LADY, LE CHAOS NUCLEAIRE, POLANSKI, LE JUSTICIER ET KIAROSTAMI
BILLIE
Elle incarnait « toute la beauté et la misère du monde ». Eleonora Fagan dite Billie Holiday (1915-1959) fut l’une des plus grandes représentantes du jazz vocal. Pourtant, elle disait ne pas savoir chanter, juste raconter une histoire, la sienne. Et ce n’était pas toujours une histoire très gaie car Billie fut souvent mise à mal par les hommes. James Erskine signe un audacieux documentaire qui mêle deux destinées, celle de Lady Day évidemment mais aussi celle de Linda Kuehl, journaliste new-yorkaise, qui prépara une bio de Billie. Elle recueillit 200 heures de témoignages souvent inédites avant de mourir dans des conditions mystérieuses, la bio restant inachevée. Utilisant de bonnes images de concert de Billie Holiday et les témoignages recueillis par celle qui fut aussi la compagnie de Count Basie, le documentariste décrit l’ascendant de Billie Holiday sur le jazz mais également une descente dans l’enfer de la drogue et du sexe ! (L’Atelier d’images)
HIROSHIMA
Au début des années 50 à Hiroshima, le professeur Kitagawa constate que nombre de ses élèves souffrent de la « malade atomique », séquelles de la bombe lancée par les forces américaines sur la ville le 6 août 1945 et qui fit 200.000 morts. Il entame avec eux une discussion pour faire face à l’ignorance et à l’indifférence des Japonais. En 1953, le cinéaste japonais Hidéo Sekigawa tourne l’un des premiers films à évoquer le cataclysme nucléaire. Longtemps invisible (hormis les séquences qu’utilisa Alain Resnais pour son Hiroshima mon amour) et désormais présenté dans une version restaurée, le film mêle le documentaire émouvant qui reconstitue le chaos qui succède à l’explosion et la fiction expressionniste qui fut jugée trop antiaméricaine. Un impressionnant et bouleversant réquisitoire contre l’horreur de la guerre ! (Carlotta)
POLANSKI
Si, aujourd’hui, Roman Polanski est, pour certains, à vouer aux gémonies, on est cependant en droit de se réjouir de retrouver, dans de belles versions restaurées, ses trois premiers longs-métrages. En 1962, dans son pays natal, il réalise Le couteau dans l’eau, son premier long-métrage, le seul en langue polonaise, sur la croisière en voilier d’un couple qui entraîne avec lui un jeune étudiant. Après ce séduisant exercice de style, le cinéaste part en Grande-Bretagne où, dans Répulsion (1965), il dirige Catherine Deneuve en schizophrène que sa répugnance pour le sexe amène au meurtre. L’année suivante, c’est la sœur de Deneuve, Françoise Dorléac qu’il met en scène dans Cul-de-sac. Deux gangsters débarquent sur une île et malmènent un couple mal assorti. Un huis clos d’atmosphère sous le signe de l’humour noir dont le tournage fut très chaotique. Dans les suppléments, Polanski revient longuement sur la genèse de ces trois films. (Carlotta)
BATMAN
Enfant, Bruce Wayne a perdu ses parents assassinés par un voleur des rues. Le milliardaire se jure alors de venger leur mort en se lançant dans une bataille à vie contre le crime organisé. Bruce (Michael Keaton) invente un justicier masqué et le cache sous le look d’un playboy flambeur… En 1989, après Beetlejuice et avant Edward aux mains d’argent, Tim Burton, très inspiré, réalise le premier opus de la saga et lance, dans Gotham City dévorée par la corruption et le crime, le combat entre Batman et le sinistre et narcissique Joker avec lequel Jack Nicholson, sourire rouge, cheveux verts et peau blanche, imposera l’un des grands méchants du cinéma. Dans la collection Titans of Cult, le film sort, en 4K UHD, dans un steelbook collector inédit. Sur la bande originale de Danny Elfman, on se replonge volontiers dans la bat-aventure ! (Warner)
24 FRAMES
Parce qu’une photo ou un tableau capturent une image sans rien avant, ni après, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami a choisi des photos prises par ses soins au fil du temps pour imaginer ce qui justement aurait pu avoir lieu, avant ou après ces moments capturés. Œuvre posthume du cinéaste disparu en juillet 2016, ce film réunit 24 plans fixes, d’environ 5 minutes chacun qui sont autant d’instants de pure poésie et de grande beauté. C’est minimaliste, contemplatif et épatant de grâce. Le film s’ouvre par une animation numérique du tableau de Breughel l’ancien Chasseurs dans la neige qui prend vie avec, ici, la fumée qui s’élève au-dessus d’une chaumière, là un chien qui passe ou des corbeaux qui s’envolent. Et puis Kiarostami filme la mer, les plages, les vagues, la neige sur la campagne, des animaux (les oiseaux occupent une belle place), des ciels, des arbres qui bougent dans le vent, une fenêtre, des personnes âgées de dos qui regardent la tour Eiffel illuminée… Et c’est beau. (Potemkine)
LES ANNEES KANOON
Connu pour Au travers des oliviers (1994) ou Le goût de la cerise (1997) qui obtint la Palme d’or à Cannes, Abbas Kiarostami, considéré comme l’un des piliers de la Nouvelle vague iranienne, s’est imposé comme l’une des grandes figures du 7e art contemporain. A la fin des années 60, le cinéaste iranien (1940-2016) participe à la création du Kanoon, l’Institut pour le développement intellectuel de la jeunesse et l’une des deux structures publiques de production de films en Iran. Avec Le pain et la rue, en 1970, Kiarostami signe ainsi son premier court-métrage marqué par le néoréalisme sur un écolier malheureux et un chien agressif. Un beau coffret (six dvd) permet de se plonger, entre de nombreuses fictions et documentaires, courts et longs, dans les origines du travail d’un auteur qui allia, avec génie, la poésie et les trouvailles esthétiques. (Potemkine)
