L’adolescente qui voulait sauver le futur
Pour lancer A la poursuite de demain, les studios Disney avaient naguère mis les petits plats dans les grands en choisissant la finale du Superbowl, la finale du championnat de football américain et l’un des événements les plus médiatisés de la planète, pour présenter un teaser du film… Depuis, cependant, on a l’impression que « l’usine à rêves » a un peu fait l’impasse sur son Tomorrowland (en v.o.), coincé entre le dernier opus des Avengers: l’ère d’Ultron sorti avec succès en avril et le très très attendu Star Wars: le réveil de la Force annoncé pour mi-décembre…
Adolescente brillante et optimiste, Casey Newton (comme l’inventeur de la théorie de la gravitation universelle, évidemment) est passionnée par les sciences et elle se désole de voir son père, ingénieur à la NASA, bientôt au chômage. Mais la gamine est rebelle et elle entre souvent en cachette sur le site de Cap Canaveral dans l’espoir de retarder la démolition des installations de lancement… Et puis, une nuit, elle se fait prendre, se retrouve au poste de police. Quelques heures plus tard, elle est relâchée. On lui rend ses affaires. Entre son permis de conduire et quelques pièces, elle avise un pin’s brillant. Lorsqu’elle le touche, Casey se retrouve instantanément projetée dans un futur lumineux…
Ce pin’s magique va être le point de départ d’une aventure fantastique où la gamine « différente » va rencontrer Frank Walker, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions. Ensemble, ils vont s’embarquer pour une sacrée mission: découvrir les secrets d’un lieu mystérieux nommé Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune…
La compagnie Walt Disney ne fait pas mystère du fait que A la poursuite de demain est basé sur Tomorrowland, l’une des sections à thème commune aux parcs Disneyland. Pour le tournage, le parc de Floride a mis son Carousel of Progress à disposition et celui de Californie son manège It’s A Small World. De là dire que Disney a le sens des affaires… Il est vrai que l’exploitation cinématographique de l’attraction Pirate des Caraïbes a donné naissance à l’une des grandes sagas à succès de ces dernières années.
A la poursuite de demain joue la carte du fantastique propre sur lui. Et son discours fait la part belle aux rêveurs optimistes ou insiste sur l’enthousiasme face à la perte des illusions. Car lorsque Casey et Frank déboulent dans le futur, le monde que l’adolescente avait brièvement entrevu n’est que ruines et désolation.« Ce que tu as vu, lance Walker, n’était qu’une illusion. Ca n’existe pas. On t’a menti! »
Le film de Brad Bird, où l’on croise Edison et Jules Verne et où la tour Eiffel devient rampe de lancement, s’en va ainsi au rythme pépère d’une fable un peu molle que l’on qualifiera de « tous publics ». Le meilleur du film, sans doute parce qu’alors l’action s’emballe, est la séquence où Casey réussit à retrouver un Frank planqué dans un quasi-abri antiatomique. Elle est accueillie par un hologramme de chien méchant avant de brandir son pin’s face aux caméras d’un Walker vieilli et grognon qui la reçoit à contre-coeur. Bientôt des robots (avec un petit look Men in black) vont tenter de récupérer Casey, déclenchant une baston qui s’achève par une fuite dans une baignoire-fusée!
Côté distribution, le « gentil » George Clooney et le « méchant » Hugh Laurie (qui partagent la particularité d’être « nés » tous deux dans des séries médicales) font le métier. Ni plus, ni moins. Britt Robertson (Casey) fait ses vrais débuts dans un grand rôle mais se fait voler la vedette par la minuscule et mutine Raffey Cassidy. Celle-ci incarne Athena, parfaite « animatronics » qui saura in fine payer de sa personne non sans confesser un amour de jeunesse pour Frank. « Ce n’est pas une programmation. C’est une pensée » dit joliment la petite machine.
Au passage, on a aussi droit à une leçon en forme d’avertissement. Oui, notre monde est menacé et nous ne faisons rien pour empêcher une fin dramatique qui, dans le film, est certaine, inévitable et imminente. Tenez-le vous pour dit.
Au tout début du film, lorsque le jeune Frank Walker présente au sombre David Nix, son réacteur dorsal, une invention pas encore tout à fait au point, Nix lui demande à quoi ça sert et le gamin répond: « C’est amusant! Ca ne suffit pas? » On a envie de dire de A la poursuite de demain, c’est gentiment naïf mais ça ne suffit pas.
A LA POURSUITE DE DEMAIN Science-fiction (USA – 2h10) de Brad Bird avec George Clooney, Hugh Laurie, Britt Roberston, Raffey Cassidy, Tim McGraw, Thomas Robinson, Kathryn Hahn, Keegan-Michael Key, Chris Bauer. Dans les salles le 20 mai.