LE CHEMINOT, LE COW-BOY, LES CAPORAUX, LA CALOMNIE ET LA TRAQUE
LA ROUE
A une époque, les années 20, où le cinéma était un formidable terrain d’expérimentation formelle, Abel Gance (1889-1981) se lançait dans une œuvre démesurée et pharaonique avec La roue que l’on peut découvrir, après un long et minutieux travail de reconstitution et de restauration, dans une version de 7 heures, la plus proche de celle présentée à sa sortie en 1923. Saga mélodramatique, le film raconte la relation entre Sisif, un cheminot, qui lutte pour cacher à Norma, l’orpheline qu’il a recueillie lors d’un accident ferroviaire puis adoptée, l’amour qu’elle lui inspire… Sur une liste musicale composée par Arthur Honegger et Paul Fosse, un étonnant jalon dans l’histoire du 7e art. Dans les suppléments, on trouve Cahiers d’une restauration, un livret exclusif de 140 pages mais aussi un documentaire sur les coulisses du tournage réalisé par Blaise Cendrars. (Pathé)
SEULS SONT LES INDOMPTES
Dans les années 60, l’Ouest n’est plus un territoire à conquérir… Lorsqu’il regarde le ciel, Jack Burns y voit la trace blanche des avions de ligne. Individualiste, se déplaçant toujours à cheval, ce cow-boy revint voir son amie Jerri (Gena Rowlands), l’épouse de son meilleur ami et apprend qu’il est en prison. Jack va provoquer une bagarre pour rejoindre son ami en prison et tenter de le faire évader. Film préféré de Kirk Douglas (qui prétendit l’avoir partiellement mis en scène), Lonely are the Brave (1962), réalisé par David Miller, est, à la fois, une histoire de chasse à l’homme (Evadé, Burns est traqué par le flic Walter Matthau) et une parabole grave sur les belles heures de l’Ouest. Kirk Douglas campe brillamment ce westerner perdu… (Sidonis Calysta)
1917
« J’espérais que ce serait une bonne journée… » Pris dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats anglais, se voient assigner une mission… impossible. Porter, à travers les lignes ennemies, un message qui permettra d’éviter un piège ennemi et ainsi de sauver la vie de 1600 militaires. Réalisateur de Skyfall, l’un des bons 007, Sam Mendès s’empare d’un genre très balisé, le film de guerre, et le réinvestit brillamment. Si la course contre la montre des deux caporaux (les comédiens George MacKay et Dean-Charles Chapman sont remarquables) est palpitante et si la mort est omniprésente, la mise en scène, sans être révolutionnaire, est magnifique en utilisant le plan-séquence pour l’intégralité de son film ! Spectaculaire… (Universal)
LA RUMEUR
Dans la brillante carrière de William Wyler, The Children’s Hour (1961) n’est sans doute pas le film le plus remarqué. Pourtant, le Mulhousien d’Hollywood signe là un drame bien photographié et mis en scène (à partir d’une pièce de Lillian Hellman) autour d’un déchirant duo composé d’Audrey Hepburn et Shirley MacLaine. Amies depuis l’enfance, la gracile Karen et la solide Martha dirigent un pensionnat de jeunes filles de bonne réputation. Mais les mensonges de Mary, une écolière tourmentée, vont déclencher un terrible et funeste engrenage. La rumeur fut l’un des premiers films à évoquer, entre calomnie et société hypocrite, l’homosexualité féminine. Une belle édition enrichie de bons suppléments dont un livret comprenant un entretien inédit avec Catherine Wyler, la fille du cinéaste. (Wild Side)
LE CAS RICHARD JEWELL
Agent de sécurité lors des J.O. de 1996 à Atlanta, Richard Jewell donne l’alerte sur la présence d’une bombe dans le Centennial Olympic Park. Si celle-ci explose bien, l’évacuation des lieux permet cependant de sauver de nombreuses vies. Petit homme rond rêvant de devenir policier, Jewell devient instantanément un héros… avant d’être suspecté par le FBI. Et si Jewell avait lui-même posé la bombe ? Dans un de ces films efficaces dont il a le secret, le vétéran Clint Eastwood s’empare d’une histoire vraie et retrace un parcours qui amène Jewell (Paul Walter Hauser) du statut de héros à celui de paria. Soutenu par un avocat marginal (Sam Rockwell) et par sa mère (Kathy Bates), Jewell, constamment traqué, va devoir longuement lutter contre deux puissants pouvoirs : le gouvernement des USA et les médias… (Warner)
UN SINGE EN HIVER
