WILDER, OZON, OZU, LES SOLDATS AMERICAINS ET LES MAFIEUX QUEBECOIS
ARIANE
Fille d’un détective privé parisien, la charmante Ariane apprend que son père doit filer une épouse volage et son amant, le milliardaire américain Flannagan. Lorsque celui-ci est menacé de mort par le mari jaloux, Ariane décide de mettre Flannagan en garde contre la menace. Evidemment, Ariane cède au charme de Flannagan. En 1957, avec Audrey Hepburn, Gary Cooper et Maurice Chevalier, le grand Billy Wilder tourne l’une de ces comédies enlevées dont il avait le secret. Dans l’excellente collection Ultra Collector, voici un beau coffret avec la version restaurée du film, de nombreux bonus dont un portrait de Wilder, un « homme à 60% parfait » ou un livre (160 p.) sur le romanesque triomphant. Voilà de quoi célébrer la virevoltante fantaisie de Wilder à travers un marivaudage enlevé sur Paris et les amours éternelles ! (Carlotta)
ETE 85
Lors d’une sortie en mer sur la côte normande, l’été de ses 16 ans, Alexis est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Après le remarquable Grâce à Dieu (2018) sur l’affaire Preynat, François Ozon revient avec une belle et puissante histoire d’amour, d’amitié et de solitude. Avec une intensité non dépourvue de nostalgie, il observe deux jeunes gens (Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, excellents) emportés dans un tourbillon de sentiments amoureux exacerbés et cependant éphémères. Bien qu’adapté d’un roman (Le chant du coucou d’Aidan Chambers paru en 1982), le film ressemble pleinement à la manière Ozon, romantique, précise et humaniste. Une réussite ! (Diaphana)
OZU EN COULEURS
A la fin des années 50, le passage à la couleur est jugé nécessaire par l’industrie du cinéma japonais. Même s’il compte bien prendre son temps, Yasujiro Ozu (1903-1963) sait qu’il ne pourra plus esquiver longtemps cette nouvelle tendance. Ce sont finalement six films en couleurs que le célèbre réalisateur nippon va tourner… Il commence avec Fleurs d’équinoxe (1958) et poursuivra jusqu’au Goût du saké (1962), son œuvre ultime. Entre, il aura mis en scène Herbes flottantes (1959), Bonjour (1959), Fin d’automne (1960) et Dernier caprice (1961). Réunis dans un coffret, ces six films restaurés (qui sont parfois des remakes ou des relectures de son propre travail) enrichissent encore la vision formaliste d’un cinéaste au sommet de son art. (Carlotta)
ASSIEGES
« Bienvenue sur la face cachée de la lune ! » Le 3 octobre 2009, dans l’avant-poste Keating, l’une des bases militaires américaines les plus exposées en Afghanistan, 54 soldats US, sur le point de quitter ces lieux trop exposés, vont devoir affronter, pendant douze heures, près de 400 talibans. En s’emparant d’une histoire vraie (la bataille de Kamdesh) décrite dans le livre de Jake Trapper, Rod Lurie reconstitue avec précision la lutte de soldats pour leur survie. « Faire notre travail et rester sains et saufs », c’est le mot d’ordre. Avec Orlando Bloom et Scott Eastwood, entourés de quatre véritables vétérans de Kamdesh, voici un solide film de guerre immersif et d’une intense violence ! (Metropolitan)
MAFIA INC
Tailleurs de pères en fils, les Gamache habillent la famille mafieuse Paterno depuis trois générations. Au Venezuela, l’ambitieux « Vince » Gamache, homme de confiance de Frank Patierno, parrain de la mafia montréalaise, organise une grosse transaction de drogue qui va déstabiliser le fragile équilibre des deux familles… En s’inspirant très librement d’un livre sur le clan Rizzoto, le réalisateur québécois Daniel Grou alias Podz signe un robuste film d’action où les rebondissements violents sont incessants. Par ailleurs, Podz réussit de bons portraits des membres des familles et détaillent, avec finesse, les liens étroits qui unissent tous ces mafieux. Marc-André Grondin en jeune truand qui veut prendre du galon et Sergio Castellito, en parrain souriant mais dangereux, sont très bons. Efficace ! (Koba Films)
LUCKY DAY
