LA TELE, HARRYHAUSEN, L’AGITATEUR, RAY ET LES BRAQUEUSES
NETWORK – MAIN BASSE SUR LA TV
L’univers de la télévision que Sidney Lumet met en scène, en 1976, dans Network – Main basse sur la TV, pouvait à l’époque paraître plutôt loufoque. Aujourd’hui, la réalité dépasse tout bonnement l’histoire de Howard Beale, présentateur vedette de la chaîne UBS. Devant une forte chute d’audience, Beale (Peter Finch) est viré. Désespéré, le présentateur annonce son suicide en direct sur le plateau… Aussitôt, sa cote de popularité remonte. Diana Christensen, la responsable de la programmation (Faye Dunaway) lui donne carte blanche pour animer sa propre émission. Dans la belle collection des coffrets ultra collector, voici une saga aussi captivante que glaçante sur l’univers télévisuel. Parmi les excellents bonus, on trouve By Sidney Lumet, un documentaire inédit en vidéo (110 mn) ainsi que Fou de rage, un livre également inédit (200 p.) dans lequel Dave Itzkoff, journaliste au New York Times, plonge dans les coulisses d’une œuvre visionnaire. Une réussite ! (Carlotta)
COFFRET RAY HARRYHAUSEN
L’Anglais Ray Harryhausen (1920-2013) fut un grand magicien du cinéma, en concevant de superbes effets spéciaux qui ont fait rêver, avec des films comme Les voyages de Gulliver ( 1960) ou Jason et les argonautes (1963) les amateurs de fantastique. Il a aussi œuvré sur trois aventures de Sinbad, le plus mythique des marins. Dans un beau coffret, sont réunis Le 7e voyage de Sinbad (1958), Le voyage fantastique de Sinbad (1973) et Sinbad et l’œil du tigre (1977). Des réalisateurs et des interprètes différents mais toujours le sens aigu du spectacle de Harryhausen pour mettre en valeur cyclope, tigre géant, dragon, vautour à deux têtes ou déesse à six bras ! (Sidonis Calysta)
THE INTRUDER
Auteur d’un fameux cycle fantastique consacré à Poe, grand dénicheur de talents et cinéaste réputé n’avoir jamais perdu un centime dans ses productions, Roger Corman (né en 1926) tourne, en 1961, The Intruder qui sera… l’un de ses très rares échecs commerciaux. L’inquiétant et séduisant Adam Cramer débarque à Caxton, une petite ville moite du sud des Etats-Unis. Une loi vient de passer qui ouvre le lycée à un petit quota d’élèves noirs. Distillant un discours haineux, Cramer, en beau parleur, va tenter de mettre le feu aux poudres en poussant la population blanche à la violence. William Shatner, le futur capitaine Kirk de Star Trek, incarne un sinistre agitateur dans un excellent brûlot politique sur la déségrégation. Dans un petit bonus, Corman et Shatner évoquent la réalisation de The Intruder. (Carlotta)
A L’OMBRE DES POTENCES
Homme mûr, Matt Dow sympathise avec Davey Bishop, jeune type immature. Le duo est injustement pris, par les habitants de Madison, pour des pilleurs de train. Davey est grièvement blessé et Matt échappe de peu à la corde… Entre Johnny Guitare et La fureur de vivre, film emblématique de James Dean, Nicholas Ray tourne, en 1955, A l’ombre des potences. Une nouvelle fois, le cinéaste prend le western à rebours et, dans un univers imprégné de violence, met l’accent sur la générosité et le pardon. Autour de l’expérimenté Matt (James Cagney) et du gamin en perdition (John Derek), Ray construit une belle relation père/fils. Un western rare et tragique. (Sidonis/Calysta)
LES VEUVES
On n’attendait pas Steve McQueen, auteur de Hunger, Shame ou Twelve Years a Slave, du côté du pur polar hollywoodien… Avec Les veuves, le cinéaste anglais donne un film bien mené et rythmé qui raconte la rencontre de quatre femmes qui ne se connaissaient pas et dont les maris sont morts dans un braquage qui a mal tourné. Elles devront finir le travail autant afin de rembourser des dettes que de prendre leur destin en main. Avec Viola Davis, Michelle Rodriguez, Cynthia Erivo et Elizabeth Debicki, McQueen signe aussi quatre beaux portraits de femmes déterminées. Un solide film d’action. (Fox)
LE PROCES DE JEANNE D’ARC
Capturée devant Compiègne puis livrée aux Anglais, Jeanne d’Arc est emprisonnée depuis plusieurs mois dans une chambre du château de Rouen. Elle comparaît devant un tribunal composé presque exclusivement de membres de l’université anglophile de Paris, présidé par l’évêque Cauchon. En 1962, avec Le procès de Jeanne d’Arc, Robert Bresson (1901-1999) restitue, dans son intégralité visuelle, sonore et parlante, le procès et la vie de la Pucelle d’Orléans, morte sur le bûcher en 1431. En s’appuyant sur les minutes du procès, il réussit, dans une épure nerveuse, l’admirable portrait d’une âme. Ecrivain et membre de l’Académie française depuis 2000, Florence Delay, alors comédienne, incarne Jeanne dans ce film couronné du prix du jury au festival de Cannes. (Potemkine)
PUPILLE
Le jour de sa naissance, Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique. C’est un accouchement sous X sur lequel la mère peut revenir (ou pas) pendant deux mois… Remarqué en 2014 avec le surprenant Elle l’adore, Jeanne Herry développe, avec Pupille, les thèmes de l’adoption et de la parentalité. La cinéaste soigne les personnages de femmes avec Alice (Elodie Bouchez), femme qui se bat depuis des années pour avoir un enfant ou Karine (Sandrine Kiberlain), assistante sociale énergique et aimante. Une histoire bien documentée et pleine de tendresse sur la quête d’amour. (Studiocanal)
