L’AGENT SECRET, LE COSMONAUTE, LE SAMOURAI ET LES PISTES DU HAUT KARABAGH
QUEIMADA
En 1815, Sir William Walker débarque à Queimada, une île (imaginaire) des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il est mandaté par les Britanniques pour une mission secrète : fomenter une révolte des esclaves pour briser le monopole commercial du Portugal et avantager ainsi les Anglais… En 1969, trois années après la fameuse Bataille d’Alger, l’Italien Gillo Pontecorvo (1919-2006) s’attaque à nouveau au thème du colonialisme en dirigeant Marlon Brando dans une grosse production qui connaîtra bien des aléas. Cet ambitieux drame historique doublé d’une épopée révolutionnaire est écrit par Franco Solinas et mis en musique par Ennio Morricone. Pour la première fois en Blu-ray dans une édition double avec de nombreux suppléments dont un livret inédit sur la genèse de l’œuvre. (Rimini Editions)
GAGARINE
Immense ensemble de briques rouges avec quelque 370 logements, la cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine va bientôt tomber sous la pelle des démolisseurs. Pour Youri, 16 ans, cette cité que Youri Gagarine en personne vint inaugurer en 1963 (on le voit sur des images d’archives, saluant une foule en liesse), c’est toute sa vie. Et il n’envisage pas de devenir orphelin de son passé. Alors, avec ses amis Diana (la magnifique Lyna Khoudri) et Houssam (Jamil McCraven), Youri (Alseni Bathily) entre en résistance. Bientôt la cité va devenir son « vaisseau spatial ». Autour du rêve de Youri de devenir cosmonaute, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh ont construit un beau film (tourné largement dans la cité) qui mêle évidemment la dimension sociale et réaliste, celle d’une population défavorisée, et le conte avec l’envol d’un adolescent… (Blaq Out)
MUSASHI
En s’inspirant de la vie tumultueuse du samouraï et philosophe japonais Musashi Miyamoto, le cinéaste japonais Hiroshi Inagaki a composé, au milieu des années 50, une trilogie-culte adaptée des romans d’Eiji Yoshikama. Portée par la star nippone Toshiro Mifune, voici une épopée d’une superbe beauté formelle avec La légende de Musashi qui évoque le rêve du jeune Takezo de devenir samouraï. Dans Duel à Ichijoji, Takezo est devenu un combattant hors pair tandis que la violence gagne autour de lui. Avec La voie de la lumière, c’est un Musashi apaisé qui aspire à la sagesse. Mais un ambitieux sabreur le met au défi… Trois films restaurés et disponibles pour la première fois en Blu-ray. Dans les suppléments, La construction d’un mythe montre l’influence de la trilogie sur des sagas comme Star Wars ou Le seigneur des anneaux. (Carlotta)
SI LE VENT TOMBE
« Le Haut Karabagh n’est pas sur vos cartes mais le pays existe… » C’est ce qu’entend Alain Delage, audit international, lorsqu’il arrive dans la capitale Stepanakert pour expertiser l’aéroport de cette petite république auto-proclamée du Caucase. Le directeur de l’aéroport l’accueille avec chaleur car il sait que le feu vert donné à la réouverture des pistes changera la donne économique et politique du pays. A travers le parcours de Delage (Grégoire Colin), la cinéaste arménienne Nora Martirosyan, dans son premier long-métrage, propose une belle et passionnante réflexion sur un territoire et ses frontières. Car, en constatant l’étrange manège d’un gamin qui transporte des bidons d’eau à travers le tarmac et en se demandant à quelle distance l’aéroport se trouve de la frontière de l’Azerbaïdjan, Delage va découvrir un monde nouveau et risquer le tout pour le tout. (Arizona Distribution)
VILLA CAPRICE
Grand patron de choc, Gilles Fontaine est suspecté d’avoir acquis dans des conditions douteuses une magnifique propriété sur la Côte d’Azur. Il se tourne alors vers le célèbre avocat Luc Germon afin qu’il l’extirpe de la tourmente judiciaire qui se déploie autour de lui. Orchestrant le jeu de manipulation « toxique » du duo Germon-Fontaine, Bernard Stora signe un thriller aux dialogues affûtés qui plonge dans les rouages de la justice et du pouvoir. Patrick Bruel est un homme d’affaires sulfureux, cassant et content de lui qui va découvrir un monde qu’il ne maîtrise pas face, notamment, à un juge d’instruction teigneux. Niels Arestrup campe un avocat brillant et solitaire face à un client rusé et persévérant… (M6)
AMONNITE
Paléontologue réputée dont les découvertes se trouvent dans des musées prestigieux, Mary Anning vit pourtant, dans les années 1840, très modestement avec sa mère sur la côte sud de l’Angleterre. Elle glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, Roderick Murchison, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension Charlotte, son épouse maladive et mélancolique. En s’inspirant de faits réels, Francis Lee, avec de belles images tant de paysages que d’étreintes, raconte la naissance d’un amour qui défiera toutes les barrières sociales. Sensibles et troublantes, Kate Winslet et Saoirse Ronan sont magnifiques dans cette histoire épurée sur deux tempéraments contrastés mais définitivement bouleversés par la passion. (Pyramide)
