FARO, HOPPER, LES DANSES URBAINES ET LE TOUBIB DANS LA NUIT
BERGMAN ISLAND
Le temps d’un été, deux cinéastes s’installent sur l’île suédoise de Farö pour écrire. Entre balades et discussions sur Bergman qui y vécut, le couple découvre l’île et ses paysages sauvages. Dans ce décor, réalité et scénario s’entremêlent. A travers Ingmar Bergman dont elle évoque Scènes de la vie conjugale, Mia Hansen-Love (connue pour Un amour de jeunesse ou L’avenir) rend hommage au 7e art et au processus créatif en mêlant, dans un projet teinté d’autobiographie, deux récits. Celui des cinéastes Chris et Tony (Vicky Krieps et Tim Roth), de l’autre l’aventure amoureuse d’Amy (Mia Wasikowska) et de son compagnon (Anders Danielsen)… Une douce atmosphère baigne ce voyage au pays du maître de Farö. (Blaq Out)
OUT OF BLUE
Après une longue galère à Hollywood et l’échec de The Last Movie (1971), Dennis Hopper (1936-2010) a l’opportunité de revenir derrière la caméra avec un drame familial très sombre, voire glauque. Dans une collision avec un bus, Don (Dennis Hopper) a tué des écoliers. Il finit de purger cinq années de prison. Sa fille Cindy alias Cebe et sa femme héroïnomane l’attendent. Considéré comme l’Easy Rider des années 80, ce film punk, porté par l’image d’Elvis et un tube de Neil Young, est « no future » au possible et raconte, au-delà du parcours tragique d’une adolescente garçon manqué (Linda Manz remarquable), une histoire terrible de destruction, celle de Hopper lui-même. (Potemkine)
INDES GALANTES
Quand trente danseurs de hip-hop, krump, break, voguing, posing, flexing, un metteur en scène (l’Alsacien Clément Cogitore) et une chorégraphe (Bintou Dembélé) se retrouvent à l’Opéra de Paris, cela donne un spectacle qui, faisant dialoguer sur scène danses urbaines et chant lyrique, réinvente le chef d’oeuvre baroque (1735) de Jean-Philippe Rameau, Les Indes galantes. Des répétitions (de l’hétérogène vers l’harmonie) aux représentations publiques, le cinéaste documentariste Philippe Béziat capte une forte aventure humaine sur fond de brassage et interroge : une nouvelle génération d’artistes peut-elle aujourd’hui prendre la Bastille? (Pyramide)
MEDECIN DE NUIT
C’est la nuit dans un quartier de populaire de Paris. Un homme visiblement fatigué attend dans sa voiture. Un jeune homme monte à bord et l’homme lui délivre une ordonnance pour du Subutex. Mickaël Kourtchine est médecin de nuit et il sillonne la ville pour intervenir auprès de malades. Avec un excellent Vincent Macaigne à la silhouette lourde, Elie Wajeman brosse le portrait d’un praticien branché en permanence sur le contemporain et en première ligne de ce qui se passe de moins limpide dans la nuit. Dans ce thriller existentiel, Kourtchine se débat entre son envie de lâcher l’affaire, son cousin pharmacien pris dans une sale histoire et une vie privée compliquée entre épouse et maîtresse… (Diaphana)
DJANGO
Un homme mystérieux arrive dans une petite ville, tirant un cercueil boueux derrière lui. Cet étranger nommé Django sauve la vie d’une jeune femme. Il se retrouve ainsi au coeur d’une guerre entre des révolutionnaires mexicains et une bande de racistes sadiques menés par un major fanatique. Dans le chaos ambiant, Django poursuite sa vengeance… En 1966, avec l’excellent Franco Nero dans le rôle-titre, Sergio Corbucci signe l’une des œuvres les plus emblématiques du western-spaghetti. Une belle édition restaurée 4K avec de nombreux bons suppléments dont une interview de Franco Nero qui évoque son rôle et le travail avec Corbucci. (Carlotta)
EL CHUNCHO
Au Mexique, Chuncho, moitié bandit, moitié rebelle révolutionnaire, attaque avec ses troupes un train de l’armée régulière dans lequel voyage un jeune dandy américain (Lou Castel), qui prête main-forte aux hors-la-loi durant l’assaut. Le yankee se joint aux guérilleros et se lie d’amitié avec Chuncho: leur intention sera de vendre les armes aux révolutionnaires du général Elías. Mais les apparences sont parfois trompeuses… En 1966, Damiano Damiani dirige Gian Maria Volonté dans l’un des plus célèbres westerns zapatistes, sous-genre du western européen où l’on voit des bandits, confrontés à l’injustice, se radicaliser et se muer en révolutionnaires. Présenté en version restaurée, le film est accompagné de suppléments dont un entretien réalisé en 2004 avec Lou Castel qui évoque sa collaboration avec le rigoureux Damiani pour lequel il accepta d’incarner un personnage opposé à ses convictions de militant d’extrême gauche.
