LE PLAISIR, LA CELEBRITE, LA PASSION, LA PRECARITE, LE FLIC OPINIATRE ET LES DEUX ANGLAISES
LA RONDE
A Vienne, le « meneur de jeu » (Anton Walbrook) présente une série d’histoires tournant autour de rencontres amoureuses ou galantes, de la fille de joie au soldat, du soldat à la femme de chambre, de la femme de chambre au fils de bonne famille… Premier film français de Max Ophuls après son retour des USA en 1950, cette adaptation d’une pièce d’Arthur Schnitzler (jugée pornographique à sa publication) séduit par son écriture et ses travellings à 360°, sa distribution brillante (Gérard Philipe, Simone Signoret, Danielle Darrieux, Simone Simon, Serge Reggiani, Odette Joyeux etc.), ses arabesques sensuelles… Surtout cette valse désenchantée et tragique (dans une belle version restaurée) interroge la vacuité du sentiment amoureux face au plaisir charnel… (Carlotta)
LOLA MONTES
Exhibée sous un chapiteau géant de La Nouvelle-Orléans, la sulfureuse Lola Montès, ancienne femme galante déchue est au cœur d’un spectacle qui rappelle son existence mouvementée et la donne en pâture au public. En 1955, Max Ophuls réalise son ultime film et met en scène Martine Carol, coiffée en brune, dans son film le plus abouti. Truffaut salua cette fresque grandiose où le cinéma d’auteur s’allie au pur plaisir des yeux et s’interroge avec finesse sur la célébrité et son pouvoir de fascination. Un chef d’œuvre superbement baroque, virtuose et maudit devenu un moment du 7e art à retrouver dans une belle version restaurée. Dans les suppléments, un court essai coiffure de Martine Carol. (Carlotta)
PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Dire qu’Adèle Haenel inspire Céline Sciamma est un euphémisme ! On le vérifie encore dans ce fulgurant mélodrame d’avant la Révolution française où la comédienne retrouve la cinéaste longtemps après Naissance des pieuvres (2007). Marianne (Noémie Merlant) est recrutée pour réaliser le portrait de mariage d’Héloïse qui vient de quitter le couvent et qui refuse un destin d’épouse… Venue pour peindre, Marianne va regarder Héloïse et s’enflammer. Pour la première fois, la cinéaste traite de l’homosexualité féminine dans un film d’époque. Si le décor, superbement filmé, est historique, les accents de cette passion brûlante sont très modernes… (Pyramide)
SORRY WE MISSED YOU
A Newcastle, Abby, aide-soignante à domicile et Ricky, qui enchaîne les petits jobs mal payés, se disent qu’ils ne seront jamais propriétaires de leur maison où ils vivent avec leurts deux grands enfants. Et si la révolution numérique pouvait changer ça ? Abby vend sa voiture et Ricky s’achète une camionnette pour devenir chauffeur-livreur à son compte… Le vétéran anglais Ken Loach a toujours la dent dure quand il dénonce les dérives de nos sociétés où le profit prime sur l’humain. Il donne ici une forte chronique familiale où le rêve de liberté de Ricky se perd dans une vraie précarité. En poursuivant ses thèmes favoris, Loach est toujours aussi touchant. (Le Pacte)
MIDI GARE CENTRALE
Polonais d’Hollywood, Rudoph Maté fut d’abord directeur de la photo, notamment sur Gilda où il cadra la belle Rita Hayworth, avant de passer à la réalisation. En 1950, il raconte comment Lorna Murchison, la jeune fille aveugle d’un riche industriel est enlevée par des kidnappeurs qui réclament une rançon. Murchison est prêt à payer mais la police découvre le drame. Un flic opiniâtre (William Holden) va traquer les ravisseurs. Dans le décor d’une grande gare américaine avec sa foule grouillante et désormais sous étroite surveillance, le cinéaste organise brillamment son suspense au cœur d’un solide film noir âpre, dépouillé et sans temps morts. Un excellent thriller dont parlent, dans les suppléments, Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif! (Sidonis Calysta)
AND SOON THE DARKNESS
Avec sa bonne collection Make My Day, Jean-Baptiste Thoret poursuit sa mise en lumière de pépites oubliées, ici deux thrillers horrifiques anglais d’avant les slashers. And Soon The Darkness (1970) de Robert Fuest raconte l’aventure de Cathy et Jane, deux jeunes infirmières anglaises en vacances dans le nord de la France. Elles parcourent le coin sur leurs vélos mais, après une dispute, Cathy disparaît et Jane, qui ne parle pas le français, essaye de la retrouver… Dans le même coffret, on trouve Fright (1971) de Peter Collinson où un couple demande à Amanda (Susan George qui a joué, également en 1971, dans Les chiens de paille de Peckinpah) de garder leur enfant. Le même soir, l’ex-époux et père de l’enfant, dangereux psychopathe, s’évade de l’hôpital où il était interné. Commence une nuit de terreur sur laquelle Susan George revient dans les suppléments… (Studiocanal)
