LA SOLITUDE, LES DERIVES KAFKAIENNES, LA BONNE ET LA CREATURE MYTHIQUE
UMBERTO D.
Modeste fonctionnaire à la retraite, Umberto Domenico Ferrari a du mal à joindre les deux bouts avec sa petite pension. Sa logeuse le malmène parce qu’il peine à payer son loyer. Pour amis, il n’a que Maria, la jeune servante enceinte et Flyke, son petit chien. En 1952, sur un scénario du grand Cesare Zavattini, le maître Vittorio de Sica signe, après Sciuscia (1946), Le voleur de bicyclette (1948) et Miracle à Milan (1951), un joyau du néoréalisme italien. Dans la Rome de 1950, voici la vie ordinaire et difficile d’un vieil homme en détresse. Carlo Battisti, professeur de linguistique à l’université de Florence, fut engagé par De Sica pour incarner cet homme confronté à la solitude et à la misère sociale. Une œuvre bouleversante sur un homme trop fier pour mendier et qui songera au suicide. La dernière scène est sublime parce que joyeuse et pathétique à la fois… Dans les suppléments, Jean A. Gili éclaire magnifiquement ce chef d’œuvre. (Carlotta)
ADIEU LES CONS
Suze Trappet a le moral au plus bas. A 43 ans, malade, cette ex-coiffeuse sait que ses jours sont comptés. Mais que dire de Jean-Baptiste Cuchas, fonctionnaire aussi déférent que transparent ? Ce pro de l’informatique et de la surveillance apprend du jour au lendemain qu’il va être viré. C’est là qu’il croise la route de Suze. Ces deux laissés-pour-compte, l’une qui veut vivre mais ne peut pas et l’autre qui pourrait vivre mais ne veut plus, décident de mener une ultime bataille contre une société étouffante et injuste. Avec l’excellent Albert Dupontel devant et derrière la caméra et une Virginie Efira, définitivement incontournable, voici une réflexion enlevée et acide sur les déviances kafkaïennes du monde actuel. Un film grinçant en diable mais aussi un remarquable divertissement ! Dupontel en verve ! Le film a été un gros succès à sa sortie en salles… (Gaumont)
LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE
Dans la Normandie de la fin du 19e siècle, la jeune Célestine arrive de Paris pour entrer au service des Lanlaire, une famille bourgeoise et conservatrice. Mais la ravissante femme de chambre va vite susciter le désir des hommes, du maître de maison lubrique au valet manipulateur en passant par le fils malade et le voisin tordu (Burgess Meredith, co-auteur aussi du scénario). En 1945, longtemps avant la version de Bunuel avec Jeanne Moreau, Jean Renoir, alors installé aux USA, porte à l’écran le célèbre personnage d’Octave Mirbeau. C’est Paulette Goddard (l’égérie de Chaplin dans Le dictateur et Les temps modernes) qui incarne Célestine dans cette audacieuse chronique qui balance constamment entre un ton cruel et une ironie parfois proche du burlesque. Un film longtemps invisible en France et qui ressort dans une belle édition riche en bonus. (Sidonis Calysta)
LE LOUP-GAROU DE LONDRES
Alors qu’ils rêvent de draguer à Rome, David et Jack, deux jeunes routards américains (David Naughton et Griffin Dunne) parcourent la campagne anglaise. Sur une lande, à la nuit tombée, ils vont être attaqués par une créature mythique assoiffée de sang. John Landis explique qu’il a eu l’idée de son film en assistant à une cérémonie dans les Balkans où des Roms brûlaient leurs morts pour éviter qu’ils ne reviennent à la vie. En 1981, le cinéaste américain, dans un amusant équilibre entre comédie et terreur, réussit un bel hommage à un genre fameux. Dans une belle édition, riche en bons suppléments, on retrouve ce film qui connut un large succès commercial. La scène où David Naughton se transforme à vue en loup-garou est superbe ! Elle contribua certainement à l’Oscar des meilleurs maquillages décroché par Rick Baker. (L’Atelier d’images)
CONTES CRUELS DE LA JEUNESSE
Lors de ses virées nocturnes, la jeune Makoto use de son charme pour se faire raccompagner chez elle par des quadragénaires. Un soir, l’un d’eux tente de l’emmener de force à son hôtel. L’arrivée de Kiyoshi, un étudiant délinquant, lui évite le pire… En 1960, Nagisa Oshima, 28 ans, signe le second volet de sa trilogie de la jeunesse. Le réalisateur de L’empire des sens et de Furyo s’inscrit alors pleinement dans l’esprit de la Nouvelle vague française. Il descend dans la rue et filme, en format large et en caméra portée, la jeunesse tokyote d’après-guerre sur fond de politique et de violence. Les personnages sont libres sexuellement mais parfaitement sans espoir. Pour la première fois en version restaurée 4K et avec de bons suppléments, voici une œuvre fulgurante, rageuse et bouillonnante sur la Fureur de vivre, made in Japan. (Carlotta)
HPI
« Quand je vois une énigme, je dois la résoudre sinon je ne peux pas dormir… » Célibataire de 38 ans et mère de trois enfants (de deux pères différents), Morgane Alvaro est surdouée. Malgré son QI de 160, elle bosse comme femme de ménage. A cause de son insoumission à l’autorité. Mais Morgane va pourtant accepter de devenir consultante pour la PJ de Lille et révéler des capacités d’enquêtrice hors normes. La saison 1 de la série (8 épisodes de 52 mn) a connu un imposant succès à sa sortie sur TF1. La rousse Audrey Fleurot s’en donne à cœur joie avec ce pétulant personnage à haut potentiel intellectuel qui détonne entre la commissaire Hazan (Marie Denarnaud) et le commandant Karadec (Mehdi Nebbou)… (UGC)
