RUBEMPRÉ, SREBRENICA, SIBÉRIE, VOIX, DISPARITION…

ILLUSIONS PERDUES
Illusions PerduesJeune poète idéaliste et désargenté, Lucien de Rubempré monte à Paris pour y satisfaire ses ambitions. Livré à lui-même dans une ville trépidante et cruelle, il découvre que la vie littéraire, intellectuelle et artistique parisienne du 19e siècle est placée sous le signe du cynisme économique. « Tout s’achète et tout se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes ». C’est le credo des personnages qui l’entourent et avec lesquels Rubempré va perdre sa candeur et son innocence… Xavier Giannoli adapte le roman-fleuve de Balzac et offre à Benjamin Voisin, entouré d’une brassée d’excellents comédiens, un rôle fort dans une fresque sans temps morts malgré ses 149 minutes. Au-delà la qualité de la reconstitution, le film (largement couronné aux César) a d’évidents accents contemporains lorsqu’il évoque assez rageusement au demeurant, les médias. (Gaumont)
LA VOIX D’AIDA
Voix AidaEn juillet 1995 en Bosnie, l’armée serbe écrase tout sur son passage. A Srebrenica, la terreur menace. Plus de 8000 hommes et adolescents seront bientôt victimes d’un vrai génocide perpétré par les troupes de Ratko Mladic. Modeste professeur d ‘anglais au lycée de la ville, Aida Selmanagic est réquisitionnée comme interprète auprès des Casques bleus hollandais. Leur camp est bientôt submergé par les habitants terrorisés qui tentent d’y chercher refuge… Aida, qui croit en l’ONU, pense que sa famille sera en sécurité dans le camp. Mais le pire est inévitable et tout s’effondre autour d’elle. Avec l’excellente comédienne Jasna Durirc, la cinéaste Jasmila Zbanic réussit un drame tendu et absolument poignant sur la trajectoire émotionnelle d’Aida tout comme sur les forfaits monstrueux de Mladic. Avec la séquence du gymnase, on ne peut s’empêcher de penser à Auschwitz. (Condor)
LA LETTRE INACHEVÉE
Lettre InachevéeTrois ans après son fameux Quand passent les cigognes qui fit sa gloire et sa réputation, le Russe Mikhaïl Kalatozov retrouve Sergueï Ouroussevski, son formidable chef-opérateur ainsi que la comédienne Tatiana Samoïlova. En 1960, il raconte l’aventure d’une expédition géologique, dirigée par Konstantin Sabinine, qui part en Sibérie identifier, pour le compte de l’Etat, des gisements de diamants. Bientôt les éléments mettront les chercheurs en péril. Konstantin (qui le raconte dans une lettre à sa femme) décide pourtant de poursuivre… Les drames vont se multiplier. Au temps de la déstalinisation, une épopée tragique et lyrique (Ouroussevski signe des images souvent époustouflantes de beauté) sur fond de confrontation entre l’homme et la nature. (Potemkine)
ALINE
AlineAu Québec, à la fin des années 60, Sylvette et Anglomard accueillent leur 14e enfant : Aline. Dans la famille Dieu, la musique est reine et quand Aline grandit, on lui découvre un don : elle a tout bonnement une voix en or. Face à la jeune prodige, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde. En jonglant entre vérité et fiction, ne craignant pas un certain kitsch, Valérie Lemercier (qui avoue sa fascination pour Céline Dion et qui fut couronné aux César pour sa performance) réussit une comédie dramatique autour de la carrière et de la vie privée de la star. Il y a là une fraîcheur de bon aloi et une tendresse pour le personnage qui emporte l’adhésion. (Gaumont)
DRIVE MY CAR
Drive My CarAlors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre de la perte brutale d’Oto, son épouse et muse, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter, en résidence, Oncle Vania de Tchekhov dans un festival à Hiroshima. Comme Kafuku (excellent Hidetoshi Nashijima) a des problèmes de vision, la production lui a assigné, pour conduire sa Saab 900, un chauffeur, en l’occurrence Misaki, une jeune femme très réservée. Au fil des trajets et de longs échanges existentiels, la sincérité croissante de l’artiste et de Misaki (Toko Miura) les oblige à faire face ensemble à leur passé. Adaptant une nouvelle de Haruki Murakami, le Japonais Ryüsuke Hamaguchi signe, ici, une fresque intime émouvante, admirablement mis en scène autour du thème de la disparition… Le film a obtenu le prix du meilleur scénario au dernier Festival de Cannes. (Diaphana)
SATYAJIT RAY