MARTHE
Blessé à Verdun, Simon Weizman est soigné dans un hôpital militaire au Croisic. Sur la plage, il croise Marthe, jeune institutrice dont il tombe follement amoureux. Avec Marthe qu’il réalise en 1996, Jean-Loup Hubert s’empare du cauchemar de la Grande guerre et en fait la toile de fond terrible d’une magnifique idylle amoureuse doublée d’un propos pacifiste. Portés par l’interprétation éblouissante de Clotilde Courau et de Guillaume Depardieu, Marthe et Simon sont deux jeunes gens dont la passion est mise à mal par la folie des hommes… Une première en dvd, enrichie de bonus inédits. (ESC)
L’EMPEREUR DE PARIS
Au terme d’une évasion spectaculaire, Eugène-François Vidocq essaye de se faire oublier en endossant la défroque d’un commerçant ambulant. Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, il propose au chef de la Sûreté de l’aider à frapper la pègre. Méprisé par les flics et haï par les truands, Vidocq, à la tête d’une petite équipe de proscrits, mène habilement sa barque et obtient des résultats exceptionnels. Dans L’empereur de Paris, Jean-François Richet offre à un Vincent Cassel plus sauvage que jamais, l’occasion d’entrer dans la peau du légendaire policier en quête de pouvoir. Avec une solide distribution (Fabrice Luchini est un Joseph Fouché inquiétant) voici un biopic et un spectacle historique qui soignent aussi la représentation de Paris sous le règne de Napoléon… (Gaumont)
SUSPIRIA
En 1977, Dario Argento signe Suspiria, un chef d’œuvre baroque avec laquelle il passe du giallo au fantastique… Avec son remake de Suspiria, Luca Guadagnino, remarqué avec Call Me by your Name, entre à son tour dans l’univers fantastico-macabre. En 1977 (l’année où se déroule le film d’Argento), à Berlin, la jeune Americaine Susie Bannion (Dakota Johnson, vue dans Cinquante nuances de Grey) intègre la célèbre compagnie de danse Markos dirigée par l’inquiétante Madame Blanc (Tilda Swinton). Bientôt des meurtres brutaux vont emporter la danseuse et son amie Sara dans un cauchemar rouge peuplé de sorcières. Parmi les comédiennes, on remarque Angela Winkler, Ingrid Caven ou Sylvie Testud. Quant à Jessica Harper qui tenait le rôle de Susie Bannion dans le film d’Argento, elle fait, ici, une apparition… (Metropolitan)
THE SPY GONE NORTH
En 1993, les services secrets de Séoul recrutent un ancien officier qui, sous le nom de code Black Venus, doit collecter des informations sur le programme nucléaire en Corée du Nord. Infiltrant un groupe de dignitaires de Pyongyang, l’espion va opérer en autonomie complète au cœur du pays le plus secret et le plus dangereux au monde… S’appuyant sur une belle qualité formelle, The Spy Gone North, inspiré de l’histoire vraie de l’agent Park Chae-seo, est un film d’espionnage « à l’ancienne » dense et réussi autour des relations glaciales entre les deux Corées. Quand la moindre erreur devient fatale. Plus proche de l’œuvre de John Le Carré que des aventures de James Bond. (Metropolitan)
LIBRE
Dans la vallée de La Roya (Alpes Maritimes), l’agriculteur Cédric Herrou cultive des oliviers. Le jour où il croise la route de réfugiés, il décide, avec d’autres habitants de la vallée, de leur offrir un refuge et de les aider à déposer des demandes d’asile. Ce faisant, il se retrouve hors-la-loi. Avec Libre, Michel Toesca brosse le portrait de Cédric Herrou et signe un bon documentaire qui cerne les aberrations de la machine bureaucratique tout en évoquant avec beaucoup d’humanité les multiples problèmes vécus par les migrants. Un film comme un acte politique de résistance. (Jour2fête)
SALOMON ET LA REINE DE SABA
Roi de la Terre d’Israël, David, 70 ans, va passer le pouvoir à l’un de ses fils. Plutôt qu’Adonias, grand chef de guerre (George Sanders), il choisit le pacifique Salomon qui devra régner en résistant à son puissant voisin, le pharaon d’Egypte mais aussi à son demi-frère qui veut récupérer son trône. Pour sa part, la belle reine de Saba, complice du pharaon, rend visite à Salomon pour découvrir ses points faibles, le séduire avant de le détruire… En 1959, King Vidor, réalisateur de Duel au soleil ou La furie du désir, tourne, avec Salomon et la reine de Saba, un peplum flamboyant qui sera son ultime mise en scène. La pulpeuse Gina Lollobrigida est une séduisante reine de Saba. Yul Brynner, qui remplaça Tyrone Power, mort sur le tournage, incarne un roi sage et mythique… (Sidonis Calysta)
ASTERIX: LE SECRET DE LA POTION MAGIQUE
Pour la première fois de sa vie, Panoramix manque de se tuer en tombant d’un arbre alors qu’il cueillait du gui. Il se dit qu’il est temps d’assurer sa succession d’autant qu’il met le petit village gaulois en danger en gardant pour lui seul la recette de la potion magique. Accompagné par Astérix et Obélix, le cher mage va parcourir la Gaule à la recherche d’un jeune druide talentueux à qui transmettre le précieux secret. Avec Astérix: le secret de la potion magique, Louis Clichy et Alexandre Astier, l’auteur de l’excellente série Kaamelot, réussissent un film d’animation qui s’empare brillamment de l’univers de Goscinny et Uderzo pour le réinventer au service d’un humour plein de trouvailles et contemporain. On savoure les références à l’actualité. Par Toutatis ! (M6)