LES BAIGNEURS, LARA, LES EMPLOYES, LA CARABINE ET JACQUES RIVETTE
LE GRAND BAIN
Cadre supérieur dans une grande entreprise, Laurent est complètement dépressif. Pour s’en sortir, il va rejoindre quelques types aussi cabossés que lui qui s’entraînent à un sport jusque là réservé aux femmes : la natation synchronisée. Avec Le grand bain, Gilles Lellouche réussit un petit bijou de comédie. Loin des maigres pitreries bien de chez nous, voici une chronique tendre et drôle sur des types qui vont réussir à retrouver un sens à leur vie en participant à un championnat du monde… Canet, Anglade, Poelvoorde, Amalric, Katerine, Ivanov coachés par Virginie Efira et Leïla Bekhti, sont épatants. Aux récents César, le film a été le grand oublié du palmarès. Mais son gros succès dans les salles était mérité. Et la sortie dvd le ramène dans la lumière. (Studiocanal)
GIRL
A 15 ans, Lara rêve de devenir ballerine… Travaillant d’arrache-pied, elle est admise dans une troupe…Mais il y a un « problème ». Lara est née dans un corps de garçon… Avec Girl, le cinéaste flamand Lukas Dhont, pour son premier long-métrage, réussit la bouleversante chronique du combat contre un corps non assumé. Nouveau venu, Victor Polster (primé pour son interprétation à Cannes) incarne magnifiquement ce transsexuel et apporte une superbe intensité au propos. Au-delà des séances de danse qui l’épuisent et martyrisent son corps, Lara trouve aussi un bel appui auprès d’un père aimant et à l’écoute. Jamais larmoyant et éloigné d’une vision doloriste, une œuvre puissante et belle sur une femme en devenir. (Diaphana)
UNE VALSE DANS LES ALLEES
Timide et solitaire, presque mutique, Christian est embauché dans un supermarché. Responsable du rayon boissons, Bruno, un ancien, est chargé de lui apprendre le métier. Du côté des confiseries, Christian, dont on ignore le passé, croise Marion dont il tombe immédiatement amoureux. La nuit, un grand entrepôt devient le théâtre de belles relations humaines. Avec Une valse dans les allées, le réalisateur allemand Thomas Stuber met en scène, avec beaucoup de poésie et de tendresse, une histoire de simples employés qui cultivent une véritable solidarité. Franz Rogowski, Peter Kurth et Sandra Hüller (vue dans Toni Erdmann) sont magnifiques d’humanité. Touchant ! (KMBO)
WINCHESTER 73
Grand westerner du cinéma américain de l’âge d’or au même titre que Ford, Boetticher ou Daves, Anthony Mann signe, en 1950, un sommet du genre avec Winchester 73 et offre à James Stewart (qui avait suggéré son nom pour la réalisation) un personnage qui marquera sa filmographie… Autour de la saga de la fameuse carabine à répétition modèle 1873, l’arme qui a conquis l’Ouest, Mann orchestre l’affrontement entre Lin McAdam (Stewart) et un certain Dutch Henry Brown… Shelley Winters incarne une chanteuse de saloon dans cette remarquable évocation, en noir et blanc, de l’Amérique des pionniers. Quand une carabine, l’exceptionnelle « Une sur mille » (dont la qualité dépasse celle de toutes les autres) devient l’objet de toutes les convoitises… Une belle édition en Blu-ray. (Sidonis Calysta)
LA FICTION AU POUVOIR
En 1975, Jacques Rivette décide de tourner une tétralogie intitulée « Scènes de la vie parallèle ». Il réalisera finalement deux films sur quatre : Duelle (Une quarantaine) et Noroît (Une vengeance). En 1978, le cinéaste (1928-2016) ajoutera Merry-Go-Round. Bien restaurés et enrichis de multiples suppléments (dont plusieurs entretiens avec le cinéaste), ces trois films sont réunis dans un coffret : Jacques Rivette : la fiction au pouvoir. Un beau travail d’édition qui permet aux cinéphiles curieux de découvrir des oeuvres rares et méconnues. Duelle, avec Juliet Berto et Bulle Ogier, mêle le réel à l’imaginaire avec une esthétique de film noir. Noroît réunit Bernadette Lafont et Geraldine Chaplin dans une sorte de film de pirates au féminin. Merry-Go-Round, avec Maria Schneider et Joe Dallensandro, acteur fétiche de Warhol, est une course-poursuite façon film espionnage. De beaux personnages féminins dans des univers énigmatiques ! (Carlotta)
CAPHARNAUM
Devant un tribunal de Beyrouth, le jeune Zain, 12 ans, attaque très sérieusement ses parents en justice pour lui « avoir donné la vie ». Réalisatrice de l’excellent Caramel (2007), la cinéaste libanaise Nadine Labaki raconte, dans Capharnaüm, l’histoire d’un gamin qui vit d’expédients dans un quartier misérable de la capitale libanaise. Le gamin qui aide sa mère à trafiquer des médicaments stupéfiants, va rencontrer Rahil, une immigrée éthiopienne et s’occuper, lorsque Rahil disparaît, de Yonas, son bébé. Mettant en scène un gamin (Zain al-Rafeea, jeune réfugié syrien arrivé au Liban à l’âge de 7 ans) bluffant d’aisance, Labaki observe, avec une profonde humanité, une errance dans le plus grand dénuement, marquée surtout par le manque d’amour. Remarquable et couronné du prix du jury à Cannes 2018. (Gaumont)
