LA REINE, LES LEGIONNAIRES, LE COUPLE, L’ASTRONAUTE ET LES SINGES
LA FAVORITE
Cinéaste baroque et volontiers délirant (The Lobster), le Grec Yorgos Lanthimos passe au film en costumes avec La favorite. Dans l’Angleterre du début du 18esiècle, la reine Anne, fragile et instable, occupe le trône mais laisse son amie Lady Sarah gouverner. Lorsqu’une nouvelle servante, l’ambitieuse Abigail Hill, débarque, la reine tombe vite sous le charme de la nouvelle venue tandis que Sarah se met à craindre pour sa place… Lanthimos détaille, avec un humour grinçant, de sombres et toxiques allées du pouvoir où flottent les vapeurs du sexe… Olivia Colman, couronnée à l’Oscar, Emma Stone et Rachel Weisz sont brillantes dans une aventure savoureuse ! (Fox)
CHINA GATE
Réalisé en 1957, China Gate (disponible, pour la première fois, restauré en dvd et blu-ray) ne compte pas parmi les œuvres marquantes de Samuel Fuller, en tout cas moins que Shock Corridor ou The Big Red One. Cette aventure qui se déroule à la fin de la guerre d’Indochine est pourtant passionnante, notamment comme réquisitoire contre la guerre et le racisme. Un commando de la Légion étrangère doit détruire des tunnels renfermant des armes stockées par les combattants communistes. Pour cela, ils demandent l’aide d’une séduisante Eurasienne. La magnifique Angie Dickinson (qui deviendra célèbre deux ans plus tard avec Rio Bravo) incarne cette Lucky Legs aux côtés de Gene Barry et du chanteur Nat King Cole. (Carlotta)
NUESTRO TIEMPO
Depuis des films aussi exigeants que Lumière silencieuse (2007) ou Post Tenebras Lux (2012), on sait que le Mexicain Carlos Reygadas privilégie un cinéma pleinement contemplatif où les sensations priment sur le récit. Dans les vastes espaces de la campagne mexicaine, Juan (Reygadas lui-même), poète de grande renommée et sa femme Esther élève des taureaux de combat… Nuestro Tiempo observe comment la philosophie de liberté qui prévaut dans le couple implose lorsqu’Esther (la belle Natalia Lopez) développe une liaison avec un employé américain du ranch. Sur l’amour, le couple et le mensonge, cette œuvre ample, élégiaque et sensuelle pose des questions éternelles… (Blaq Out)
SEIZE LEVERS DE SOLEIL
Médiatique ambassadeur de la planète, l’astronaute français Thomas Pesquet est au cœur de 16 levers de soleil, le beau documentaire réalisé par Pierre-Emmanuel Le Goff à l’occasion de l’expédition 51 dans la station spatiale internationale. Sur de beaux textes d’Antoine de Saint-Exupéry (« Le plus important est invisible ») et une b.o. du saxophoniste Guillaume Perret, ce space opera intime donne la sensation d’un jour sans fin. Tandis que Thomas Pesquet vaque à ses occupations scientifiques, vit sa vie « quotidienne » en apesanteur et reste en contact suivi avec la Terre, l’espace se déroule dans les grands hublots. 50 ans après la sortie du 2001 de Kubrick, la fiction est devenue réalité. Et c’est simplement magnifique! (La 25eheure)
LA PLANETE DES SINGES
Depuis l’historique Planète des singes (1968) tirée du roman du Français Pierre Boulle (appuyé sur les travaux de Darwin) et mise en scène par Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston dans le rôle du capitaine Taylor, ces pages de science-fiction n’ont jamais perdu de leur charme. A partir de 2011, la saga a redémarré avec une trilogie désormais réunie dans un coffret qui regroupe donc La planète des singes : Les origines (2011), La planète des singes : L’affrontement (2014) et enfin La planète des singes : suprématie (2017). C’est Andy Serkis, le Gollum du Seigneur des anneaux, qui incarne, ici, César qui mènera, au pris de multiples péripéties guerrières, les singes vers leur terre promise… (Fox)
DEUX FILS
