VIENNA, JULIE, DOMINIQUE, VALENTINE, MOHAMEDOU, ANNETTE, TIH MINH, NORA, FIGURES TRAGIQUES

JOHNNY GUITARE
Johnny Guitarre« Un western rêvé » disait Truffaut de cette œuvre ébouriffante de romantisme exacerbé que Nicholas Ray tourne en 1954 et qui demeure toujours l’un des plus notables westerns féministes du 20e siècle ! Femme forte, Vienna mène avec poigne son saloon en Arizona. Une attaque de diligence lui vaut la haine d’Emma, une riche propriétaire, jalouse de sa réussite sur fond d’inquiétudes face au progrès symbolisé par l’arrivée du chemin de fer. Musicien qui vient d’être embauché par Vienna, Johnny Guitare (Sterling Hayden) tente de s’interposer entre ces deux femmes.  Star emblématique de l’âge d’or d’Hollywood, Joan Crawford incarne superbement une Vienna troublante et violente face à Mercedes McCambridge en notable puritaine. Le lyrisme au service aussi d’une réflexion sur l’Amérique aux heures noires du maccarthysme. (Sidonis Calysta)
TROIS COULEURS
Trois CouleursBleu, blanc et rouge comme les couleurs du drapeau français. Le thème de chaque film de la trilogie de Kieslowski (1941-1996) est basé sur l’un des trois termes de la devise de la France : Liberté, Egalité, Fraternité. Réalisés en 1993 et 1994, ces trois films furent le plus grand succès du cinéaste polonais hors de son pays natal et assurément l’une de ses œuvres les plus acclamées après Le décalogue. Interprétés par Juliette Binoche (Bleu, 93), Julie Delpy (Blanc, 94) et Irène Jacob (Rouge, 94), cette trilogie (largement récompensée dans les festivals de Venise, Berlin et Cannes) illustre, avec ironie et ambiguïté, ces valeurs en liant, de film en film dont les histoires sont cependant indépendantes, ses personnages… Présenté en version restaurée, Trois couleurs (qui marqua la fin de la carrière de Kielowski) est une œuvre majeure du cinéma moderne. (MK2)
DESIGNE COUPABLE
Désigné CoupableEn novembre 2001, après les attentats du 11/9, Mohamedou Ould Slahi assiste à un mariage en Mauritanie. Sa vie bascule lorsqu’il est interpellé au motif que les autorités américaines veulent l’interroger. Présumé impliqué dans la tragédie du World Trade Center, Slahi (qui avait rejoint Al-Quaida dans les années 80 mais avait renoncé au groupe dans les années 90) va se retrouver incarcéré à Guantanamo d’août 2002 à octobre 2016. A travers le calvaire de Slahi et le combat acharné et précieux de Nancy Hollander, avocate américaine et militante des droits civiques (Jodie Foster), le cinéaste écossais Kevin Mcdonald signe une histoire (vraie) au traitement classique mais très efficace. Dans le rôle de Slahi, Tahar Rahim est remarquable ! (Metropolitan)
ANNETTE
AnnetteDepuis toujours, de son propre aveu, Léos Carax est grand amateur de comédies musicales. Le cinéaste a enfin, ici, l’opportunité de passer à l’acte. En partant de la musique pop des Sparks et leur morceau « So May We Start », l’auteur des Amants du Pont Neuf embarque le spectateur dans une pure mais déchirante féérie. A Los Angeles, Henry McHenry, star du stand-up féroce et Ann Desfranoux, fameuse cantatrice lyrique, forment un couple glamour constamment sous le feu des paparazzis. Ensemble, ils décident d’avoir un enfant. Ce sera Annette, fillette mystérieuse au destin exceptionnel. Mais le couple va basculer dans la tragédie. Avec de solides fulgurances, voici une œuvre brillante et ambitieuse portée par le beau duo Marion Cotillard – Adam Driver… (UGC)
LOUIS FEUILLADE
