DREYFUS, LA MAIN, MONTFERMEIL, CHARLTON ET LA CRISE CRECQUE
J’ACCUSE
En janvier 1895, dans l’immense cour de l’Ecole militaire à Paris, le capitaine Alfred Dreyfus est dégradé tandis que des cris haineux fustigeant le traître juif s’élèvent de la foule massée alentour… Dans cette foule, se tient Georges Picquart, l’officier qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage français, démontrera que Dreyfus était innocent. En s’emparant d’une emblématique erreur judiciaire qui a marqué l’histoire française et divisé la société, Roman Polanski (couronné aux récents César) réussit une œuvre brillante et implacable sur les errements des autorités militaires. Dans une mise en scène maîtrisée, Jean Dujardin (Picquart), entouré de comédiens remarquables (Gregory Gabedois en tête) est remarquable en officier découvrant une machination. Un film puissant qui dénonce l’antisémitisme, toujours d’actualité hélas, en France… (Gaumont)
J’AI PERDU MON CORPS
Dans un hôpital de la région parisienne, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver le corps auquel elle appartient, en l’occurrence celle de Naoufel qui, lui, est tombé amoureux de Gabrielle… Dans sa cavale vertigineuse, la main va croiser l’histoire de Naoufel, qui rêvait d’être pianiste et astronaute, et de son amie. Sur une belle bande musicale de Dan Levy (César de la meilleure musique originale), voici de l’animation française de haut vol, originale et enlevée. Jérémy Clapin et son équipe ont tout juste, mêlant le conte, le thriller, la comédie dramatique, un regard social sur la précarité et de belles envolées poétiques ou lyriques. Et ils s’offrent même un clin au cinéma de genre avec de l’horreur, de l’action, des émotions. Une vraie réussite couronnée du César du meilleur film d’animation ! (Sony)
LES MISERABLES
Sur les Champs-Elysées, la foule en liesse fête la victoire des Bleus de Didier Deschamps au Mondial russe. Un beau moment de fraternité… Hélas provisoire puisque, pour son premier long-métrage de fiction, Ladj Ly plonge le spectateur dans la cité des Bosquets à Montfermeil (93)… Arrivé de Cherbourg pour se rapprocher de la mère de son fils, Stéphane (Damien Bonnard) intègre la Brigade Anti-Criminalité où il va faire équipe avec Chris (Alexis Manenti) et Gwada (Djebril Zonga) , deux flics chevronnés. Il va vite découvre l’atmosphère stressante de la cité. Lorsqu’une interpellation dérape, un drone filme la scène… Prix du jury à Cannes et nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, ce thriller urbain doublé d’un film de banlieue constitue un véritable choc de cinéma. La séquence finale dans un escalier d’immeuble est du pur cinéma d’action paroxystique ! (Le Pacte)
LA MAIN QUI VENGE
Peut-être moins connu que Gun Crazy, Asphalt Jungle, Les forbans de la nuit ou Boulevard du crépuscule, tous sortis la même année, le Dark City (1950) de William Dieterlé appartient cependant aux grands films noirs de l’âge d’or. Tout y est : le tripot clandestin et ses joueurs, les descentes de police, la nuit dangereuse, un cabaret avec une belle chanteuse, la main d’un psychopathe brutal et surtout l’atmosphère pessimiste et poisseuse de la ville… La main qui venge (en v.f.) marque aussi la première apparition à Hollywood d’un certain Charlton Heston. A 27 ans, il incarne Dan Haley, ex-soldat amer et sombre pris dans une dangereuse affaire de poker truqué et de racket… (Sidonis Calysta)
ADULTS IN THE ROOM
Après sept années de crise, la Grèce est au bord du gouffre. Des élections donnent un souffle nouveau. Incarnant l’espoir de sauver son pays d’une austérité arbitraire, Yanis (Varoufakis), nommé ministre des finances par Alexis (Tsipras), va mener un rude combat dans les coulisses occultes d’âpres négociations, notamment celles de l’Eurogroupe qui constituent la colonne vertébrale de ce drame biographqiue. En s’appuyant sur Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, le livre de Yanis Varoufakis, Costa Gavras signe, derrière les portes closes du pouvoir européen, une tragédie politique fictionnelle autour d’un novice en politique et réussit un thriller géo-politico-financier où l’on croise Angela Merkel, Wolfgang Schaüble, Pierre Moscovici et même, brièvement, le président Macron… (Wild Side)
LA BELLE EPOQUE
A 60 ans passés, Victor est plutôt désabusé… Mais son existence va prendre un tour surprenant lorsqu’on lui propose une attraction d’un genre nouveau : se replonger dans l’époque de son choix. Victor choisit de revivre la semaine la plus marquante de sa vie, celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour. Avec une belle distribution (Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Fanny Ardant, Doria Tillier), Nicolas Bedos revient à la mise en scène (après Monsieur et Madame Adelman en 2017 et avant un OSS 117 annoncé pour 2021) et réussit une comédie pleine de charme qui cultive la nostalgie tout en fustigeant sans doute la dureté des temps présents. Ah, c’était mieux avant… (Orange/Pathé)
LE CROCODILE DE LA MORT
