BOGEY, KUBRICK, LES ENFANTS, LA PRESSE POURRIE ET LE « PINKU EIGA »

PLUS DURE SERA LA CHUTE
Plus Dure ChuteA l’âge de 57 ans et des milliers de cigarettes consumées, Humphrey Bogart meurt d’un cancer de l’œsophage en 1957. Dans son ultime film, Bogey, icône absolue de l’âge d’or hollywoodien, incarne Eddie Willis, brillant journaliste sportif au chômage depuis que son journal a fermé. Acceptant de travailler pour un manager de boxe douteux, il est chargé de faire la promotion de Toro Moreno, un colosse qui n’a aucun talent de boxeur… Ce bon artisan d’Hollywood qu’est Mark Robson signe l’un des films les plus âpres sur le business de la boxe et de la corruption qui y règne… Dans cette métaphore de la souffrance et de la rédemption, Bogart est purement, absolument émouvant. Et ses traits marqués ne sont pas du jeu… (Sidonis Calysta)
FULL METAL JACKET
Full MetalJeune engagé volontaire, J.T. Davis, surnommé Joker (Matthew Modine), a rejoint les Marines à la fin des années 50. Dans son avant-dernier film avant l’ultime Eyes Wide Shut, en 1987, Stanley Kubrick va mettre en scène d’abord l’entraînement, voire le conditionnement psychologique des recrues sur le sol américain (ah, le terrible instructeur hurlant ses ordres !) puis les retrouver dans l’enfer des combats urbains de l’offensive du Tet. Au même titre que Platoon, Deer Hunter ou Apocalypse Now, voici l’une des plus remarquables oeuvres sur la guerre du Vietnam. Ce film magistral porté par une action non-stop (et classé dans les cent meilleurs thrillers du cinéma US) sort dans une édition collector en 4K. A ne rater ! (Warner)
LES REVOLTES DE L’AN 2000
Revoltés An 2000Tom et Evie se rendent sur une petite île espagnole pour y passer des vacances tranquilles car Evie est enceinte. Mais, sur place, ils constatent que les autochtones ont disparu et que ce sont leurs enfants qui les ont assassinés… Pour les deux Anglais, commence une terrifiante odyssée. En 1976, Narciso Ibanez Serrador signait un remarquable film d’horreur. Sous le franc soleil d’un village blanc et désert, l’atmosphère est réaliste mais les questions que pose le « Hitchcock ibérique » sont métaphysiques. La traduction du titre original (« Qui peut tuer un enfant ? ») donne une idée du trouble auquel Tom va se trouver confronté. En version restaurée, avec de bons bonus. (Carlotta)
L’INEXORABLE ENQUETE
Inexorable Enquête« Les grands reporters fabriquent leurs affaires quand l’actualité chôme ». C’est la devise de McLeary, jeune reporter que Mark Chapman, éditeur d’un grand journal qui fait son beurre et son tirage en vendant de la violence, de la sueur et du sang, a pris sous son aile. Mais Chapman (l’excellent et massif Broderick Crawford) va commettre un meurtre. Et McLeary (John Derek) veut enquêter… Signé Phil Karlson, un vrai grand du film noir, Scandal Sheet (1952) est volontiers sous-estimé, peut-être parce qu’on le compare volontiers à La grande horloge (1948) de John Farrow. Or ce solide thriller, élégant et rythmé, est une remarquable satire de la « Yellow Press », le journalisme de caniveau, façon USA. A découvrir sans attendre ! (Sidonis Calysta)
5 PINK FILMS
Pink FilmsLes titres, déjà, parlent… Deux femmes dans l’enfer du vice, Une poupée gonflable dans le désert, Une famille dévoyée, Chanson pour l’enfer d’une femme ou encore Prière d’extase. Avec cinq films japonais sulfureux et totalement inédits en France, voici un intéressant coup de projecteur sur l’un des phénomènes les plus singuliers du cinéma mondial apparu au Japon dans la première moitié des années 60. Conçu pour séduire un public masculin par son contenu érotique, le pinku eiga, un genre difficilement accessible en Occident, a su attirer de nombreux jeunes cinéastes qui ont livré certains des films les plus radicaux et les plus avant-gardistes ou les plus expérimentaux du cinéma nippon. Entre plongée dans le Tokyo du vice ou les turpitudes d’une famille japonaise dans tous ses états ! Le coffret (3 DVD) est accompagné d’un livret inédit. A découvrir… (Carlotta)
NUESTRAS MADRES
Nuestras MadresGuatemala 2018. Ernesto, jeune médecin légiste, dispose, dans un institut médico-légal, des ossements pour reconstituer un corps visiblement tué d’une balle dans la tête… Et si cet homme était son père, un guérillero disparu dans les années 80 ? Comme bien d’autres pays sud-américains, le Guatemala a connu une dictature longue et violente. Pour son premier long-métrage, César Diaz accomplit un beau et remarquable travail autour d’un passeur de mémoire tout en pansant, à sa manière, les plaies toujours douloureuses et béantes d’un génocide. Ce film, à la fois beau et poignant, a remporté la prestigieuse Caméra d’or à Cannes 2019. (Pyramide)
