LE CRIME, LE CHAGRIN, LE PRODUCTEUR, LES SOLITUDES ET LES ELEVES
ROUBAIX UNE LUMIERE
Dans la nuit de Noël, le commissaire Daoud sillonne Roubaix, la ville qui l’a vu grandir. Voitures incendiées, altercations… Le lot quotidien. Policier fraîchement diplômé, Louis Cotterelle vient d’arriver dans le service et va enquêter sur le meurtre d’une vieille dame. Deux jeunes femmes, démunies, alcooliques et amoureuses, sont interrogées. Autant qu’un authentique thriller, le nouveau film d’Arnaud Desplechin, natif de Roubaix, est une oeuvre qui colle au réel sous la forme d’une chronique sociale magnifiquement portée par Roschdy Zem, Sara Forestier, Léa Seydoux et Antoine Reinartz. Sans rien offrir à l’imagination, sans rien inventer, Roubaix… offre une vision noire d’une réalité cruelle et d’une société marginalisée… (Le Pacte)
TU MERITES UN AMOUR
Parce que Rémi a été infidèle et qu’il est parti seul en Bolivie, Lila, qui l’aimait plus que tout, est en dépression. Mais d’Amérique du Sud, Rémi, très manipulateur, lui laisse entendre que leur histoire n’est pas finie. Entre discussions, réconfort et encouragement à la folie amoureuse, Lila s’égare… Révélée en 2007 par La graine et le mulet de Kechiche dans lequel elle dansait jusqu’à l’épuisement, Hafsia Herzi passe pour la première fois derrière la caméra tout en se glissant, avec grâce et brio, dans la peau de Lila. Dans un mélange bienvenu de tendresse et de candeur, la lumineuse actrice détaille les pièges d’une troublante passion vénéneuse et pose un regard lucide sur le chagrin d’amour. (Arte)
L’INTOUCHABLE
Jusqu’à ce qu’il soit emporté par la tourmente #MeToo, Harvey Weinstein était l’un des producteurs les plus en réussite d’Hollywood. Le puissant patron de la compagnie Miramax pouvait se targuer d’avoir obtenu un Oscar par an pendant dix ans. Mais Weinstein est tombé et, devant un tribunal américain, il doit désormais rendre des comptes. Dans un solide documentaire, en forme de parabole moderne sur notre époque, qui donne la parole à de nombreuses victimes d’agressions sexuelles reprochées au tycoon, Ursula MacFarlane observe les étapes d’une ascension et surtout la chute d’un magnat « qui faisait peur comme un gangster ». Comment, entre chantage, cruauté et pressions, on glisse d’un professionnel doué et infaillible à un monstre. (Le Pacte)
DEUX MOI
Rémy et Mélanie ont 30 ans et vivent dans le même quartier de Paris. L’un et l’autre ont bien du mal à faire des rencontres et suivent sans succès des psychothérapies. Mais peut-être bien que ces deux-là finiront par se croiser et se trouver. Cédric Klapisch, le plus parisien des cinéastes français, revient à sa ville préférée pour observer deux solitudes avant d’organiser leurs déambulations. Si on s’attache aux personnages de François Civil et d’Ana Girardot, on admire aussi la manière dont Klapisch, dans la lignée du cinéma populaire, observe Paris, ses habitants, ses petits commerces (ah, l’excellent Simon Abkarian en épicier de bon conseil) et le mouvement perpétuel de la cité… (Studiocanal)
LA VIE SCOLAIRE
Arrivant de son Ardèche natale, Samia Zibra, jeune CPE novice et inexpérimentée (Zita Hanrot, formidable), arrive dans un collège réputé difficile de Seine-Saint-Denis. Au fil d’une année au cœur de l’école de la République, de la vie et de la démerde, on découvre, sur ses pas, les problèmes récurrents de discipline, la réalité sociale pesante mais aussi l’incroyable vitalité des élèves comme des équipes de surveillants et d’enseignants. En comptant sur les surveillants Moussa et Dylan, la CPE va s’intéresser au cas de Yannis, élève intelligent mais insolent. Evitant les clichés du « film de banlieue », Medhi Idir et Grand Corps Malade, auteurs de Patients (2017), signent un récit tonique et attachant sur la lutte contre l’échec scolaire. (Gaumont)
LES HIRONDELLES DE KABOUL
Dans Kaboul en ruines et sous le joug féroce des talibans, Mohsen et Zunaira, jeunes enseignants, s’aiment et veulent croire à l’avenir dans cet été 1998 marqué par la violence et la misère quotidienne. Avec la graphiste Eléa Gobbé-Mévellec, la comédienne et réalisatrice Zabou Breitman adapte le roman éponyme de Yasmina Khadra et réussit un déchirant film d’animation aux belles images aquarellées qui décrit, avec humanité et une poésie délicate, le poids terrible de l’intégrisme dans une société afghane où tout ce qui fait le sel de la vie est banni. Lors d’une dispute, Zunaira tue son mari. Arrêtée, elle est condamnée à mort. Bientôt des existences vont être emportées vers des morts violentes… (France TV distribution)