La moiteur estivale de la Louisiane, un motel glauque perdu à la lisière des marais, Judd un propriétaire tordu, ricanant et bien barré, un animal de compagnie pas spécialement sympathique… La bête est en effet un monstrueux crocodile, enfermé dans un enclos, qui dévore les victimes qui se perdent dans l’antre de Judd, le maniaque sexuel… En 1977, Tobe Hooper, auteur du fameux Massacre à la tronçonneuse (1974), fait, ici, honneur à son étiquette de maître du cinéma d’horreur. Même s’il est assez cheap dans sa mise en scène, le film est clairement culte pour les amateurs ! Amateurs qui se régaleront sans doute de retrouver Marilyn Burns, pas une star hollywoodienne mais assurément l’une des plus célèbres « Screaming Queen » du grand écran. Les cris de terreur de sa Faye sont un must ! (Carlotta)
LA ROUTE DE SALINA
Dans son bonne collection Make My Day, Jean-Baptiste Thoret « exhume » à nouveau une perle, en l’occurrence le plus étrange des films de Georges Lautner. L’auteur des Tontons flingueurs tourne, en 1969, l’histoire de Jonas, jeune vagabond qui s’arrête dans une station-service isolée au Mexique. Aussitôt, Mara, la patronne puis sa fille Billie (Mimsy Farmer, l’icône de More) le reconnaissent comme leur fils et frère disparu quatre ans plus tôt. Jonas décide de jouer le jeu. Un ovni, voire une anomalie (boudée par le public de l’époque) dans l’œuvre d’un cinéaste qui a réussi dans les comédies policières populaires… Voici un film noir et solaire qui plonge dans l’univers psychédélique des hippies. Une tragédie familiale à mi-chemin entre Le facteur sonne toujours deux fois et Zabriskie Point! L’un des ultimes rôles de l’iconique Rita Hayworth… (Studiocanal)
LE MANS 66
« On va enterrer Ferrari aux 24h du Mans ! », c’est l’ardent souhait de Henry Ford II, le patron de la fameuse marque automobile américaine. Dans les années 60, Ford est pourtant en crise. Pour vendre des voitures, quoi de mieux que de gagner des courses ? Ford envisage alors de racheter Ferrari. Mais le rachat tourne court et Enzo Ferrari se montre même très méprisant envers Henry Ford. Pique au vif, Ford en appelle au visionnaire Carroll Shelby (Matt Damon) et à l’explosif pilote Ken Miles (Christian Bale). Le duo va mettre au point une voiture capable de gagner au Mans et surtout de battre Ferrari. Un film speedé, porté par une b.o. qui pulse, et voici une aventure, fondée sur une histoire vraie, en forme d’excellent divertissement sportif. Même quand on n’est pas un fan absolu de sports mécaniques, on y trouve son compte… (Fox)
LES YEUX DE LAURA MARS
Réalisé en 1977 par Irvin Kerschner, ce thriller fantastique (proche du giallo italien) est vite devenu culte. Grande photographe de mode, Laura Mars s’est spécialisée dans les images aussi stylisées que brutales. Pour l’occasion, le cinéaste s ‘est notamment référé aux photos d’Helmut Newton. Accusée de glorifier la violence, l’artiste est surtout l’objet de visions de scènes de crime qui ressemblent de manière inquiétante à ses propres compositions… Fasciné par ce don, le policier Neville (Tommy Lee Jones) contacte la photographe pour qu’elle l’aide dans son enquête. Mais l’auteur des crimes se rapproche dangereusement… Si le scénario semble un peu tiré par les cheveux sur la fin, le film, avec Bonnie and Clyde (1967) et Les trois jours du Condor (1975), demeure l’un des grands rôles de la belle Faye Dunaway ! Une sortie Blu-ray inédite accompagnée d’un livret sur la genèse du film. (Sidonis)
COUNTDOWN
Voulez-vous savoir combien de temps il vous reste à vivre ? Téléchargez l’appli Countdown ! Lorsque la charmante Quinn, une jeune infirmière (Elizabeth Lail), télécharge cette application à la mode, elle constate qu’il lui reste trois jours à vivre. Comment échapper alors à son funeste destin ? On le savait ! Il faut se méfier des applis en tous genres qui fleurissent partout. Avec un palpitant compte à rebours, Julien Dec construit un solide slaher horrifique qui se gausse des dérives de la technologie tout en lançant d’habiles clins d’œil à La mort en ligne ou Destination fatale. (Metropolitan)
LES BAROUDEURS
Pour le plaisir de retrouver des comédiens comme Charles Bronson, Tony Curtis, Michèle Mercier, l’inoubliable Angélique ou Patrick Magee (Alexander dans Orange mécanique), on peut se plonger dans cette aventure, filmée en 1969 par Peter Collinson et qui entraîne le spectateur dans la Turquie des années vingt. Recrutés par le puissant gouverneur Osman Bey, deux aventuriers sont chargés de conduire les filles de ce potentat de la Turquie jusqu’au Caire. En réalité, ce sont des joyaux et un ouvrage d’un inestimable valeur que Dyer et Corey vont trimballer à travers un pays secoué par la guerre civile… (Sidonis Calysta)
JOYEUSE RETRAITE !
C’est l’heure de la retraite pour Philippe et Marilou… Enfin, ils vont pouvoir profiter pleinement d’une nouvelle vie. Mieux, ils décident de partir s’installer au soleil du Portugal. Mais c’est sans compter avec leur fille, récemment séparée, qui compte sur eux pour s’occuper de ses enfants. Bien sûr, le scénario est prévisible et certains gags ne volent pas bien haut mais le film de Fabrice Bracq fera néanmoins sourire tous ceux qui connaissent la fameuse formule « chic-ouf » volontiers formulée par les grands parents mais aussi ceux qui apprécient Michèle Laroque et le forever Bronzé Thierry Lhermitte, têtes d’affiche de cette comédie… (M6)