LE VIETNAM, L’ADDICTION, LA GUERRE, LA FINANCE ET LA VOITURE MORTELLE

APOCALYPSE NOW FINAL CUT
Apocalypse NowPalme d’or à Cannes 1979, Apocalypse Now est devenu, dans le domaine du film de guerre comme dans l’aventure des tournages « hasardeux », une œuvre mythique. Pour le 40e anniversaire de cette exploration des ténèbres de la guerre et de l’Homme, Francis Ford Coppola présente une version inédite et restaurée par ses soins et promet « la meilleure version du film au monde ». On plonge donc avec une passion de cinéphile dans ce voyage obsédant vers la folie. Willard, paumé alcoolique (Martin Sheen), Kilgore (Robert Duvall) et son napalm baigné de lyrisme wagnérien ou le colonel Kurtz (Marlon Brando), bouddha tapi dans sa tanière, nous hantent pour longtemps… (Pathé)
MAIS VOUS ETES FOUS
Mais vous etes fousSi Romain aime ses filles autant que sa femme Camille, il leur cache pourtant un lourd secret. On le découvre lorsque l’une des fillettes est hospitalisée pour une overdose. Pour son premier long-métrage, Audrey Diwan réussit un film poignant sur une famille que la drogue fait exploser. Les excellents Pio Marmaï et Céline Sallette, entièrement à fleur de peau, campent deux personnages emportés dans le tourbillon des doutes et de la perte de confiance. En cultivant le hors-champ pour jouer sur les non-dits, Mais vous êtes fous est remarquable. Une approche sensible et intime d’un phénomène de société. (Wild Side)
REQUIEM POUR UN MASSACRE
Requiem MassacreTrès marqué par l’expérience de la guerre –il est né à Stalingrad et a vécu la terrible bataille en 1942/43- le cinéaste russe Elem Klimov (1933-2003) réalisait, en 1985 et entièrement en steady-cam, cette vertigineuse plongée dans les horreurs de la guerre. Villageois biélorusse de 14 ans, Fiora prend un fusil sur un soldat mort et se retrouve embrigadé dans la résistance contre les nazis. En adoptant le point de vue d’un enfant, Klimov réussit une œuvre convulsive et bouleversante sur l’innocence confrontée à la monstruosité. Klimov, qui fut quelques années premier secrétaire de l’Union des artistes de cinéma de l’URSS, n’a plus jamais tourné après ce Requiem magistral. (Potemkine)
LA CHUTE DE L’EMPIRE AMERICAIN
Chute Empire AmericainAgrégé de philosophie mais socialement inapte, Pierre-Paul Daoust, 36 ans, est… livreur à Montréal. Un jour, il assiste à un hold-up dans une blanchisserie qui sert de coffre-fort au crime organisé de la cité. Il se retrouve avec deux sacs bourrés de billets et sa vie bascule… Après Le déclin de l’empire américain (1986) et Les invasions barbares (2003), Denys Arcand boucle la boucle avec La chute de l’empire américain, comédie grinçante sur l’argent et les mécanismes de l’évasion fiscale. Ou comment un héros généreux et intelligent, sa charmante petite amie escort-girl, un truand perspicace et un avocat roublard sont bousculés dans leurs valeurs. Tonique ! (Jour2fête)
CHRISTINE
ChristineAdolescent timide, mal dans sa peau et complexé, Arnie tombe sous le charme d’une Plymouth Fury 1958 rouge en piteux état. Il l’achète, la remet en état dans un garage et commence alors à changer de personnalité. Plus sûr de lui, il va jusqu’à inviter la plus jolie fille du lycée. Mais Christine n’aime pas ça. Quand deux maîtres de l’horreur, Stephen King et John Carpenter, se rencontrent, cela donne, en 1983, un fameux film où une voiture surnaturelle prend « vie » et révèle une nature… satanique. Dans une belle version restaurée, voici un classique du fantastique augmenté de bons bonus dont le making of du film, une longue conservation avec Carpenter et Plus furieuse que l’enfer, un livre sur le tournage… (Carlotta)
JEAN-LUC GODARD