LES AILES DE LA RENOMMEE
Dans les années 60, lors d’un festival de cinéma, la star César Valentin (Peter O’Toole) est abattue par Brian Smith, jeune écrivain inconnu (Colin Firth), qui est lui-même tué par la chute d’un projecteur… Désormais célèbre à cause de son acte, le tueur ainsi que sa victime sont conduits sur une île, vers un luxueux hôtel destiné à les loger, royalement tant que sur Terre, leur célébrité demeure vivace. Mais gare, ceux qui tombent dans l’oubli, finissent dans des mansardes, à la cave ou sont rejetés à la mer. L’unique long-métrage d’Otakar Votocek, est un bijou du fantastique. Entre douceur et angoisse, la haine le dispute à l’ennui alors que tous les habitants du « purgatoire » ont peur de perdre la gloire et de rejoindre le troupeau des oubliés de l’éternité… (ESC Editions)
APOCALYPSE 2024
En 2007, la Quatrième Guerre mondiale n’aura duré que cinq jours… Bien plus tard, en 2024, la Terre est désertique. Des vagabonds se battent pour les restes de l’ancien monde. Vic, accompagné de Prof, son chien, qui a le don de télépathie avec son maître, erre dans ces territoires désolés en quête de trois choses essentielles : la nourriture, les armes et les… femmes. Mais Vic (Don Johnson) apprend l’existence du « monde d’en bas » vers lequel il va être attiré par Quilla June Holmes (Susanne Benton), un appât rencontré « fortuitement »… En 1975, L. Q. Jones signe, dans la lignée du courant de « SF pessimiste » ou post-apocalyptique (dont Madmax demeure un fameux fleuron), un conte philosophique méconnu (et… restauré) qui manie l’humour noir et vogue sur des thèmes comme la survie, le monde souterrain ou l’ultra-violence… (Artus Films)
ASSA
En 1987, le cinéaste Serguei Soloviov met en scène un mélange plutôt hétérogène de film policier et de documentaire sur les groupes rock underground de Leningrad et signe une sorte de manifeste de reconnaissance de la jeunesse rock soviétique. On croise dans le film différents groupes comme Aquarium, Bravo ou Afrika dont le leader Bananan, le héros du film, est courtisé par la rebelle Alika, jeune amie de Krymov, mafieux vieillissant qui incarne les valeurs d’un régime sans foi, ni loi… Ce film sur des rockeurs face à la pesanteur de l’establishment culturel soviétique fait la part belle aussi à Viktor Tsoi (1962-1990) leader du groupe Kino dont la chanson « Je veux des changements » fut l’un des symboles de la perestroïka… (Extralucid Films)
L’HOMME SANS VISAGE
Charles Norstadt surnommé Chuck, 13 ans, rêve d’entrer dans l’académie militaire où était son père qu’il n’a jamais connu. En vacances sur la côte Est des Etats-Unis avec sa mère et sa soeur, le gamin reçoit l’aide du mystérieux Justin McLeod, ex-enseignant dont la moitié du visage a été défigurée à la suite d’un accident dans lequel l’un de ses élèves a trouvé la mort… En 1993, Mel Gibson, star de Mad Max ou de L’arme fatale, passe pour la première fois à la réalisation tout en incarnant McLeod. Il réussit une histoire émouvante (sans être larmoyante) fondée sur une rencontre initiatique. En mal d’une figure paternelle, Chuck (Nick Stahl) va la trouver auprès d’un ermite malheureux à cause du mépris, sinon de l’angoisse dans le regard des autres… (Metropolitan)
UNE AFFAIRE DE DETAILS
Officier en fin de carrière, Joe « Deke » Deacon, shérif-adjoint dans un comté du sud de la Californie, est un type pas très bien vu dans la police. Pour les besoins d’une enquête, il revient à Los Angeles où il était autrefois en poste. Il croise Jim Baxter, jeune flic qui travaille sans succès sur un tueur en série qui a déjà fait quatre victimes. Même si les deux hommes ont des méthodes bien différentes, Deke accepte de faire équipe avec Baxter et repère rapidement un suspect bien tordu… John Lee Hancock réunit un joli trio de vedettes (tous sont des titulaires de l’Oscar) avec Denzel Washington, Rami Malek et Jared Leto pour un solide thriller avec de bons personnages (Deke trimballe de troubles secrets) et une atmosphère qui n’est pas sans faire penser au Seven de David Fincher… (Warner)
MONSTER HUNTER
Notre monde en cache un autre, dominé par de puissants et dangereux monstres. Lorsque le lieutenant Nathalie Artemis et son unité d’élite traversent un portail qui les transporte dans cet univers parallèle, ils subissent le choc de leur vie et vont devoir faire face à d’incessantes attaques de créatures terrifiantes. Pour rentrer chez elle, l’intrépide Artemis aura bien besoin de de l’aide d’un mystérieux chasseur qui a survécu dans ce monde hostile grâce à des aptitudes uniques. Après la saga Resident Evil, Paul W.S. Anderson retrouve Mila Jovovich (elle fut la Jeanne d’Arc de Luc Besson) pour une adaptation au cinéma du jeu vidéo éponyme. Il va ne faut pas trop chercher du côté du scénario mais, côté action, ça se regarde tranquillement ! (Sony)