LES JUMEAUX, LES KEPIS BLANCS, UN HOMME TRANS ENCEINT ET LA MANGANO
PETITE SŒUR
Dramaturge allemande, Lisa a mis sa carrière en pause pour suivre son mari, directeur d’un luxueux institut de formation, en Suisse et se consacrer à sa famille. Lorsque son frère jumeau, Sven, célèbre acteur de la Schaubühne berlinoise, est atteint de leucémie, Lisa va tout mettre en œuvre pour permettre à Sven de remonter sur scène. Les cinéastes suisses Stéphanie Chuat et Véronique Reymond brossent, avec Schwesterlein (en v.o.), un émouvant portrait d’un couple frère/sœur qui se rapproche dans le combat contre la maladie. Dans cette lutte, Lisa voit aussi renaître son désir de créer… Nina Hoss (vue dans Barbara et Phoenix) et Lars Eidinger (mis en scène par les Français Olivier Assayas dans Sils Maria ou Guillaume Gallienne dans Maryline) donnent superbement corps à une puissante relation fraternelle. Dans la distribution, on remarque aussi Marthe Keller ou le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier. Dans les bonus, les deux cinéastes reviennent, en longueur, sur leur film… (Arizona Films)
MON LEGIONNAIRE
Sur son lit dans la nuit, Maxime murmure : « Je suis heureux d’être là » et Céline, sa femme, soupire : « Alors, pourquoi, tu n’es pas là ? » Le lieutenant Maxime Beaumont est à la tête d’une section de la deuxième compagnie du Régiment étranger parachutiste. Avec son second long-métrage après l’intimiste Baden-Baden (2016), Rachel Lang ausculte des existences dédiées à l’Armée, celles évidemment des soldats affectés, ici, à des opérations extérieures mais aussi, et simultanément, celles de leurs familles et plus précisément celles des épouses restées à l’arrière, au cœur des beaux paysages sauvages de Corse. Chronique du quotidien des combattants sur le terrain (ici au Sahel) et récit de la vie quotidienne de femmes qui sont toujours dans l’attente et dans la crainte de la nouvelle qui anéantirait leurs vies. La cinéaste strasbourgeoise voit aussi son film comme l’histoire de Pénélope et d’Ulysse, un couple placé en milieu hostile mais réuni par le combat. (Blaq Out)
A GOOD MAN
Remarquée avec Les héritiers (2014) et Le ciel attendra (2016), deux films forts sur l’éducation et l’embrigadement d’une jeune femme pour le djihad, Marie-Castille Mention-Schaar se penche, avec l’histoire d’Aude et de Benjamin, sur un désir de parentalité qui n’a pas de genre. En effet, alors qu’Aude ne peut avoir d’enfant, c’est son compagnon qui décide de le porter car, avant d’être Benjamin, infirmier sur l’île de Groix, il/elle était Sarah. Passionnée par la question du genre, la cinéaste raconte, ici, l’aventure, inspirée de faits réels, d’un homme en devenir qui finit, face à la puissance du désir d’enfant, de porter le bébé. Au côté de Soko (Aude), Noémie Merlant (magnifique dans Portrait de la jeune fille en feu ou Les Olympiades) est bluffante de vérité et de justesse en homme trans. (Pyramide)
ANNA
Premier sex-symbol italien d’après-guerre avec ses bas noirs et son short court dans le mythique Riz amer (1949) de Giuseppe De Santis, Silvana Mangano était capable de tout jouer. C’est ainsi, qu’en 1951, Alberto Lattuada lui confie le personnage d’Anna, une jeune novice, qui travaille comme infirmière dans un hôpital de Milan où médecins et patients louent sa douceur et son zèle. Un jour, l’hôpital reçoit un accidenté de la route gravement atteint. Anna reconnaît Andrea, son grand amour d’antan. Elle se souvient alors de son passé et est d’autant plus bouleversée qu’Andrea veut toujours l’épouser. Un beau mélodrame où, même sous la cornette, la Mangano (entourée de Raf Vallone, Jacques Dumesnil et Vittorio Gassman) demeure sublime… (Gaumont)
JAZZ ON A SUMMER’S DAY
Un plateau de rêve ! En 1958, des légendes du jazz se retrouvent au festival de Newport. Il y a là, Louis Armstrong, Mahalia Jackson, Chuck Berry, Gerry Mulligan, Dinah Washington, Thelonious Monk, Jack Teagarden, Anita O’Day, Chico Hamilton… Et Bert Stern, l’un des plus célèbres photographes de mode américains, auteur notamment des ultimes clichés de Marilyn Monroe en 1962. Stern (1929-2013) va signer un remarquable documentaire, toujours considéré comme l’un des meilleurs concerts de jazz filmé de tous les temps. Pour la première en dvd et blu-ray, dans une restauration 4K, un hymne à la musique et un beau témoignage sur l’Amérique de la fin des années cinquante. Une référence du film musical pour le double plaisir des yeux et des oreilles ! (Carlotta)