Deux ou trois chosesEn 1966 et 1967, Jean-Luc Godard est au sommet de sa notoriété et enchaîne deux films marquants. Dans Masculin féminin, JLG évoque les fameux « enfants de Marx et de Coca Cola » dans une réflexion sur la vie de couple et la sexualité chez les jeunes des années 60. Paul (Jean-Pierre Léaud) cherche du travail et est amoureux de Madelaine (Chantal Goya) jeune chanteuse surtout préoccupée par sa carrière. Deux ou trois choses que je sais d’elle se présente comme le portrait de Juliette Jeanson (Marina Vlady), jeune mère de famille habitant dans un grand ensemble de la région parisienne et se livrant à la prostitution occasionnelle. Tourné dans la cité des 4000 à La Courneuve, le film est un regard acerbe sur la ville et sa banlieue… Deux belles versions restaurées… (Potemkine)
JEAN-CLAUDE BRISSEAU
BrisseauDisparu en mai dernier, Jean-Claude Brisseau était une figure controversée mais cet autodidacte passionnément cinéphile a livré une œuvre puissante et violente, marquée à la fois par le réalisme et l’onirisme fantastique. On retrouve cette caractéristique dans ses trois premiers « longs », bien restaurés : Un jeu brutal (1983) évoque un célèbre biologiste perturbé qui commet plusieurs meurtres de fillettes. Dans De bruit et de fureur (1988) qui le révéla au grand public, le cinéaste dépeint la banlieue des années 80 sur fond d’exclusion, de solitude, de misère sociale, de violence. Plus grand succès commercial de Brisseau, Noce blanche (1989) réunit Bruno Cremer et la débutante Vanessa Paradis en lycéenne marginale qui s’éprend de son professeur de philosphie. Un beau triptyque enrichi de nombreux suppléments où Brisseau parle notamment de sa méthode de travail. (Carlotta)
DIEU EXISTE, SON NOM EST PETRUNYA
Dieu existe PetrunyaA Stip, lors d’une fête votive où une croix porte-bonheur est lancée à l’eau, Petrunya, trentenaire au chômage, plonge et réussit à attraper le trophée. Sa réussite déchaîne les réactions des hommes… Avec cette satire grinçante qui fait penser au cinéma de Milos Forman à l’époque tchèque, la cinéaste macédonienne Teona Strugar Mitevska dresse le portrait savoureux de Petrunya, jeune femme ronde, mal dans sa peau mais bigrement énergique (l’excellente Zorica Nuscheva) qui va entrer en résistance, sous le regard d’une équipe de télé, contre les institutions de l’Etat et de l’Eglise. Une comédie féministe joyeusement enlevée. (Pyramide)
CORLEONE
CorleoneFils de paysans pauvres de Corleone, un bourg sicilien à 60 km de Palerme, Toto Riina (1930-2017) est devenu le parrain des parrains de Cosa Nostra, la Mafia sicilienne au terme d’une équipée sauvage et sanguinaire. Avec Corleone, le documentariste Mosco Levi Boucault signe une impressionnante saga autour du conflit entre la soif du pouvoir et la vertu de la loi. En deux parties (Le pouvoir par le sang et La chute), le film (2h24) raconte notamment comment, après l’assassinat en 1982, du général Dalla Chiesa, les juges Falcone et Borsellino entreprirent de faire tomber Riina malgré le climat de terreur entretenu par le mafieux. Entre 1977 et 1994, une sanglante tragédie Italienne. (Arte)
LA FEMME QUI FAILLIT ETRE LYNCHEE
Femme Faillit LyncheePendant la guerre de Sécession, Border City, sur laquelle règne une richissime propriétaire, est un havre de paix… pour les malfrats. C’est là que débarque la jolie Sally (Joan Leslie) pour reprendre le saloon de son frère abattu par un soldat sudiste. Le prolifique Allan Dwan a 68 ans et est en fin de carrière (il mettra encore en scène l’épatant Deux rouquines dans la bagarre en 56) lorsqu’il tourne, en 1953, The Woman they almost Lynched (en version restaurée), un western dont les personnages centraux sont des femmes. Le scénario, plein de rebondissements et à la mise en scène solide, alterne moments de grande violence et pauses légères. (Sidonis Calysta)
