L’IMMIGRANT, LE/LA COMEDIEN(NE), LES ESPIONS, MEPHISTO ET LE GENIE BARBU
TONI
Lorsqu’en 1934, il réalise cette « tragédie antique », Jean Renoir ne se doute pas qu’il pose les bases du néo-réalisme (Luchino Visconti est assistant sur le film) qui marquera en profondeur le cinéma italien. Toni, c’est une histoire d’ouvriers et d’amis autour de l’immigration. Immigrer est rarement un choix, c’est toujours une douleur. A Martigues, entre Marie la Provençale qu’il épouse et Josefa l’Espagnole qu’il désire, Toni le rital (Charles Blavette) va être emporté dans un drame terrible et sordide. Avec une écriture superbe, Renoir, dont ce n’est pas l’œuvre la plus connue, met en scène, sur les terres de Pagnol, un film qui finit exactement là où il a commencé… Une œuvre puissante et remarquable sur l’univers du travail, présentée dans une belle version Blu-ray. (Gaumont)
TOOTSIE
Acteur intransigeant mais connu pour son mauvais caractère, Michael Dorsey écume les castings mais sans réussir à trouver de rôle. Alors qu’il accompagne son amie Sandy à une audition pour un célèbre soap, il décide de changer d’identité et revient au studio sous les traits de la comédienne Dorothy Michaels. Pour cette femme de caractère, le succès sera vite au rendez-vous. Mais comment expliquer désormais à la charmante Julie que, lui Michael, est épris d’elle ? En 1982, Dustin Hoffman et Sydney Pollack réussissaient une brillante comédie sur le travestissement et l’art du comédien… Voici, en coffret Ultra collector, une belle version restaurée enrichie de bons suppléments dont le making-of du film ainsi qu’un livre inédit (160 p.) sur un chef d’œuvre en train de se faire… (Carlotta)
LE BUREAU DES LEGENDES – SAISON 5
Retrouvailles avec Marie-Jeanne, JJA (dont la santé mentale commence à être chancelante), Marina, Raymond Sisteron et bien évidemment ce Malotru alias Paul Lefèvre, plus que jamais, au cœur d’une cinquième saison (10 épisodes de 50 mn) d’un Bureau des légendes bien secoué par diverses péripéties et dont on ne se lasse définitivement pas. La série créée par Eric Rochant tient toujours le cap avec des situations qui se déplacent de Moscou au Caire en passant par Amman et Phnom Penh. Donné pour mort, Malotru (Mathieu Kassovitz) revient cependant dans le jeu et va permettre de mettre en place un piège pour retourner un ponte du FSB. Les deux deux derniers épisodes ont été mis en scène par Jacques Audiard. Le 10e et dernier est fantastique à souhait… (Studiocanal)
UN PACTE AVEC LE DIABLE
Juge incorruptible, Joseph Foster (Thomas Mitchell, compagnon de route de John Ford) est obnubilé par l’idée de faire tomber un truand qui tient la ville sous sa coupe. Il va recevoir l’aide, très intéressée, du séduisant Nick Beal… Connu pour La grande horloge (1948), John Farrow tourne, l’année suivante, ce film noir mâtiné de fantastique puisque Nick Beal n’est autre que le diable dont Ray Milland fait un brillant Méphisto en complet veston. Peu connu et longtemps oublié, ce film est une vraie pépite. Son scénario est excellent, ses interprètes brillants et surtout Farrow, cinéaste sous-estimé, développe, ici, une écriture très élaborée dans une grande économie de mise en scène… (Sidonis Calysta)
PHIL TIPPETT : DES REVES ET DES MONSTRES
Derrière sa grosse barbe blanche, Phil Tippett, qui apparaît plutôt comme un type taiseux, glisse qu’il n’est pas un artiste, juste un type qui fabrique des choses… Certes. Mais nombre de réalisateurs lui trouvent du génie. Jabba le Hutt de Star Wars, le tyrannosaure de Jurassic Park ou ED-209 dans RoboCop sont ses créatures. Déjà auteurs d’un documentaire sur Ray Harryhausen (dont Tippett est assurément le digne héritier) ou encore sur Le complexe de Frankenstein, Gilles Penso et Alexandre Poncet se sont, cette fois, glissés dans l’univers de l’un des plus grands créateurs d’effets spéciaux au monde. Ils donnent ainsi à voir comment Tippett a conçu un bestiaire fantastique qui a marqué à jamais l’imaginaire collectif… Dans les suppléments, on trouve un long document sur les étapes de la création de ce film. (Carlotta)
L’HEURE DU CRIME
Avec son ami Guido, Johnny O’Clock dirige un casino clandestin fréquenté par une clientèle huppée. L’ancienne fiancée de Johnny vit désormais avec Guido. Rencontrant la belle Nancy (Evelyn Keyes), la sœur de son ex, Johnny tombe amoureux. Mais, lorsqu’une hôtesse du casino se suicide, la police suspecte Johnny et Guido… En 1947, Robert Rossen réalise pour la première fois et signe un film noir au scénario assez embrouillé mais qui vaut par sa distribution, Dick Powell en tête, et surtout pour son écriture de qualité. Celui qui signera en 1961 son chef d’œuvre avec L’arnaqueur, maîtrise brillamment son écriture en soignant les angles et les mouvements de caméra… (Sidonis Calysta)