En juin 1944, les bombes pleuvent sur le village de Tigreville. Hôtelier porté sur la bouteille, Albert Quentin se souvient de ses années militaires sur le Yangzi Jiang et jure de renoncer à boire si sa femme et lui s’en sortent. Quinze ans plus tard, Gabriel Fouquet débarque dans l’hôtel d’Albert. Gabriel boit pour oublier sa compagne et s’imagine dans la peau glorieuse d’un toréador… Au contact de Gabriel, Albert revit… En 1962, Henri Verneuil, sur de brillants dialogues de Michel Audiard, orchestre une œuvre sur la tentation de l’alcool, sur les vieux rêves et réunit deux générations avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. On remarque, dans ce film-culte grave et émouvant, le respect mutuel de deux comédiens au meilleur de leur art. (Gaumont)
JOJO RABBIT
Petit garçon allemand vivant (mal) pendant le IIIe Reich, Jojo Betzler est un solitaire que les gamins de la Hitlerjugend martyrisent volontiers. Mais Jojo cultive un imaginaire foisonnant où il reçoit la visite de son ami… Adolf Hitler. Les certitudes de Jojo s’effondrent lorsqu’il découvre que sa mère (Scarlett Johansson) cache une jeune fille juive dans le grenier de leur maison. Et même si elle a peur, Elsa n’est pas prête à s’en laisser conter. Le cinéaste néo-zélandais Taiki Waititi (qui incarne lui-même un Fuhrer bien dérangé) réussit une satire culottée du nazisme tout en traitant aussi, avec émotion, une relation mère-fils reposant sur un dangereux secret. Un film allègre et coloré pour une réflexion sur une idéologie nauséabonde. (Fox)
EN AVANT
« Autrefois, le monde était rempli de merveilles… » Dans la banlieue d’un univers imaginaire, Ian et Barley, deux frères elfes aux personnalités opposées, sont persuadés qu’il reste encore un peu de magie dans le monde. Dans une quête extraordinaire, ils vont faire face à un sortilège pour retrouver, le temps d’une journée, leur père trop tôt disparu. En s’appuyant sur sa propre histoire, le réalisateur Dan Scanlon (scénariste de Cars et réalisateur de Monstres Academy), imagine un univers plein d’aventures fantastiques à propos d’une baguette de sorcier… Autour du deuil et de l’absence, voici une bonne création Pixar sur le besoin de chacun de croire à la magie qui se cache en nous. (Disney)
LA CIBLE HUMAINE
Connu comme le tireur le plus rapide de l’Ouest, Jimmie Ringo voudrait oublier ce passé violent… Mais, face à Eddie, un jeune pistolero outrecuidant qui le défie, Ringo n’a d’autre choix que tuer. Sachant qu’Eddie a trois frères qui voudront le venger, Ringo se réfugie dans la petite ville de Cayenne dont le shérif est son ami et où il espère revoir sa femme… Le sous-estimé Henry King signe, en 1950, ce Gunfighter, dense et sombre western où Gregory Peck incarne avec force un tireur éprouvé, maussade et dépourvu de glamour. Pour le cinéaste, il s’agit d’être le plus réaliste possible dans cette tragédie où la notoriété d’un roi de la gâchette s’avère être une malédiction… (Sidonis Calysta)
DIX JOURS SANS MAMAN
« Je donnerai n’importe quoi pour être à ta place… » Il ne savait pas vraiment ce qu’il venait de dire à Isabelle, son épouse, l’excellent Antoine ! DRH d’une grande enseigne de bricolage, il est en passe d’en devenir le n°1. C’est le moment que choisit sa femme pour faire une pause. Antoine se retrouve seul à gérer la maison et leurs quatre enfants. Si les films sur la famille ne manquent pas, Ludovic Bernard s’empare avec efficacité des pièges familiaux qui s’ouvrent devant un père vite débordé. Frank Dubosc est à l’aise dans le rôle d’Antoine et cette comédie populaire se regarde agréablement… (Studiocanal)
LA LISTE DE NOS REVES
Jeune bagagiste à l’aéroport de Cape Town, Calvin est persuadé qu’il est gravement malade. Un jour, ce parfait hypocondriaque va faire la connaissance de Skye. La jeune fille, elle, est très malade et a décidé de faire la liste des choses importantes qu’elle veut accomplir avant de disparaître. En l’accompagnant, Calvin va apprendre ce que c’est de vivre tout en oubliant ses plus grandes peurs. Avec les deux comédiens britanniques Asa Butterfield (vu dans Hugo Cabret de Scorsese) et Maisie Williams (qui fut Arya Stark dans Game of Thrones), Peter Hutchings signe une comédie romantique pleine de tendresse et d’humour… (L’Atelier d’images)
J’Y CROIS ENCORE
Jeremy et Melissa filent le parfait amour lorsqu’ils apprennent que la jeune femme est atteinte d’une maladie incurable. Malgré l’incompréhension de leurs proches, ils décident de se marier et de lutter ensemble. De Love Story (1970) à Nos étoiles contraires (2014), le thème de la lutte à deux contre la maladie a souvent donné lieu à des films émouvants. Les frères Erwin s’appuient, ici, sur l’histoire vraie de Jeremy Camp, guitariste chrétien évangélique américain, et de son épouse disparue à l’âge de 21 ans. Sur fond de concerts de rock chrétien, une histoire à l’eau de rose qui affirme qu’il ne faut jamais cesser de croire… En VOD. (Saje)