L’OCCUPATION, LE VIETNAM, LES INVENTEURS, LE MONSTRE ET LES WESTERNERS
LE DERNIER METRO
« C’est une joie et une souffrance… » On se souvient de ces mots prononcés en scène. Et Truffaut s’auto-cite puisqu’on les entend aussi dans La sirène du Mississippi… Sous l’Occupation allemande, Marion Steiner tente de faire vivre le Théâtre Montmartre à Paris. Elle doit composer avec son mari Lucas, metteur en scène juif allemand caché dans la cave du théâtre et aussi Bernard Granger, un jeune premier amoureux d’elle… Plus encore, elle doit tenter d’amadouer un critique de théâtre collabo qui pourrait faire boucler les lieux. En 1980, François Truffaut obtient l’un de ses plus grands succès et rafle une brassée de dix César pour une œuvre très riche aussi sur la vie à Paris sous le joug nazi. Dans un beau Coffret Ultra Collector, on trouve ce drame d’amour et d’aventures (porté superbement par Catherine Deneuve et Gérard Depardieu) dans une belle version restaurée. Le coffret contient également de nombreux et remarquables suppléments dont plusieurs longs entretiens avec le cinéaste… (Carlotta)
NOUS ETIONS SOLDATS
A Fort Benning, devant le légendaire 7e de cavalerie qui fut le régiment du général Custer pendant les guerres indiennes, le lieutenant-colonel Hal Moore (Mel Gibson au regard de fer) promet à ses hommes, en partance pour le Vietnam, de les ramener, tous, morts ou vivants. Dans la « vallée de la mort », pendant la bataille de la Drang en novembre 1965, 400 Américains se battront, dans une clairière, contre 4000 ennemis. En 2002, Randall Wallace décrit minutieusement le bruit et la fureur, le sang et les larmes dans le premier affrontement significatif de la guerre du Vietnam opposant les forces américaines et nord-vietnamiennes. Si We Were Soldiers déploie toute la panoplie du film de guerre, sa dimension documentaire est bien présente avec notammen l’emploi massif des rotations d’hélicoptères… (Metropolitan)
THE CURRENT WAR
En 1880, le monde est encore éclairé à la bougie et les machines tournent à la vapeur… George Westinghouse, riche inventeur du frein à air comprimé et Thomas Edison, moins riche que lui mais déjà célèbre, se battent sur le terrain de la maîtrise de l’électricité alors que le brillant Nikola Tesla, lui, passe d’un camp à l’autre. Dans un film dont la sortie a été sérieusement perturbée par le scandale Weinstein, Alfonso Gomez-Rejon s’intéresse à la course entre de grands inventeurs et brosse trois portraits de pionniers (incarnés par Benedict Cumberbatch, Michael Shannon et Nicholas Hoult) au cœur d’une guerre des… courants. Une biopic de qualité avec une solide et agréable mise en scène autour de rivalités électriques sur fond de course au courant ! (Studiocanal)
GODZILLA
Métaphore des bombardements nucléaires sur le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monstre reptilien, né au milieu des années cinquante devant la caméra du Nippon Ishiro Honda, a donné lieu à une série de trente films japonais entre 1954 et 2004. En 2014 (après que le projet ait été ralenti à cause de la catastrophe de Fukushima et du questionnement sur la radioactivité), Gareth Edwards s’empare d’une figure parfois ringardisée du fantastique pour l’embarquer dans un vrai blockbuster bourré d’action mais aussi dans un angoissant et tragique chaos. Car le physicien nucléaire Brody (Bryan Cranston) enquête sur d’étranges événements qui n’ont rien à voir avec un tremblement de terre mais bien avec des monstres réveillés par des essais nucléaires… Quant au combat final des monstres, c’est un morceau de roi ! Godzilla n’a pas fini d’activer son souffle atomique. (Warner)
MONTAGNE ROUGE
En 1865, au Colorado, Lane Waldron, un prospecteur, est accusé du meurtre d’un négociant en or. Alors qu’on s’apprête à le lyncher sans autre forme de procès, Waldron est sauvé par le capitaine Brett Sherwood, un officier sudiste déserteur. Alors que Waldron est vite persuadé que son sauveur est le véritable assassin, les deux hommes se retrouvent en cavale, bientôt rejoints par Chris, la fiancée de Lane. En 1951, le cinéaste allemand William Dieterlé installé aux USA depuis les années 30, réalise son unique western et réussit un bon film d’action bien photographié dans de beaux paysages. Tout en s’appuyant sur trois comédiens de talent : Arthur Kennedy (Waldron), John Ireland dans celui de Quantrill, un général sudiste dévoyé et devenu un tueur et enfin Alan Ladd. Dans le rôle de Sherwood, il ajoute un nouveau et mystérieux personnage à sa belle galerie de grand westerner… (Sidonis Calysta)
CONTRE TOUTE ATTENTE
Excellent joueur de football américain, Terry Brogan s’est blessé et se retrouve au chômage forcé. Les propriétaires du club en profitent pour virer Brogan, trop grande gueule, de l’équipe. Sans le sou, il accepte de travailler pour Jake Wise, un riche et douteux bookmaker, qui lui demande de retrouver Jessie Wyler, sa maîtresse, disparue en emportant une grosse somme. Brogan débusque Jessie au Mexique mais tombe follement amoureux d’elle. Erreur à ne pas commettre… Avec une belle distribution (Jeff Bridges, Rachel Ward, James Woods, Richard Widmark), Taylor Hackford filme, en 1984, un remake de La griffe du passé (1947) de Jacques Tourneur et réussit un bon polar mâtiné de drame passionnel sur une b.o. à succès de Phil Collins… (Sidonis Calysta)