Le Canadien Roger Avary est clairement francophile ey on s’amuse d’entrée à entendre les personnages de ce thriller baragouiner le français. La dernière réalisation d’Avary, collaborateur à ses débuts de Tarantino, mêle adroitement le thriller ultra-sauvage et la comédie déjantée. Auteur de Killing Zoé (1994) et Les lois de l’attraction (2002), Avary avait disparu de la circulation, purgeant une peine de prison pour un accident de voiture alors qu’il conduisait en état d’ivresse. Après deux ans de prison pour braquage, Red retrouve sa femme et sa fille. Ce pourrait être enfin le bonheur en famille… Las, un tueur psychopathe (Crispin Glover, dans le registre dément et avec un accent français à couper au couteau) veut sa peau. Drôle et flippant ! (Metropolitan)
LA FLAMME
Pilote de ligne, Marc, 36 ans, est un cœur à prendre. Treize femmes réunies dans une villa vont se battre pour obtenir son amour… En s’ingéniant avec brio à ridiculiser les codes de la télé-réalité, cette série Canal inspirée par l’Américian Burning Love produite par Adam Sandler et créée par Jonathan Cohen, Jérémie Galan et Florent Bernard est un moment de grande rigolade. On y passe à la moulinette le vide sidéral de la télé-réalité dans une première saison (9 épisodes de 25 mn) très réussie, notamment lorsqu’elle la joue borderline et politiquement (pas) correcte. Le désormais incontournable Jonathan Cohen est impayable en crétin satisfait et irrécupérable ! (Studiocanal)
L’HOMME PRESSE
Collectionneur invétéré, Pierre Niox vit sa vie à mille à l’heure. Ce trentenaire qui aime la beauté sous toutes ses formes, vient d’acheter le domaine de ses rêves, y découvre un cloître roman et… Edwige, la fille de l’ancien propriétaire, qu’il souhaite épouser sans attendre. En 1977, Edouard Molinaro adapte le roman éponyme de Paul Morand paru en 1941 et réunit le couple mythique Alain Delon-Mireille Darc. Jean-Baptiste Thoret consacre un nouveau volume de sa bonne collection Make my Day à ce portrait d’un homme qui ne sait pas prendre le temps de vivre et qui veut tout, vite. Delon magnifie ce personnage malheureux dans un monde qui trottine… (Studiocanal)
LES CENT CAVALIERS
En l’an 1000 après Jésus-Christ, un cheikh Maure et cent cavaliers s’installent dans un paisible village de Castille et vont rapidement se conduire comme des occupants tyranniques après avoir fait croire au vol d’un chargement de blé, détourné par eux-mêmes. La résistance va s’organiser autour du brave et charismatique Fernando. En 1964, à la fin de sa carrière, l’Italien Vittorio Cottafavi, connu comme un maître du peplum baroque, met en scène une fantaisie historique dans un style qu’il voulait « épicaresque ». Sorti tardivement (1972) en France sous le titre Le fils du Cid, le film mêle des situations humoristiques, voire burlesques et son lot de chevauchées et de combats… (Artus Films)
LE GANG KELLY
En Australie, certains le considèrent comme un criminel, d’autres comme un héros révolutionnaire. Dans le bush, Ned Kelly (1854-1880) est une figure historique qui incarne le symbole de la lutte contre le gouvernement britannique sur une terre inhospitalière… Icône populaire de l’histoire australienne, Kelly, à la tête de son gang de bushrangers, fit régner la terreur, tuant des policiers et s’opposant violemment aux classes dirigeantes du pays. Avec George MacKay (le caporal Schofield dans 1917 de Sam Mendès) dans le rôle d’un Robin des Bois moderne, Justin Kurzel donne un western des antipodes sur un légendaire hors-la-loi au grand cœur. (Metropolitan)
L’AVENTURE DES MARGUERITE
Elles ont toutes les deux 12 ans, une famille, des amis/copains et des problèmes d’adolescentes… Mais Marguerite vit en 1942 et Margot de nos jours. Une mystérieuse malle magique va transporter chacune des filles dans l’époque de l’autre. Question qui fonctionne dans les deux sens : « Comment je rentre chez moi ? » Toutes deux incarnées par Lila Guéneau, les deux filles ont un autre point commun : leur père n’est plus là, disparu en pleine Seconde Guerre Mondiale ou n’habitant plus à la maison. Après un bon film d’animation (Sahara en 2017), Pierre Coré adapte une bande dessinée de Robin et Cuvellier pour imaginer un voyage dans le temps et une course contre la montre. La découverte de l’époque de l’autre offre évidemment de jolies situations de comédie. (Pathé)