UN TRIO, DES SOLDATS, UN FRUIT-SEC, DEUX AMIES, TROIS VETERANS…

BURNING

BurningJeune coursier à Séoul, Jongsu rêve de devenir écran. Par hasard, il croise Haemi, une ancienne voisine. Elle lui demande, avant d’entreprendre un voyage en Afrique noire, de s’occuper de son chat. A son retour, Haemi est accompagnée de Ben qu’elle présente comme son ami. Secrètement amoureux d’Haemi, Jongsu s’incline. Il est pauvre, Ben est riche. Cinéaste coréen réputé, Lee Chang-dong signe, avec Burning, un thriller étrange et inspiré où les creux du récit sont aussi importants que les différentes péripéties « criminelles ». Car Jongsu découvre que Ben a une curieuse et inquiétante manie : dans la campagne, il met le feu à des serres en plastique… Autour d’un triangle amoureux peu banal, Burning, présenté en compétition à Cannes 2018, est un film poétique, lent et envoûtant. (Diaphana)

DONBASS

DonbassLe cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa est clairement un « enfant de Cannes ». On l’a découvert sur la Croisette en 2010 avec My Joy puis on a vu Dans la brume (2012) et Une femme douce (2017), trois films à la forme très maîtrisée. Avec Donbass, il explore, en une douzaine de séquences (dont certaines inspirées de véritables vidéos postées sur Youtube), la guerre dans cette région à l’est de l’Ukraine, entre l’armée ukrainienne et les séparatistes de la République populaire autoproclamée du Donetsk soutenus par la Russie. Tandis que le rire s’étrangle régulièrement dans la gorge, Donbass, avec lequel son auteur voulait montrer la folie guerrière, est une œuvre sous tension, parfois déconcertante mais constamment impressionnante sur fond de corruption généralisée et de misère pour la population. Comment survivre dans le Donbass… (Pyramide)

I FEEL GOOD

I Feel GoodA Lescar, près de Pau, Monique Pora (Yolande Moreau) dirige une communauté Emmaüs. Un jour, son frère Jacques débarque. Elle voudrait l’aider à se réinsérer mais ce parfait fruit-sec qui se promène en peignoir sur l’autoroute, n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Avec I Feel Good, Benoit Délépine et Gustave Kervern, le singulier tandem de Louise-Michel (2008), Le grand soir (2012) ou Saint-Amour (2015), distillent une fable parfois grinçante, parfois émouvante, souvent déjantée sur la précarité dans un monde égoïste et futile. Jean Dujardin joue, avec finesse, la carte de l’absurde (ah, le centre de chirurgie esthétique low cost en Bulgarie et la visite du monument de Bouzloudja !) et embarque le spectateur dans un réflexion pleine d’humanité qui s’achève sur un étonnant clin d’oeil à l’abbé Pierre. (Ad Vitam)

RAFIKI

RafikiPremier film kenyan jamais présenté à Cannes, Rafiki a été interdit au Kenya pour « apologie du lesbianisme ». Sale coup pour la cinéaste Wanuri Kahiu qui, avec ce premier long-métrage, avait l’ambition de montrer une Afrique moderne, dépourvue de douleurs et de désolations. A Nairobi, les jeunes Kena et Ziki mènent des vies bien différentes. Leurs chemins se croisent au cours d’une campagne électorale où leurs pères respectifs s’affrontent. Elles deviennent amies et tombent amoureuses l’une de l’autre. Avec finesse et tact, le film cerne une intense passion amoureuse confrontée aux préjugés familiaux et aux comportements homophones des voisins. Samantha Mugatsia et Sheila Munyiva apportent beaucoup de vivacité et de grâce à ces deux amies qui devront choisir entre le bonheur et la sécurité, au risque de devenir de gentilles épouses. (Blaq Out)