FETE DE FAMILLE
Dans sa belle maison de campagne, Andréa (Catherine Deneuve) va fêter son anniversaire et souhaite qu’on ne parle que de choses joyeuses. Elle ne sait pas encore que sa fille Claire, disparue depuis trois ans, est de retour et qu’elle va bouleverser les festivités, bien décidée à prendre ce qui lui est dû. Dans un cadre bucolique, Cédric Kahn capte les rumeurs montantes d’une tempête familiale. Car Claire (Emmanuelle Bercot) est bien atteinte. A travers une succession de portraits bien dessinés, le cinéaste observe une tribu disparate et en désarroi dont le mal-être éclate soudain dans une réunion qui devait être paisible… (Le Pacte)
FREAKS
Chloé, 7 ans, n’a jamais vu la lumière du jour. Son père la maintient à l’écart du monde extérieur, lui répétant que tout ce qui se trouve de l’autre côté de la porte d’entrée est une menace. Mais, échappant au contrôle de son père, Chloé (Lexy Kolker, étonnante) va braver tous les interdits pour découvrir un monde nouveau, menaçant et mystérieux… En plaçant leur film (applaudi dans de multiples festivals) à hauteur d’enfant, les réalisateurs Zach Lipovsky et Adam B. Stein réussissent un huis clos psychologique (doublé d’un clin d’œil au fameux Freaks de Tod Browning en 1932) autour de la différence et de la parentalité et du danger qui peut venir de l’extérieur comme de l’intérieur… (Lonesome Bear)
LA CHUTE DU PRESIDENT
Alors qu’il pêche paisiblement, le président américain (Morgan Freeman) est victime d’une tentative d’assassinat par une nuée de drones. Seul survivant parmi tous les gardes du corps, Mike Banning (Gerard Butler), est accusé d’avoir monté le coup. L’ange gardien préféré du président est désormais la cible à abattre pour le FBI. « Inutile de venir me chercher, lance l’agent. C’est moi qui vais vous trouver ! » Ce troisième volet de la saga Banning est du pur thriller d’action sur fond de sombre complot contre la présidence. Ce qui compte, c’est de voir comment le baroudeur (qui souffle de troubles physiques et psychiques) va, avec l’aide de son vieux père barbu (Nick Nolte), régler son compte aux affreux… (M6)
ANDY
Doux oisif ou… vrai gros fainéant, Thomas a toujours vécu sans faire le moindre effort, profitant notamment de ses fugitives conquêtes. Mais quand il se retrouve à la rue, il n’a d’autre choix que d’aller dans un foyer où il croise la belle et fragile Margaux. Contraint de travailler, Thomas, sous le pseudo d’Andy, décide d’être escort boy. Et il va réussir à entraîner Margaux dans de petites arnaques… Pour son premier « long », Julien Weill distille une sympathique comédie romantique autour de sujets de société comme les SDF, les femmes battues ou la prostitution masculine. Mais c’est surtout le pétillant duo Vincent Elbaz – Alice Taglioni qui apporte à cette histoire son allant et son charme… (Metropolitan)
TENUE DE SOIREE
Antoine aime Monique comme un fou mais elle s’en fout. Lors d’un bal, Bob gifle Monique et prend la défense d’Antoine, écoutant ses plaintes. Bob va entraîner les deux paumés dans le cambriolage de maisons bourgeoises. Mais, manifestement, Bob s’intéresse beaucoup plus à Antoine qu’à Monique. Avec un trio déchaîné (Michel Blanc, Miou Miou, Depardieu), Bertrand Blier met en scène, en 1986, une comédie grinçante qui aborde la question de l’homosexualité dans une époque encore frileuse. Entre humour et irrévérence, les dialogues très crus servent un scénario qui s’achève de manière surréaliste. Le film, qui valut à Michel Blanc le prix d’interprétation à Cannes 1986, sort dans une version restaurée Blu-ray inédite. (Studiocanal)
INSEPARABLES
Petit escroc souriant, Mika « choisit » la prison pour échapper à des débiteurs déterminés à lui faire du mal. Mais il ne choisit pas sa cellule… C’est là qu’il croise Pascal Fremont, un détenu qui se présente comme… Poutine. D’ailleurs, Pascal ne jure que par les vertus de la kalachnikov et de la grenade pour calmer ceux qui le dérangent. En s’appuyant sur deux acteurs et humoristes qui ne connaissent bien (Ahmed Sylla et Alban Ivanov, vu aussi dans La vie scolaire), Varante Soudjian concocte une comédie sur l’amitié de deux personnages évidemment mal assortis et que le sort réunit pour le meilleur mais surtout pour le pire. Car Poutine, rendu lui aussi à la liberté, a décidé de faire le bonheur de Mika. Même malgré lui… (M6)