JASON ET LES ARGONAUTES
Quand l’aventure rencontre le fantastique sur fond de mythologie ! Réalisé en 1963 par Don Chaffey, Jason et les argonautes (présenté dans une version restaurée) décrit les tribulations, dans la Grèce antique, de Jason en quête de la fameuse Toison d’or sur des terres dangereuses peuplées de créatures plus monstrueuses les unes que les autres, ainsi le colosse Talos, deux harpies, des rochers broyeurs ou encore une hydre à sept têtes. Si ce peplum est un vrai must, c’est à cause du génie de Ray Harryhausen (1920-2013), responsable, ici, des effets spéciaux. Il a fallu ainsi quatre mois à ce maître des trucages au cinéma (et aussi de l’animation en volume) pour mettre au point les trois minutes du combat entre Jason et les squelettes ! Un pur bonheur de cinéma avec, en bonus, un long documentaire et un livre de 152 pages sur Harryhausen! (Sidonis Calysta)
L’ILE MYSTERIEUSE
En 1865, durant la Guerre de sécession, des soldats nordistes s’échappent en ballon d’une prison confédérée, embarquant au passage un de leurs geôliers. Après avoir dérivés et portés par les vents violents d’une grosse tempête, ils échouent sur une île inconnue et apparemment déserte. Mais leur survie va être remise en cause par un crabe, des guêpes et des oiseaux mais tous de taille géante ! L’univers de Jules Verne, des naufragés face à des monstres, un volcan en éruption, une attaque de pirates et le retour du capitaine Nemo que l’on croyait disparu dans le naufrage du Nautilus… Si on y ajoute la musique de Bernard Herrmann et les épatants effets spéciaux du maître Ray Harryhausen, tout y est pour faire de L’île mystérieuse, réalisé en 1961 par Cy Endfield (et présenté en version restaurée), un beau moment de cinéma d’aventures fantastiques! (Sidonis Calysta)
RBG
Inconnue de ce côté-ci de l’Atlantique, Ruth Bader Ginsburg est par contre, aux Etats-Unis, une des femmes les plus influentes du pays. Dans RBG, les documentaristes Betsy West et Julie Cohen se penchent, avec une manifeste admiration, sur le parcours d’une femme aujourd’hui âgée de 85 ans, qui est devenue une véritable icône de l’égalité homme-femme. Avocate fiscaliste new-yorkaise nommée en 1993 juge à la Cour suprême par Bill Clinton, celle que sa petite-fille surnomme Bubbe, apparaît comme une pionnière discrète mais surtout comme une véritable pointure du droit qui a changé profondément la vie des femmes américaines. D’ailleurs les rencontres de Ruth Bader Ginsburg notamment avec les jeunes Americain(e)s montrent que son aura transgénérationnelle dépasse tous les clivages. Un portrait chaleureux d’une guerrière presque timide qui professe un amour dévorant pour le droit. (L’atelier d’images)
AMIN
On connaît Philippe Faucon pour des œuvres puissantes autour de l’immigration comme La trahison (2005), La désintégration (2011) ou Fatima (2015) couronné du prix Louis-Delluc et du César du meilleur film en 2016. Avec Amin, Faucon, reconnu comme le « cinéaste des invisibles », raconte l’histoire d’Amin, venu du Sénégal pour travailler en France voilà une dizaine d’années. Cet homme qui n’a d’autre vie que son travail, a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. Sa rencontre et sa liaison avec Gabrielle, récemment divorcée, va bousculer les règles qu’Amin s’étaient fixées. En s’appuyant sur Moustapha Mbengue et Emmanuelle Devos, le cinéaste observe, avec beaucoup d’humanité et de pudeur, la solitude et le déracinement autour de la réalité de l’exil. Comme le souligne le comédien : « Ce film aide à comprendre ce qui se passe derrière le visage triste de beaucoup d’immigrés ». (Pyramide)
THE PREDATOR
Membre d’un commando de Rangers américains, McKenna est témoin du crash d’un vaisseau spatial lors d’une mission de sauvetage d’otages. Seul survivant, il découvre le casque et l’arme d’un Predator. Poursuivi, il décide de les envoyer par la poste à son domicile, où vit sa femme et son fils autiste, Rory. Ce dernier parvient à utiliser le masque et l’arme du Predator. Il active par ailleurs une balise qui permet à d’autres Predators de le localiser. Génétiquement perfectionnés grâce à l’ADN d’autres espèces, les pires prédateurs de l’univers sont devenus plus forts et plus intelligents que jamais. Une équipe d’anciens soldats et un prof de sciences contestataire vont tenter d’empêcher l’extinction de la race humaine. Autour d’un antihéros, The Predator, réalisé par Shane Black (qui fit l’acteur dans le premier Predator en 1987) enchaîne les séquences d’action. Un divertissement hollywoodien qui met aussi un peu d’humour noir dans un monde de grosses brutes inquiétantes. (Fox)