L’APPEL DE LA FORET
Gros chien gâté mais affectueux, Buck est arraché à ses maîtres en Californie et vendu comme chien de traîneau… Désormais, il va devoir vivre très rudement dans les étendues sauvages du Yukon pendant la ruée vers l’or des années 1890. Il travaille d’abord pour le gentil Perrault (Omar Sy) avant de s’attacher à John Thornton (Harrison Ford), vieil aventurier désabusé… Une adaptation assez soft de la saga de Jack London qui fait la part belle aux superbes images de nature. Sy et Ford font bien le job mais ils se font voler la vedette par l’intrépide Buck. Filmé en motion capture, le chien au grand cœur fera le bonheur du jeune public… (Fox)
MADAME FANG
Immobilisée sur son lit par la vieillesse et par la maladie d’Alzheimer, une femme se meurt dans une petite chambre quelque part dans une petite ville de la province chinoise. Veuve depuis longtemps, Fang Xiuying, 68 ans, est née à Huzhou, dans la région du Fujian où elle travaillait comme ouvrière agricole. Hospitalisée en 2015, elle a été renvoyée chez elle pour y mourir, entourée de sa famille. Mais la mort est longue à venir… Le documentariste Wang Bing travaille, ici, sur la durée et sur l’attente, scrutant tout à la fois l’impuissance de la famille mais aussi la solidarité qui règne dans la société chinoise. Une fin émouvante. (Potemkine)
SORTILEGE
Après le décès de sa mère, un jeune soldat tunisien fuit les rangs de l’armée. Une femme au foyer enceinte quitte la belle demeure dans laquelle elle s’ennuyait avec son mari. Ces deux personnages vont se retrouver, loin du monde, dans une belle et mystérieuse forêt. Avec Tlamess (en v.o.), terme qui désigne, en tunisien, le fait de jeter un sort, le cinéaste Ala Eddine Slim signe un film étrange, aux rares dialogues, qui brouille la vision classique des choses. Dans ce conte initiatique qui fait la part belle aux paysages, il est question de liberté, de maternité, d’échec sans doute. Une expérience visuelle où ce sont avant tout les regards qui parlent… (Potemkine)
10 MINUTES GONE
Ce devait être un braquage de banque tout simple… On entre, on prend le magot et on repart. Mais rien ne se passe comme prévu. Pire, Frank Sullivan, le meneur des gangsters, est frappé à la tête et perd conscience. Difficile désormais de savoir où le pactole (une brassée de diamants) s’est évaporé. Commence alors pour Frank (Michael Chiklis, vu dans Les quatre fantastiques) une course contre la mort difficile d’autant que le commanditaire du coup (Bruce Willis) est en pétard et qu’il lance une nettoyeuse aux trousses de Frank. Celui-ci se rend compte qu’un piège est en train de se refermer sur lui mais il a encore de la ressource. Un film d’action à petit budget qui réutilise volontiers ses plus grosses scènes de flinguage… (Studiocanal)
LE VOYAGE DU DOCTEUR DOOLITTLE
Une autruche mal embouchée, un gorille anxieux, un joyeux ours polaire, un perroquet de bon conseil, autant d’animaux que l’excentrique Dollitle, docteur de la reine Victoria, va entraîner à l’aventure. Car Dolittle doit trouver, sur une île mythique, un remède pour soigner la jeune reine malade. Le cinéma s’est souvent emparé de ce médecin, né dans la littérature anglaise du milieu du 20e siècle, qui sait parler aux animaux. Cette fois, devant la caméra de Stephen Gaghan (remarqué en 2005 pour l’ambitieux Syriana), c’est Robert Downey Jr., toujours un peu dans le cabotinage, qui se glisse dans un personnage d’ami des animaux haut en couleurs déjà incarné, dans le passé, par Ex Harrison ou Eddie Murphy… (Universal)
LE PRINCE OUBLIE
Sofia, 8 ans, vit seule avec son père Djibi. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Dans ces beaux récits, on retrouve toujours une héroïne, la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais, un jour, Sofia rentre au collège. Les jolies histoires de son père, c’est fini. Réalisateur fêté de The Artist (2011), Michel Hazanavicius signe une jolie fable sur le temps qui s’enfuit et sur un père (Omar Sy) qui a peur de voir sa fille grandir. Balançant entre le monde réel de Djibi, gardien de parking et un univers imaginaire et coloré où il est un prince protecteur, le cinéaste multiplie les péripéties tout en faisant la part belle aux effets spéciaux… (Pathé)