LE VAMPIRE DE DUSSELDORF
En 1931 déjà, Fritz Lang avait signé l’un de ses films majeurs en s’inspirant de Peter Kürten pour le magnifique M le maudit. En 1965, Robert Hossein s’empare aussi de ce fait-divers sanglant dans l’Allemagne gagnée par la montée du nazisme. Tout en suavité glaciale, le cinéaste campe ce serial-killer aussi inquiétant que fascinant. Ouvrier le jour, en tenue bourgeoise la nuit, rien ne semble cependant indiquer qu’il pourrait être celui que la presse surnomme « Le vampire de Düsseldorf ». Pourtant Kürten rôde, prédateur redoutable qui séduit ses victimes avant de les assassiner. Tandis que la police est sur les dents, le tueur tombe fou amoureux d’Anna, une chanteuse de cabaret (Marie-France Pisier). Un étonnant film d’horreur « à la française ». Dans les bonus, Robert Hossein raconte l’aventure du film. (Sidonis Calysta)
RIDERS OF JUSTICE
Militaire danois engagé sur le théâtre d’opération de la guerre d’Afghanistan (où il lui reste encore trois mois de service), Markus doit rentrer, d’urgence, chez lui pour s’occuper de Mathilde, sa fille adolescente. En effet, l’épouse de Markus vient de mourir tragiquement dans un accident de métro… Bientôt Markus est convaincu que l’accident est en fait un attentat soigneusement orchestré par un gang, les Riders of Justice, contre l’un de leur ex-membre. Aidé par Otto, un scientifique excentrique qui était dans le métro et qui a survécu, Markus se lance dans sa propre enquête… Entre le film de vengeance et la comédie bien noire, le réalisateur danois Anders Thomas Jensen, connu pour son savoureux Les bouchers verts (2003), réussit un solide thriller un peu barré et porté, dans le rôle de Markus, par l’impérial Mads Mikkelsen. (M6)
LE JOUR DU DAUPHIN
Au sein d’un complexe scientifique sur une île retirée dans les Keys, en Floride, Jack Terrell et son équipe étudient l’intelligence des dauphins et leurs moyens de communication. Il a ainsi réussi à apprendre à Alpha à s’exprimer dans la langue des humains. Si le scientifique est parvenu à garder ses travaux secrets, la fondation qui le finance lui demande un jour d’accueillir un journaliste aux motivations troubles. Dans sa collection Make my Day, Jean-Baptiste Thoret « exhume » cette pépite (1973), méconnue et oubliée, du cinéma cinéma américain paranoïaque des seventies. Cinquième film de Mike Nichols, auteur du Lauréat (1968), le film entrecroise le mélodrame, le thriller, le film de complot politique et la fable pessimiste. L’excellent George C. Scott incarne ce Terrell qui s’interroge sur la difficulté des humains à communiquer… (Studiocanal)
CANDYMAN
Artiste émergent, Anthony McCoy vit à Chicago avec sa femme, directrice d’une galerie d’art. En panne d’inspiration, il découvre la terrible légende de Candyman et décide d’en nourrir ses peintures. Cela fait ressurgir en lui un passé anglant. Selon la légende, si l’on prononce cinq fois le nom de Candyman en se regardant dans un miroir, le tueur au crochet apparait. Pour Anthony (Yahya Abdul-Mateen II), rattrapé par son passé, ce sera le début de la fin. La cinéaste Nia DaCosta s’appuie sur le célèbre film de Bernard Rose, sorti en 1992, et lui donne une tournure arty qui apporte un plus bienvenu à un déferlement de meurtres macabres sur fond de communauté noire maltraitée, de légendes urbaines et de quartier défavorisé… (Universal)
PRISONS DE FEMMES
Employée dans une pharmacie parisienne, Alice Rémon est courtisée par René, le patron. Malheureuse en ménage, Alice voit son mari emporté par une intoxication. Elle est vite suspectée de meurtre, d’autant plus qu’elle a un passé de prostituée… Alice (Danièle Delorme) se retrouve en prison à La Petite-Roquette puis à Fresnes et enfin à la centrale de Haguenau où elle va purger une peine de dix ans. En 1958, sur un scénario de Francis Carco et d’après une pièce de théâtre de Charles Méré, Maurice Cloche, connu pour être l’auteur de Monsieur Vincent (1947) avec Pierre Fresnay dans le rôle de Vincent de Paul, plonge dans l’univers carcéral et décrit, de manière fortement documentée, la vie quotidienne de femmes placées sous les barreaux… (Gaumont)