JudexTih MinhGaumont Classiques permet de retrouver deux œuvres remarquables de Louis Feuillade (1873-1925), maître du cinéma muet français et inventeur du feuilleton au cinéma. Ciné-roman en 12 épisodes, Judex (1917) raconte les exploits d’un justicier vêtu de noir qui s’oppose à Favraux, un banquier véreux qu’il enferme dans les caves de son repaire. Mais ses plans sont contrariés par Diana, une aventurière (Musidora, la première vamp française) qui cherche à voler la fortune de Favraux. Lorsque Diana s’en prend à la fille du banquier, Judex, tombé sous son charme, va veiller sur la jeune femme. Moins célèbre que Judex mais esthétiquement tout à fait remarquable, Tih Minh (1919) met en scène (en 12 épisodes) les aventures de Jacques d’Athys qui revient d’Extrême-Orient. A son insu, le jeune homme détient le testament du Rajah Ourvasi. Des espions sont prêts à tout pour récupérer ce manuscrit qui donne les clés d’un fabuleux trésor. Ils vont enlever Tih-Minh (Mary Harald, étonnante), la jeune métisse annamite fiancée de Jacques… (Gaumont)
BONNE MERE
Bonne MereFemme de ménage à l’aéroport de Marseille, Nora, la cinquantaine, accomplit, jour après jour, un labeur routinier. Cela pour pouvoir veiller au mieux sur sa famille nombreuse qui vit dans les quartiers nord de la ville… Après l’émouvant Tu mérites un amour (2019), Hafsia Herzi revient derrière la caméra et taille sa route dans un cinéma social de qualité pour évoquer le quartier de son enfance à travers le portrait d’une femme (inspirée de sa propre mère) qui sait qu’elle doit rester debout pour que les siens survivent, notamment son fils Ellyes, incarcéré et en attente de procès. Comédienne non professionnelle, Halima Benhamed apporte à sa Nora humanité et tendresse mais aussi une profonde mélancolie… Un beau film sensible qui questionne aussi la pauvreté en France. (Blaq Out)
BATTLE ROYALE
Battle RoyaleDans un pays d’Extrême-Orient, probablement le Japon et dans un futur proche où la violence monte chez les jeunes, les adultes ont voté la loi Battle Royale, imposant un programme de survie du même nom présenté sous forme de « jeu » mortel : le Battle Royale. Son principe est simple : une classe de 3e, choisie au hasard chaque année pour y participer, est emmenée dans un lieu isolé et ses élèves, contraints de s’entretuer durant trois jours jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un seul. Adaptation du roman éponyme de Koshun Takami, Battle Royale, présenté dans un beau coffret, se décline en deux films en 2000 et 2003, le premier réalisé par Kinji Fukasaku, le second par Kenta Fukasaku, scénariste du premier opus et fils de Kinji, décédé pendant le tournage. Dans le rôle du professeur, on remarque le grand Takeski Kitano, réalisateur et acteur de L’été de Kikujiro ou de Hana-bi.(M6)
UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DESIR
Histoire Amour DesirEn cours de littérature arabe, Ahmed, étudiant français d’origine algérienne, rencontre Farah, jeune Tunisienne venue à Paris pour étudier à la Sorbonne. Les jeunes gens s’apprécient mais Ahmed hésite à passer de l’amitié naissante à une relation plus intime. La cinéaste Leyla Bouzid concentre ce récit initiatique sur un jeune homme timide et hésitant (Sami Outalbali) qui a peur d’avouer à Farah (Zbeida Belhajamor) son inexpérience… Dans le cadre feutré de la fac (où est célébrée la beauté de la littérature érotique arabe), le film évoque, à la croisée des cultures, la difficulté d’Ahmed à trouver sa place entre fébrilité et hésitations… Un héros « mâle dans sa peau », comme l’a écrit Libération. (Pyramide)
L’ECHINE DU DIABLE
Echine DiableAlors que la guerre civile déchire l’Espagne, le jeune Carlos trouve réfuge à Santa Lucia, un orphelinat perdu dans la campagne et dirigé par Mme Carmen (Marisa Paredès). Une nuit, mis au défi par ses camarades, il doit traverser la cour pour se rendre dans la cuisine, l’obligeant à passer devant la maison de Jacinto, l’antipathique gardien (Eduardo Noriega). Là, Carlos entend d’étranges soupirs, ceux du fantôme d’un enfant… En 2001, Guillermo del Toro réussit, dans le contexte historique du Franquisme, un conte cruel sur l’enfance et les fantômes. Le Mexicain distille un fascinant univers fantastique fait de nostalgie et de poésie et porté par des images toujours impressionnantes. En version restaurée, le film sort dans un coffret Ultra collector avec un livre illustré et d’abondants suppléments dont des entretiens avec les comédiens Marisa Paredès et Eduardo Noriega et le cinéaste. (Carlotta)
