ILSA LUND, RICK BLAINE, EDGAR POE, MORRICONE ET WILLY WYLER
CASABLANCA
Une distribution de rêve (n’oublions pas Claude Rains, Paul Henreid, Peter Lorre et Sidney Greenstreet) , une histoire intemporelle sur un amour superbe et maudit, la perte, la rédemption sur fond de lutte contre les nazis… Américain amer et cynique, propriétaire d’un café à Casablanca, Rick Blaine est pris dans un conflit entre l’amour et la vertu : il doit choisir entre ses sentiments pour Ilsa Lund et son besoin de faire ce qui est juste pour aider le mari de celle-ci, le héros de la Résistance Victor Laszlo, qui doit fuir le Maroc pour continuer son combat contre l’occupant. En 1942, Michael Curtiz imagine Casablanca dans les studios d’Hollywood, filme avec grâce Ingrid Bergman et Humphrey Bogart et fait triompher l’idéalisme sur le cynisme dans une période trouble. On a oublié les difficultés de tournage, le scénario inachevé car revoici, dans un coffret, une belle version restaurée et riche en suppléments, ce film romantique mythique devenu une légende. Et on continue à fondre lorsque Rick Blaine entre dans son café, entend As Time Goes By joué au piano par Dooley Wilson et aperçoit enfin la sublime, forcément sublime, Ilsa… L’Oscar du meilleur film était au rendez-vous ! (Warner)
CORMAN – POE
Avec une cinquantaine de films à son actif, Roger Corman, 96 ans, est une figure emblématique du cinéma de série B américain. Dénicheur de talents, il lança Scorsese, Coppola, Dante ou Demme… C’est son passionnant cycle Edgar Poe qui lui a donné ses lettres de noblesse. Entre 1960 et 1964, il réalise en effet huit films qui mettent souvent en scène Vincent Price, son acteur fétiche, entouré de Barbara Steele, Debra Paget, Peter Lorre ou Boris Karloff… Un beau coffret collector (accompagné d’un livre de 146 pages réalisé par Marc Toullec) réunit ces pépites fantastiques que sont notamment La chute de la maison Usher (1960), La chambre des tortures (1961), L’enterré vivant (1962), L’empire de la terreur (1962), Le corbeau (1963), La malédiction d’Arkham (1963), La tombe de Ligeia (1964) et Le masque de mort rouge (1964). (Sidonis Calysta)
ENNIO
« Je n’ai jamais pensé que la musique serait mon destin… » Et pourtant, musicien marathonien, Ennio Morricone (1928-2020), qui débuta, enfant de la guerre, à la trompette dans les bals populaires, a signé plus de 500 musiques de films, de symphonies, de chansons, devenant mondialement célèbre… Quelques mois avant la mort du maître, Giuseppe Tornatore, dont Morricone écrivit la b.o. de Cinéma Paradiso, le rencontra pour un long entretien qui allait aboutir à un imposant documentaire sur l’auteur des mélodies du Bon, la brute et le truand, des Incorruptibles ou du Clan des Siciliens. Le film est enrichi de nombreux extraits de films et de témoignages comme ceux de Joan Baez ou Bruce Sprinsteen, Quentin Tarantino ou Clint Eastwood. (Le Pacte)
LES GRANDS ESPACES
Retraité de la Marine, James McKay rejoint sa fiancée Patrica Terrill dans l’Ouest. Fraîchement accueilli par Steve Leech, le contremaître du ranch Terrill, il va se retrouver, malgré lui, au coeur d’un conflit entre les Terrill et la famille Hannassey pour une terre abritant le principal point d’eau de la région et propriété de la belle et indépendante Julie Maragon… Le Mulhousien William Wyler s’est fait la main, dans ses jeunes années hollywoodiennes, sur de multiples courts westerns muets. En 1958, il renoue avec le genre en magnifiant les vastes espaces pour servir une romance aux airs de vengeance. Excellent directeur d’acteurs, Wyler met en scène, dans une belle distribution, un grand Gregory Peck en type droit confronté à des « valeurs viriles » qui ne sont pas les siennes… Autour de lui, on remarque Jean Simmons, Charlton Heston, Carroll Baker et Burl Ives qui obtiendra l’Oscar du meilleur second rôle… (Sidonis Calysta)
GHOST DOG, LA VOIE DU SAMOURAI
A Jersey City, un tueur à gages afro-américain vit selon le code d’honneur des samouraïs du Japon médiéval. On ne connaît ce solitaire qui prend plaisir à nourrir ses pigeons que sous le nom de Ghost Dog, soit « chien fantôme ». Il est totalement dévoué à Louie, son « Maître », un second couteau de la mafia italienne, qui lui sauva autrefois la vie. Lorsque la fille du Parrain est témoin de l’un de ses contrats, la vie du tueur est en péril. En 1999, Jim Jarmush dirige un Forest Whitaker mutique mais subtil dans un thriller nocturne qui revisite, voire déconstruit, le film de samouraï sur une puissante bande originale mixée et arrangée par le rappeur américain RZA. Porté par une figure perdue hors du temps, le polar cultive les références, la plus important pour Jarmusch, étant Le samouraï de Jean-Pierre Melville. (Le Pacte)
