Une année mulhousienne pour William Wyler
Avec ses copains Edmond Cahen et Paul Jacob, le petit Willy s’amusait volontiers sur le Hardäpfelmarkt, l’une des grandes places de Mulhouse… Un terrain de jeu à la hauteur d’un Wackes des premières années du siècle précédent. Mais le fils de la mercerie Wyler, installée au 18, rue du Sauvage dans le centre-ville de l’agglomération haut-rhinoise, était promis à un autre destin…Entre le 120e anniversaire de la naissance (le 1er juillet 1902) de William Wyler à Mulhouse et le 100e anniversaire de son arrivée à Hollywood, il y a assez de raisons pour faire de 2022 l’année William Wyler à Mulhouse.
« Nous autres Mulhousiens, avons souvent des complexes d’infériorité par rapport à d’autres villes, d’autres régions… » C’est Michèle Lutz, la maire de Mulhouse qui parlait ainsi, lors du récent lancement de l’année Wyler. « On ne dit pas assez quand il y a de la fierté à partager, la fierté que la ville ait vu naître quelqu’un comme William Wyler ». La fierté est légitime car le cinéaste est une haute figure d’Hollywood et s’il suffisait de compter les Oscars, on pourrait dire que Wyler a tout juste. 127, c’est le nombre de nominations aux prestigieux Academy Awards pour les films de Wyler. Dont la moitié dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur ou meilleur acteur. Ses films ont remporté 38 fois la statuette. Si le cinéaste, nommé douze fois comme meilleur réalisateur, a raflé trois récompenses, ses acteurs et actrices ont été nommés 35 fois et ont obtenu treize Oscars pour leurs interprétations. A cet égard, on se souvient avec ravissement de la première apparition majeure d’une certaine Audrey Hepburn dans Vacances romaines (1953). La gracile comédienne a 24 ans et Wyler la place au cœur d’un bijou de comédie romantique, tournée en extérieurs à Rome, sur les amours impossibles d’une princesse et d’un journaliste…
William Wyler n’était pas, comme le chantait Brassens, l’un de ces « imbéciles heureux qui sont nés quelque part ». Sa vie, il l’a faite du côté d’Hollywood, entre son métier et sa famille. Mais le natif de Mulhouse professait cependant un réel et profond attachement à sa ville. Au fil de ses déplacements, il ne manquait jamais de passer par l’Alsace, voir ses amis et humer l’air du pays. Votre serviteur a pu s’en aviser, un soir de 1974 au fond du Sundgau, en partageant une table autour de laquelle avaient pris place, outre Edmond Cahen, l’ami d’enfance, Willy Wyler, sa femme Margaret et leur fils David.
Pour fêter William Wyler, Mulhouse va mettre les bouchées doubles avec une rétrospective de ses films en salles, une exposition au Musée historique (fin juin à fin septembre), un court-métrage et une expo photos par trois classes de collégiens de la ville sous la direction d’Olivier Arnold, réalisateur et professeur au collège Wolf, le festival de l’écriture MotàMot sur le thème Ecriture et cinéma.
Temps fort, au début juillet, avec la présence d’une trentaine de membres de la famille Wyler venue des Etats-Unis pour, notamment, l’inauguration d’une fresque monumentale (le lieu reste à définir), une soirée « électro-péplum » à Motoco (le 2 juillet), une soirée spéciale Ben-Hur au Musée national de l’automobile (le 28 juillet) et la parution attendue de William Wyler, de L’Alsace à Hollywood, la première biographie en français de William Wyler due à la plume du Mulhousien de Paris Jean Walker.
Avec l’année Wyler, l’usine à rêves s’exporte à Mulhouse !