L’EPOUSE, L’AVOCAT, LA SCIENTIFIQUE, LA PSY ET LE GENERAL
LA BONNE EPOUSE
Paulette Van Der Beck est une femme de devoir. Elle met toute son ardeur à tenir son foyer, à s’occuper de son mari (François Berléand) et à diriger son école ménagère (installée dans le nord de l’Alsace) où elle enseigne à des gamines tout ce qu’il faut savoir et faire pour être une bonne épouse. Mais quand elle se retrouve veuve et ruinée, ses certitudes vacillent. Avec une Juliette Binoche, à l’aise dans le registre souriant, Martin Provost, réalisateur de Séraphine (2008) mène à bien cette comédie des sixities qui voit Paulette (entourée de deux acolytes incarnées par Noémie Lvovsky et Yolande Moreau) rencontrer l’amour dans les bras d’André Grunvald (Edouard Baer), humer le bon vent de mai 68 et du féminisme naissant et avancer vers la liberté… (Memento)
DARK WATERS
Avocat spécialisé, au sein d’un gros cabinet de Cincinnati, dans la défense de l’industrie chimique, Robert Bilott est contacté, en 1999, par Wilbur Tennant, un fermier de Virginie-Occidentale, qui l’implore de l’aider : ses vaches sont en train de mourir. La ferme est située juste à côté du site Dry Run appartenant au géant de la chimie DuPont. D’abord réticent, Bilott (Mark Ruffalo, excellent) accepte l’affaire, contre l’avis de quasiment tous ses proches. Commence alors un rude combat judiciaire de plusieurs années… Dans les suppléments, on trouve des entretiens avec le réalisateur Todd Haynes (auteur du remarquable Carol en 2015), les comédiens Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins et l’avocat Robert Bilott. (Le Pacte)
RADIOACTIVE
Dans le Paris de 1934, Marie Curie se meurt et se souvient de sa vie, de ses actes (on y fait référence à Hiroshima et Tchernobyl) et toutes les personnes importantes qui l’ont traversées. On n’est pas vraiment surpris de savoir que Marjane Satrapi, la réalisatrice fêtée de Persepolis (2007), se soit passionnée pour le destin de cette scientifique d’exception qu’était Marie Curie. De fait, la titulaire de deux prix Nobel (de physique en 1903 en commun avec Pierre Curie et de chimie en 1911) apparaît, ici, comme une femme déterminée à imposer, malgré les embûches, ses idées et ses découvertes au sein d’une société dominée par les hommes. Et même à braver l’opprobre dans sa liaison avec Paul Langevin. L’Anglaise Rosamund Pike incarne, intensément, cette femme angoissée, brillante, forte et libre… (Studiocanal)
UN DIVAN A TUNIS
Après avoir exercé son métier en France, Selma Derwish, jeune psychanalyste, revient dans son pays d’origine, la Tunisie et ouvre son cabinet dans la banlieue de Tunis. Commence alors un exercice où le divan n’a pas la même signification pour tous les patients ! Pire, l’administration bancale du pays s’applique à lui mettre des bâtons dans les roues même si un séduisant policier semble vouloir l’aider. Pour son premier long-métrage, Manele Labidi réussit une comédie astucieuse (ah, le défilé des patients !) qui doit beaucoup au charme malicieux de l’Iranienne Golshifteh Farahani en « élève » du barbu viennois. Dans les suppléments du dvd, on trouve le commentaire du film par la réalisatrice ainsi que Une chambre à moi, un court-métrage de Manele Labidi. (Diaphana)
DE GAULLE
En juin 1940, Charles de Gaulle, fraîchement nommé général de brigade, tourne le dos au défaitisme du gouvernement Pétain et rejoint Londres pour incarner la France libre. Avec un Lambert Wilson à l’aise dans la peau du général, Gabriel Le Bomin signe un drame biographique qui manque sans doute un peu de souffle épique. Cependant le cinéaste réussit bien à nous faire entrer dans l’intimité de la famille De Gaulle notamment à travers le beau personnage d’Yvonne, l’épouse à laquelle Isabelle Carré apporte une singulière épaisseur. Tandis que De Gaulle bataille à Londres avec les Anglais pour sa légitimité, on suit cette femme courageuse lancée avec ses enfants (dont la petite Anne atteinte de trisomie 21) sur les chemins de l’exode avant de rejoindre Londres où le général prononce, le 18 juin, son fameux appel… (M6)
SILVER BEARS
Figure importante de la Nouvelle vague tchécoslovaque, Ivan Passer (1933-2020) est remarqué dès son premier film Eclairage intime en 1965. Fuyant la répression du Printemps de Prague en 68, il se réfugie, comme son ami Milos Forman, aux Etats-Unis où il réalisera une douzaine de films dont Cutter’s Way (1981), son meilleur film de sa période américaine. En 1978, il tourne cette comédie que Jean-Baptiste Thoret, dans sa bonne collection Make my Day, remet dans la lumière. Avec Michael Caine, Sybill Sheperd, Louis Jourdan ou Stéphane Audran en tête d’affiche, voici les aventures de Doc Fletcher, un expert financier, mandaté par un chef mafieux de Las Vegas, pour blanchir ses profits. Quand marché monétaire mondial rime avec parfait amour… (Studiocanal)
