LES PUTES, PASOLINI, PIALAT, HOU HSIAO-HSIEN ET LA DERNIERE D’ENGRENAGES
FILLES DE JOIE
« Pute oui, mais pas sale pute ! » Si elles font le plus vieux métier du monde, Axelle, Dominique et Conso n’entendent pas se laisser insulter. D’autant que la vie est loin d’être facile, prises qu’elles sont entre leur vie familiale, leur boulot « normal » et le bordel belge qu’elles rejoignent tous les jours en passant la frontière. Bien documenté sur une réalité brutale (la cinéaste a passé beaucoup de temps dans une maison à s’entretenir avec les pensionnaires), le film d’Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne plonge dans des existences doubles et chaotiques. Malgré les embûches, ce trio a de l’énergie à revendre. Sara Forestier en mère encombrée d’un ex violent, Noémie Lvovsky et Annabelle Lengronne les incarnent dans une aventure de courage et de survie. (M6)
LA TRILOGIE DE LA VIE
Cinéaste engagé et poète rebelle, Pier Paolo Pasolini (1922-1975) reste une figure majeure et puissante du cinéma italien. Au début des années 70, pour la joie de raconter, il compose une « trilogie de la vie » (qui paraît pour la première fois en blu-ray) avec Le Décaméron (1971), Les contes de Canterbury (1972) et Les mille et une nuits (1974), trois récits fondateurs, trois contes réjouissants, trois fables sulfureuses qui vont lui permettre de mettre en scène, avec une verve joyeuse, une satire de la société de consommation moderne et une réflexion sur les mœurs, la sexualité, la religion et le pouvoir. En bonus, Ninetto Davoli, son ami, parle du travail avec PPP. (Carlotta)
MAURICE PIALAT
Véritable auteur du cinéma français, l’exigeant Maurice Pialat (1925-2003) revient dans la lumière avec la réédition, sous la direction éditoriale de Serge Toubiana, de ses premiers films. Prévu comme un documentaire, L’enfance nue (1968) deviendra une fiction sur la vie difficile d’un enfant de l’Assistance publique. Gros échec public et financier qui réduira un temps le cinéaste au silence, La gueule ouverte (1974) est une œuvre âpre sur la lente agonie d’une mère de famille atteinte d’un cancer. Enfin Passe ton bac d’abord (1978) suit, à Lens, dans une région affectée par le chômage, un groupe de lycéens et de leur professeur de philo face à un avenir pas vraiment radieux… (Gaumont)
LES FLEURS DE SHANGHAI
Considéré comme l’un des grands cinéastes asiatiques, le Taiwanais Hou Hsiao-hsien signait, en 1998, une somptueuse suite de tableaux nocturnes pour raconter, dans le Shanghaï du 19e siècle, les aventures de Wang (Tony Leung), haut fonctionnaire aux affaires étrangères, partagé entre Rubis et Jasmin, les deux courtisanes qu’il fréquente… Des plans-séquences à la beauté hypnotique pour dépeindre l’univers des « maisons des fleurs », univers clos dans lequel une élite masculine vient dîner, jouer, fumer de l’opium et s’adonner au plaisir. Une belle édition restaurée 4K enrichie notamment d’un grand portrait (1h31) du réalisateur par Olivier Assayas. (Carlotta)
ENGRENAGES SAISON 8
Le corps d’un adolescent est découvert dans un lavomatic… Un dossier sordide qui lance la 8e et ultime saison d’une saga policière française dont l’impact dans l’univers (encombré) des séries a été remarquable pendant quinze années. Comme de coutume, dans les dernières saisons, les protagonistes ne sont pas au meilleur de leur forme… Gilou purge sa peine de prison et enquête en sous-marin sur un truand. Laure, toujours à la tête du service, ne se pardonne que Gilou en soit là. Joséphine, elle, remet sa robe d’avocat. Et on connaît son potentiel de nuisance ! Portés par des comédiens de talent, voici des personnages solides et bien dessinés, une narration rythmée, on repart avec plaisir dans ces aventures de flics plus cabossés que super-héros et on les savoure jusqu’au bout. (Studiocanal)
WET SEASON
Lauréat de la prestigieuse Caméra d’or cannoise en 2013 pour Ilo Ilo, le cinéaste singapourien Anthony Chen se penche sur l’histoire de Ling qui s’occupe de son beau-père paralysé et mutique, donne des cours de chinois à des lycéens peu intéressés et voudrait surtout que son désir d’enfant (à travers la procréation médicale assistée) aboutisse alors même que son mari est souvent absent Lorsque Weilun, l’un de ses élèves, s’intéresse à elle, son existence va prendre un tour dramatique. Avec une belle finesse dans l’observation et une mise en scène rythmée par la pluie battante de la mousson, le cinéaste saisit le trouble qui étreint Ling dans un quotidien soudain tourmenté. (Epicentre)