LES LIENS QUI NOUS UNISSENT
A Naples, au début des années 80, Aldo quitte Vanda après lui avoir avoué sa liaison avec Anna. Leurs deux enfants grandissent dans une spirale de rancœur. Mais le lien qui les unit perdure… Trente ans plus tard, Aldo et Vanda sont encore mariés et les enfants sont grands… En s’inspirant du roman Les liens de Domenico Starnone, l’Italien Daniele Luchetti, connu pour Domani domani (1988) et Le porteur de serviette (1991), raconte une saga familiale avec ses mauvais choix, ses désillusions, ses secrets, ses petites phrases : « Pour rester ensemble, il ne faut pas parler. Juste l’essentiel ». Alba Rohrwacher, Luigi Lo Cascio, Silvio Orlando et Laura Morante portent bien cet amer mélodrame. (Pyramide)
LE DISCOURS
« Quoi qu’on fasse, on ne contrôle jamais rien ». Adrien est dans l’angoisse car Sonia, sa compagne (Sara Giraudeau), lui a annoncé qu’elle faisait une pause. Mais une pause, ça dure combien de temps ? Laurent Tirard adapte, ici, un roman de Fabcaro qui semblait difficile à transposer au cinéma tant son récit est déstructuré et le propos d’Adrien foncièrement introspectif. Il réussit pourtant une comédie qui repose sur le personnage d’Adrien, névrosé, hypocondriaque et constamment dans la plainte, qui vire à la panique lorsqu’il doit faire un discours au mariage de sa sœur. Entouré de Kyan Khojandi, Guilaine Londez, Julia Piaton ou François Morel, Benjamin Lavernhe est parfait dans un registre loufoque… (Le Pacte)
LE SURVIVANT D’UN MONDE PARALLELE
Peu après son décollage, un 747 est victime d’un crash. Les 300 passagers sont tués. Seul Keller, le commandant de bord, s’en sort, étrangement indemne. De la zone de crash à la cabine de l’avion, aidé d’une médium (Jenny Agutter) en ligne directe avec l’au-delà, Keller (Robert Powell) tente d’apporter des explications à sa survie et aux raisons de l’« accident ». En 1981, David Hemmings (le photographe du Blow Up d’Antonioni) réalise la plus grosse production australienne de l’époque. Conspué à sa sortie, voici, dans une belle édition collector intégrale, un mélange réussi de surnaturel, de mystère et d’enquête policière. Dans les suppléments, un livret pour tout savoir sur la genèse de cette aventure fantastique. (Rimini Editions)
LA CHAPELLE DU DIABLE
En disgrâce depuis qu’il a bidonné des reportages, le journaliste Gerry Fenn (Jeffrey Dean Morgan connu pour ses rôles dans les séries Grey’s Anatomy, Supernatural ou The Walking Dead) pense pouvoir donner un second élan à sa carrière lorsqu’il découvre que de nombreux miracles ont eu lieu dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Ces mystères relèvent-ils du divin ou peut-être d’une source plus sombre ? Il suffit de se référer au titre pour comprendre que la première réalisation d’Evan Spiliotopoulos va embarquer le spectateur dans un univers malveillant. Là où Dieu va, le diable n’est pas loin derrière… Même si le film ne surprendra pas les amateurs de fantastique horrifique, le récit est rapidement mené et plutôt efficace. (Sony)
SHEHERAZADE
Dans la Bagdad de 809, la belle Shéhérazade est promise au calife Hâroun ar-Rachîd. Lorsque des ambassadeurs de Charlemagne arrivent à Bagdad pour demander au calife de laisser aux chrétiens un libre accès aux lieux saints, le chevalier Renaud de Villecroix (Gérard Barray) tombe sous le charme de la belle… En 1963, Pierre Gaspard-Huit (qui venait de connaître un beau succès avec Le capitaine Fracasse en 1961) signe une aventure « exotique » autour de la séduisante conteuse des Mille et une nuits. Cette grosse production de l’époque paraît aujourd’hui joliment vintage. Prise entre ses soupirants, Shéhérazade (quelques mois à peine avant la saga Angélique, marquise des anges) est incarnée par Anna Karina, la muse de Godard et de la Nouvelle vague… En son temps, le film était classé 4B (à déconseiller) par la Centrale catholique du cinéma à cause de danses jugées trop lascives. (Gaumont)
NOBODY
Père de famille sans histoire, Hutch Mansell assiste, une nuit, au cambriolage de sa maison. Plutôt que de s’interposer, il n’intervient pas. Outrés par cette lâcheté, les siens s’éloignent de lui. Mais ils ne savent pas tout de cet employé d’une petite compagnie industrielle qui souffre de trouble de stress post-traumatique. Lorsque Hutch voit se réveiller ses instincts primaires, les choses vont totalement changer. Ses compétences violentes lui serviront bientôt à affronter une sauvage armée de bandits russes. Mais Hutch a du répondant. Selon Bob Odenkirk, l’interprète de ce « nobody », cette histoire est une « encyclopédie du film d’action des 100 dernières années » ! Et le vétéran Christopher Lloyd (qui incarne le père de Hutch) d’ajouter au terme d’un énorme canardage : « Excessif mais grandiose ! » (Universal)