FAHIM
Contraint de fuir son Bangladesh natal, le jeune Fahim et son père quittent le reste de la famille pour Paris. Commence alors un parcours du combattant pour obtenir l’asile politique, avec le risque d’être expulsés à tout instant. Mais, très doué pour les échecs, Fahim va croiser le bourru Sylvain (Gérard Depardieu), l’un des meilleurs entraîneurs d’échecs de France. Les deux vont s’apprivoiser alors que l’expulsion menace… S’appuyant sur la bouleversante autobiographie de Fahim Mohammad, Pierre-François Martin-Laval, l’ancien des Robins des Bois, met en scène, avec tendresse et humanité, un pur feel good movie sur un destin extraordinaire qui se regarde agréablement… (Wild Side)
RED JOAN
En 2000, la police anglaise arrête Joan Stanley, bibliothécaire retraitée… Mais la paisible mamie est accusée de trahison… Bousculée de questions, Joan va se souvenir de ses jeunes années où, étudiante à Cambridge, elle rencontra et aima Léo, militant communiste… En s’appuyant sur Sophie Cookson (Joan jeune) et Dame Judi Dench (qui fut M dans sept 007), Trevor Nunn signe un thriller historique (fondée sur une histoire vraie) assez conventionnel dans sa mise en scène mais qui interroge bien la validité de la course à la bombe atomique pendant la guerre et aussi la valeur d’un engagement pour la paix… Dans les suppléments, Trevor Nunn décrypte longuement le parcours de Joan Stanley. (Programm Store)
QUEENS
« L’Amérique c’est un club de strip-tease. Certains jettent les billets et les autres dansent ». C’est Ramona Vega, célèbre strip-teaseuse qui parle ainsi. Ces dames qui se sont liées d’amitié, décident de conjuguer leurs (réels) talents pour monter une belle arnaque afin de prendre leur revanche sur leurs riches clients de Wall Street. Le plan fonctionne à merveille mais l’argent et la vie facile les poussent à prendre de plus en plus de risques. En s’appuyant sur une histoire vraie, la réalisatrice Lorene Scafaria trousse un divertissement aux allures coquines sur fond d’argent, de drogue, d’alcool et de sexe. Mais le film prend aussi un tour féministe avec Ramona et sa protégée Dorothy (Constance Wu) décidées à croquer leur part du rêve américain… Jennifer Lopez (Ramona) est superbe, pétillante et sulfureuse ! (Metropolitan)
STEVE BANNON – LE GRAND MANIPULATEUR
Réputé pour avoir été le stratège de Donald Trump, Steve Bannon, figure emblématique de l’ultra-droite américaine, a exporté, après avoir été remercié de son poste de conseiller à la Maison-Blanche, son idéologie populiste auprès des partis nationalistes européens, rêvant d’un nouveau mouvement mondial. Après l’avoir suivi durant une année, la documentariste américaine Alison Klayman décrit un manipulateur dont le charisme fait peur. Un portrait intime et politique d’un prophète du chaos démocratique. Outrancier et provocateur, Bannon (qui s’applique partout où il passe, à alimenter le puissant mythe sur lequel repose sa survie) éclaire bien la montée des populismes en Europe. (L’Atelier d’images)
MALEFIQUE : LE POUVOIR DU MAL
La malédiction qui pesait sur elle depuis son plus jeune âge étant désormais conjurée, la princesse Aurore règne désormais sur le royaume de la Lande peut répondre à la demande de mariage du prince Philippe. Mais Maléfique, qui a toujours veillé sur Aurore, s’oppose à ce mariage car, dit-elle « les histoires d’amour finissent toujours mal »… Cinq ans après le premier Maléfique qui avait connu un gros succès, Angelina Jolie, plus noire que jamais, et la blonde Elle Fanning sont de retour tandis que Michelle Pfeiffer, dans le rôle de la pernicieuse reine Ingrith, mère de Philippe, se joint à elles. Si le scénario n’est pas bien épais, les effets spéciaux abondent et surtout Angelina Jolie campe à la perfection la plus célèbre des méchantes Disney avec sa Maléfique distillant ses pouvoirs magiques… (Disney)