LA REBELLE, LES TUEURS, MARTHA JANE, BEAUMARCHAIS ET LE FLIC PROPRE

FRANCES
FrancesMême si les gazettes la qualifiaient d’« exceptionnelle trouvaille des écrans de 1936 », et qu’on la voyait comme la nouvelle Garbo, Frances Farmer (1913-1970) ne fut jamais heureuse à Hollywood, estimant qu’on lui volait sa vie. En 1982, le cinéaste australien Graeme Clifford signe son premier long-métrage (et son meilleur) en suivant le parcours tragique d’une actrice passionnée de théâtre et de cinéma mais qui, rebelle, refusa de se plier à la règle du jeu d’Hollywood. Dans l’un de ses tout meilleurs rôles, Jessica Lange incarne cette femme qui connut aussi l’enfer de la psychiatrie et de ses traitements inhumains. Dans la collection Make my Day, Jean-Baptiste Thoret remet en lumière ce biopic, certes classique, qui interroge aussi la question de la normalité… Parmi les bonus, Matthieu Larnaudie propose une relecture (55 mn) du film. (Studiocanal)
DE SANG FROID
De Sang FroidGrand classique de la littérature américaine, le roman non-fictionnel de Truman Capote, publié en 1966, donna lieu, l’année suivante, à l’un des plus films les plus forts de Richard Brooks. En 1959, à Holcomb, Kansas, Perry Smith et Dick Hickock, deux jeunes paumés, massacrent froidement et sans aucun mobile, les Clutter, une famille d’agriculteurs. C’est par sa construction que ce film glaçant (dans un noir et blanc très dense) trouve sa singularité. Avec deux bons comédiens (Robert Blake et Scott Wilson), le réalisateur d’Elmer Gantry élude le meurtre (il le montrera au fil de l’enquête) et monte en parallèle, avec nombre de flash-back, la cavale des assassins et le travail des policiers, conservant ainsi le recul pris par Capote dans son récit de ce fait-divers authentique. De bons suppléments (dont une analyse de la musique originale de Quincy Jones) et un livret de 80 pages signé Philippe Garnier. (Wild Side)
CALAMITY
CalamityEn 1863, dans un convoi de pionniers qui progresse vers l’Ouest, une famille espère trouver une vie meilleure dans le lointain Oregon. Mais le père veuf se blesse et c’est la jeune Martha Jane qui doit prendre les rênes du chariot et soigner les chevaux tout en étant confrontée aux garçons et filles du convoi. Superbe film d’animation français de Rémi Chayé (auteur du beau Tout en haut du monde en 2015), cette histoire sous-titrée Une enfance de Martha Jane Cannary raconte, de manière fictionnelle, le désir d’émancipation et l’apprentissage de la liberté pour une toute jeune fille fière et intrépide, habillé en garçon, qui deviendra la mythique Calamity Jane, grande figure de la conquête de l’Ouest. Avec humour et des clins d’œil aux thèses féministes contemporaines, un western à hauteur de gamine et une beau voyage initiatique et coloré. (Universal)
FIGARO
FigaroJeune cinématographiste au sein de la Gaumont dans les années 1914, Gaston Ravel (1878-1958) tourne de multiples films pour la firme à la marguerite mais cultive une passion pour les grands textes classiques. En 1929, il parviendra à sa plus forte réussite avec Beaumarchais. En compagnie de Tony Lekain, co-réalisateur et co-scénariste, il signe une audacieuse « compression » de la trilogie de Figaro. Alors même que Beaumarchais est difficile à mettre en scène parce que sa saveur réside dans le brio de la réplique, Ravel, avec son film muet, tient son pari même si son Figaro fait abstraction de la lecture idéologique de Beaumarchais. Tant pour la circulation vertigineuse des personnages, l’organisation chorégraphique de l’espace, le jeu des regards, enfin par l’arithmétique du désir et des corps. Dans les bonus, une bonne analyse de Figaro par Martial Poirson. (Gaumont)
SERPICO
SerpicoFlic de terrain à New York, Frank Serpico ne supporte pas la corruption ambiante et décide de la combattre. Habitué à un style vestimentaire qui dérange et irrite ses collègues, il se fond dans la population pour faire son boulot. Mais, de plus en plus isolé, il va connaître une descente aux enfers. En 1973, pour leur première coopération avant Un après-midi de chien (1975), Al Pacino et Sidney Lumet connaissent un imposant succès critique et populaire avec ce drame policier inspiré par l’histoire vraie de Frank Serpico qui quitta la police un an avant le tournage du film et ne vit son intégrité reconnue qu’après plus de dix ans de lutte. Cheveux longs et barbe épaisse, Pacino (dans un rôle qui devait d’abord être incarné par Robert Redford) excelle en héros détesté et solitaire mais toujours honnête. Une belle édition blu-ray. (Studiocanal)
L’ANNEE TCHEQUE
Annee TchequeC’est en 1947 que Jiri Trnka, maître des marionnettes, réalise son premier long-métrage d’animation qui, à travers la vie d’un village tchèque, évoquent, en six séquences, les coutumes et les légendes nationales. Du carnaval à la fête foraine en passant par Bethléem, Tnka (1912-1965) et le compositeur Vaclav Trojan réussissent une superbe fresque où la minutie de la mise en scène, l’inventivité plastique le dispute à la féérie et à la beauté de portraits miniaturisés. Dans une édition restaurée et remastérisée, Spalicek est la première perle de Trnka et le premier long-métrage en couleurs de marionnettes animées dans l’histoire du 7e art. Le coffret est accompagné d’un livret rédigé par Pascal Vimenet qui analyse avec précision l’œuvre fondatrice de Trnka. (Artus Films)