LAST FLAG FLYING

Last Flag FlyingEn 2003, le fils de « Doc » Sheperd a été tué au combat en Irak… Mais le flou entretenu par l’Armée américaine sur cette mort décide son père à refuser les funérailles militaires au cimetière d’Arlington. Vétéran du Vietnam, « Doc » demande de l’aide à deux anciens avec lesquels il avait combattu dans la Navy. Pour Last Flag Flying – La dernière tournée, Richard Linklater réunit un épatant trio de comédiens. Steve Carell est excellent en père affligé. Le costaud Bryan Cranston tient désormais un bar miteux et Laurence Fishburne est devenu pasteur et n’aucune envie de partir sur les routes avec « Doc » et Sal. Mais, réunis par un secret vécu du côté de Danang, les vieux copains prendront quand même le temps d’accompagner la dépouille d’un jeune soldat vers sa dernière demeure… Une comédie dramatique nostalgique et attachante. (Metropolitan)

VOYEZ COMME ON DANSE

Voyez Comme On DanseEn 2002, Michel Blanc signait Embrassez qui vous voudrez… Seize ans plus tard, le cinéaste retrouve la majorité des comédiens de ce film (Charlotte Rampling, Jacques Dutronc, Karin Viard, Carole Bouquet et… lui-même), leur invente un avenir et les entraîne dans une nouvelle tranche de vie. Voyez comme on danse est sans doute moins satirique que le premier opus. Cette fois, le ton est plus tendre, plus nostalgique aussi  et un rien moqueur sur des personnages englués dans des problèmes de société ou de couple. Nouveau venu dans la distribution, Jean-Paul Rouve est savoureux en grand inquiet, toujours aux aguets. Un film choral charmant dont le projet est simplement de faire passer un bon moment et qui y parvient avec aisance. (UGC)

FRERES ENNEMIS

Freres EnnemisDans la bonne tradition du film noir américain classique, Frères ennemis cherche moins à bâtir une intrigue bien balisée que de distiller une solide atmosphère nocturne et mortifère autour de personnages forts confrontés à une destinée tragique. David Oelhoffen (réalisateur, en 2014, du remarquable Loin des hommes) met face à face Manuel et Driss qui ont grandi, comme deux frères inséparables, dans la même cité. Avant d’emprunter des chemins différents. Le premier trafique dans la drogue alors que le second est devenu flic aux Stups. Lorsque Manuel se retrouve en cavale et traqué par des tueurs, Driss va tenter de le sauver… Entourés d’une galerie de bons secondes rôles (dont Adel Bencherif et Sabrina Ouazani), Matthias Schoenaerts et Reda Kateb portent remarquablement cette tragédie de banlieue. (M6)

THUNDER ROAD

Thunder RoadPolicier texan, Jimmy Arnaud vient de perdre sa mère. Lors des obsèques, il veut lui rendre hommage et perd complètement pied, notamment lorsqu’il veut interpréter la chanson de Bruce Springsteen qui donne son titre au film. Mais c’est tout le cours de sa vie, tant conjugale, familiale que professionnelle, qui est en déroute. Scénariste, réalisateur, musicien et comédien, Jim Cummings porte complètement Thunder Road qu’il avait d’abord tourné sous la forme d’un court-métrage afin de se faire la main au cinéma. Composé de longs plans-séquences, le « long » (réalisé en seulement 15 jours) est constamment en équilibre instable entre la comédie parfois burlesque et le drame quasiment tragique. Autour d’un homme fragile et au bord de l’explosion qui, après son divorce, essaye tant bien que mal d’élever sa fille, voici une réflexion sur la manière de de devenir (ou pas) adulte. (Blaq Out)

L’OMBRE D’EMILY

Ombre EmilyDans une banlieue du Connecticut, Stéphanie Smothers est veuve et parfaite mère au foyer. Coquette, polie aimante, elle peine cependant à se faire des amis. Tout commence à changer lorsqu’elle rencontre Emily Nelson, la mère d’un ami de son fils. Emily est mariée, travaille en ville, jure, boit et est d’une classe folle. Elles vont devenir les meilleures amies du monde. Mais un jour, Emily disparaît. Au fil de l’enquête de la police, Stéphanie va découvrir les nombreux et sombres secrets de son amie. L’ombre d’Emily est une comédie noire enlevée. Anna Kendrick (révélée par la saga Twilight) est Stéphanie tandis que la pétulante et blonde Blake Lively, mannequin et actrice, incarne une Emily dure-à-cuire. Le réalisateur Paul Feig oppose joliment deux figures contraires de la femme américaine. (Metropolitan)

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