Coffret Satyajit RayC’est Akira Kurosawa qui le dit : « Ne jamais avoir vu un film de Satyajit Ray, c’est comme ne jamais avoir vu la lune ou le soleil ». Un beau coffret, avec des versions restaurées, permet de se plonger dans l’œuvre du plus célèbre des cinéastes indiens (1921-1992) avec six films réalistes et intimistes. La grande ville (1963) met en scène une femme active, mal vue par son mari et ses beaux-parents conservateurs. Charulata (1964) raconte l’histoire d’une femme qui se réfugie dans les arts pour combler son ennui. Drame sentimental, Le lâche (1965) évoque les retrouvailles d’un scénariste avec son amour de jeunesse. Le saint (1965) évoque les manœuvres d’un gourou doublé d’un escroc. Le héros (1966) observe un acteur vedette en perte de vitesse qui rencontre une journaliste à laquelle il se confie. Enfin, Le dieu éléphant (1979) conte les aventures d’un détective privé sur la trace d’une rare statuette de Ganesh. Dans les suppléments, outre une analyse du style de Ray par le critique Charles Tesson, on trouve un entretien avec le cinéaste réalisé en 1981 pour la télévision. (Carlotta)
ALBATROS
AlbatrosCommandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat, Laurent aime son métier malgré sa confrontation régulière avec la misère sociale, l’horreur ou le désarroi. Alors qu’il prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette, il voit sa vie basculer en voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider… C’est en lisant un fait-divers sur un agriculteur au bord du précipice et qui a fini par péter les plombs, que Xavier Beauvois a l’idée de son film. Mais, en s’appuyant sur le remarquable Jérémie Rénier, le cinéaste, tout en conservant un regard plein d’acuité sur le monde paysan, a construit sa chronique en la centrant sur les forces de l’ordre à travers le drame terrible et imprévisible qui bouleverse Laurent puis sa tentative de reconstruction dans un voyage vers Terre-Neuve comme ses ancêtres marins… Le portrait d’un homme déchiré par une erreur irréparable… (Pathé)
LA FRACTURE
FractureAu cours d’une nuit hivernale de 2018, Raf se fracture le bras et se retrouve aux urgences d’un grand hôpital parisien. Couple au bord de la rupture, Raf (Valeria Bruni Tesdeschi) et Julie (Marina Foïs) découvrent un service débordé un soir de manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann (Pio Marmaï), un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. En pleine crise sanitaire, Catherine Corsini, remarquée avec Trois mondes (2012) et La belle saison (2015), se penche sur l’asphyxie qui gagne dans l’hôpital public tandis que le personnel soignant tente de gérer au mieux la pénurie et les conflits. La cinéaste appréhende bien la crise au quotidien et saisit l’humanité à l’œuvre, tout en réussissant aussi à introduire un brin d’humour dans le chaos… (Le Pacte)
TYPHOON
TyphoonDepuis sept ans, Chun-li vit dans la station météorologique d’Alishan au cœur de la montagne taïwanaise. Délaissée par son mari, elle trompe son ennui en s’abîmant dans l’alcool. Un jour, le quotidien du couple est bouleversé par l’arrivée de Zhang et de sa fille Zhen-zhu. Séduite par l’homme et émue par l’enfant, Chun-li se sent revivre à nouveau. Elle ne sait pas que Zhang est un gangster en cavale qui fait passer une fugueuse pour sa fille. Réalisé en 1962 (et bien restauré), le film de Pan Lei est devenu un classique du cinéma taïwanais des sixties. Le cinéaste excelle à filmer un tourbillon de sentiments tandis que la nature sert de révélateur à des personnages d’outsiders… Produit par le studio national de la République de Chine, le film frappe cependant par sa liberté de ton qui fait fi de la propagande d’Etat. (Carlotta)
MANY SAINTS OF NEWARK
Many Saints NewarkIl faut le dire d’entrée… Sous-titré Une histoire des Soprano, le film est du sur-mesure pour les fans de la série télé (qui s’est achevée en 2007) considérée comme l’une des meilleures de tous les temps. Sur les pas du jeune Anthony Soprano dans ce qui apparaît comme un prequel plutôt qu’une suite, on plonge dans l’une des époques les plus tumultueuses de l’histoire de Newark, dans un contexte explosif de guerre des gangs. A cette époque, des gangsters rivaux commencent à se lever et à défier la toute puissante famille criminelle DiMeo, notamment l’oncle de Tony, Dickie Moltisanti. L’influence de ce dernier sur son neveu va contribuer à transformer un adolescent impressionnable en chef tout-puissant de la mafia. Sur fond de violence brutale et soudaine, on ne peut s’empêcher évidemment de songer à James Gandolfini, disparu en 2013, qui imposa le personnage de Tony Soprano. (Warner)
L’AMBASSADEUR
AmbassadeurAmbassadeur des Etats-Unis en Israël, Peter Hacker (Robert Mitchum) est tout sauf un diplomate conventionnel. Même s’il entre régulièrement en conflit avec le ministre israélien Eretz (Donald Pleasence), il est bien décidé à tout mettre en œuvre pour ramener la paix au Moyen-Orient, notamment en tentant de rallier les forces de la jeunesse israélienne et palestinienne. Mais Hacker a un talon d’Achille. Son épouse (Ellen Burstyn) a une aventure avec un antiquaire (Fabio Testi) qui est, en réalité, un ponte palestinien. Hacker est rapidement la cible d’attaques qui veulent le mettre hors d’état de mener sa mission à bon terme. Frank Stevenson, son chef de la sécurité (Rock Hudson dans sa toute dernière apparition au cinéma) fait tout ce qu’il peut pour le protéger. Sorti en 1984, le film de Jack Lee Thompson est un thriller politique imaginaire mais qui montre que peu de choses ont changé sur le sujet… (Sidonis Calysta)
