LE MONSTRE, LA FAMILLE, LA BOHEME, PARIS, LE COIFFEUR ET TROIS FEMMES
ALIEN
Lorsqu’en 1979, Ridley Scott tourne Alien, mesure-t-il l’impact que le film va avoir sur le cinéma fantastique et de science-fiction ? En tout cas, l’histoire du vaisseau spatial Nostromo, de son équipage et notamment de l’officier scientifique Ellen Ripley (ah, Sigourney Weaver en t-shirt blanc !) et bien sûr de son huitième passager, l’alien à la terrifiante beauté dessiné par le Zurichois Giger, tout cela contribue à faire de cette saga de l’espace, un must qui se regarde toujours avec des frissons dans le dos. Voici une belle édition ultime qui associe le B-ray et la 4K Ultra HD et propose une série de bonus dont le commentaire audio du réalisateur sur la version cinéma de 1979. Dans l’espace, on ne vous entendra pas crier, disait la pub du film. Conseil : faites l’expérience de la terreur ! (Fox)
UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Après un vol à l’étalage, Osamu et son fils rentrent chez eux. Ils remarquent une fillette livrée à elle-même dans la rue et décident de l’emmener chez eux. D’abord réticente, la femme d’Osamu accepte de s’occuper de la gamine maltraitée par ses parents. A Cannes, Hirozaku Kore-eda, dont le cinéma tout en subtilité aime à se pencher sur les rapports familiaux, a obtenu la Palme d’or 2018 avec Une affaire de famille. Ce drame social est un vrai petit bijou d’humanité où le cinéaste japonais se glisse dans un microcosme familial où chaque membre, de la grand’mère à la sœur escort-girl sont traités avec une touchante et discrète tendresse même si les secrets révélés sont bien rudes… Remarquable ! (Le Pacte)
LES VIEILLES LEGENDES TCHEQUES
Connu pour ses films en volume, le réalisateur tchèque Jiri Trnka (1912-1969), géant moustachu et débonnaire, fut un maître des marionnettes et l’une des grandes figures du cinéma d’animation européen. Plutôt oublié aujourd’hui, le cinéaste est mis en lumière avec un beau coffret qui réunit dvd, b-ray et l’excellent livre Clés pour Trnka autour des Vieilles légendes tchèques réalisé en 1952. La vie des premiers habitants de Bohême y est illustrée dans une suite de sept récits consacrés aux temps légendaires slaves, païens, hors d’âge. Trnka voulait rendre accessible par le cinéma l’émouvant pathos de la mythologie tchèque. Une réussite couronnée d’un Lion d’or à la Mostra de Venise ! (Artus)
PARIS AU MOIS D’AOUT
Seul à Paris en août pendant que sa femme et ses enfants sont partis en vacances, Henri Plantin rencontre Patricia Seagrave venue pour un shooting dans la capitale. Avec le jeune mannequin anglais incarné avec fraîcheur et drôlerie par Susan Hampshire, Henri, la quarantaine, renonce à toutes ses obligations pour vivre une passion condamnée d’avance. En 1966, Pierre Granier-Deferre adapte le roman de René Fallet et met en scène, sur d’excellents dialogues d’Henri Jeanson, Charles Aznavour (qui signe aussi la chanson-titre) dans Paris au mois d’août. Inédite en dvd et présentée en version restaurée enrichie de bons suppléments, cette histoire d’un amour éphémère dans le cadre superbe d’un Paris désert. Une sorte de Dolce vita à la française qui distille un vrai charme. (Pathé)
SHAMPOO
Remarqué pour des films comme Harold et Maude (1971) ou Bienvenue, Mister Chance (1979), Hal Ashby avait aussi mis en scène, en 1975, le surprenant Shampoo qui réunit Warren Beatty, Julie Christie, Goldie Hawn et Lee Grant, couronnée d’un Oscar. Coiffeur et Don Juan mondain, George Roundy séduit ses nombreuses clientes. Mais, peu satisfait de sa vie professionnelle de simple employé, il rêve d’ouvrir son propre salon et espère l’aide du mari d’une de ses maîtresses… L’action se déroule, en 1968, la nuit précédant la première élection de Nixon à la Maison Blanche. On retrouve le film restauré dans un belle édition prestige limitée avec de nombreux memorabilia. Une satire féroce, savoureuse et politiquement incorrecte des mœurs sexuelles et sociales de l’époque. (Carlotta)
TROIS FEMMES