MISSION IMPOSSIBLE – L’INTEGRALE
Mission ImpossibleAu départ, c’est une fameuse série télé créée par Bruce Geller et diffusée dans les années 1960-70. Et on se souvient bien du célèbre « Bonjour M. Phelps, votre mission, si vous l’acceptez… » Et puis vint, en 1995, Brian de Palma qui s’appliqua à dynamiter la série, embarquant notamment ses espions en Europe pour les fondre dans de solides machinations. Le succès, pour le premier Mission impossible fut au rendez-vous avec, pour la France, plus de 4 millions d’entrées. Et Tom Cruise, avec son personnage d’Ethan Hunt, s’installa dans une fameuse saga d’action. Un beau coffret regroupe l’intégrale des six films avec le De Palma puis Mission impossible 2 (2000) mis en scène par John Woo, Mission impossible 3 (2006) par J.J. Abrams, Mission impossible : Protocole fantôme (2011) par Brad Bird, Mission impossible : Rogue Nation (2015) et Mission impossible: Fallout (2018), ces deux derniers réalisés par Christopher McQuarrie. (Paramount)
LE PASSAGE DU CANYON
Passage CanyonEn 1856, Logan Stewart accepte, à la demande de son ami Camrose, d’accompagner Lucy Overmire, sa fiancée, de Portland à Jacksonville. Stewart s’éprend de Lucy mais se tait. Il sauve Camrose d’un lynchage tandis qu’une révolte des Indiens éclate à la suite de la mort d’un des leurs, tué par un complice de Camrose. En 1946, le Franco-américain Jacques Tourneur, maître du fantastique à la RKO (La féline ou Vaudou), tourne un western (en technicolor) déroutant par le peu de scènes d’action mais fascinant par l’angoisse qu’il distille constamment. Dana Andrews (Stuart), Brian Donlevy (Camrose) et Susan Hayward (Lucy) défendent avec brio cette aventure volontiers métaphysique et portée par des chansons qui valurent au film une nomination aux Oscars… (Sidonis Calysta)
LA LOI DE TEHERAN
Loi TeheranLa consommation de crack en Iran est un véritable fléau et la sanction pour possession de drogue, que l’on ait 30 gr. ou 50 kilos sur soi, c’est la peine de mort. Malgré ces peines très sévères, le phénomène ne cesse de s’amplifier. Le cinéaste iranien Saeed Roustayi raconte, dans un thriller violent et haletant, la traque que mène un flic obstiné (Payman Maadi, vu dans Une séparation d’Asghar Farhadi ou Police d’Anne Fontaine) pour faire tomber Naser Khakzad, un parrain… Mais l’affaire ne sera pas simple à mener à bien car Khakzad cache un secret. Adoptant tour à tour le point de vue du policier et celui du trafiquant, le film (plus gros succès de tous les temps en Iran pour une production non comique) traite aussi de la probité de la police ou encore de l’importance et du poids de la famille. Un regard glaçant sur la société iranienne ! (Wild Side)
LELOUCH – BELMONDO
Lelouch BelmondoA l’occasion de la disparition de Jean-Paul Belmondo, Claude Lelouch le résuma ainsi : « C’était la joie de vivre incarnée, c’était une cour de récréation à lui tout seul » Les deux ont tourné ensemble à trois reprises… En 1969, dans Un homme qui me plaît, Belmondo est un compositeur de musique de film qui, au hasard d’un tournage au USA, croise Françoise, une actrice (Annie Girardot) et deviennent amants… En 1988, Lelouch signe l’épatant Itinéraire d’un enfant gâté qui vaudra à Bebel le César du meilleur acteur. Il y incarne Sam Lion, ancien artiste de cirque et homme d’affaires qui va prendre, sous son aile, Albert Duvivier (Richard Anconina) qui lui rappelle ses jeunes années. Enfin, en 1995, Belmondo se glissait dans les habits de Jean Valjean pour l’adaptation des Misérables de Victor Hugo dans laquelle Lelouch brassait librement les époques, transposant notamment le drame dans la France de 1942 et de la collaboration. Un coffret réunit ces trois titres. (Metropolitan)
SEX AND THE CITY – L’INTEGRALE