DECISION TO LEAVE
Détective courtois mais chevronné et consciencieux, Hae-Joon enquête sur la mort suspecte d’un homme en pleine montagne. Bien vite, il soupçonne Seo-Rae, la femme du défunt, peu émue, ni ébranlée par la perte de son mari. Son comportement est si surprenant pour une veuve que la police la considère comme suspecte. Déstabilisé par l’attirance immédiate qu’il nourrit envers cette femme insondable, l’enquête de Hae-Joon vire à la romance ambiguë… Réalisateur du puissant et violent Old Boy (2003), le cinéaste sud-coréen Park Chan-wook s’appuie sur une solide trame de polar pour cultiver un sulfureux drame romantique, certes surchargé mais reposant sur un scénario astucieux et déroutant. Un récit élégant en forme de puzzle couronné par le prix de la mise en scène à Cannes 2022. (M6)
SEUL DANS LA NUIT
Dans Paris, un assassin commet une suite de crimes… Chaque fois que l’un d’eux est perpétré, on entend la voix de Jacques Sartory, un célèbre chanteur, fredonnant sa chanson favorite Seul dans la nuit…. Dans un Paris nocturne, l’inspecteur Pascal de la PJ plonge dans les coulisses du spectacle pour résoudre l’énigme. En 1945, Christian Stengel, cinéaste aujourd’hui oublié, signe son troisième long-métrage (présenté dans une bonne version restaurée), mêle la satire et le macabre pour distiller l’atmosphère oppressante du film policier tout en cultivant un ton léger et comique. En enquêteur, Bernard Blier obtient, ici, l’un de ses premiers rôles en tête d’affiche. Dans la solide distribution, on trouve aussi le chanteur Jacques Pills et la charmante et pétillante Sophie Desmarets en amoureuse de l’inspecteur Pascal. (Pathé)
LE MONDE ET SA PROPRIETE
Dirigée par Gérard Mordillat, Christophe Clerc et Bertrand Rothé, la série documentaire Le Monde et sa propriété interroge sur ce qu’est, en 2022, la propriété. Est-ce un modèle absolu et inviolable qui structure nos relations sociales ? Est-ce une forme obsolète dans le capitalisme contemporain ? Ses contradictions peuvent-elles conduire à son dépassement ? Professeurs de droits, économistes, historiens et philosophes interrogent cette notion à travers les âges et les continents et tentent de la redéfinir au 21e siècle. Cette passionnante enquête se développe sur quatre épisodes : d’abord à travers la notion de droit naturel, puis par la question de la propriété du corps, ensuite par celle de l’intelligence, et enfin par celle de la terre, c’est-à-dire la propriété collective… (Arte)
HPI – SAISON 2
En tenue flashy, Morgane Alvaro est de retour dans une saison 2 qui compte à nouveau huit épisodes (52 mn) dans lesquels cette femme de ménage surdouée, devenue consultante de la PJ de Lille, réussit à résoudre, grâce à sa vivacité d’esprit et son haut potentiel intellectuel, des affaires volontiers alambiquées. Avec la saison 1, les fans de série française avaient plébiscité la flamboyante Audrey Fleurot toujours confrontée à ses problèmes d’autorité. On la retrouve, au fil de nouvelles enquêtes, donnant, malgré divers déboires, de précieux coups de main à l’inspecteur Karadec (Medhi Nebbou) en s’appuyant sur son QI à 160. Une réussite ! (UGC)
BERLIN 56 & 59 & 63 – L’INTEGRALE
Voici l’histoire d’une famille allemande à Berlin, les Schöllack, quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Une mère et ses trois filles font face au nouveau monde qui se présente et aux changements en cours. Caterina, la mère (qui n’a qu’un seul objectif dans la vie : marier ses trois filles) est propriétaire d’une prestigieuse école de danse située sur le Kurfürstendamm, la « vitrine » de la RFA. Berlin 56 est le premier volet d’une mini-série allemande (six épisodes de 45 mn) créée par Annette Hess qui se déclinera ensuite avec un second volet (Berlin 59) puis un troisième (Berlin 63) où les Schöllack célèbrent ensemble le réveillon de Noël. Après un réveillon mouvementé, Caterina Schöllack est renversée par un bus et grièvement blessée. Monika, l’une des filles, fait une fausse-couche après une nuit de danse et Helga, qui s’occupe de l’école de danse pendant que sa mère est hospitalisée, engage un professeur de danse latine argentin.. (Arte)
LA TRAVERSEE
Éducateurs en banlieue, Alex et Stéphanie partent pour Marseille avec cinq ados déscolarisés pour faire une traversée de la Méditerranée et ainsi tenter de les réinsérer par les valeurs de la mer. Las, au port, ils constatent que Riton, leur skippeur, est un ancien policier de la BAC… La cohabitation sur le même bateau pour une quinzaine de jours s’avère d’entrée bien compliquée. Le réalisateur Varante Soudjian signe une comédie qui, si elle n’évite pas les clichés, est néanmoins chaleureuse. Autour d’Alban Ivanov, Lucien Jean-Baptiste et Audrey Pirault, les jeunes ados sont pleins d’énergie. Un film qui prône la bienveillance et le respect. (Metropolitan)