LE TRESOR DU PETIT NICOLAS
Dans le monde du Petit Nicolas, il y a Papa, Maman, l’école mais surtout, sa bande de copains. Des Invincibles, surtout inséparables. Du moins, le pensent-ils. Car quand Papa reçoit une promotion et annonce que la famille doit déménager à Aubagne, dans le sud de la France, l’univers de Nicolas (Ilan Debrabant) s’effondre. Comment imaginer la vie sans ses meilleurs amis ? Sans les croissants d’Alceste, les lunettes d’Agnan, les bêtises de Clotaire. Aidé par ses copains, Nicolas se met en quête d’un mystérieux trésor qui pourrait empêcher ce terrible déménagement ! Après Le petit Nicolas (2009) et Les Vacances du petit Nicolas (2014), voici la troisième aventure du personnage de bd imaginé par René Goscinny et mis en images par Sempé. Julien Rappeneau organise diverses intrigues servies par un beau casting : Jean-Paul Rouve, Audrey Lamy, François Morel, Noémie Lvovsky, Jean-Pierre Darroussin ou Gregory Gadebois. (Warner)
JESS FRANCO
Avec quelque 200 films sur plus de quatre décennies réalisées sous de multiples pseudonymes, l’Espagnol Jess Franco (1930-2013) est l’une des figures les plus marquantes et les plus pittoresques du cinéma bis. Mais un certain nombre d’exégètes le considèrent aussi comme un véritable auteur avec un point de vue esthétique même s’il s’est fait une spécialité des productions « bon marché » mêlant horreur et érotisme. Dans de beaux coffrets avec de bons bonus, on retrouve ainsi, en versions restaurées intégrales, Les nuits brûlantes de Linda (1974) et Deux espionnes avec un petit slip à fleurs (1980). Le premier est l’histoire d’une nurse embauchée dans une famille très toxique. Dans le second, deux femmes, condamnées pour un larcin, seront blanchies si elles acceptent de lutter contre la traite des blanches. Dans les deux, on retrouve Lina Romay, l’actrice-fétiche d’un bricoleur de génie… (Artus Films)
EIFFEL
« Je ne suis qu’un homme avec une idée plus grande que lui ». Alors qu’il vient d’achever sa collaboration sur la statue de la Liberté avec Bartholdi, Gustave Eiffel, alors au sommet de sa carrière, ne s’intéresse pas vraiment au projet de la future tour pour l’Expo universelle de 1889 à Paris. Ce qui l’intéresse au plus chef, c’est la réalisation d’un métro dans la capitale. Tout bascule lorsqu’il recroise Adrienne, son grand amour de jeunesse (Emma Mackey) … Martin Bourboulon signe une agréable aventure, populaire et romantique, où la conception (qui respecte les balises de la réalité historique) du monument s’entremêle avec une passion puissante et interdite. Ainsi Gustave Eiffel (Romain Duris) aurait donné la forme de A allongé à sa tour en souvenir d’un grande idylle… (Pathé)
WALDO DETECTIVE PRIVE
Inspecteur à la police de Los Angeles, Charlie Waldo, viré avec perte et fracas, est devenu un type asocial et solitaire qui vit au fond des bois, loin du monde. Du côté d’Hollywood et de ses stars capricieuses, il reprend du service comme privé pour enquêter sur la mort suspecte de l’épouse excentrique d’Alistair Pinch, une star de la télévision, qui passe ses journées, ivre sur le plateau de son show… Tim Kirby adapte un roman à succès pour un polar à l’intrigue absurde et drôle. Au côté de Charlie Hunman (Waldo), on retrouve Mel Gibson qui a assurément sa carrière derrière lui mais qu’Hollywood retrouve de temps à autre pour des caméos de luxe. Ici, Gibson incarne, avec malice, un has-been perdu dans un univers qu’il ne maîtrise plus… (Metropolitan)
SI ON CHANTAIT
A Quiévrechain, ville ouvrière du nord de la France, c’est la catastrophe. 118 employés sont sur le carreau après la fermeture de leur usine. Entraînés par Franck, passionné de variétés françaises, quelques amis décident alors de lancer leur petite boîte baptisée Si on chantait. Le principe est simple : pour une quelconque occasion (mariage, rupture, anniversaire…), les clients commandent une chanson à la bande d’amis qui viennent la chanter à leur destinataire. Evidemment, entre chansons, tensions, et problèmes de livraison, les fausses notes seront difficiles à éviter. Pour sa première réalisation au cinéma, Fabrice Maruca réussit un « feel good movie » ch’ti où Alice Pol, Artus, Jeremy Lopez et Clovis Cornillac s’en donnent à cœur joie entre rires, larmes et tendresse. Frais et positif ! (M6)