Fin observateur de l‘Amérique, Robert Altman (1925-2006) savait en croquer, de manière acide et désenchantée, les travers et les faiblesses. En 1977, il signait Trois femmes (l’édition est accompagnée d’un intéressant livret), un film rare dans son œuvre. Jeune Texane, Pinky est engagée dans un sanatorium du désert californien. Elle y rencontre Millie, toujours en quête de perfection et de reconnaissance sociale, qui lui présente Willie, une mystérieuse artiste… Nourri à la fois du Persona de Bergman et d’un rêve où il avait vu ses trois actrices réunies (Sissy Spacek, Shelley Duvall, Janice Rule), le film est une sorte d’expérience sensorielle où trois femmes vont s’identifier l’une à l’autre pour se transmuter en une entité père-mère-enfant. La mise en scène est étonnamment hypnotique et fascinante… (Wild Side)
BORDER
Douanière très efficace à l’odorat exceptionnel, Tina est quasiment capable de sentir la culpabilité d’un individu. Un pédophile y laissera d’ailleurs des plumes. Mais, quand Vore passe devant elle, cette femme aux traits difformes sait qu’il cache quelque chose mais, cette fois, elle n’arrive pas à repérer quoi…. Pire, elle est attirée par lui. Danois d’origine iranienne, Ali Abbassi livre, avec Border, un film fantastique aussi déroutant et que fascinant autour de l’animalité et de l’humanité. Car Tina (Eva Melander) et Vore, devenu un couple aux ébats sauvages, découvrent qu’ils partagent une « race » commune… Osé et dérangeant, ce drame (à moins que ce ne soit un conte de fée) a aussi des accents… romantiques ! (Metropolitan)
PASOLINI E AMICI
Ecrivain, poète, journaliste et cinéaste, Pier Paolo Pasolini (1922-1975) est l’un des plus grands maîtres du cinéma italien. Un coffret Pasolini e amici permet de le retrouver avec trois fictions : Accatone, son premier long-métrage en 1961, Les oiseaux, petits et grands (1966) et Médée (1969) avec Maria Callas dans le rôle-titre mais aussi comme scénariste pour Sergio Citti (Ostia) ou Luciano Emmer (La fille dans la vitrine dans lequel jouait Lino Ventura). PPP a aussi signé le sketch intitulé La ricotta du film collectif Ro.Go.Pa.G (1963). Enfin, on peut le découvrir documentariste avec Enquête sur la sexualité (1964) qui interroge le sexe en Italie et aussi le rare court-métrage Notes pour un film sur l’Inde (1968). (M6)
FELLINI SATYRICON
Dans la Rome antique, Encolpe et Ascylte, deux étudiants (Martin Potter et Hiram Keller) qui vivent de rapines, se disputent les faveurs de l’esclave Giton. Les trois comparses vont vivre des aventures où ils festoient avec un riche affranchi, enlèvent un hermaphrodite, se battent avec le Minotaure et pénètrent dans le Jardin des délices. Avec Fellini Satyricon (en version restaurée), le maître italien, qui a relu pour l’occasion Pétrone, s’aventure, en 1969, dans un monde antique qui n’a jamais existé mais qu’il revisite dans un peplum cruel, animal et superbement photographié. A la sortie du film en salles, une accroche publicitaire américaine publicitaire disait : « Rome before Christ. After Fellini » (Potemkine)
L’EQUIPAGE
Avant de rejoindre son escadrille sur le front en 1918, Jean Herbillon a une liaison avec Hélène, une femme mariée. Il va découvrir que sa maîtresse est l’épouse du lieutenant Maury, un aviateur avec lequel, dans différentes périlleuses missions, il va devenir ami. Quatrième film d’Anatole Litvak, tourné en 1935, L’équipage (qui sort dans une belle version restaurée 4K) est une adaptation du second roman de Joseph Kessel servie par trois fameuses stars de l’époque : Charles Vanel, Jean-Pierre Aumont et Annabella. Au-delà du réalisme apporté par l’univers des pilotes présenté de manière quasiment documentaire, ce drame humain est surtout un grand mélodrame de guerre autour du remords et de l’amitié. (Pathé)
HIGH LIFE
On n’attendait pas forcément la cinéaste de Beau travail ou Un beau soleil intérieur dans la science-fiction. Mais Claire Denis, avec High Life, ne se lance pas dans le blockbuster en forme de space-opéra. En racontant l’aventure de criminels condamnés à mort qui acceptent de devenir les cobayes d’une mission spatiale en dehors du système solaire, elle livre, dans une mise en scène épurée, une réflexion intimiste, à la fois étrange, envoûtante et angoissante sur l’espace et le temps. Robert Pattinson et Juliette Binoche, en scientifique glaciale, servent, dans un huis-clos hypnotique, un récit halluciné sur la conquête de l’espace. En bonus, un entretien avec l’astrophysicien Aurélien Barrau, consultant du film. (Wild Side)