Comédien remarqué dans l’amusant et décalé Gaspard va au mariage, Félix Moati passe pour la première fois derrière la caméra pour Deux fils, chronique sur le lien familial à l’humour teinté de tendre mélancolie. A la suite de la perte d’un être cher, Joseph (Benoît Poelvoorde) décide de troquer sa carrière réussie de médecin contre celle d’écrivain raté. Son fils aîné Joachim (Vincent Lacoste) est en profonde dépression amoureuse, au rsique de mettre en péril ses études de psychiatrie. Le cadet, Ivan (le nouveau-venu Mathieu Capella), est, lui, en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Un joli triple portrait d’hommes qui ne cessent de veiller les uns sur les autres pour renouer avec la vie. (Le Pacte)
SANS JAMAIS LE DIRE
A 17 ans, Léna, jeune fille joyeuse, entourée de copines, aspire à la liberté et rêve d’aventures… Son monde intérieur se fracasse brutalement lorsqu’elle est violée par son prof de maths venu lui donner un cours particulier… Avec Sans jamais le dire, la réalisatrice slovaque Tereza Nvotova signe un premier long-métrage sur une descente aux enfers. Car Léna, qui n’arrive pas à parler de son drame, se replie sur elle-même et glisse vers l’univers glauque et terrible de la psychiatrie… Ce film engagé, reposant sur une mise en scène dynamique, doit beaucoup à l’interprétation très à fleur de peau de Dominika Moravkova en grande adolescente happée par une machine dévastatrice. (Burgos Films)
THE UPSIDE
L’entreprise peut sembler curieuse mais la pratique du remake n’est pas neuve et le français Intouchables (2011) avec ses quasi 20 millions de spectateurs en France a (forcément) donné des idées à Hollywood. Ce qui est plus intrigant encore, c’est de retrouver, de ce côté aussi de l’Atlantique, une histoire qui nous est évidemment familière. Mais le cinéma est aussi une industrie. The Upside, l’adaptation américaine qui a fait polémique là-bas sur l’incarnation du handicap, a cependant rencontré le public. Kevin Hart (qui reprend le personnage d’Omar Sy) et Bryan Cranston (dans celui de François Cluzet) forment un bon duo au service d’un scénario fidèle à celui du film de Nakache et Toledano. (Metropolitan)
MARIE STUART, REINE D’ECOSSE
Epouse du roi de France à 16 ans puis veuve à 18 ans, Marie Stuart refuse de se remarier conformément à la tradition et revient, en 1561, dans son Ecosse natale pour réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la reine Elisabeth 1re règne autant sur l’Angleterre que sur l’Ecosse. Avec Marie Stuart, reine d’Ecosse, Josie Rourke propose une relecture féministe de l’Histoire et brosse, dans de superbes décors, le beau portrait de deux femmes fortes, modernes et parfaites sœurs ennemies malgré une fascination réciproque. Au côté de Margot Robbie en reine anglaise, la belle et diaphane Saoirse Ronan incarne une monarque déterminée qui avance, avec courage, vers le billot… (Universal)
LES MOISSONNEURS
Dans une grande ferme afrikaner isolée dans le Free State, bastion d’une communauté blanche repliée sur elle-même en Afrique du Sud, Janno est un garçon à part, timide et réservé. Un jour, sa mère ramène à la maison Pieter, un orphelin des rues, et lui demande de l’aimer comme un frère. Commence alors une relation trouble… Avec Les moissonneurs, son premier film, Etienne Kallos brosse le portrait de deux grands adolescents devenant des frères ennemis dans une lutte pour le pouvoir, l’héritage et l’amour parental. Cette intense chronique rurale impressionne pour l’atmosphère étouffante d’une société prise entre la religion omniprésente, le travail des champs, la fierté blanche et l’absence d’amour. (Pyramide)
DESTROYER
Jeune détective de la police de Los Angeles, Erin Bell avait infiltré un gang de braqueurs du désert californien mais sa mission avait fini tragiquement. Des années plus tard, toujours flic mais devenue quasiment une loque humaine, elle est à nouveau confrontée à ce douloureux passé. Pour apaiser ses démons intérieurs, elle décide de reprendre l’enquête se lance alors dans une vengeance infernale. Avec une Nicole Kidman méconnaissable, Kary Kusama fait de Destroyer, un thriller à la tonalité clairement féministe. Entre présent et passé, le récit, dans une mise en scène efficace, joue avec les codes du genre. En gueule cassée, Nicole Kidman est bluffante ! (Metropolitan)