BLACK MARBLE
Le sergent Natalie Zimmerman (Paula Prentiss) est chargée de faire équipe avec Valnikov, un détective d’origine russe (Robert Foxworth) afin de retrouver un chien de race qui a été kidnappé. Ils vont alors tomber amoureux. Troisième long-métrage du New-yorkais Harold Becker, Flics-Frac (en version française) adapte un roman de l’ex-policier de Los Angeles Joseph Wambaugh. Aujourd’hui tombée dans l’oubli, cette comédie policière est remise dans la lumière par Jean-Baptiste Thoret pour sa collection Make my Day et on savoure à la fois une chronique californienne et un suspense policier portés par de savoureux personnages… (Studiocanal)
L’ETREINTE
Veuve depuis six mois, Margaux Hartmann arrive à Paris pour y refaire sa vie. Elle retourne à la fac où elle s’inscrit en maîtrise d’allemand. Autour de cette femme de la cinquantaine, gravitent des étudiants avec lesquels elle est souvent en décalage. Et puis, sur un site de rencontre, elle croise un homme avec lequel elle pense pouvoir commencer quelque chose… Pour son premier long-métrage, Ludovic Bergery parle de la manière de se réapproprier la vie, de la ressentir à travers son corps, sa sensualité et évidemment ses sentiments. Une succession de moments saisis au vol et portés par Emmanuelle Béart (dans un remarquable retour sur le grand écran après quelques années d’absence) qui fait planer sur sa Margaux des ombres, des mystères, des abandons… (Pyramide)
CHEERFUL WIND
Assistante photographe sur le tournage d’une publicité, Xiao Xinhui fait la rencontre de Gu Jintai, un aveugle dont elle s’éprend alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le réalisateur qui l’emploie… Ce dernier lui propose de l’accompagner pour lui faire visiter l’Europe. Chef de file du cinéma d’auteur taïwanais, le grand Hou Hsiao-hsien réalise, en 1982, son second long-métrage avec une comédie romantique où Xiao doit choisir entre l’amour et son rêve le plus cher. Parfois considéré comme une œuvre mineure, ce film sensible et drôle présente déjà des idées de mise en scène qui feront plus tard le charme et le succès des Fleurs de Shanghaï ou de Millenium Mambo… Dans les suppléments, le critique Jean-Michel Frodon analyse le début d’une trajectoire esthétique au cœur du cadre contraint de l’industrie du divertissement taïwanais. (Carlotta)
L’AMOUR TROP FORT
Charlie et Max sont les meilleurs amis du monde. L’un travaille pour la télé, l’autre est comédien. Ces deux inséparables, toujours capables de monter des coups pendables, voient leurs vies bouleverser lorsque Charlie s’éprend de la charmante Rose-Marie, une antiquaire bourgeoise. Car, plutôt que de s’éclipser devant le bonheur de Charlie, Max (que sa femme vient de plaquer) s’incruste lourdement. En 1981, Daniel Duval (qui incarne Charlie) met en scène une belle chronique de l’amitié dans un bon mélange de tendresse, d’amour, d’humour et de drame. Avec émotion, Duval raconte les aventures d’un couple aimant (Charlie et Marie-Christine Barrault, belle et émouvante) et d’un type triste (Jean Carmet) qui a tout d’un vitelloni fellinien… Dans les suppléments, Fabienne Vette, ex-compagne du cinéaste, évoque la genèse du film. (Sidonis Calysta)
PROMISING YOUNG WOMAN
Quasiment vautrée sur les canapés de night-clubs, la blonde Cassie semble être une « proie » idéale pour les mâles alentour. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Intelligente et rusée, séduisante et calculatrice, Cassie était autrefois une jeune femme pleine d’avenir jusqu’à ce qu’un événement vienne tout bouleverser. Depuis, Cassie a une revanche à prendre et elle est décidée à accomplir sa vengeance. Souvent présenté comme LE film post #Metoo, le premier long-métrage (primé aux Oscars pour le meilleur scénario original) de la cinéaste Emerald Fennell évolue entre la comédie noire et le thriller, pour interpeller le spectateur sur la sexualisation omniprésente des femmes à l’écran. Dans une esthétique pop, parfois un peu clinquante, la cinéaste dézingue la culture du viol. Carey Mulligan incarne avec allant une pure arme de destruction massive… (Universal)
LOUPS-GAROUS
A Beaverfield, petite ville enneigée, Finn Wheeler (Sam Richardson), Ranger récemment nommé, prend ses fonctions et est présenté à la population par Cecily (Milana Vayntrub), la préposée des Postes. Bientôt, dans une cité isolée et bloquée par le blizzard, Finn devra mener une traque pour mettre la main sur un loup-garou qui s’en prend aux habitants… Qui est le loup-garou ? Dans cette adaptation haute en couleurs mais plutôt libre du jeu vidéo Werewolves Within, le spectateur mène l’enquête pour découvrir lequel des suspects, souvent franchement loufoques, se transforme, la nuit venue, en lycanthrope… Le réalisateur Josh Ruben propose une comédie horrifique inventive entre mystère, humour et dangereux monstre… (Metropolitan)