plus grand exploit maritime de tous les temps, une odyssée hors du commun qui a emmené 237 marins, répartis sur cinq navires, à la découverte de nouvelles terres, d’un nouvel océan, de nouveaux peuples et d’un nouveau monde. (Arte)
UNE POIGNEE DE CENDRES
Dans l’Angleterre des années 30. Brenda (Kristin Scott Thomas) et Anthony Last (James Wilby) ont tout pour être heureux. Ils sont jeunes, riches, beaux et vivent dans une belle demeure victorienne au coeur de la campagne londonienne. Mais Brenda s’y ennuie. Aussi se lie-t-elle très vite d’amitié avec un invité de son mari, John Beaver. (Rupert Graves). Sa belle-mère lui loue un studio dans la capitale. Sous prétexte d’études économiques, Brenda s’y rend de plus en plus souvent. Elle devient la maîtresse de John. Anthony se résigne à vivre seul, en compagnie de leur fils. Mais celui-ci meurt dans un accident. Sous le choc, Brenda avoue sa liaison à son mari. Celui-ci disparaît alors au Brésil… En 1988, Charles Sturridge adapte un roman d’Evelyn Waugh et signe un tableau de l’Angleterre victorienne sur fond de luxe‚ d’oisiveté‚ d’ennui et d’adultère. Une satire cruelle de l’hypocrisie de la noblesse anglaise! (Condor)
R.I.P.D : BRIGADE FANTOME
Policier du Boston Police Department, Nick Walker (Ryan Reynords), est tué lors d’une intervention. Il rejoint alors la brigade fantôme de la RIPD (Rest in Peace Department), une brigade composée d’anciens policiers et hommes et femmes de loi morts. Proctor, sa supérieure, lui attribue comme coéquipier Roicephus « Roy » Pulsipher, un ancien marshal (Jeff Bridges) durant la conquête de l’Ouest. Leur mission est d’éliminer toutes les « crevures » se cachant encore sur Terre. Toutefois, Nick est déterminé à se venger de l’homme responsable de sa mort : son ancien partenaire Bobby Hayes (Kevin Bacon). Robert Schwentke, réalisateur allemand connu à Hollywood pour avoir mis en scène Jodie Foster dans Fight Plan (2005) puis une comédie d’action, Red (2011), tirée d’une bande dessinée avec Bruce Willis, Morgan Freeman, John Malkovich et Helen Mirren, adapte à nouveau un comics de Peter Lenkov, pour un divertissement d’action, quelque part entre Men in Black et Ghostbusters… (Universal)
LES COMBATTANTES
Digne petite sœur du Bazar de la Charité, la série à succès de TF1 en 2019, Les combattantes nous transportent en septembre 1914. Depuis quelques semaines, les combats font rage. Dans un petit village de l’Est de la France, à quelques kilomètres de la zone allemande, quatre femmes se retrouvent projetées au cœur de l’horreur. Marguerite (Audrey Fleurot) est une prostituée parisienne, aussi mystérieuse que flamboyante, que l’on soupçonne d’être une espionne. Caroline (Sofia Essaïdi) est l’épouse de Victor Dewitt, propriétaire d’une usine de voitures, parti au front. Elle se voit propulsée à la tête de l’entreprise familiale, défi colossal et inédit pour une femme du début du siècle. Agnès (Julie de Bona) est la mère supérieure d’un couvent réquisitionné et transformé en hôpital militaire. Dépassée par l’afflux de blessés, Agnès est de plus en plus tourmentée et questionne ses choix de vie. Suzanne (Camille Lou) est une jeune infirmière féministe recherchée pour meurtre. Huit épisodes de 52 minutes autour de quatre femmes héroïques dans un moment tragique de l’Histoire de France. (Universal)
LA PEAU SUR LES OS
Brillant avocat, Billy Halleck fête l’acquittement de son client, le mafieux Richie Ginelli. Sur le chemin du retour, Halleck tue une vieille femme. L’affaire est vite étouffée mais le père de la victime lui jette un sort : alors qu’il est obèse, Billy va se mettre à maigrir, encore et encore, sans pouvoir contrôler un mécanisme qui pourrait signer sa disparition totale… Tom Holland adapte, en 1996, le roman éponyme de Stephen King (qui apparaît brièvement en pharmacien) pour un conte moral sur la déchéance d’un homme rongé de l’intérieur. Un inédit en dvd et Blu-ray marqué par l’humour noir et les effets spéciaux des maquillages. (Rimini Editions)
JOYEUSE RETRAITE 2
Trois ans ont passé. Marilou et Philippe décident de faire découvrir à leurs petits-enfants leur nouvelle maison de vacances au Portugal. Une fois sur place, ils découvrent, horrifiés, que la maison est encore en chantier ! Ce n’est que le début des galères pour les grands-parents car bientôt… ils perdent les gamins. Il ne leur reste plus que deux jours pour les retrouver avant que leurs parents ne les rejoignent… Après un n°1 en 2019 où le couple bourgeois découvrait la retraite, voici un second tour de piste toujours signé Fabrice Bracq avec le tandem Michèle Laroque/Thierry Lhermitte. Le scénario n’est pas bien épais, les stéréotypes sont au rendez-vous. Mais allez, on sourit aimablement… (M6)