J.T. LEROY
Pendant quelques années, dans les années 90, J.T. Leroy (Jeremiah ‘’Terminator’’ Leroy) a été la coqueluche des médias américains. Gus van Sant le voulait dans l’un de ses films et Madonna était une grande fan de ce jeune auteur queer… Mais J.T. Leroy, pure mystification « littéraire », n’a jamais existé. Justin Kelly s’empare de l’histoire vraie d’un véritable mensonge et raconte comment Laura Albert, une femme écrivain, fabrique un jeune homme transgenre en demandant ensuite à sa belle sœur Savannah Knoop de l’incarner. Un film rondement mené pour une fameuse machination ! Laura Dern en romancière et Kristen Stewart en « garçon » diaphane s’en donnent à cœur-joie… (Metropolitan)
LES ENQUETES DU COMISSAIRE VAN DER VALK
Taiseux et amateur d’art, spécialement de Vermeer, le commissaire Van der Valk est l’un de ces flics comme les aiment les scénaristes… A Amsterdam, derrière la façade touristique, Piet Van der Valk est lancé sur des affaires criminelles qui impliquent aussi bien les milieux politiques extrémistes que ceux du mysticisme teinté d’érotisme. Masqué fermé, l’Anglais Marc Warren incarne ce policier solitaire et vulnérable qui a tout vu, tout fait, tout vécu dans trois épisodes de 90 mn chacun. Autour de ce chef de meute, on trouve une équipe originale avec notamment un légiste pas piqué des hannetons ou un jeune flic féru de statistiques … (L’Atelier d’images)
PAR UN BEAU MATIN D’ETE
Jacques Deray détestait qu’on le surnomme « le Hitchcock du cinéma français » mais le cinéaste lyonnais (1929-2003) est quand même un maître du film noir français. En 1965, il signe son quatrième long-métrage et travaille pour la première fois avec un Jean-Paul Belmondo dont la carrière a déjà largement décollé. Bebel incarne un petit arnaqueur qui monte des coups foireux avec sa sœur (Sophie Daumier) pour extorquer de l’argent à des pigeons. Il accepte de partir sur un gros coup, le kidnapping de la fille (Géraldine Chaplin dans son premier rôle adulte au cinéma) d’un milliardaire américain vivant en Espagne… Les dialogues de Michel Audiard apportent une touche allègre à ce solide polar bien restauré… (Pathé)
LE CAPITAL AU XXIe SIECLE
Publié en 2013 au Seuil, Le Capital au XXIe siècle écrit par Thomas Piketty a été un succès mondial en librairie. Justin Pemberton a transposé cet ouvrage d’économie à l’écran. En mélangeant références à la pop culture et interventions d’experts parmi les plus influents de notre époque, le film, dans le sillage d’une star de la réflexion économique, est un voyage à travers l’histoire moderne de nos sociétés. Il met en perspective la richesse et le pouvoir d’un côté, et de l’autre le progrès social et les inégalités. Pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. En bonus, on trouve un débat avec Thomas Piketty et Lucas Chancel, co-directeur du World Inequality Lab. (Diaphana)
RAY HARRYHAUSEN – LE GEANT DES EFFETS SPECIAUX
Formé par le fameux Willis O’Brien, auteur des « trucages » du premier King Kong, l’Américain Ray Harryhausen (1920-2013) s’est imposé comme une figure majeure des effets spéciaux. Un coffret réunit Le monstre vient de la mer (1955), Les soucoupes volantes attaquent (1956) et A des millions de kilomètres de la terre (1957) qui marquent les débuts de Harryhausen comme concepteur et créateur d’effets spéciaux visuels. Trois films de science-fiction au style désuet mais attachant qui contiennent de vrais morceaux de bravoure comme la pieuvre géante enroulée autour du Golden Gate, le monstre défiant l’armée à Rome ou les soucoupes volantes dévastant Washington… (Sidonis Calysta)
LE CAVE SE REBIFFE
Gilles Grangier à la caméra, Jean Gabin en star et Michel Audiard aux dialogues, cela donne cette hilarante comédie policière sortie en 1961. Trois truands minables décident de se lancer dans la fabrication de fausse monnaie, après avoir mis la main sur un graveur hors pair mais qui apparaît comme un vrai cave. Mais l’est-il tant que cela ? Pour bien monter le coup, le trio sollicite le « Dabe » alias Ferdinand Maréchal, retiré des affaires et installé paisiblement en Amérique du Sud. Pour le pur plaisir de retrouver Bernard Blier, Maurice Biraud, Martine Carol et Gabin en grand pro abasourdi par la bêtise, la maladresse et surtout la vanité crasse de ses acolytes. Savoureux! (Gaumont)