EL DORADO
A Grenade, Sibilia est danseuse dans un cabaret borgne. Même si elle conserve toujours le sourire, Sibilia n’a pas une existence joyeuse. Son fils, né d’une aventure ancienne avec Estiria, un voyou, est malade. Elle demande à Estiria de l’aider mais celui-ci ne veut pas se faire reprendre par son passé. Solitaire et désespérée, Sibilia (Eve Francis dans son meilleur rôle) décide de se venger. Grande personnalité du cinéma français muet, Marcel L’Herbier (1888-1979) réussit, en 1921, un mélodrame remarquable par le travail sur les effets visuels (flous, déformations optiques, caches) mais aussi par son sens de la composition et de la mise en scène. El Dorado est une pépite du muet qui précède des œuvres comme L’inhumaine, Feu Mathias Pascal ou L’argent, des chefs d’œuvre de l’avant-garde française. (Gaumont)
LISA ET LE DIABLE
Incontestable maître italien du fantastique avec des films comme Le masque du démon ou Six femmes pour l’assassin, Mario Bava (1914-1980) tourne, en 1973, vers la fin de sa carrière, l’un de ses bons fleurons gothico-macabres. Il met en scène l’histoire de Lisa Reiner (l’Allemande Elke Sommer) qui, en voyage en Espagne, se perd dans le labyrinthe des rues de Tolède. En compagnie d’un couple et de leur chauffeur (Gabriele Tinti), elle se retrouve finalement dans une vaste demeure aristocratique dont Leandro, le majordome (Telly Savalas), ressemble étrangement à une gravure murale vue sur un mur de la ville et représentant le diable… Coincée dans cette maison, entre un jeune homme dérangé et sa mère (Alida Valli), Lisa va vivre une nuit de cauchemar qui va aussi la transporter dans le passé où elle devient Elena… (ESC Editions)
LES SEPT PECHES CAPITAUX
Dans les années soixante, le film à sketches était à la mode dans le cinéma français comme dans le cinéma transalpin. Evidemment, les sept péchés capitaux convenaient bien à ce traitement. Après Feuillade (1910) et avant Fincher et son Seven (1995), ce sont, ici, en 1962, de jeunes cinéastes, certains proches de la Nouvelle Vague qui s’amusent à illustrer de façon fraîche et humoristique ces travers… De la paresse à l’avarice en passant par la luxure, l’orgueil ou la gourmandise, on retrouve Godard, Chabrol, Demy, Vadim ou De Broca en compagnie d’une pléiade de bons comédiens de l’époque, ainsi Marie-José Nat, Claudine Auger, Claude Brasseur, Jean-Louis Trintignant, Eddie Constantine ou Marina Vlady. C’est forcément inégal mais souvent drôle et savoureux… (Gaumont)
LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR
Traumatisée par de terribles souvenirs d’enfance, la scientifique Silvia Hacherman vit seule à Rome et se consacre entièrement à ses recherches. Un soir, elle assiste à une réunion où un confrère africain parle de magie noire et d’occultisme. Assaillie par des visions érotiques avec sa mère, Silvia va basculer dans un univers où le rêve et la réalité se mêlent tandis qu’elle verse dans la paranoïa. En 1974, l’Italien Francesco Barilli signe une œuvre, longtemps inédite, qui est intéressante plastiquement mais aussi par sa manière de convoquer la psychanalyse et une cruauté exotique autour d’une Mimsy Farmer aussi blonde que troublée. Rien à voir avec l’œuvre de Gaston Leroux mais bien avec une atmosphère façon Rosemary’s Baby… (Artus Films)
SORCIERE
Dans l’Angleterre de 1665, la grande Peste fait rage… Et la chasse aux sorcières est ouverte avec une cruauté sans égale. Jeune veuve, Grace Haverstock (Charlotte Kirk) va affronter, seule, Pendleton, un notable du comté, qui la convoite avant de l’accuser d’être une sorcière. Dans une atmosphère nocturne et mortifère, Neil Marshall (connu pour ses succès The Descent et Dog Soldiers) met en scène le combat d’une femme accusée de toutes les maléfices et promise aux flammes. Mais la captive, hantée par des hallucinations diaboliques, va s’appliquer, par amour pour son bébé, à tenir tête, malgré les multiples supplices, à un inquisiteur hystérique (Sean Pertwee) persuadé d’être le bras armé de Dieu… Une bonne série B d’horreur. (Metropolitan)
PROTECTION RAPPROCHEE
Vétéran des services de protection de la Maison Blanche, Jay Killian apprend qu’il va être chargée de la sécurité de Lara Royce Craig, l’épouse du nouveau président américain. Une mission qui ne l’emballe pas vraiment car la First Lady est connue pour être aussi arrogante que mal embouchée. Kyllian lui sauve la mise à plusieurs reprises lors d’attentats et l’agent des services secrets finit par se demander si ce n’est pas le président lui-même qui derrière le complot contre sa femme… En 1987, pour sa dernière apparition commune, le couple (à la ville) Charles Bronson-Jill Ireland fonctionne bien dans ce pur (mais prévisible) film d’action mis en scène par Peter Hunt qui signa, en 1969, avec Au service secret de sa Majesté, l’un des tout meilleurs films de la saga James Bond. (Sidonis Calysta)