BRAVADOS
Jim Douglass traque quatre bandits qui ont été vus à proximité de son ranch où sa femme a été violée et assassinée. Lorsqu’il les retrouve, ils sont en prison et promis à la pendaison. Mais les hommes réussiront à s’enfuir… Lancé à leurs trousses, Douglass les abat les uns après les autres en tentant de leur faire avouer le meurtre… En 1958, Gregory Peck, comédien aux idées libérales, accepta de tourner le film d’Henry King en réaction au maccarthysme et à sa justice sommaire et d’incarner un homme aveuglé par sa soif de justice expéditive. Lorsqu’il saura quel est le vrai coupable, Douglass, en forme de repentance, regrettera d’avoir été à la fois le juge, je jury et le bourreau… (Sidonis Calysta)
INTERSTELLAR
Le très attendu Tenet de Christopher Nolan est désormais dans les salles obscures… L’occasion pour Warner de remettre le cinéaste sur le devant de la scène avec la sortie, en coffrets Steelbook 4K, de belles pépites du surdoué britannique… Sorti en 2014, Interstellar a reçu un bel accueil critique soulignant la virtuosité de Nolan lancé dans une épopée galactique transtemporelle de 2h49 appuyée sur les travaux d’un éminent physicien américain. Alors que la Terre se meurt, une équipe d’astronautes franchit un trou de ver apparu près de Saturne et conduisant à une autre galaxie. Une exploration dans l’espoir de trouver une planète habitable et y établir une colonie spatiale pour sauver l’humanité. (Warner)
MONOS
Dans ce qui ressemble à un camp de vacances isolé au sommet des montagnes de Colombie, des adolescents, tous armés, sont en réalité chargés, par une obscure Organisation, de veiller à ce que la « Doctora » Sara Watson (Julianne Nicholson vue dans la série Boardwalk Empire), une otage américaine, reste en vie. Mais quand les ados tuent accidentellement la vache prêtée par les paysans du coin, et que l’armée régulière se rapproche, l’heure n’est plus au jeu mais à la fuite dans la jungle… Entre le fantastique, la SF, l’action et la fable, le cinéaste sud-américain Alejandro Landes met en scène un récit de guerre et de perte de l’innocence. Devant cet univers de pluie, de brume, de rivière et de transpiration, on songe à Aguirre, la colère de Dieu mais aussi à la violence d’Apocalypse Now. Une œuvre déroutante mais plastiquement superbe… (Le Pacte)
LA DAME D’ONZE HEURES
Jean Devaivre (1912-2004) est un cinéaste plutôt tombé dans l’oubli… Bertrand Tavernier évoqua son parcours de cinéaste et de résistant dans Laissez-passer (2002) en confiant son rôle à Jacques Gamblin. Ici, c’est Paul Meurisse qui étonne. Il incarne, avec un humour décalé, Stanislas Octave Seminario alias SOS, un juge d’instruction qui rentre du Gabon. Ami de la famille Pescara, il va être sollicité par Charles, le fils, qui l’informe que son père, fabricant de produits pharmaceutiques, reçoit de nombreuses lettres anonymes… Dans un style baroque et enlevé, avec un montage rapide et des comédiens de talent (Pierre Renoir, Jean Tissier, Junie Astor), Devaivre donne, en 1948, une enquête originale dans une ambiance de silences et de tensions… (Lobster)
SEULES LES BETES
Une femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition…. En fin conteur, Dominik Moll, révélé en 2000 avec Harry, un ami qui vous veut du bien, distille, dans de beaux paysages, une atmosphère trouble pour un polar sombre où chacun (les comédiens, de Denis Ménochet à Laure Calamy en passant par Damien Bonnard et Valeria Bruni-Tedeschi, sont très bons) a ses secrets dans une histoire qui commence, loin du froid des Causses, sous le soleil brûlant d’Afrique… Simplement captivant ! (Blaq Out)
BARON VAMPIRE
Fondateur du « giallo » et considéré comme l’un des grands maîtres du cinéma fantastique italien avec des films comme Le masque du démon (1960) ou Six femmes pour l’assassin (1964), Mario Bava tourne, en 1972, un bon film d’horreur gothique dont on remarque aussi bien les qualités plastiques que l’interprétation de l’Américain Joseph Cotten (alors lancé dans le cinéma bis européen) et de la sexy Elke Sommer. Rien à avoir, ici, avec des vampires mais bien avec une malédiction. De retour en Autriche, dans le château médiéval de son ancêtre Otto von Kleist, Peter Kleist veut en savoir plus sur ce dernier promis à une mort violente après avoir ordonné de brûler une sorcière en place publique. Mais gare à trop invoquer l’âme du baron… (ESC)