LES PIONNIERS DE LA WESTERN UNION
Pionniers Western UnionImmense figure du cinéma allemand d’avant-guerre, réalisateur de chefs d’œuvre comme Metropolis ou de M le maudit, Fritz Lang, fuyant le nazisme, part, dès 1933, aux USA où il vivra une carrière hollywoodienne riche de 22 films. Même si on ne l’attendait pas forcément dans ce domaine, il signera trois westerns dont, en 1941, cette épopée américaine sur l’aventure des hommes qui installèrent le télégraphe entre Omaha et Salt Lake City. Bien des embûches les attendent… Pour Lang qui prit plaisir à le tourner, ce film en beau technicolor est aussi l’occasion de brosser le portrait (amer) d’un héros au grand cœur (Randolph Scott, star du genre) rattrapé par son passé de bandit. (Sidonis Calysta)
UNE SIRENE A PARIS
Sirene Paris« L’amour à mort, j’ai déjà donné… » Crooner au cœur brisé, Gaspard Snow s’est juré de ne plus tomber amoureux. Las, lorsque la Seine en crue dépose Lula, la belle sirène, au pied du Flowerburger, la péniche-cabaret familiale où se produit Gaspard, toute l’existence du chanteur est définitivement bouleversée. Avec un Nicolas Duvauchelle parfait dans la loufoquerie tendre, une Marilyn Lima en sirène blonde dont le chant brise le cœur des hommes et une Rosy de Palma toujours brillamment too much, Mathias Malzieu, chanteur lui-même dans le groupe Dionysos, signe un conte de fées coloré et magique. On se laisse volontiers embarquer dans cet univers onirique et plein d’une délicate fantaisie. (Sony)
FERNANDEL
CresusStar du cinéma français pendant plusieurs décennies et champion du box office, Fernand Contandin alias Fernandel (1903-1971) était un comique emblématique. L’homme à « la gueule de cheval » fit quelques incursions dans le registre dramatique. En 1950, avec Meurtres ? de Richard Pottier, il est un viticulteur pris dans une sombre saga familiale sur la question sensible de l’euthanasie. En 1960, devant la caméra de Jean Giono qui met là en scène son seul long-métrage, il incarne un berger de Provence dans Crésus, une œuvre dépouillée et insolite. Jules a trouvé un conteneur bourré de billets de banque et cela va chambouler son existence… Quand le dénuement peut mener à l’amour… (Gaumont)
BAD EDUCATION
Bad EducationSourire ravageur, Frank Tassone est la coqueluche de tous au sein du lycée Roslyn de Long Island, le plus huppé et le plus en vue de l’Etat. Avec sa collègue Pam Gluckin, cet ancien prof d’anglais dirige cet établissement prisé qui bat des records d’admission. Mais Tassone a aussi un passé d’escroc tombé quelques années plus tôt pour de considérables détournements de fonds scolaires. En s’appuyant sur une histoire vraie, Bad éducation raconte l’histoire du plus grand détournement de fonds de l’histoire des USA au sein d’un établissement scolaire public. Hugh –X-Men- Jackman incarne avec brio ce manipulateur né qui exploite le système avec cynisme… (Warner)
MIRACLE A L’ITALIENNE – LE FUTUR EST FEMME
Miracle + FuturAvec sa collection « Make my Day », Jean-Baptiste Thoret mène, chez Studiocanal, un beau travail de cinéphilie ! Cette fois, il réunit, dans un même coffret, deux rares cinéastes transalpins. D’une part, Nino Manfredi, d’abord grand comédien et auteur de trois films seulement et, d’autre part, l’iconoclaste et inclassable Marco Ferreri. Du premier, on découvre Miracle… (1970), satire anticléricale et tragicomique sur l’existence ratée de Benedetti Parisi (Manfredi lui-même). Le second imagine, dans Le futur… (1984), l’aventure d’un couple (Hanna Schygulla et Nils Arestrup) qui ne veut pas avoir d’enfants à cause de l’apocalypse nucléaire et d’une femme enceinte célibataire (Ornella Muti) en quête d’un foyer. (Studiocanal)
LE TROU
TrouEn 1960, Jacques Becker achève le montage du Trou. Ce sera son ultime œuvre puisqu’il disparaît peu après. Avec ce film, à l’allure quasiment documentaire (le scénario est co-signé par José Giovanni qui en connaissait un bout sur le sujet), Jean-Baptiste Thoret présente la première édition limitée de sa bonne collection « Make my Day » qui comprend la version restaurée du film, deux heures de bonus et un livre de 180 pages. Accusé du meurtre avec préméditation de sa femme, Gaspard (Marc Michel) rejoint une nouvelle cellule de la prison de la Santé. Il découvre que ses quatre codétenus préparent une évasion en creusant un tunnel, censé les mener vers la liberté. Le film marque aussi les débuts au cinéma de Michel Constantin entouré de comédiens qui ont été réellement impliqués dans cette tentative d’évasion en 1947. (Studiocanal)

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