Sex CityJournaliste new-yorkaise branchée, Carrie Bradshaw explore l’univers vibrant de la mode à Manhattan et chronique la vie des célibataires de Big Apple. Avec ses copines Samantha Jones, Charlotte York et Miranda Hobbes, elles expérimentent l’amitié féminine aux prises avec le sexe. Série HBO culte (diffusée entre 1998 et 2004), Sex and the City brisa les frontières, changea la télévision et donna une autre image des femmes, leur apprenant à avoir des conversations honnêtes sur leurs relations. Un beau coffret inédit regroupe, en Blu-ray, l’intégrale des six saisons de la série (96 épisodes au total) et les deux films produits pour le grand écran en 1998 et 2010. Pour retrouver les pétillantes Sarah Jessica Parker (Carrie), Kim Cattral (Samantha), Kristin Davis (Charlotte) et Cynthia Nixon (Miranda) aux prises avec leurs hommes… Le coffret comprend aussi trois heures de bonus. (Warner)
MESSE BASSE
Messe BasseJeune élève dans une école d’infirmière, la discrète Julie s’installe dans une chambre chez Elizabeth qui la lui prête en échange de quelques services ménagers. Veuve depuis longtemps, Elizabeth vit dans le souvenir de Victor. Mais elle persiste surtout à faire comme si Victor vivait toujours à ses côtés. Pour lui faire plaisir, Julie commence par jouer le jeu. Mais la situation vire de manière inquiétante autour d’une présence fantasmagorique. Pour son premier long-métrage et en s’appuyant sur le bon tandem composé par Jacqueline Bisset et Alice Isaaz, Baptiste Drapeau distille une atmosphère fantastique autour d’un étrange et inquiétant « triangle amoureux »… Dans les bonus, le cinéaste revient longuement sur son travail. (Capricci)
KAAMELOTT – PREMIER VOLET
KaamelottLa quête du Graal est une rude affaire. De retour après une longue absence, Arthur Pendragon le constate avec ses alliés bien incompétents et ses adversaires bien bas du front… Dix ans après la fin de la série, Alexandre Astier est donc de retour avec ce « Premier volet » où l’on constate que le royaume de Logres, en 484 après J.-C., est devenu un état dictatorial mené par un Lancelot du Lac plutôt à côté de ses pompes, entouré de tarés, dans un bain de collaboration et de résistance. Avec un imposant casting mais quelques soucis de rythme, voici de la fantasy volontiers loufoque. Les fans de la série y trouveront leur compte ! (M6)
CHRISTMAS EVIL
Christmas EvilEnfant, Harry a surpris sa mère en plein ébat avec… le père Noël. Une vision qui le hante pour toujours. Trente ans plus, Harry travaille dans une usine de jouets et son existence entière tourne autour du père Noël. Harry croit à l’incarnation de l’innocence que représente le père Noël. Mais l’époque a changé et le cynisme règne en maître. Harry endosse alors le costume du père Noël pour distribuer lui-même les cadeaux et… les châtiments. Dans la Midnight collection (qui met le meilleur de la VHS disponible en Blu-ray), voici, en version restaurée, un slasher réalisé en 1980 par Lewis Jackson qui montre un père Noël gagné par la folie et le meurtre. Avec, en prime, un pamphlet contre la société de consommation. Sans doute faut-il éviter de le montrer aux enfants mais assurément jubilatoire pour les grands. (Carlotta)
ICE ROAD
Ice RoadDans le Grand Nord canadien, une mine de diamants s’effondre et piège une trentaine de mineurs confinés avec très peu d’air. Goldenrod (Laurence Fischburne), propriétaire d’une entreprise de transport routier, fait alors appel à Mike, un conducteur chevronné de semi-remorque, pour venir au secours des accidentés. Alors que la tempête gronde et que le dégel approche, l’équipe de sauvetage doit faire face aux contraintes liées au froid. Elle va surtout découvrir que le véritable danger est ailleurs. En camionneur de l’extrême, Liam Neeson, avec sa gueule crispée de dur inoxydable, retrouve l’un de ces personnages « hivernaux » qu’il avait défendus, par exemple, dans Sang froid (2019). Un petit côté Fast and Furious dans les glaces. Frissons au rendez-vous. (Metropolitan)

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