LE TARTUFFE
Tombé sous le charme de Tartuffe, Orgon l’a introduit dans sa maison et fait de lui son confident, son frère. Malgré l’opposition de sa famille, Orgon décide de donner sa fille Mariane en mariage à Tartuffe, et lui fait don de tous ses biens. Mais Elmire (Elisabeth Depardieu), à qui Tartuffe a avoué sa passion amoureuse, va ouvrir les yeux d’Orgon. En 1983, Jacques Lassalle prend la tête du TNS à Strasbourg et frappe un grand coup en montant Le Tartuffe de Molière avec Gérard Depardieu et François Périer. Pour son premier passage derrière la caméra dans la version pour le grand écran, Depardieu, en fascinant et austère Tartuffe, signe une œuvre dépouillée et fera de l’emblématique dévot/escroc un séducteur maléfique et pervers… (Gaumont)
ORFEU NEGRO
Conducteur de tramway à Rio, Orphée charme de ses accords de guitare, la jeune Eurydice venue de son village à la capitale… Pendant le fameux carnaval, la jeune femme (Marpessa Dawn), traquée par un tueur, meurt électrocutée. Orphée (Breno Mello) ramène son corps à la favela avant d’être tué par sa fiancée Mira. En 1959, Marcel Camus revisite l’un des grands mythes antiques et célèbre la bossa nova (les chansons du film sont devenues des standards) et la danse. Largement applaudi à sa sortie (et récompensé de la Palme d’or 1959 et de l’Oscar du meilleur film étranger 1960), cette ode aux rythmes du Brésil, seule vraie réussite de Camus, était considérée, par Truffaut, comme un film de la Nouvelle Vague. (Potemkine)
MY ZOE
Après son divorce, Isabelle, docteur en immunologie à Berlin, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari l’accepte mal et lui rend la vie dure dans la bataille qu’il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoé. Pour son septième long-métrage, Julie Delpy (qui incarne Isabelle) décrit le voyage émotionnel, intime et complexe d’une femme qui aime son enfant de façon fusionnelle. Si le récit est déroutant, voire même éprouvant, le film interroge, à travers une tragédie familiale et un basculement surprenant dans un conte de science-fiction, sur des avancées scientifiques taboues… (UGC)
BRONX
Marseille est en effervescence… Le clan Bastiani a commis un vrai carnage dans un bar de plage. L’enquête amène les policiers de l’anti-gang et de la BRB à se tirer dans les pattes tandis qu’Ange Leonetti, le nouveau patron de la police (Jean Reno), prône, lui, des méthodes plus « vertueuses ». Et comme un témoin-clé a été assassiné pendant sa garde à vue, les « bœufs-carottes » débarquent avec une flic teigneuse décidée à faire le ménage dans ce grand bazar. Ex-flic devenu cinéaste (36, Quai des orfèvres ou MR 73), Olivier Marchal orchestre un polar sombre avec des personnages travaillés à la serpe, des punchlines et des situations pourries. Pas vraiment nuancé mais bien efficace. (Gaumont)
CRUELLA
Dans le Londres seventies et punk rock, Estella Miller est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Depuis toujours, Estella, orpheline marquée par une tragédie familiale, est liée à deux jeunes vauriens qui apprécient ses talents d’arnaqueuse. Un jour, Estella est remarquée par la baronne Von Hellman, une grande figure de la mode, très chic et snob. A son contact, Estella se laisse envahir par sa part d’ombre et fait surgir l’impitoyable Cruella d’Enfer. Inspiré par le personnage des 101 dalmatiens, voici une variation en prises de vues réelles d’un classique de l’animation. Entre crime et comédie, Emma Stone et Emma Thompson s’en donnent à cœur-joie. (Disney)
CAPRICES
Homme du monde et fêtard collectionneur de jolies femmes, Philippe fait la connaissance, au cours d’un bal masqué, de la belle Lise, déguisée en modeste vendeuse de fleurs. Celle-ci est en fait actrice. Lorsqu’elle apprend que sa prochaine pièce est menacée, faute de moyens financiers, Lise décide de jouer la comédie de la pauvreté à Philippe (Albert Préjean), ignorant qu’il est un riche industriel. A moins que Philippe soit, lui, aussi, un usurpateur… En 1942, pour la Continental-Films, société de production allemande à Paris, Léo Joannon (qui aurait volé le scénario à Raymond Bernard) tourne une comédie où quiproquos et péripéties se succèdent… Dans le rôle de Lise, Danielle Darrieux est lumineuse… (Gaumont)
HITMAN & BODYGUARD 2
Même s’il avait naguère plutôt bien fait son job en protégeant le tueur à gages Darius Kincaid pendant son transfert à la Cour pénale internationale de La Haye, Michael Bryce n’appartient plus à l’élite des gardes du corps. Complètement déprimé, Bryce se voit imposer, par sa psy, des vacances à Capri avec interdiction de toucher une arme. Sauf que Sonia, l’épouse sacrément déjantée de Kincaid, débarque sur l’île avec des tueurs à ses trousses… Après un n°1 en 2017, Patrick Hughes remet le couvert du film d’action qui défouraille dans tous les sens. Au côté de Ryan Reynolds (Bryce), Salma Hayek s’en donne à cœur joie en vraie dingue… Trépidant ! (Metropolitan)