FIN AOUT DEBUT SEPTEMBRE
Travaillant dans l’édition, Gabriel propose à son ami Adrien, écrivain en panne d’inspiration, de réaliser un reportage sur sa vie pour une chaîne de télé. Ensemble, ils partent pour Mulhouse, sur les lieux de l’enfance d’Adrien, En 1999, avec Fin août, début septembre (qui sort en édition restaurée), Olivier Assayas, pour son septième long-métrage, réunit Mathieu Amalric, François Cluzet, Virginie Ledoyen, Jeanne Balibar, Eric Elmosnino dans une chronique, sur un an, autour de l’amitié, des disputes, du travail, des espoirs, d’un amour qui s’achève et d’un autre qui recommence. Un film d’atmosphère simple et limpide qui saisit de belles émotions… (Pathé)
VIRGINIE THEVENET
Un peu perdue de vue aujourd’hui, la pétillante comédienne Virginie Thévenet (vue dans Les zozos de Pascal Thomas, L’argent de poche de Truffaut ou Le beau mariage de Rohmer) fut aussi réalisatrice et signa trois fictions, désormais réunies dans un coffret. La nuit porte-jarretelles (1984) est une découverte érotique du Paris nocturne dans les pas de la délurée Jezabel. Dans les seconds rôles, on reconnaît de nombreuses figures de la nuit parisienne de l’époque. En 1986, Jeux d’artifices raconte les aventures d’Elisa et Eric, adolescents orphelins qui travaillent presque coupés du monde dans un studio-photo. Mais arrive un Américain qui s’éprend d’Elisa. Enfin Sam suffit (1992) met en scène Eva, jeune stripteaseuse foraine (Aure Atika), qui veut sortir de la marginalité… (Potemkine)
L’INTERVENTION
1976 à Djibouti, dernière colonie française. Un bus d’enfants de militaires français est pris en otage par des terroristes indépendantistes. Les autorités envoient sur place une unité de tireurs d’élite de la Gendarmerie pour débloquer la situation de ce bus enlisé dans les sables à proximité de la frontière de la Somalie. Avec L’intervention, librement inspiré de faits réels, Fred Grivois signe un solide film d’action autour d’une équipe de gaillards aussi hétéroclites qu’indisciplinés incarnés par Alban Lenoir et Michaël Abiteboul en tête de liste et entourés d’Olga Kurylenko, Vincent Perez ou Josiane Balasko. Une opération à haut risque qui marqua la naissance du GIGN. (M6)
LE RETOUR DE MARY POPPINS
On se souvient, non sans une douce nostalgie, de Julie Andrews dans la version de 1964 signée Stevenson. La nounou aux pouvoirs « supercalifragilisticexpialidocious » est de retour. Rob Marshall met en effet en scène Le retour de Mary Poppins qui a désormais les traits d’Emily Blunt, vue dans Le diable s’habille en Prada. On retourne du côté du 17, allée des Cerisiers pour retrouver Michael Banks et Jeanne Banks, désormais adultes. Lorsque Michael se retrouvera en grosse difficulté financière, lui et sa famille seront ravis de voir surgir l’irrésistible gouvernante. A tous, Mary Poppins va apporter de la joie et de l’émerveillement. Dans la distribution de cette allègre comédie musicale, on remarque aussi Meryl Streep en cousine excentrique ou Colin Firth en banquier sans scrupules. (Disney)
THE UNTHINKABLE
Tandis que la Suède est victime d’une mystérieuse attaque supposée terroriste, Alex, jeune adolescent réservé, retourne dans son village natal et y retrouve Anna, son amour de jeunesse, ainsi que son père qu’il n’a plus vu depuis plusieurs années. Ensemble, ils vont renouer les liens brisés pour survivre dans le chaos… Réalisé par Crazy Pictures, un collectif de cinq cinéastes scandinaves, The Unthinkable, premier « long » du quintet (triplement primé au festival fantastique de Gérardmer) est une étonnante et captivante fresque qui revisite, avec un étonnant brio visuel, la SF en mêlant l’action, le thriller, le drame familial, le survival et les effets spéciaux. Une belle surprise tant narrative que formelle! (Wild Side)