LES BAS-FONDS
Bas FondsPremière des quatre rencontres entre Jean Gabin, plus grand comédien de sa génération, et Jean Renoir juste avant La grande illusion, cette lointaine (seuls les noms ou les costumes rappellent le pays du dramaturge) adaptation de Gorki et de la Russie des tsars, tournée en 1936 au cœur du premier été du Front populaire (présenté dans une belle version restaurée), évoque la France et l’idéal ouvrier de l’époque. Joueur invétéré et fauché, un baron (Louis Jouvet) croise la route de Pepel (Gabin) qui s’introduit chez lui pour le voler. Mais les deux se lient d’amitié et le baron rejoindra le voleur pour partager une cave sordide. Quand Renoir analyse les mécanismes de la servitude et observe comment l’aristocratie doit permettre au prolétariat de prendre le pouvoir… (Gaumont)
ANGEL
Angel« Bonne élève le jour, bonne p… la nuit » Le ton est donné. Entre 1983 et 1988, Angel, trilogie à succès, est un bon exemple de ces « grindhouse films » qui n’avaient aucune d’ambition artistique mais distillaient, au format série B, des divertissements policiers et (très) légèrement émoustillants. Voici, dans Angel, Angel 2 : la vengeance et Angel 3 : le chapitre final, les aventures de Molly Stewart (incarnée par trois comédiennes différentes) qui, prostituée la nuit mais collégienne, étudiante ou photographe le jour au fil du temps, se transforme toujours en justicière traquant un serial-killer pervers ou des malfrats en tous genres. Une curiosité du cinéma d’exploitation américain. (Carlotta)
UNE BIBLE ET UN FUSIL
Bible FusilMalgré les ans qui commencent à bien peser, le shérif Rooster Cogburn est toujours redouté et redoutable. Au point que, trouvant ses méthodes trop expéditives, le juge Parker lui retire son étoile. Mais Cogburn s’en moque comme d’une guigne. A la poursuite de bandits qui ont volé de la nitroglycérine, il croise la route d’une fille de pasteur avec laquelle il devra apprendre à faire équipe. Un western agréable qui fait songer au fameux African Queen d’Huston (où Hepburn jouait avec Bogart) et qui vaut pour le plaisir de retrouver John Wayne en vieux type borgne et bougon aux prises avec une vieille fille aussi mal embouchée que lui, incarnée par la grande Katharine Hepburn. (Sidonis Calysta)
AMOURS IRLANDAISES
Amours IrlandaisesIl était une fois en Irlande, deux fermes à peu de distance l’une de l’autre. D’un côté, vivait Rosemary Muldoon, de l’autre Anthony Reilly. Depuis toujours, Rosemary était amoureuse d’Anthony mais celui-ci, la tête un peu dans les nuages, n’osait pas le remarquer d’autant que les deux familles étaient en mauvais termes. Un jour, le père (Christopher Walken) d’Anthony décida de vendre la ferme à son neveu américain…. Dans les verts paysages d’Irlande, sous des pluies soutenues et de rares mais beaux rayons de soleil, John Patrick Shanley adapte sa propre pièce de théâtre montée à Broadway en 2014. Wild Mountain Thyme évoque l’héritage de la terre et donne une aventure amoureuse longtemps muette. Jamie Dornan (Cinquante nuances de Grey) incarne Anthony le « dérangé » alors qu’Emily Blunt (Sicario) est radieuse en fermière déterminée. (Metropolitan)
LA CARAVANE DE FEU
Caravane FeuScénariste de talent (Sept hommes à abattre dès 1956), Burt Kennedy passe ensuite derrière la caméra et orchestre, en 1967, la troisième rencontre sur le grand écran de deux légendes du western : John Wayne et Kirk Douglas. Le premier incarne Taw Jackson qui vient de sortir de prison après avoir été dépossédé de ses terres sur lesquelles se trouve une riche gisement d’or. Avec l’aide d’un tueur à gages expert en explosifs (Douglas), Jackson organise l’attaque d’un fourgon blindé qui transporte chaque mois l’or, caché dans des tonneaux de farine, à la gare d’El Paso. Un sympathique western de série B. (Sidonis Calysta)
JALOUX COMME UN TIGRE
Jaloux Comme TigreSon nom ne dit sans doute plus rien aujourd’hui aux jeunes générations. Mais André Darricau (1925-2006) devenu, à la mode anglaise, Darry Cowl, fut un comédien comique en vogue des années 50 au début des années 80 autant qu’un oiseau de nuit pianiste et zozoteur. En 1964, celui qui employait souvent l’expression « petit canaillou », réalisait son unique long-métrage en racontant l’histoire d’un mari très jaloux qui perturbe la vie de son couple et de son entourage. Le tout donne une pure bouffonnerie, souvent franchement burlesque mais souvent aussi inégale, où l’on croise, outre l’omniprésent Darry Cowl, Poiret et Serrault, Francis Blanche, Dany Saval ou Jean Yanne…Pour la curiosité ! (Gaumont)

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