LE TRIOMPHE DE BUFFALO BILL
Triomphe Buffalo BillEn 1860, rescapé d’une attaque d’Indiens, le sémillant William Cody, célèbre sous le sobriquet de Buffalo Bill, embarque dans une diligence à destination de Sacramento. Il y retrouve son vieil ami Wild Bill Hickok avec lequel il doit mettre en place le Pony Express, révolutionnaire transport de courrier de l’est à l’ouest de l’Amérique. Avec un premier rôle dans lequel on l’a remarqué, Charlton Heston (1923-2008) incarne, en 1953, le mythique Buffalo Bill. Si le scénario prend de sérieuses libertés avec la réalité historique, ce western réalisé par Jerry Hopper, riche en intrigues et dans lequel on remarque aussi la belle Rhonda Fleming, est divertissant et montre comment la poste est devenue un facteur d’unification des Etats-Unis. (Sidonis Calysta)
COLD SWEAT
Cold SweatDans sa carrière américaine, Charles Bronson fit, entre 1969 et 73, une parenthèse européenne. En 1970, il tourne ainsi avec Terence Young, connu pour avoir réalisé les trois premiers films de la saga 007, Cold Sweat présenté dans la collection « Make my Day » de Jean-Baptiste Thoret. Sur la Côte d’Azur, De la part des copains (en v.f.) raconte l’aventure de Joe Martin, un ancien soldat rattrapé par son passé délictueux et contraint de faire face à d’anciens complices trafiquants de drogue décidés à l’éliminer. Entouré de Liv Ullmann, James Mason, Michel Constantin, Jean Topart ou Jill Ireland, Bronson incarne un personnage nonchalant, voire très cool qui tranche avec les vengeurs qu’il jouera plus tard, de retour à Hollywood. (Studiocanal)
VIGILANTE
Vigilante« Je sais ce que je veux faire de ma vie… » Autrefois victime de sauvages violences conjugales, Sadie a décidé de se consacrer à la défense d’autres femmes dans la même situation. Pour cela, la jeune femme a choisi d’employer la manière forte. Elle s’entraîne à cogner dur et traque les hommes violents qui vont la sentir passer. Avec Olivia Wilde en ange vengeur qui change volontiers de tête pour mieux réussir ses interventions, la cinéaste australienne Sarah Daggar-Nickson signe un film où l’action tient évidemment une grosse place. Mais Vigilante résonne cependant fortement en ces temps de féminicides à répétition dans notre pays… (M6)
CŒURS ENNEMIS
Coeurs EnnemisDans l’immédiat après-guerre, Lewis Morgan, officier anglais, est affecté à la reconstruction de Hambourg. Rachel, son épouse, le rejoint et ils s’installent dans la belle demeure où vivent un architecte allemand et sa fille. Cette promiscuité révolte Rachel… Mais le rejet va doucement laisser place à un sentiment plus trouble. Avec Keira Knightley et Alexander Skarsgard en tête d’affiche, Cœurs ennemis est un drame sentimental sur un triangle amoureux traité de manière classique. Le film de James Kent vaut aussi pour la période historique méconnue dans laquelle il se déroule… (Fox)
NOUS FINIRONS ENSEMBLE
Nous finirons ensembleMax, 60 ans, déprime et a décidé de vendre sa belle maison du Cap-Ferret. Débarque alors ses tonitruants amis décidés à lui fêter un anniversaire-surprise. Presque dix ans après le succès des Petits mouchoirs, Guillaume Canet retrouve, pour Nous finirons ensemble, Cluzet, Lellouche, Cotillard, Magimel, Laffite, Arbillot, Bonneton et les autres. Si le film ressemble parfois à un dépliant touristique (ah, la séquence d’ouverture !), il ne manque pas de rythme, ni de drôlerie. Evidemment, c’est assez prévisible (la critique a été globalement assassine) mais le public qui avait aimé le premier film est ravi retrouver toute la troupe… (Pathé)

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