LA PETITE BANDE
Quand une bande de collégiens décident de faire un truc de dingues… Après un exposé sur l’écologie, Cat, Fouad, Antoine, Sami et Aimé, vivant en Corse, imaginent de faire sauter l’usine du coin. Chacun a ses raisons de passer à l’acte mais lorsqu’ils arrivent à l’usine, une personne est à l’intérieur. En pleine improvisation, ils la capturent et l’enferment dans une cabane en forêt… Auteur d’agréables comédies enlevées (Hors de prix ou En liberté !), Pierre Salvadori réussit, ici, un bon et malicieux divertissement rocambolesque sur des gamins touchants tant ils sont aux prises avec de (vraies) préoccupations qui les dépassent de beaucoup… (Gaumont)
8 MILE
8 Mile Road, c’est le nom d’une route qui sépare la ville de Détroit, majoritairement noire, et la banlieue nord, majoritairement blanche… Jimmy, jeune type déprimé, travaille dans une usine de tôle de voitures. Il est obligé de déménager au nord de 8 Mile Road, à Warren où il habite dans une caravane avec sa mère alcoolique (Kim Basinger), sa sœur Lily et le conjoint squatteur de sa mère. Jimmy essaie de faire décoller sa carrière musicale, mais il semble incapable de profiter des occasions qui se présentent. En 2002, Curtis Hanson met en scène le rappeur Eminem qui décrochera l’Oscar de la meilleure chanson originale pour Lose Yourself, devenue l’un de ses titres à succès. (Universal)
LA FORET SILENCIEUSE
Parcourant à longueur d’année les forêts d’Allemagne pour en analyser les sols, la géologue Anja Grimm va, lors d’une fouille, faire une découverte troublante en lien avec la mort de son père, mystérieusement disparu alors qu’elle était enfant. Persuadée qu’il pourrait être enterré dans le coin, Anja se lance, contre l’avis des autorités locales, dans une enquête méthodique. Elle plonge alors dans les secrets d’une région marquée par un terrifiant passé. La comédienne allemande Saralisa Volm débute à la réalisation dans ce thriller, au coeur de la brumeuse forêt bavaroise, où les autochtones sont de plus en plus inquiétants… (Condor)
LOOPER
En 2074, le voyage dans le temps a été mis au point. Comme la technologie d’identification est tellement développée qu’il est impossible de camoufler un crime, les organisations criminelles utilisent le voyage dans le passé pour se débarrasser des individus gênants en les envoyant vivants dans le passé pour que ces derniers soient exécutés et faire disparaître définitivement leur corps. Pour cette raison, le voyage dans le temps a été déclaré illégal. Révélé par Brick (2005), un film noir « à l’ancienne » dans un lycée, couronné du prix spécial du jury au festival de Sundance, Rian Johnson signe un remarquable film de science-fiction, teinté de mélancolie, autour des « loopers », les tueurs à gages abattant les cibles envoyées du futur. Une œuvre hybride et foisonnante dans l’esprit de l’excellente Armée des douze singes (1995) de Terry Gilliam. En tête d’affiche : Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis… (M6)
MENTEUR
Jérôme Berada a un gros défaut : il ment tout le temps. Pour lui, ce n’est pas un problème mais autour de lui, on est excédé. Ce mythomane et menteur compulsif qui veut constamment impressionner, va être pris à son propre jeu. Et le destin va se venger puisque les mensonges de Jérôme vont véritablement prendre vie. Son existence devient désastreuse. Réalisateur des Tuche, Olivier Baroux adapte, ici, le film québecois éponyme qui pose une question fondamentale : pourquoi on ment ? Portée par le tonique Tarek Boudali , Artus (excellent en frère loser) et Pauline Clément, voici une comédie « grand public » qui se regarde agréablement… (Gaumont)
LES MINIONS 2 – IL ETAIT UNE FOIS GRU
Au coeur des sixties, Gru rêve de rejoindre un fameux groupe de super méchants, les Vicious 6, dont il est le plus grand fan. Secondé par les Minions, de petits compagnons aussi turbulents que fidèles, il échafaude une stratégie pour se mettre au même niveau que ses idoles…Lorsque la bande vire son chef, Gru auditionne pour intégrer l’équipe… Après le gros succès du premier Minions en 2015, le réalisateur Kyle Balda, dans ce cinquième film de la franchise Moi, moche et méchant, renoue avec le succès en racontant, avec des clins d’oeil aux films de Kung-fu, l’enfance du maléfique Gru, le vilain de la franchise… (Universal)