SUPER EXPRESS 109
Super Express 109En gare de Tokyo, quelque 1500 passagers viennent de prendre place à bord du Shinkansen, train à grande vitesse à destination de Hakata, dans l’ouest du Japon. Peu après son départ, le directeur de la sécurité ferroviaire reçoit un appel anonyme. Un inconnu qui réclame une rançon de 5 millions de dollars, explique avoir déposé une bombe à bord. Celle-ci explosera si la vitesse du train descend en-dessous de 80 km/heure. Produit par les studios Toei et réalisé en 1975 par Junya Sato, Super Express 109 (a.k.a. The Bullet train) est un modèle du film-catastrophe nippon qui a marqué les esprits pour son scénario enlevé et sa réalisation ambitieuse, enfin pour son affiche qui réunit des stars japonaises comme Ken Takakura (vu en 1975 dans Yakuza de Sydney Pollack). A la fois policier, suspense et critique sociale (notamment pour les raisons motivant le chef des assaillants), le film sort en version intégrale et restaurée dans une édition prestige limitée. (Carlotta)
BARBAQUE
BarbaqueSophie derrière sa caisse et Vincent Pascal en train de découper ses viandes, forment un couple de bouchers de Melun. Mais leur couple comme leur commerce bat largement de l’aile. Tout se déglingue encore plus lorsque des militants végans attaquent et démolissent la boutique. Par hasard, le couple va croiser l’un des assaillants qui est tué accidentellement. Vincent se demande ce qu’il va faire du corps. Une idée lui vient… Bientôt les clients se bousculent à son étal pour goûter un très succulent… porc d’Iran. Fabrice Eboué, en compagnie de Marina Foïs (Sophie) livre, sur un sujet d’actualité, un satire féroce, façon « bête et méchant », qui n’épargne personne. Dans le genre épouvante cannibale, voici une comédie gentiment subversive qui fait agréablement rigoler, surtout quand on aime la viande… (Universal)
MORT OU VIF
Mort VifSam Raimi était connu pour le très horrifique et culte Evid Dead quand Sharon Stone lui proposa en 1995 de réaliser ce western (présenté en compétition à Cannes) dont la trame est fournie par un ancien et terrible traumatisme qui affecte le personnage incarnée par la star de Basic Instinct. En 1881, dans le bourg de Redemption, a lieu un concours annuel qui récompense le meilleur tireur. Jusqu’à présent, Herod, le tyrannique maître de la ville, a toujours gagné. Mais voilà que débarque Ellen, une ravissante étrangère. Elle a décidé de participer au concours pour assumer une lointaine vengeance. Autour de Sharon Stone, on trouve Gene Hackman en pure ordure, Russell Crowe et un quasi-débutant de 21 ans nommé Leonardo DiCaprio. (L’Atelier d’images)
MAMZELLE BONAPARTE
Mamzelle BonaparteCélèbre demi-mondaine, la ravissante Cora Pearl a séduit l’aristocratie du Second Empire, notamment Jérôme Napoléon alias Ponpon, le cousin germain de Napoléon III… En 1941, le cinéaste Maurice Tourneur s’empare de l’histoire (vraie) de cette femme galante pour un grand mélodrame dans lequel Edwige Feuillère trouve un rôle à sa mesure en pétulante maîtresse. Lors d’un voyage en compagnie de son amant dans la campagne française, Cora fait la connaissance de Philippe de Vaudrey, aristocrate légitimiste dont elle tombe follement amoureuse. Vaudrey, qui ignore la vraie identité de Cora, complote contre l’empereur. Lucy de Kaula, une courtisane jalouse de Cora, va lui révéler qui est réellement son aimée… (Gaumont)
SAIS-TU POURQUOI JE SAUTE ?
Sais Tu Pourquoi SauteQuand Naoki Higashida, un adolescent atteint d’autisme non-verbal, écrit à l’âge de 13 ans Sais-tu pourquoi je saute ? il ne se doute pas qu’il va être à l’origine de la sensibilisation à cette maladie, et devenir ainsi le porte-parole de tous ceux qui, comme lui, sont incompris. Pour la première fois, le monde découvre que l’esprit d’un autiste est doté d’autant de curiosité, de subtilité et de complexité que celui de n’importe qui. Réalisé par Jerry Rothwell, ce touchant documentaire mêle les écrits autobiographiques de Naoki Higashida et les portraits de cinq jeunes autistes à travers le monde. Un fantastique voyage sensitif où les paysages, les sons et les couleurs permettent de mieux appréhender l’univers et le quotidien des autistes. Une véritable immersion grâce à Joss, Emma, Ben, Amrit et Jestina qui nous amènent dans leur sphère aller au-delà des idées reçues. (L’Atelier d’imges)

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